21 histoires d'amour délicates,
Erika Magdalinski, ed. LA CHAMBRE D'ECHOS
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Ce recueil de nouvelles était plein de promesses, et créait des attentes en terme de réception littéraire. C'est ce que l'on appelle communément l'horizon d'attente. Les « histoires d'amour délicates » dans l'imaginaire collectif sont garantes de légèreté, d'élégance et d'une certaine recherche, peut-être même d'une revisite des représentations du sentiment amoureux ou du moins du discours amoureux.
Mais les attentes du lecteur sont douchées dès la première nouvelle.
Erika Magdalinski semble vouloir s'inscrire dans une tradition de la nouvelle réaliste mais cède continuellement à la tentation de l'onirisme. En résulte de cette composition une oeuvre hybride cumulant deux échecs : celui de donner à voir la justesse épurée de tranches crues de réalité, et celui de transposer le lecteur dans un mysticisme crédible. Rien ne se noue, aucune intrigue n'a suffisamment de substance pour se cristalliser en une effusion amoureuse, aucun feu divin ou surnaturel chez Magdalinski n'a la puissance de ses ambitions.
Ses histoires d'amour sont délicates au sens d'embarrassantes, de sulfureuses. S'égrène une série d'images phalliques obsédantes. Autant de banians, de bras de divinités, de ressac de vagues, de jouets sexualisant gratuitement des corps d'enfants ou exposant le délire orgiaque de femmes dans une prose triste et insipide, incapable de se départir d'un archipel érotique mal dégrossi, exaspérant. Aussi, ne serez-vous même pas surpris de voir jaillir une verge d'un retable, la patte d'un animal transfigurée en phallus triomphant, ou une femme caresser un Unicorne … sans doute un piètre détournement du Retable des Dominicains, "L'Annonciation à la Licorne" de Martin Schongauer.
Un bouquin rébarbatif et indéfendable qui mérite de ne connaître qu'un rayonnage poudreux.
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