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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais comment fait Andreï Makine pour raconter en si peu de pages toute une vie d'homme en traversant presque tout un siècle? Je crois que la réponse réside dans le talent d'un auteur exceptionnel, si rare parmi les contemporains, qui sait allier la concision de son propos avec la densité d'une histoire tout en appuyant savamment sur les détails qui le méritent.

Ainsi, dès les premières pages, le lecteur est emporté dans le tumulte de la vie du héros, Valdas, depuis l'adolescent des derniers temps du tsarisme jusqu'au vieil homme de la déstalinisation.

Makine explore tous les détails de cette vie, avec d'abord ces émois sous la cape d'une femme protectrice, finalement à peine plus âgée que l'adolescent qu'il est alors. L'ambiance est déjà celle du risque parmi les contrebandiers, sous la falaise, face aux vagues de la mer.

Le risque sera ainsi présent tout au long de la vie de Valdas qui sera partie prenante d'une révolution et de deux guerres qui vont broyer ses espérances et ses amours. Makine a doté son héros d'un altruisme sans pareil qui le place toujours en situation de vouloir le bien pour les autres, même lorsque celui-ci va lui faire si mal.

Il en va ainsi de ses différentes rencontres, inopinées, prévisibles quelquefois, avec des hommes, des femmes et, à travers elles, des amours, dont un seul le marquera à vie, avec cette évocation magnifique du "champ des derniers épis", ceux qui produiront la dernière galette et seront les témoins des derniers instants de bonheur de deux amants, Valdas et Taïa.

Eblouissante et trop brève lecture, chargée d'histoire, de passions, de trahisons, de sacrifice, des pires laideurs de l'âme humaine et de ses plus grandes beautés, la belle âme de Valdas.
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«Je ne m'habituerai jamais à ce nouveau calendrier ! »

Avant la révolution d'octobre, le calendrier Julien était en vigueur en Russie comme dans la plupart des pays orthodoxes, mais en 1918 le calendrier Grégorien fut adopté et le lendemain du mercredi 31 janvier fut le jeudi 14 février 1918, pour renouer avec « le temps dans lequel vivaient les pays civilisés », selon Lénine. Ce temps « civilisé», pensait Valdas, n'avait pas empêché tous ces beaux pays, fiers de leur culture, de s'entre-tuer pendant cinq interminables années...

Valdas Bataeff nait dans une famille aisée et partage son enfance entre Saint Petersbourg et la Crimée où il croise Taïa qui vit de la contrebande du tabac. La guerre puis la révolution bolchévique renversent l'empire tsariste et balaient Valdas vers la Crimée où il vit deux semaines d'amour avec Taïa dans une grotte où ils tentent d'échapper à la folie meurtrière ; Taïa meurt en le protégeant.

Débute alors l'exode, via la Serbie, vers Paris où l'exilé devient chauffeur de taxi puis dessinateur dans un cabinet d'architecture. Diverses idylles ensoleillent brièvement son existence que bouleversent l'occupation allemande puis la libération, mais le souvenir des deux semaines avec Taïa ne s'efface jamais « sa part la plus précieuse appartenait à Taïa. Dans leur ancien calendrier, elle l'attendrait tant qu'il aurait la force de vivre, avec le souvenir du champ des derniers épis. »

Retraité au bord de la Méditerranée, Valdas y retrouve l'atmosphère de la mer Noire et un pasteur qu'il a connu dans la résistance :  
« Ce que tu as vécu... je parle de ces journées au bord de la mer Noire, c'était... le sens même de la vie.
Cet amour à l'écart du temps, c'est ce que nous devrions tous espérer !
Le seul qui nous est véritablement offert par Dieu.
Mais nous sommes rarement capables de le recevoir. »
(…)
« Cette chance est donnée à chacun de nous, à tout âge, mais nous avons peur d'y croire, cet amour paraît trop fragile à notre soif d'exister.
Nous l'abandonnons au profit d'attachements qui ont l'air plus solides.
Et la suite, tu la connais : toujours cette envie de rattraper un retard, le désir de désirer et, à la fin, le sentiment d un très grand vide.
Et pourtant, nous avons tous notre champ des derniers épis... »

C'est ce don de Dieu que nous transmet Andreï Makine en gravant dans le marbre :
« Ne dites jamais, avec reproche : ce n'est plus !
Mais dites toujours, avec gratitude : ce fut. »

PS : une femme aimée :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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En 1582, le pape Grégoire XIII promulguait le passage du calendrier julien au calendrier grégorien, occasionnant un rattrapage de dix jours sur le retard pris, au rythme d'un jour par siècle, sur l'heure solaire. Les pays récusant l'autorité papale ignorèrent longtemps cette réforme. En Russie, le changement n'intervint qu'après la révolution de 1917, supprimant alors d'un coup treize jours du calendrier : en 1918, on sauta directement du 31 janvier au 14 février.


C'est également pendant une dizaine de jours, comme sortis de l'écoulement habituel du temps, en une courte suspension entre le passé et l'avenir à l'image de cet écart entre l'ancien et le nouveau calendrier, que Valdas Bataeff a vécu l'aussi bref qu'éternel amour de sa vie, une parenthèse enchantée aussitôt refermée par la violence de l'Histoire, mais qui, maintenant qu'au soir de son existence il ne se nourrit plus guère que de nostalgie, lui apparaît clairement comme le seul moment où il a été « véritablement vivant ».


Le narrateur fait par hasard sa connaissance en 1991, alors que, se promenant dans un cimetière suspendu entre ciel et mer sur les hauteurs de Nice, il se prend à lier conversation avec le vieil homme, nimbé de la brume de ses souvenirs en même temps que des effluves de son cigare. Nous voilà plongés dans la mémoire de ce Russe blanc, né au tournant du XXe siècle dans une famille aristocratique de Saint-Pétersbourg. Alors qu'à quinze ans, découvrant les mensonges et les trahisons de sa jeune belle-mère adultère, il prend conscience des forces qui, comme dans les pièces de théâtre dont les siens sont férus, font tourner le monde - « l'attirance des corps, le pouvoir de l'argent » -, il entrevoit aussi, au travers de la belle et obsédante Taïa, serveuse de bar de cinq ans son aînée subrepticement croisée lors d'un été sur les bords de la mer Noire où elle se prête aventureusement à la contrebande de tabac, une autre forme de vie, « affranchie des lois de ce monde ».


Ce n'est pourtant que bien plus tard, comme dans un aparté volé à la tourmente de l'Histoire et coïncidant symboliquement à cette brève fenêtre de temps égarée entre les deux calendriers, que « l'éveil sensuel » provoqué par Taïa chez Valdas finit par éclore en véritable passion amoureuse. La Grande Guerre, puis la Révolution ont mis la Russie à feu et à sang. Blessé et de retour en Crimée dans un uniforme de l'armée blanche en déroute, le jeune homme ne vivra que quelques jours d'un amour partagé, fou et inoubliable, auprès de cette femme tant fantasmée et miraculeusement retrouvée. Une poignée de jours que la mort et l'exil ne pourront effacer, et qui, à jamais hors du temps, suffiront à illuminer sa vie entière : « Ne dites jamais, avec reproche : ce n'est plus ! Mais dites toujours, avec gratitude : ce fut. »


Andreï Makine nous livre un texte bref et intense, à l'écriture ciselée, mélancolique et émouvante, où, au vacarme d'un monde occupé à ses guerres et à ses cruautés, répondent les confidences chuchotées d'un vieil homme tout entier habité par l'essentiel et fragile instant d'un amour inoubliable, joliment symbolisé par cette curieuse inclusion hors du temps, perdue entre deux calendriers. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Andreï Makine est un de ces auteurs qui m'offrent une parenthèse enchantée à chaque nouveau roman. Je retrouve toujours cette beauté des mots et des histoires.
Et son héros Valdas ! Quelle vie ! Quel chemin parcouru de ses premiers émois en Crimée à ce monsieur âgé assis sur le banc du cimetière qui va se confier au narrateur.
Les aventures d'un jeune homme russe, amoureux, exilé en France qui subira deux guerres mondiales et une révolution.
Au milieu de cette tourmente Valdas vivra ces quelques jours qui donnent un sens à une vie et la rende meilleure.
Makine insuffle un élan vital à ses personnages par la magie de sa plume. C'est aussi une grande page d'histoire.
Et toujours la lumière dans les ténèbres. Valdas conservera son humanité.
Et bien sûr un gros COUP DE COEUR !
L'ancien calendrier d'un amour sort aujourd'hui, profitez-en !
Un grand merci aux éditions Grasset
#Lanciencalendrierd'unamour # NetGalleyFrance
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La première fois que j'ai lu Andreï Makine, c'était en 1990 avec: La fille d'un héros de l'union soviétique, j'avais été fascinée par ces thèmes et son écriture.
Depuis, je l'ai suivi pas à pas et peu de titres m'ont échappé. D'ailleurs, le titre qui m'a le plus touchée c'est: Requiem pour l'est. Un roman à ne pas rater.
Avec L'ancien calendrier d'un amour, Andreï Makine, une fois de plus parvient avec bonheur à parler de l'amour, de L'Histoire et de l'homme.
Subtilement, le livre s'ouvre sur la rencontre d'un homme russe avec un autre dans un cimetière à Nice, un des grands lieux d'exil des Russes blancs.
Il est vrai que Nice renvoie immédiatement à la Crimée, sur les bords de la mer Noire.
C'est là que Valdas, notre héros commencera à découvrir les balbutiements et les premiers émois amoureux. Quelle rencontre romanesque et fantasque dans ces dunes, sur la grève, dans une ambiance de contrebande avec Taïa qui somme toute deviendra l'amour de sa vie.
Valdas va vivre les tourments de l'histoire, d'abord la première guerre mondiale puis cette guerre civile de son propre pays qui met à bas toute sa vie.
Magnifiquement décrit ce déchirement des rouges et des blancs, de ces tueries aveugles qui aboutiront à la fin de la Russie.
Valdas devient un exilé, son pays ne tardera plus à disparaître, il vit alors à Paris comme chauffeur de taxi, comme beaucoup de ces compatriotes exilés.
L'amour, il le cherchera toujours mais il ne le trouvera que morcelé dans des femmes qui sont elles-mêmes meurtries par la vie.
"Un jour, Valdas devinait enfin ce qui lui manquait dans ces gros volumes herbeux : un simple lieu, bien plus modeste que les décors fastueux de ces romans. Une plaine abîmée par la guerre et dont le soleil d'automne faisait apparaître la beauté originelle, ce champ où Taïa ramassait les derniers épis et à travers lequel elle venait vers lui"
Ce passage est lumineux, doux au regard et tendre au coeur.
Naturellement, je conseille cette lecture aux inconditionnelles de Makine mais j'espère une formidable découverte pour ceux dont le nom d'Andreï Makine est encore inconnu.
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Valdas nous raconte son destin hors du commun. Il va traverser une révolution, deux guerres mondiales, l'exil. Au milieu de toute cette vie tumultueuse, l'amour de sa vie, le premier, Taïa.

Pourtant sa vie avait bien commencé, elle est même tranquille et calme jusqu'à son adolescence et il passe ses vacances en Crimée avec sa belle-mère, passionnée de théâtre et de soirées. Il prend l'habitude de sortir de la maison familiale pour explorer les alentours et surtout le bord de mer. C'est là qu'il fera connaissance avec Taïa, jeune femme à peine plus âgée qui le protège des contrebandiers.

Ensuite c'est un déchaînement d'évènements, des fiançailles rompues pour cause de guerre et d'absence, l'exil de ses parents. Il se retrouve seul dans son pays, blessé et il retrouve Taïa son grand amour. Ils vont vivre quelques semaines de bonheur ensemble et avant la tragédie de son existence, dans une claire journée d'automne, il ressent un bonheur intense dans l'ancien calendrier russe.

Valdas sera contraint à l'exil. Il vit à Paris, dans la rue les premiers jours mais avec la combativité qui l'anime, il deviendra taxi, fera connaissance avec d'autres russes exilés comme lui, aura quelques relations amoureuses.

Mais la deuxième guerre mondiale s'annonce. Valdas est bien décidé à ne pas s'en mêler et continuer son métier de taxi aménagé pour cause de pénurie d'essence. C'était sans compter sur son altruisme qui va l'amener à protéger un résistant. le voilà de nouveau embarqué dans des aventures qui le dépassent .

Sa fin de vie sera plus calme. Il n'a jamais oublié ce jour de grand bonheur et cet amour vécu.

C'est un court roman pour une vie dense. Valdas a une résilience rare, il est combatif et persévérant, à aucun moment il ne sombre dans la déprime ou se pose des questions, il avance coûte que coûte. Quelle vie !

Le style est magistral.
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J'ai été immédiatement séduite, en entrant dans le roman d'Andreï Makine, par l'élégance, la délicatesse d'une écriture littéraire qui sait nous toucher au coeur.
Valdas, un vieil homme exilé du côté de Nice, se souvient de la douceur, de l'insouciance et de ses premiers émois amoureux durant ses vacances en Crimée dans les années 1913. Issu d'une famille aisée, l'avenir s'ouvre à lui. Hélas ! Les bouleversements du monde vont en décider autrement.
Ce sont les soubresauts de XXe siècle avec ses guerres, sa révolution contre l'impérialisme et leurs cortèges d'horreurs que ce roman nous fait traverser.
Le jeune Valdas se retrouve officier dans l'armée des Russes Blancs contre les Rouges. le voilà en Crimée, blessé et en fuite. Il y retrouve son premier amour, Taïa, avec laquelle une parenthèse enchantée va s'ouvrir au milieu de cette guerre fratricide et sauvage. Ils vivent encore au rythme du calendrier Julien alors que Lénine l'abroge en faveur du calendrier grégorien. Ce calendrier du passé devient le symbole d'une vie insouciante et légère. Il y a deux semaines d'écart entre les deux, deux semaines qui compteront toute une vie pour Valdas
« Leur vie s'abrita dans le temps de l'ancien calendrier, le nébuleux retard qu'avaient supprimé les hâtifs constructeurs de l'avenir radieux. »
Exilé à Paris, Valdas fera le taxi comme beaucoup de ses compagnons expatriés. Détaché de tout, miséreux, il est rattrapé par une autre guerre. Résistant par hasard, il échappe à la Gestapo. Les amours se suivent mais ne durent jamais. Aucune femme ne remplacera jamais Taïa, son grand amour et ce souvenir l'aide à supporter les vicissitudes de la vie.
« Il n'avait été véritablement vivant que pendant ces quelques jours lumineux de l'automne 1920. Dans le champ des derniers épis »
Cette nostalgie qui habite Valdas sourd dans chaque phrase et à chaque page. On ne peut être qu'en empathie avec ce personnage qui n'aura connu qu'un amour fugace et fragile mais d'une telle intensité qu'il deviendra inoubliable et fera office de talisman pour traverser un siècle de fureur et de cruauté.

J'ai été sensible à la mélancolie slave qui habille ce roman à l'écriture élégante et pudique qui nous touche au coeur.

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Octobre 1991, le narrateur se rend dans un cimetière de Nice où sont enterrés des russes blancs ayant fui leur pays au moment de la Révolution. Il rencontre un vieil homme, Valdas Bataeff qui lui raconte son histoire familiale et personnelle.

On retrouve alors Valdas en Crimée, alors qu'il est âgé d'environ treize ans, et passe ses vacances en famille dans une villa l'Alizé, dont l'architecture rappelle les villas de la Riviera, pas loin de la résidence des Romanov et de leur génie malfaisant Raspoutine. La vie s'écoule en douceur, au rythme des pièces de théâtre, de la culture et des arts des nobles de l'époque. Un soir, alors qu'il est sorti et venu errer près du port, il tombe sur Taïa qui fait partie d'un groupe de contrebandiers faisant des trafics de tabac. Premiers émois amoureux…

Mais, la guerre se profile à l'horizon, Valdas s'engage auprès de l'armée du tsar, se fiançant avec Kath-leen alias Katia, amour bien platonique. Une guerre qui devait être rapide, rondement menée, comme l'a vendue Nicolas 2 (ah les ruses de l'Histoire !). En 1917 la révolution fait irruption dans la guerre et la vie devient difficile pour les personnes s'étant engagées pour le tsar.

Avec son style bien à lui, Andreï Makine nous fait revisiter l'histoire de la Russie, de la fuite des Russes blancs, du pouvoir bolchévique, de l'URSS, des purges staliniennes, de la désillusion, jusqu'en 1991 avec la chute de l'empire soviétique (que certains ont du mal à digérer, de nos jours), et en parallèle l'exil de Valdas vers Paris, les tragédies familiales, en traversant la seconde guerre mondiale, l'Occupation…

Je suis assez fidèlement Andreï Makine depuis « Le testament français » et j'ai toujours un immense plaisir à retrouver sa plume, pleine de poésie, de mélancolie qui parle si bien de l'âme slave et ce pays, sa littérature, sa musique, sa langue que j'aime tant. Ce roman m'a vraiment beaucoup plu, il n'a qu'un tout petit défaut : il est un peu court !

J'ai aimé suivre Valdas dans Paris, notamment sur son vélo-taxi, tout autant que dans ses premiers émois amoureux ainsi que la réflexion sur les quelques jours qui séparent le calendrier julien du calendrier grégorien, comme entre parenthèses… et ce sera mon dernier coup de coeur de l'année 2022, mais qu'on se rassure, 2023 va commencer sur un autre coup de coeur, quand j'aurai enfin rattrapé tout mon retard !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouve la plume de son auteur. Un remerciement spécial aux éditions Grasset qui m'ont particulièrement gâtée durant toute cette année!

#Lanciencalendrierdunamour #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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MAGIE DES MOTS
Amateurs de belle prose, de beaux mots de sensibilité et de poésie, ceci est fait pour vous. Amateurs d'Histoire aussi !
Une promenade au cimetière, la rencontre d'un vieux bonhomme. On s'assied sur un banc, et on écoute.
Il nous dévoile sa vie de jeune aristocrate avant la révolution de 17, la guerre de 14-18 aussi. Viennent ensuite ses années de guerre, les femmes qui ont comptés pour lui. son véritable premier amour, la femme qu'il a perdue, celle qui a rompu ses fiançailles, son exil parisien, la résistance,...
Makine nous raconte près d'un siècle d'une vie, mais il nous raconte aussi en filigrane la vie et l'histoire de la Russie.
Et il arrive à nous faire tout ça en 195 pages, je lui tire mon chapeau.

C'est beau, ça se lit d'une traite au soleil en sirotant un Spritz.
Ecoutons Valdas se raconter...

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Chroniquer un livre d'André Makine relève pour moi du défi.
Il me faudrait pouvoir planter un décor minimaliste pour oser me lancer dans un commentaire sur son dernier roman.
Un décor qui ressemblerait à ça :
Un "champs des derniers épis", le " vent ensoleillé de lumière " du ciel de Crimée, un "carré de laine", l'ombre d'un moulin et deux prénoms, Tania et Valdas.
Il me faudrait aussi arrêter les horloges pour exactement deux semaines. Deux semaines égarées dans la grande nébuleuse du temps, supprimées par décret par Lénine en 1918 afin que la jeune Union Soviétique rejoigne les pays civilisés dans leur chronologie grégorienne.
En dehors de ce décor et dans ce temps suspendu, le tumulte tapageur d'un siècle de fureur sur le continent eurasien.
Une guerre civile, deux conflits mondiaux d'inédite violence, l'exil, la misère, les armes prises sous une bannière puis dans le rang des résistants, des morts par centaines... La vie de Valdas pourrait remplir 1000 pages.
C'est le génie d'Andreï Makine que de livrer cette fresque en quelques 198 feuillets, comme un condensé alchimique et mystérieux qui ne laisserait en bouche que le souvenir de ces deux semaines envolées.
On dit que le temps perdu ne se rattrape pas. Et pourtant si, sous la plume de cet auteur magicien, il se fait même calendrier se jouant de toute temporalité et se tournant résolument vers une fugace éternité.
Ouf. Je suis arrivée au terme de ce billet. J'espère qu'il aura su dire mon enchantement.
Il existe en Russie une expression ambivalente et intraduisible pour exprimer une forme de mélancolie qui seule, permet de ressentir l'acuité et l'intensité du temps présent. On l'appelle la Toska.
En fermant ce livre, je m'y replonge avec délice avec le secret espoir de l'avoir partager un instant avec vous.
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