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Citations sur Le livre des brèves amours éternelles (116)

Me revint alors le souvenir du vieux couple sous un ciel d'orage, dans une petite station balnéaire de la mer Noire. Le vieux militaire de l'armée Blanche et sa femme. Qui plus que ces deux survivants de la Russie d'antan pouvait honnir le vieillard dans son fauteuil à bascule ? Qui plus qu'eux deux avait droit à une réparation de la part de l'Histoire ? Et pourtant j'étais absolument certain que jamais ils n'auraient saisi la poignée vengeresse. Car il n'y avait pas de haine dans leur coeur. Juste la luminosité des instants anciens que, durant la nuit d'orage, l'homme évoquait pour rasséréner sa compagne. « Tu te rappelles, disait-il réfugié sous la hutte des panneaux, le jour où je t'ai enfin retrouvée, en Crimée ? C'était l'hiver, une journée glaciale et pleine de soleil, nous mourions de faim... Et puis, dans un vignoble abandonné, tu as cueilli deux grappes de raisin, les dernières qui avaient échappé aux oiseaux et aux hommes, des grains desséchés mais divinement doux, on aurait dit des pépites de lumière. Nous les avons mangés et nous nous sommes remis à marcher...»
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la vraie joie est de pouvoir papillonner au dessus d'une multitude de possibilités, un peu anarchiques, un peu dérisoires.
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Très tôt, il devine que toutes les sociétés fabriquent la même espèce de créatures : celles qui avec une servilité zoologique ne pensent qu'à s'alimenter et à se reproduire, à s'incliner devant la force de l'Etat qui les enchaîne dans des besognes décérébrantes, les assomme avec des ersatz de culture, les laisse s'entre-tuer dans des guerres.
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Le bonheur n’a, pour échelle de mesure, que notre propre existence, riche où déshéritée.
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Ce n'était pas la première femme qui m'a ébloui par sa beauté, par la force patiente de son amour. Elle était la première, en tout cas, à me révéler qu'une femme amoureuse n'appartient plus à notre monde mais en crée un autre et y demeure, souveraine, inaccessible à la fébrile rapacité des jours qui passent. Oui, une extraterrestre.

Celle qui me libéra des symboles
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La désagréable impression de copier les autres étaient renforcée par la dépendance au plaisir, pareille à celle que provoquent les drogues. Il nous fallait augmenter les doses, resserrer la fréquence de nos ébats. Et nos corps se dérobaient, éreintés, comme ceux des papillons nocturnes ivres de lumière. Venait alors ce constat qui, chaque nuit, nous blessait de sa banale et cinglante vérité : le plaisir ne vise que lui-même, étant un merveilleux but en soi. Une boucle répétitive, vertigineuse, exténuante, savoureuse, parfumée à l’odeur d’une peau hâlée et salée, incurvée par des muscles durcis de longues nages quotidiennes, pimentée de plats brûlants, d’un vin épais au goût de noix, un envol haletant vers la jouissance et une dégringolade en vrille, dans l’abîme des draps saturés d’embruns, sous une étoile si proche au milieu des branches d’un grenadier. Une enivrante boucle sans issue.
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L’amour est subversif par essence.
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A cet âge, on accepte mal la brièveté du plaisir. Moins encore son émoussement, son aimable routine, de plus en plus attendue et fade. Au bout de deux semaines, la première soif étanchée, nous pressentîmes l'étouffement d'un confort vaguement matrimonial.
Tous les jeunes amants passent par là et tous, effarouchés, n'ont qu'une solution : forcer les limites que nos pauvres corps d'humains nous imposent. Nous redoublames la violence de nos étreintes, cherchant tantôt la complicité de la mer nocturne, tantôt la solitude des cascades dans la forêt. L'extase consommée, les vagues rejetaient nonchalamment nos corps enlacés sur les galets froids, nous transformant en naufragés pantelants.
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Les régimes changent, reste inchangé le désir des hommes de posséder, d'écraser leurs semblables, de s'engourdir dans l'indifférence d'animaux bien nourris.
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Nous entrions, mon amie préparait un thé, les paroles venaient ou non, le silence de la maison nous suffisait. Parfois, nous écoutions, mais d'une sonorité presque inaudible, un fragment des Saisons de Tchaikovski. C'était toujours le même, "Le mois de juin", que mon amie retrouvait avec une précision de prestidigitatrice sur un grand disque fatigué. Nous n'augmentions jamais le son, la mélodie ne devait être qu'un simple écho, ainsi elle semblait plus secrètement inaccessible à la vie qui continuait au loin, avec son fracas, sa vitesse inutile, sa surdité. La lumière peignait les heures, de doré virant à l'ambre, puis pâlissait.
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