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Françoise Bour (Traducteur)
EAN : 9782070400973
209 pages
Gallimard (15/10/1996)
4.04/5   101 notes
Résumé :
«Il semblait que le monde allait tressaillir et qu'une fête sans fin allait commencer ici et sur la terre entière.»
Olia est née, un jour de novembre, dans cette atmosphère de liesse de l'après-guerre où tout paraît possible.
Mais les rêves que construit Ivan, le héros décoré de l'Étoile d'or de l'Union soviétique, à la naissance de sa fille ne sont qu'illusions.
Dans ce premier roman, Andreï Makine brosse le portrait d'une génération perdue, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Comme toujours séduite par l'écriture d' Andreï Makine dont c'est le premier roman. Ce roman débute avant la conception de la fille du héros, avant même le mariage de celui-ci, en fait tout commence pendant la guerre 1940-1945 qui fera d'Ivan un héros, un héros de l'Union soviétique qui reçoit l'Étoile d'or, la plus haute décoration de guerre. Ivan épousera Tatiana qui l'a sauvé pendant la guerre. Tatiana, ambulancière , l'a ramassé inconscient sur le champs. À la fin de la guerre Tatiana est blessée, un éclat que l'on ne peut enlever, sous la cinquième côte, aura pour conséquences qu'elle devra éviter tout effort, elle reçoit le conseil de ne pas avoir d'enfants. Malgré cela, elle épouse Ivan, ils ont un premier enfant mort-né et ensuite Olia, magnifique petite fille.
Avec les voix d'Yvan et d'Olia c'est tout un pan d'histoire que me raconte Andreï Makine, la vie en Union soviétique, les dirigeants politiques qui se succèdent : «Avec la rapidité inconvenante d'une bande dessinée mourait l'entourage de Brejnev. Et l'on célébrait si souvent des funérailles sur la place Rouge, au son de la Marche funèbre de Chopin, que les Moscovites se surprenaient à en siffler l'air comme celui d'une mélodie à la mode.», une époque pas si lointaine mais déjà du siècle passé.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 210 pages
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Sombres naïvetés ou admiration idéologique ? Cette fille, Olia, croit à la toute puissance de son système politique et à sa mansuétude. Son père - « ce héros de l'Union soviétique » - lui lentement ne semble plus croire à rien. Ni comment faire pour croire. Lui dont les traces d'héroïsme s'effacent avec le temps qui passe et s'estompent dans la tête des jeunes soviétiques. Il a combattu vaillamment ; il s'est conduit en homme honorable et fier pour sa patrie, pour sa famille, pour la mémoire. Maintenant il bat le pavé assourdi par l'alcool ; elle le réchauffe, le fait oublier et l'enfouit dans un manteau de honte. Mais qu'importe puisque ses médailles n'ont plus l'éclat des jours glorieux. L'Union soviétique acclame d'autres soldats : la guerre d'Afghanistan fait rage. Lui, vieillit, est proche de la misère et de la révolte. Il est dépassé par l'époque. Il se sent surtout bafoué, humilié comme le plus misérable moujik. Sa fille accueille vaillamment des hommes d'affaires occidentaux dans un lit d'une chambre d'hôtel pour leur voler des secrets industriels et économiques. C'est une espionne en nuisette qui rêve d'un mariage avec un diplomate pour aller vivre ailleurs : à Paris, Londres... Elle se dégoûte un peu, mais pas trop. le Parti a besoin d'elle et saura la récompenser. Elle aussi est un brave petit soldat qui parfois vacille sur ses jambes. En fait, c'est une vie banale, morne et hiérarchisée. Cette jeune fille est une poupée de chiffon qui aimerait se vêtir de soie, mais le temps passe, le temps presse et alors ?
Cette histoire simple et assez courte prend des allures d'épopée majestueuse, de conte amer et glacé. Je n'emploierai que l'adjectif « beau » pour ne pas inonder ces lignes de tous les synonymes qui me viennent à l'esprit quand je pense à l'écriture d'Andreï Makine. Et ce mot est à la fois juste et insuffisant. Se détache du récit une prose désespérée, réaliste où couve des gemmes poétiques ; un lyrisme contenu et poignant. Une flamme littéraire.
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"La fin de l'homme rouge" de Svetlana Alexievich restera pour moi la révélation de ce que furent dans toutes leur diversité les 'homo sovieticus, loin des clichés véhiculés de l'autre côté du rideau de fer.
Parmi ces figures se détache celle du soldat, du "croyant de la première heure que le seul nom de Staline faisait se lever en toutes circonstances quelle que soit l'adversité - et Dieu sait s'il y en eut, des combats à mener contre l'ennemi, l'âpreté des conditions de vie, la violence politique de la société. Combats dont le dernier fut le plus rude: celui contre l'oubli.
C'est cette figure que Makine met en scène dans ce premier roman autant abouti qu'investi, à travers le personnage d'Ivan, héros national, combattant, décoré, honoré puis peu à peu mis au rebut, confronté à sa fille qui dans les années 80 a suivi les codes et les dérives de l'utopie originelle.
Le récit de la vie d'Ivan des bourbiers du champ de bataille aux lendemains de guerre où tout manque est passionnant, l'évocation de la période trouble qui précéda et accompagna l'essor de Gorbachev est troublante; et par-delà la grande histoire, la relation qui unit ce père et cette fille que tout oppose est profondément émouvante.
Premiers pas d'un grand auteur en devenir.
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Premier roman d'Andréï Makine, je ne m'attendais pas à un roman aussi réussi : un style très fluide, humain, une représentation de la vie sous le régime soviétique toute en finesse, où l'on perçoit bien des choses derrière les faits narrés de manière objective. Une grande sensibilité pour ses personnages que l'on comprend, qui nous touche et nous émeuve dans leurs faiblesses. Une famille typiquement soviétique, du sortir de la guerre jusqu'à la Pérestroika, ses désillusions, son parcours fataliste.
Les adeptes de la Russie, quelle que soit l'époque, adoreront ce petit roman dans lequel toute l'âme russe ressort, avec ses qualités et ses travers.
Une très belle découverte, qui me pousse à continuer bientôt avec un cinquième ouvrage de Monsieur Makine.
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Un livre qu'on ne lâche pas, car les trois personnages d'Ivan, de Tatiana et d'Olia nous retiennent. Une époque où les gens vrais sont trahis, où le mensonge est le seul moyen de se tirer d'affaire. L'Union soviétique est démontée, la gloire militaire aussi, et même l'amour paraît un mensonge. "Comme tout est fragile et étrange ici-bas" : la première phrase donne le ton, qui résonne en continuité avec la littérature russe la plus haute. Porte d'entrée de l'oeuvre de Makine, à lire absolument.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Je me trouve à dix minutes de la place parisienne qui porte le nom de Stalingrad. Mais les Parisiens savent-ils ce que signifie ce mot si étrange pour une oreille française ? » Et il commence à interroger les passants incapables de répondre.
Lorsque pour la première fois on projeta cet épisode au studio, l'un des responsables demanda au réalisateur : « Et il ne pouvait pas aller sur la place elle-même ? Qu'est-ce que ça veut dire “à dix minutes” ? C'est comme s'il faisait un reportage sur la place Rouge depuis le parc Gorki ! »
— Je lui ai déjà posé la question ..., tenta de se justifier le réalisateur. Il prétend que sur cette place on ne trouve pas un Français. Rien que des Noirs et des Arabes. Oui, c'est ce qu'il dit. Parole d'honneur ! il disait : «Tout le monde va croire que ça a été tourné en Afrique, et pas à Paris. » C'est pour ça qu'il s'est déplacé vers le centre pour trouver des Blancs.
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L'Histoire s'amusait. Et cet homme inspirant à certains de la terreur et aux autres de l'espoir faisait naître ces sentiments comme d'au-delà du tombeau. Il mourait d'une néphrite et, dans ses moments de lucidité, se divertissait d'une anecdote que lui avait racontée le médecin du Kremlin. Celle-ci lui avait beaucoup plu. C'est pendant la réunion du Politburo. On discute de la succession de Brejnev. Tout à coup la porte s'ouvre violemment et fait irruption Andropov brandissant un révolver s'écrie : «Haut les mains ! » Tous les vieillards lèvent leurs mains tremblotantes. «Baissez la main gauche ! », commande Andropov. Et s'adressant à Aliev : « Enregistre ! Pour Andropov, vote à l'unanimité ! »
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Avec la rapidité inconvenante d'une bande dessinée mourait l'entourage de Brejnev. Et l'on célébrait si souvent des funérailles sur la place Rouge, au son de la Marche funèbre de Chopin, que les Moscovites se surprenaient à en siffler l'air comme celui d'une mélodie à la mode.
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Il mourait d'une néphrite et, dans ses moments de lucidité se divertissait d'une anecdote que lui avait racontée le médecin du Kremlin. Celle-ci lui avait beaucoup plu. C'est pendant la réunion du Politburo. On discute de la succession de Brejnev. Tout à coup la porte s'ouvre violemment et fait irruption Andropov accompagné d'Aliev. Andropov brandissant un revolver s'écrie : "Haut les mains!" Tous les vieillards lèvent leurs mains tremblotantes. "Baissez la main gauche!", commande Andropov. Et s'adressant à Aliev " Enregistre ! Pour Andropov, vote à l'unanimité!"
L'Histoire s'amusait à se moquer de ceux qui prétendaient la gouveerner impunément. Andropov mourut. Tchernienko le suivit. Avec la rapidité inconvenante d'une bande dessinée mourait l'entourage de Brejnev. Et l'on célébrait si souvent des funérailles sur la place Rouge, au son de la Marche funèbre de Chopin, que les Moscovites se surprenaient à en siffler l'air comme celui d'une mélodie à la mode.
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Son appartement se vidait peu à peu. Il vendit le tapis acheté autrefois à Moscou avec Tatania. Pour presque rien il écoula tout ce qui était vendable dans ses meubles. L'intervention de Gorbatchev sur les petits potagers fut la dernière émission qu'il regarda : il échangea son poste de télévision contre trois bouteilles de vodka.
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Videos de Andreï Makine (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Makine
Augustin Trapenard reçoit Andreï Makine, écrivain, académicien, pour "L'Ancien Calendrier d'un amour", édité chez Grasset. Ce titre énigmatique fait référence à une "parenthèse enchantée" pendant laquelle Valdas et sa bien aimée peuvent vivre "en dehors de la comédie humaine" entre l'ancien calendrier de la Russie et le nouveau.  En effet, le livre raconte l'histoire d'un jeune aristocrate russe embarqué dans le tourbillon de la révolution de 1917 qui finira sa vie en France. L'homme fera l'expérience de l'amour et ne cessera jamais d'oublier celle qu'il a aimé. Son histoire c'est aussi l'histoire d'un exil, un exil qui rappelle celui connu par l'auteur. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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