«Je ne m'habituerai jamais à ce nouveau calendrier ! »
Avant la révolution d'octobre, le calendrier Julien était en vigueur en Russie comme dans la plupart des pays orthodoxes, mais en 1918 le calendrier Grégorien fut adopté et le lendemain du mercredi 31 janvier fut le jeudi 14 février 1918, pour renouer avec « le temps dans lequel vivaient les pays civilisés », selon
Lénine. Ce temps « civilisé», pensait Valdas, n'avait pas empêché tous ces beaux pays, fiers de leur culture, de s'entre-tuer pendant cinq interminables années...
Valdas Bataeff nait dans une famille aisée et partage son enfance entre Saint Petersbourg et la Crimée où il croise
Taïa qui vit de la contrebande du tabac. La guerre puis la révolution bolchévique renversent l'empire tsariste et balaient Valdas vers la Crimée où il vit deux semaines d'amour avec
Taïa dans une grotte où ils tentent d'échapper à la folie meurtrière ;
Taïa meurt en le protégeant.
Débute alors l'exode, via la Serbie, vers Paris où l'exilé devient chauffeur de taxi puis dessinateur dans un cabinet d'architecture. Diverses idylles ensoleillent brièvement son existence que bouleversent l'occupation allemande puis la libération, mais le souvenir des deux semaines avec
Taïa ne s'efface jamais « sa part la plus précieuse appartenait à
Taïa. Dans leur ancien calendrier, elle l'attendrait tant qu'il aurait la force de vivre, avec le souvenir du champ des derniers épis. »
Retraité au bord de la Méditerranée, Valdas y retrouve l'atmosphère de la mer Noire et un pasteur qu'il a connu dans la résistance :
« Ce que tu as vécu... je parle de ces journées au bord de la mer Noire, c'était... le sens même de la vie.
Cet amour à l'écart du temps, c'est ce que nous devrions tous espérer !
Le seul qui nous est véritablement offert par Dieu.
Mais nous sommes rarement capables de le recevoir. »
(…)
« Cette chance est donnée à chacun de nous, à tout âge, mais nous avons peur d'y croire, cet amour paraît trop fragile à notre soif d'exister.
Nous l'abandonnons au profit d'attachements qui ont l'air plus solides.
Et la suite, tu la connais : toujours cette envie de rattraper un retard, le désir de désirer et, à la fin, le sentiment d un très grand vide.
Et pourtant, nous avons tous notre champ des derniers épis... »
C'est ce don de Dieu que nous transmet
Andreï Makine en gravant dans le marbre :
« Ne dites jamais, avec reproche : ce n'est plus !
Mais dites toujours, avec gratitude : ce fut. »
PS :
une femme aimée :
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