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EAN : 9782897126513
278 pages
Mémoire d'Encrier (20/08/2020)
3.65/5   17 notes
Résumé :
Grand roman de l’apartheid où violence et quête d’humanité demeurent l’héritage de l’histoire.
Sindiwe Magona signe un récit bouleversant sous forme de lettre. L’Afrique du Sud y est racontée tout en nuances, complexité et passion.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai reçu Mère à mère de Sindiwe Magona grâce à la Masse Critique du site Babelio (que je remercie pour cet envoi!). Même si ce roman m'a parfois posé quelques difficultés, je dois souligner qu'il s'agit d'un grand texte, militant à souhait et surtout plein d'humanité.
Ce roman, inspiré d'un fait divers réel, interroge une période trouble de l'histoire de l'Afrique du Sud, tente de la comprendre. En août 1993, à l'aube des premières élections démocratiques, une jeune étudiante américaine blanche – Amy Biehl – venue aider les habitants du pays en vue de ces grands changements, est attaquée et tuée par une foule de jeunes Noirs dans les rues de Guguletu (l'un des townships de la banlieue du Cap construits pour assurer la ségrégation de la population noire à l'extérieur de la ville). le meurtre de cette jeune femme a fait couler beaucoup d'encre, mais Sindiwe Magona adopte un angle inédit : plutôt que de raconter l'histoire de la victime, elle tâche de comprendre ce qui a façonné un jeune Sud-africain au point de le transformer en assassin. Cette interrogation est l'occasion de replonger dans le passé tourmenté du pays, particulièrement dans l'histoire de l'apartheid.
Sorte de roman épistolaire, Mère à mère est une longue lettre où la mère de l'assassin, Mandisa, s'adresse à la mère de la victime. Elle espère, par cette lettre, témoigner sa compassion à cette mère endeuillée, mais aussi expliquer (sans excuser) le geste de son fils. Elle y raconte donc sa vie, son enfance, et en filigrane l'histoire de son pays. Témoignage direct de cette période tumultueuse, le récit à la première personne revêt un ton particulièrement authentique qui confère toute sa puissance au texte.
À travers le récit de Mandisa, nous vivons l'apartheid depuis l'intérieur. Dans son enfance, la narratrice a ainsi été témoin et victime des débuts de la ségrégation, avec la création des townships et l'expulsion de la population noire des villes vers les banlieues. La fresque de l'apartheid se dessine sous nos yeux tandis qu'on assiste à ce que le gouvernement a infligé à la communauté noire du Cap. Mandisa nous raconte la violence de l'apartheid mais surtout la haine montante envers les Blancs et ceux accusés de soutenir ce gouvernement ségrégationniste. Ce livre, c'est donc une fenêtre ouverte bienvenue sur un pan complet mais encore trop peu abordé de l'histoire sud-africaine.
Le témoignage de Mandisa nous livre aussi une autre histoire, celle de sa vie, non moins tragique que celle de son pays. Elle nous raconte alors ce qu'est qu'être une femme et une Noire pendant la seconde moitié du XXème siècle en Afrique du Sud. Elle nous apprend que le « deuxième sexe » n'y est encore qu'une propriété, celle de la famille de son père d'abord, puis de celle de son mari. Mais Mère à mère (tout est dans le titre) est surtout un roman sur la maternité. À travers sa relation particulière avec son fils aîné, bien qu'il soit devenu un assassin, elle nous dit ce qu'est qu'être mère. le roman est alors empreint d'une grande tendresse et d'une grande humanité.
Le contexte dans lequel Mandisa écrit à la mère de la victime est donc un contexte très troublé. À la veille des premières élections véritablement démocratiques, le chaos règne dans les rues des townships. le peuple est sur le qui-vive, galvanisé, révolté. Il lutte contre le gouvernement qui l'a oppressé. La violence s'avère vite le seul moyen qu'il lui reste pour s'exprimer, pour contester ; elle happe tout et tout le monde sur son passage. le chaos qui règne donne beaucoup de justesse au récit, mais transparaît aussi beaucoup dans le texte, qui est alors parfois assez ardu à lire.
Mère à mère est un roman très dense, qui m'a donné un peu de fil à retordre parfois. Dans sa lettre, Mandisa raconte son passé et son présent. Si je n'ai eu aucun problème avec le récit de son histoire jusqu'à ce jour, celui du présent m'a semblé particulièrement long. En effet, il se concentre sur la seule journée où le meurtre a été commis. Une impression de longueur m'a donc souvent saisie au cours de ma lecture, que j'ai failli abandonner à plusieurs reprises. Heureusement, mon intérêt pour le fond historique a pris le pas sur mes difficultés.
Mère à mère de Sindiwe Magona est un roman troublant et puissant. L'autrice s'affirme comme une grande voix de l'Afrique du Sud, son pays, et de son histoire. Sans jugement, elle raconte l'apartheid, la violence, et nous invite à nous interroger sur ce pan de l'histoire contemporaine.

Lire aussi sur : https://lesmarquespagedunecroqueusedelivres.wordpress.com/2020/11/03/mere-a-mere-sindiwe-magona/
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Désireux de découvrir un peu plus la littérature africaine j'ai été tenté par ce livre, dont la quatrième de couverture promettait un "grand roman de l'apartheid", affirmation étayée par un laïus d'une ancienne ministre de la justice française.
L'autre information disponible avant de commencer la lecture était l'événement réel qui avait inspiré ce roman : l'assassinat d'une étudiante américaine blanche dans un ghetto noir du Cap en 1993. Sindiwe Magona optait pour un traitement très particulier : se mettre dans la peau de la mère d'un des assassins et écrire à la mère de la victime (d'où le titre).
Un cadre intéressant, autant du point de vue social que politique ou historique, associé à un exercice de style qui promettait d'être émouvant et profond avait de bonnes raisons de m'attirer et de grandes chances de me plaire.
Ce ne fut pas le cas.
Les lettres d'une mère à l'autre ne constituent en réalité qu'une infime portion de l'ouvrage : le début, la fin et quelques brefs fragments disséminés dans les autres pages. Ce sont néanmoins les meilleurs passages, par leur style et leur rythme. Un élément pourtant m'a gêné dès le début (et s'est confirmé à la fin) : la mère du criminel semblait vouloir chercher des excuses à son fils et allait jusqu'à reprocher à la jeune femme assassinée d'avoir pris trop de risques en venant dans ce quartier. Bien sûr l'Apartheid, les conditions de vie indignes, l'injustice, les chefs de la communauté noire qui bourraient le crâne des gosses avec le slogan "un colon, une balle" ont façonné l'esprit de Mxolisi, le jeune meurtrier, et indirectement guidé sa main. Mais insister pour dédouaner l'assassin m'a paru choquant, même s'il peut être compréhensible qu'une mère conçoive cette idée.
L'autre déception m'est venue de l'annonce d'un "grand roman de l'Apartheid". En réalité, même si la vie des personnages habitants le ghetto est une conséquence directe de la ségrégation, l'Apartheid en lui-même n'est abordé que de loin et brièvement. La majeure partie du livre fait plutôt ressortir la difficile condition des femmes soumises aux traditions des xhosas. C'est intéressant. Mais ça n'a rien à voir.
Mais l'impression d'avoir été berné par la quatrième de couverture et le malaise créé par la défense du criminel et le procès fait à la victime suffisent-ils à expliquer ma déception ?
Non. C'est surtout la lenteur du roman, notamment dans sa partie centrale, le style de l'auteur avec de nombreuses répétitions, des dialogues à rallonge et parfois creux qui m'ont rendu cette lecture un peu pénible.
Finalement si l'on avait gardé uniquement les passages correspondant aux lettres d'une mère à l'autre cela aurait pu faire un beau livre. Mais il n'aurait fait que 10 pages.
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Terre de souffrance, l'Afrique du Sud a connu bien des heures sombres durant l'apartheid. Si souvent Nelson Mandela demeure le point de repaire historique, l'apartheid est bien plus que ça.
Mandisa, mère courage, déverse ici avec un amour tranchant et une colère sourde, des mots cruels, des mots de vie. Sa vie, celle intrinsèque de son fils. Une frise effrayante et sans concession d'un pays blanc et noir. Deux peuples où la haine se traduit par les cris de guerre et ce meurtre sanglant. Partie d'un fait réel, août 1993 l'assassinat de l'étudiante américaine Amy Biehl, devient le moteur de cette histoire émouvante et impressionnante.


Mandisa, mère loyale envers ses valeurs, s'épanche tout au long de sa lettre adressée à la maman de la victime. Son monologue poignant est renversant et saisissant. Son fils tueur n'est pas le centre de son histoire, mais en est la finalité. Mandisa parle de son enfance, parle de sa joie, de la dureté de la vie mais sur un ton enjoué. le moindre fait est source de bonheur, laissant loin derrière les malheurs. Les hommes qui travaillent, les femmes qui crient, se réunissant la nuit tombée pour se raconter des histoires anciennes, des histoires de maintenant. Un monde dans un monde qui ne veut pas d'eux. Un monde où tout se bricole, où tout se monnaye, un monde où la simplicité est une chance. le malheur arrive du ciel qui les presse de prendre leur clic et leur clac dans le but de s'entasser dans ces township la décrépitude est reine. L'école devenant la seule alliée pour sortir de la misère. Les enfants sont livrés à eux même quand ils ne sont pas inscrits à l'école. Bagarre en tout genre, les filles sont violés, laissées pour compte aux yeux des traditions. Ce fils n'était pas voulu, pas convoité, pas espère de la sorte. Arrivé par un hasard du sort, il change entièrement sa vie. Mariée au père non pas par amour, mais par nécessité de se conformer aux traditions. Sa belle famille l'accueille sans effusion jusqu'à la disparition de ce papa quasi absent. Son fils grandit. Témoin de la dureté et de la cruauté du township, il s'accroche tant bien que mal à un monde où la violence et la reconnaisse dansent un ballet sanglant. La vie de son fils ne pouvait pas être autrement. Son geste n'est en rien justifié mais est la conséquence d'une vie désordonnée, désenchantée. D'une vie où la communauté pousse la violence à avoir sa part. Les balles sifflent au rythme des chants de guerre et de légendes. Une vie où ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards forment un tout. Un ensemble scandant ce déshonneur, ce sentiment coupable de faire de ces enfants de la chair à canon, ces mots puissants, écorchés par l'injustice.


Sindiwe Magona signe un roman douloureux où l'espoir est tel un mirage inatteignable. Au delà de la force et du courage, cette lettre est le portrait d'une peuple stigmatisé et qui paye aujourd'hui encore les conséquences de la folie de l'Homme. Ces mots transpirent l'abattement et l'indulgence. Ils sont tels des lames acérées faisant leur chemin dans les âmes meurtries et résignées. Leurs forces sont d'une beauté éphémère tatouée sur la peau de ce peuple, imprimée dans la noirceur de leurs yeux.


Un roman incontournable et chamboulant.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Masse critique Littératures -

J'ai plongé dans ce livre sans trop savoir où je mettais les pieds. Attirée par la promesse d'un roman épistolaire, ce récit n'est qu'en partie constituée de lettres envoyées d'une mère à une autre mère. le fils de l'une a assassiné la fille de l'autre.
Comment en est-on arrivé là ?

Inspirée d'une vraie histoire, celle d'Amy Elizabeth Biehl, une américaine blanche qui fut assassinée en Afrique du Sud, à l'époque de l'apartheid. Victime d'une société raciste qui a détruit ses citoyens.

Un récit social, très émouvant, qui décrit une détresse et des combats malheureusement encore d'actualité.

N'étant pas grande lectrice de littérature africaine et pas forcément attirée par ce genre récit, je suis contente d'avoir reçu ce livre. J'y ai découvert la plume de Sindiwe Magona, un style très poétique qui vous emporte et qui me tarde de redécouvrir.
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J'ai détesté ma lecture et le style choisi pour ce livre. L'idée de base est vraiment bonne, et le sujet abordé également. J'avais soif d'apprendre sur l'histoire de ce pays, sur la souffrance endurée, mais quelle déception. La quatrième de couverture semble dire que le récit tourne autour de l'Apartheid mais il m'a semblé que c'était un tout autre problème qui était souligné.

De plus, l'autrice se perd dans ce qu'elle raconte et le tout devient incohérent : on passe d'un fait à un autre pour y revenir (ou non) plus tard... Beaucoup de détails sont selon moi inutiles et ont fait sombrer le récit dans une masse de descriptions.

Les seuls moments que j'ai appréciés sont les échanges épistolaires entre la mère de la victime et celle du coupable. D'ailleurs, selon la quatrième de couverture (encore une fois), c'est un roman épistolaire. Force est de constater qu'il n'est constitué que de quelques lettres...

Pourtant, le fait divers choisi aurait pu être très intéressant s'il avait été abordé autrement, avec une plume plus fine, plus précise.

En conclusion, ne vous fiez pas à la quatrième de couverture de ce roman : il promet beaucoup d'éléments qu'il ne tient pas. 🙈
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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
18 juillet 2022
Voici le grand roman de l'apartheid où l'auteure imagine la longue lettre que la mère d'un des jeunes meurtriers pourrait écrire à la mère de la victime.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Peu de nos leaders condamnèrent l'acte ouvertement. En effet, il y avait ceux qui avaient carrément applaudi la méthode, la manière innovatrice de tuer un être humain, de se débarrasser de ceux avec qui on était en désaccord. Ils dirent que cela nous conduirait à la liberté. Pourtant, jusqu'à ce jour, je n'ai jamais ouï-dire qu'un seul des oppresseurs avait subi le supplice du collier. Je ne m'étais pas rendu compte que c'était notre propre peuple qui se mettait en travers de la liberté que nous affirmions tous vouloir.
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La tempête dans le cœur d'une personne est plus dangereuse que le hurlement des vents et le déchaînement des vagues. Tu peux fuir ceux là et chercher refuge ailleurs, peut être y échapper entièrement. Comment fuir le cœur, le sien ou celui d'un autre. p221
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Nos parents pensaient que l'éducation nous affranchiraient de l'esclavage, qyu était leur lot en tant que travailleurs sans instruction. p116
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Depuis que la lune me réglait, la venue mensuelle des visiteurs en rouge avait rendu mama folle, je le jure. p122
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Videos de Sindiwe Magona (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sindiwe Magona
Rencontre exceptionnelle à Gif-sur-Yvette en amont du festival Vo-vf, traduire le monde, avec l'écrivaine sud-africaine, SINDIWE MAGONA, auteure de Mère à mère (Ed. Mémoire D encrier, 2020) en compagnie de sa traductrice SARAH DAVIES CORDOVA, animée par ELEONORE BASSOP, journaliste.
Un échange depuis la Guyane avec CHRISTIANE TAUBIRA introduira la rencontre !
Paru pour la première fois en français, Mère à Mère est l'un des plus grands livres sud-africains.
Grand roman de l'apartheid où violence et quête d'humanité demeurent l'héritage de l'histoire. Sindiwe Magona signe un récit bouleversant sous forme de lettre. L'Afrique du Sud y est racontée tout en nuances, complexités et passions. Mère à Mère est un livre fondamental qui évoque un temps fort de l'histoire contemporaine. L'auteure dit sa condition de femme noire, l'Afrique du Sud et les barrières qui ont miné le vivre-ensemble.
© FESTIVAL VOVF 2021 www.festivalvo-vf.com
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