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sur 1155 notes
Il est beau ce « testament français », elle est belle cette exploration politique de la Russie et de la France. Deux mondes rapprochés par la langue, c'est un beau thème. Cette histoire est d'abord racontée par Charlotte, une grand-mère française. Elle parle de sa jeunesse au début du XXe siècle à Aliocha, son petit-fils. Ce petit russe ordinaire découvre à la fois une image dure de son pays et une image poétique de la France. Cette poésie nourrit son imaginaire. Elle l'aide à supporter la Russie de Staline mais provoque aussi le rejet de ses camarades qui ne le comprennent pas. Orphelin à 15 ans, cette vision rêvée va se heurter à son identité russe qui se réveille alors « tel un ours après un long hiver. (...) Une Russie impitoyable, belle, absurde, unique. Une Russie opposée au reste du monde par son destin ténébreux. » Devenu adulte et opposant au régime, il s'exile et raconte alors jusqu'au rebondissement final une France bien réelle, celle de la fin du XXe siècle, version beaucoup moins poétique et enjolivée que celle de sa grand-mère mais toujours amoureuse. Makine a écrit ce beau livre dans un style qui m'a touché et fait vibré, un style qui mélange réalisme et poésie grâce à une langue crue et franche mais aussi métaphorique. J'ai apprécié également la qualité de la narration qui fait voyager sans à-coups à travers l'espace et le temps. Ayant moi-même vécu de nombreuses années à l'étranger, c'est un livre enfin qui m'a beaucoup questionné sur le mélange des cultures, des langues et des identités. Comment s'effectue le métissage identitaire, l'assimilation culturelle, l'adoption linguistique ? Pourquoi se sent-on un jour chez soi à l'étranger ?
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C'est un livre sur la mémoire, la transmission, la promesse de deux mondes rêvés, un monde franco-russe que ne cesse d'arpenter le narrateur à la recherche de ses origines. C'est aussi le récit d'une grand-mère dont le regard s'élargit à l'horizon. le style est délié, sauvage comme les steppes, suave et emporté. Il faut lire ce testament d'une seule traite, dans un train, dans un wagon lit, et sortir ébloui de ce voyage livresque citoyen du monde.
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J'ai honte…Je ne suis pas allé au bout de ce livre. Pourtant j'ai aimé « La vie d'un homme inconnu » ou encore « le livre des brèves amours éternelles » mais là, je me suis ennuyé et n'ai pas retrouvé le souffle des deux livres précédemment cités.
Bon, ça m'est déjà arrivé d'abandonner un livre en cours de route mais, dans ce cas, je suis troublé parce qu'il a eu le Médicis et le Goncourt des lycéens, il doit donc receler quelque chose auprès duquel je suis passé !
…Je cherche…Rien…Bon, je vais mettre cela sur le dos d'une fatigue purement conjoncturelle qui m'aurait aveuglé, parce que je ne trouve pas.
Ne tenez pas compte de cet avis…et donnez moi le vôtre; je me sentirai soit soulagé, soit encore plus stupide ! :-)
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Un des meilleurs livres que j'ai pu lire en ce début 2024. le style est doux et me fait penser aux livres Ava Audur Olafsdottir, nous suivons le personnage principal dans sa quête d'identité avec un coeur partagé entre sa Russie natale et la France de sa grand-mère, entre la découverte du présent et les souvenirs du passé, entre la confrontation entre la réalité et l'imaginaire décrit.

Nous grandissons aux côtés du personnage en nous replongeant dans nos propres souvenirs, notre imaginaire de jeunesse pour les confronter aux réalités parfois crues que nous avons découvert en avançant vers l'âge adulte.
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Le narrateur et sa soeur passent leurs vacances chez leur grand-mère, Charlotte, une Française, qui vit dans une petite ville de Sibérie, en bordure de la steppe. Elle leur raconte ses souvenirs de jeunesse, à la fin de 19° siècle et au début du 20°, leur parle des événements de l'époque -la visite du tsar Nicolas II, les inondations de 1910 à Paris- et leur lit des poèmes. le français est pour le narrateur sa "langue grand-maternelle" et il reporte son amour pour Charlotte sur la langue et le pays d'origine de celle-ci.

Dans ce roman en partie autobiographique, Makine nous raconte sa relation à la France et à la culture française. Cette France c'est d'abord un pays uniquement fantasmé parce que lui-même n'y met les pieds qu'à l'âge adulte et que sa grand-mère l'a quittée depuis longtemps. A l'adolescence sa double culture lui sert d'abord à se distinguer des autres et à s'en protéger puis elle le gêne et il tente de la rejeter avant d'arriver à l'intégrer et de finalement s'installer en France.

Je relis le testament français après une première lecture qui remonte à plus de dix ans et qui m'avait fait forte impression. A la relecture ce n'est plus l'éblouissement que j'avais ressenti alors mais je retrouve bien tout ce qui m'avait tant plu : l'écriture superbe, la nostalgie de cette France rêvée, la relation privilégiée du narrateur et de sa grand-mère.

"Neuilly-sur-Seine était composée d'une douzaine de maisons en rondins. de vraies isbas avec des toits recouverts de minces lattes argentées par les intempéries d'hiver, avec des fenêtres dans des cadres en bois joliment ciselés, des haies sur lesquelles séchait le linge. Les jeunes femmes portaient sur une palanche des seaux pleins qui laissaient tomber quelques gouttes sur la poussière de la grand-rue. Les hommes chargeaient de lourds sacs de blé sur une télègue. Un troupeau, dans une lenteur paresseuse, coulait vers l'étable. Nous entendions le son sourd des clochettes, le chant enroué d'un coq. La senteur agréable d'un feu de bois -l'odeur du dîner tout proche- planait dans l'air.
Car notre grand-mère nous avait bien dit, un jour, en parlant de sa ville natale :
-Oh ! Neuilly, à l'époque, était un simple village...
Elle l'avait dit en français, mais nous, nous ne connaissions que les villages russes."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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J'ai découvert Andreï Makine avec son oeuvre « l'ami arménien », qui est résolument plus facile à lire. le rythme est soutenu, et l'écriture très imagée et littéraire peut déconcentrer l'esprit si l'on préfère une littérature plus incisive. Cependant, cette écriture est indispensable pour que l'on puisse dérouler dans notre tête le plus fidèlement possible, le film narratif de ce monde franco-russe illustré par les récits de Charlotte. de la même façon, toutes ses descriptions littéraire ssont importante pour saisir la personnalité et l'identité complexe de cette sacrée Charlotte façonnée par cette expérience de la vie française et par le monde russe durant et d'après-guerre. En effet, il faut s'accrocher, durant des dizaines et des dizaines de pages, avant que le récit ne s'allège et décolle en se rapprochant de notre époque actuelle. C'est un passage obligé, et qui nous apprend beaucoup sur la culture et la réalité de la vie soviétique de l'époque. Évidemment, c'est une très belle oeuvre littéraire classique, qui dépeint avec minutie la vie de cette si aimée et si inspirante Charlotte, que l'on devine largement inspirée de la grand-mère de l'auteur.
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Le testament français, Andreï Makine
Quel auteur peut se targuer d'avoir remporté le prix Goncourt, le Goncourt des lycéens et le Prix Medicis la même année ? Andreï, sans nul doute !
Si ces distinctions devaient ne pas vous suffir, rappelez-vous qu'il est le benjamin De l'Académie Française depuis 2016. Rien que ça... mais indépendamment de ces reconnaissances, approchez, je vais vous parler du Testament français...
Largement autobiographique, ce roman nous dévoile la vie de Charlotte et son petit-fils Aliocha. Charlotte vit à Saranza, bourgade du bout du monde, où la steppe n'arrête pas un vent mordant. de son enfance, elle a conservé une valise contenant coupures de presse et souvenirs de sa vie française. Car Charlotte est une française ayant émigré en Russie dans les années 20. de son enfance parisienne, elle garde un amour immodéré pour les beaux mots, la littérature, Baudelaire, et inculque à Aliocha cette langue dès son plus jeune âge.
Ce récit est celui d'une enfance entre deux mondes, entre la Russie où l'on vit et cette France rêvée où Aliocha n'a jamais mis les pieds. Ce roman est celui d'un apprentissage, d'un amour filial, d'une langue que l'on fait sienne, et d'une culture que l'on construit.
Andreï aura été le Frantsouz en Russie et le russe en France. Avec une plume remarquable, il nous dévoile les arcanes de son acceptation de cette double culture, mais également sa joie d'appartenir à ces deux entités qu'il a faites siennes.
Un roman magistral...
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Une écriture intéressante mais devenant rapidement sans âme, un sujet alléchant en tout début mais qui s'égare, s'égare… et finit par se perdre définitivement. Au final, Andreï Makine livre un roman pour presque rien. Ah ! si. Trois prix littéraires en 1995.
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Terres d'élection

« La France de notre grand-mère, telle une Atlantide brumeuse, sortait des flots. »
Le Testament français, chapitre I, 1

Pourquoi, pour le docteur Norbert LEMONNIER, avoir fait le choix de quitter la France et de s'installer en Russie accompagné de sa très jeune épouse ALBERTINE, de 26 ans sa cadette - mariage arrangé pour d'obscurs raisons dans cette famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine - et de sa fille CHARLOTTE, l'héroïne du roman, née avec le siècle ? Espoir d'un Eldorado dans l'enthousiasme de l'alliance/amitié franco-russe symbolisée par la construction du pont Alexandre III ? Charlotte en racontera à son tout jeune petit-fils de huit ans fasciné, l'auteur lui-même, et en français, sa « langue grand-maternelle », la pose de la première pierre pour l'Exposition universelle de 1900 par l'empereur Nicolas II lors de sa fastueuse réception à Paris.

Et pourquoi, après la mort de son père, Charlotte de retour à Paris en 1910, elle aura vécu la crue historique de la Seine, décidera, onze ans plus tard de retourner comme volontaire de la Croix-Rouge pour plonger dans l'enfer des grandes famines russes et découvrir « cet enfant nu assis dans la neige - de longs cheveux emmêlés, un regard perçant de vieillard, un corps d'insecte [...] Une femme se penchait au-dessus de l'enfant et reconnaissait en lui son fils. Et elle ne savait que faire de ce vieillard-insecte, elle qui s'était nourrie depuis des semaines de chair humaine. Alors on entendait monter de sa gorge un hurlement de louve » ? Pour y rejoindre sa mère certes, veuve et vieillie prématurément dans la solitude de l'isba de cette grande steppe sibérienne. Essentiellement parce qu'elle n'a pu échapper à cette terre russe, sa patrie tout simplement aimée.

Andreï MAKINE aura revécu avec Charlotte son viol dans le désert ouzbek par les rebelles basmatchis, il en naîtra un fils « Ton grand-père, dit-elle tout bas, n'a jamais évoqué cette histoire. Jamais... Et il aimait Serge, ton oncle comme si c'était son propre fils », sa fuite en train sous les bombes de l'aviation allemande, les horreurs de la guerre, le retour des soldats, des « samovars » sans bras ni jambes, regroupés et abandonnés sur leur île par Staline, de son mari « Elle savait déjà que cette vie, malgré toute sa douleur, pouvait être vécue, qu'il fallait la traverser lentement en passant de ce coucher du soleil à l'odeur pénétrante de ces tiges, du calme infini de la plaine au gazouillement d'un oiseau perdu dans le ciel [...] Elle leva les yeux et le vit ».

Il aura, comme ses grands-parents et grâce à elle, Charlotte, fait le choix de son pays. La France. Il en avait avec sa grand-mère longuement pratiqué la langue, en avait vécu les grandes heures de la Belle Époque dans les longs récits qu'elle lui en avait fait, il en avait connu avec elle les grands poètes et il sentait surtout monter en lui l'irrésistible envie, très proustienne, d'une écriture dans cette langue française, pour lui poétique, afin de « revivre le vertige de l'instant retrouvé ». Il y aura réussi dans le souffle de ce roman d'histoire et d'apprentissage, d'initiation à la vie, de célébration d'une femme d'exception. « Et je répétais en moi-même comme une évidence lumineuse Non, tous ces moments ne disparaîtront jamais » : l'écrivain aura ainsi immortalisé et fixé le souvenir de cette héroïne dans nos mémoires.
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Avec "Un testament français" Andreï Makine propose un roman autobiographique dans lequel il raconte comment il s'est construit entre la Russie et la France. Il parle notamment de son enfance, de ses vacances passées en Sibérie auprès de Charlotte, sa grand-mère maternelle d'origine française qui lui fait le récit de ses souvenirs de famille. Il grandit donc en rêvant à une France qui n'existe plus, la France de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.

A la fois récit d'initiation et portrait, le narrateur oscille entre l'évocation d'une Russie en guerre et celle d'une France fantasmée grâce au pouvoir de conteuse de cette grand-mère aimée. Il se définit comme "un étrange mutant, incapable de vivre dans le monde réel" et d témoigne d'une sensibilité littéraire nourrie depuis l'enfance de ce qu'il appelle "la greffe française" qui progressivement s'installe chez lui et le condamne à vivre dans un pénible "entre-deux-mondes".
Les questions soulevées dans "Le testament français" comme dans toute l'oeuvre de Makine touche à l'identité, à ses fondements, à l'hérédité, à l'écart entre l'imaginaire et la réalité, aux difficultés de vivre entre deux cultures et entre les langues qui les constituent.

Il faut signaler que ce roman a reçu en 1995 le prix Goncourt, le prix Médicis et le Prix Goncourt des Lycéens, ce qui est assez exceptionnel. Et si j'ai beaucoup aimé cette histoire, je ne suis pas complètement convaincue par le style de l'auteur et je trouve que les nombreuses répétitions alourdissent les phrases. Je ne comparerais donc pas Andreï Makine à Proust comme on le fait parfois.


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