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EAN : 9782213681856
288 pages
Fayard (17/05/2017)
4.08/5   91 notes
Résumé :

Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ?

Des tomates d’industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d’un continent à l’autre. Toute l’humanité en consomme, pourtant personne n’en a vu.

Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ?

Durant deux ans, des confins de la Chine à l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Jean-Baptiste Malet propose un voyage autour du monde passionnant, autour d'un produit banal, présent dans toutes les cuisines : le concentré de tomate. La tomate cultivée à l'origine sur les contreforts andins de l'Amérique du Sud a été diffusée sur tous les continents. Dans notre imaginaire, elle est liée à la cuisine italienne, aux pizzas et aux sauces pour les pâtes. Un produit sain issu d'une production méditerranéenne ? Pas vraiment...

Précisons d'emblée que l'auteur ne s'intéresse qu'à la tomate industrielle. Un micro-secteur ? Pas du tout, cette industrie (car c'en est une) consiste en champs plantés en tomates sélectionnées pour résister aux chocs lors des récoltes mécaniques, transferts accélérés dans d'immenses usines où la peau est enlevée, la chair épépinée et chauffée pour obtenir un concentré, et même le plus souvent un triple concentré, pour diminuer les frais de transport. A partir de là, le concentré de tomate n'est plus qu'une matière première, vendue entre traders, distribuée partout dans le monde. Un marché de milliards de dollars. Plein de surprises… Oubliez l'Italie...

Le principal acheteur ? Heinz, une multinationale américaine, dont les fondateurs ont créé, avant même Henry Ford, le travail à chaîne dans de grandes usines. Une immense entreprise largement présente aux États-Unis et au Royaume-Uni à la fin du dix-neuvième devenue une machine marketing au vingt et unième siècle.

Le principal pays de production? La Californie, son soleil et ses usines de production géantes.

Le principal exportateur ? La Chine. Avec des milliers d'hectares cultivés dans le Xinjiang, ce territoire autonome, peuplé de Ouïghours, que la Chine a réduit à territoire de peuplement pour les Han. Pour assurer du travail à ces nouveaux arrivants, l'entreprise de l'armée, Chalkis, a favorisé les plantations, monté les premières usines, avec l'aide technologique des Italiens, qui s'en mordront ultérieurement les doigts.

La principale zone de consommation ? L'Afrique. D'abord alimentée par des boites tricolores, vert, blanc, rouge, avec des noms italiens comme Gino. Les boites venaient effectivement jusqu'au début des années 2000 quasi exclusivement d'Italie du Sud, produites à partir de concentré chinois, dans le cadre du régime douanier de perfectionnement actif, permettant de ne pas payer de droits de douane. Puis les Chinois ont compris qu'ils pouvaient produire ces conserves chez eux, à moindre coût, et les vendre directement en Afrique.
Accessoirement, à la demande des distributeurs, ils pouvaient encore faire baisser les prix en ajoutant des additifs à la préparation. Les conserves de concentré de tomate sur les marchés africains contiennent souvent moins de 50 % de tomates… Les quelques usines locales qui existaient, notamment au Sénégal, n'ont pas survécu à ces pratiques.

Les concentrés et sauces tomates vendues par nos magasins sont-elles de meilleure qualité ? Pour la plupart elles sortent des mêmes usines du Mezzogiorno qui livraient et continuent de livrer l'Afrique. Des usines où on trouve parfois des concentrés noircis par le temps. Quant aux productions locales, la récolte est assurée par des immigrés, amenés dans les champs de production par camionnettes entières par des exploiteurs.
Existe t-il de la qualité ? Peut-être en Toscane, dans le bio, et dans le nord de l'Italie autour de Parme. Mais on parle là de produits incapables de lutter sur les prix.

Cet essai part d'une petite boite de conserve et devient un cours d'économie sur les conséquences de la mondialisation et de l'industrialisation. Au passage, la géopolitique est là au Xinjiang. La mafia traîne dans les couloirs des usines napolitaines. le reportage tient de la partie de cache-cache pour parvenir à découvrir les secrets de production.
Cet ouvrage est une totale réussite dans son genre (bien difficile à qualifier d'ailleurs).
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La tomate, direz vous, quelle drôle d'idée ? Et bien 280 pages plus loin, on a plutôt envie de dire que c'est une drôlement bonne idée, un sacrément bon sujet : on a appris plein de choses sur à la mondialisation en général et l'industrie agroalimentaire agroalimentaire.

Au fil des pages, on comprend que la tomate industrielle (c'est-à-dire la tomate qui est utilisée pour des préparations alimentaires, une tomate refabriquée dans ce sens, et non pas celle que l'on peut trouver sur les étalages, y compris des supermarchés ) est un enjeu économique beaucoup plus fort qu'on ne le croit, avec ses tradeurs, ses entreprises supranationales, sa loi du marché, sa corruption… C'est une très bonne façon de comprendre l'organisation du commerce au niveau mondial que de se pencher sur ce petit fruit/légume rouge...

On commence en Chine, où la tomate a été importée pour le seul plaisir de faire de l'argent, de façon tout à fait artificielle, et où, outre enrichir des déjà-multimillionnaires, elle donne, généreuse qu'elle est, du travail aux enfants comme aux prisonniers des camps de redressement. Elle est ensuite conditionnée en concentré, de qualité pas très bonne à franchement très mauvaise, selon le marché auquel elle s'adresse. "Franchement" car, oui, les Africains n'ont pas d'argent, donc, pas de problème, on leur propose une qualité inférieure, et ce sera toujours cela de gagné en plus… À moins que la nouvelle idée d'implanter les usines de conditionnement en Afrique elle-même, ou la main d'oeuvre est encore moins cher, soit finalement la panacée…

En Italie, qui a toujours été le royaume de la tomate, eh bien oui…maintenant, on reconditionne du concentré chinois, c'est tellement moins cher et facile, on colle une étiquette Made in Italie, aux couleurs vert blanc rouge, et cela permet à l'occasion de blanchir l'argent de la mafia. Ce serait cependant mentir de dire qu'il n'y a plus de culture de tomates industrielles en Italie : il faut bien donner du travail aux migrants clandestins (ceux-la même que l'importation de concentré de tomates chinois en Afrique a privés de leur travail et de leurs revenus)r. Je vous raconte pas les conditions de travail, je vous laisse les imaginer…

La Californie, avec ses cultures intensives, son libéralisme à outrance, son délire de mécanisation ferait presque figure d'enfants de choeur là au milieu.


Au total, c'est un survol impressionnant du commerce au niveau mondial, complètement déprimant, certes, mais globalement très instructif.
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J'ai découvert cet auteur par son article paru dans « Le Monde Diplomatique » d'il y a déjà plus d'un an.
La vérité sur l'industrie de la tomate était peu glorieuse. Et puis, je l'ai un peu oublié.

Récemment, j'ai vu le documentaire éponyme à ce livre lors d'une soirée ciné-débat avec l'auteur. Il s'agit d'un bon documentaire qui se suit le parcours de Jean-Baptiste Malet dans sa recherche sur la culture de la tomate industrielle servant à la fabrication du concentré de tomates, jus de tomates, sauce tomates… Bref, ce qu'on peut utiliser dans beaucoup de nos préparations culinaires.
Et ce n'est toujours pas glorieux.

Puis, j'ai reçu ce livre proposé lors de la Masse Critique de février 2019. Après lecture de cette enquête. Eh ben… c'est assez édifiant (ça l'était déjà dans le documentaire). Les tomates, ou plutôt des trucs rouges génétiquement modifiés pour avoir peu d'eau et résister grandement aux chocs, vont être ramassées et transformées une première fois (en majorité aux US, en Chine ou en Italie) puis vont parfois faire le tour de la Terre pour une deuxième transformation (voire encore un autre périple) pour peut-être arrivées dans les rayons de nos commerces.
Et ça, ce n'est que la première couche !

Et si après toute cette lecture, vous avez encore faim de produits avec de la tomate, regardez d'où elle provient. Ou mieux, préparez tout vous-même ! ^^
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Avis aux amateurs de frites au ketchup, de lasagnes sous vide et de pizzas surgelées : arrêtez ça tout de suite ! Cette enquête courageuse d'un journaliste qui avait déjà dénoncé le système Amazon va vous faire passer l'envie de sauce tomate. Pas le fruit frais, charnu et goûteux qu'on achète au marché bien sûr, mais une tomate « industrielle », un hybride créé uniquement pour la transformation en concentré, et produit massivement en Chine. de puissants industriels chinois exportent cette bouillie rouge en énormes quantités à travers le monde, y compris en Europe, sans être toujours très scrupuleux sur la qualité du produit vendu...Ce concentré est ensuite utilisé dans l'industrie agroalimentaire, ou vendu dans nos supermarchés après avoir été reconditionné. Alors avant d'ouvrir un bocal de sauce bolognaise, lisez ce livre, et envisagez plutôt une bonne carbonara pour vos pâtes!
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"L'empire de l'or rouge" de Jean-Baptiste Malet ((349p)
Ed. livre de poche

Bonjour les lecteurs...

Vous pensiez maîtriser ( plus ou moins ) vos consommations alimentaires?
Vous pensiez acheter des produits à la traçabilité impeccable?

QUE NENNI !!!

Bienvenue dans le monde de l'or rouge.

L'auteur a choisi la tomate pour nous décrire le système de l'agro-industrie mis en place autour de certains produits, mais il est clair que son étude aurait pu toucher un bon nombre d'autres supports.
La tomate étant un des rares aliments consommé de façon mondiale, le courageux fouineur a enfoncé les portes pendant presque 3 ans avant de nous livrer son rapport.

Il va s'intéresser à la tomate industrielle, celle qui est utilisée pour fabriquer le fameux " concentré " consommé de part le monde et qui entre dans de multiples fabrications industrielles ( même les plus improbables).
Des usines de Chine, aux société de transformations italiennes, des supermarchés des pays industrialisés à la vente à la cuillère en Afrique, la pâte rouge va être analysée comme jamais.
L'auteur en plus de s'attaquer aux géants de l'industrie, aborde l'histoire de la conserve, le problème des migrants, la surexploitation humaine, les fraudes camouflées ( ou non), la mafia .. bref.. tout y passe.
Enquête de la Chine au Ghana, en passant par l'Italie et la Californie.

Bienvenue dans le monde sympathique de la mondialisation à outrance.

Ce livre a connu une période de censure en Italie et a reçu le prix Albert -Londres 2018.

Petit bémol ( mais vraiment très petit) .. par moment, je me suis moyée dans les chiffres exposés.

Merci à Anne d'avoir parlé de ce livre.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
18 septembre 2017
La prochaine fois que vous commanderez une pizza ou un bloody mary, ou encore quand vous achèterez du concentré de tomate ou des tomates en conserve, pensez-y deux fois.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
24 juillet 2017
La tomate est un fruit, celui de la convoitise, estime Jean-Baptiste Malet
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
La récolte des tomates se faisait également avec l’apport en main-d’œuvre que constituaient les prisonniers des Laogai, les « camps de rééducation par le travail » de la République populaire, les camps du Goulag chinois.
...
Le Xinjiang est la région chinoise qui compte le plus grand nombre de Laogai du pays
...
Du temps de l’Union soviétique, les goulags étaient régulièrement dénoncés par des intellectuels. Aujourd’hui encore, sur n’importe quel plateau de télévision, l’évocation du Goulag permet de clore toute conversation ayant pour thème « le communisme ». Pourtant, c’est étrange : aujourd’hui en Chine, le Goulag continue d’exister, mais il ne fait l’objet d’aucune polémique. Est-ce parce que, entre-temps, il a changé de camp ? Les camps chinois, les Laogai, se sont avérés parfaitement solubles dans le capitalisme globalisé : ils fournissent de la main-d’œuvre aux sous-traitants de fournisseurs de grandes multinationales prêtes à tout pour réduire leur « coût du travail ». La Chine ne publie aucun chiffre officiel à propos des Laogai. Selon plusieurs ONG, ce travail forcé concernerait quatre millions de personnes.
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La seconde surprise du concentré Gino tient à la nationalité du propriétaire de la marque, qui assure la distribution. Malgré la construction "marketing" d’une prétendue identité italienne, ce géant de la distribution du concentré est un indien : Watanmal. Ce groupe, dont les sièges sont à Hong-Kong, ainsi qu’à Tharamani dans le Chennai, s’enorgueillit de compter 530 millions de clients à travers le monde.
Watanmal réalise près de 650 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel dans la distribution de denrées alimentaires, en grande partie grâce à Gino. La société exploite également une seconde marque de concentré de tomates, « concurrente » de Gino : Pomo. Les conserves de concentré Pomo sont produites dans les mêmes usines, avec le même concentré chinois que celui des conserves Gino.
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Cette tomate d'industrie n'est pas ronde : elle est oblongue.. Elle est aussi plus lourde, plus dense qu'une tomate fraîche, car elle contient beaucoup moins d'eau. La peau d'une tomate d'industrie est très épaisse, elle résiste et croustille sous la dent quand on essaie de la mâcher fraîche. Le fruit est si dur qu'il peut supporter de longs voyages en camion, puis son maniement par les machines. La tomate d'industrie ne se gâte pas facilement. Des agronomes l'appellent, pour plaisanter, la "tomate de combat" : elle est tellement ferme, qu'elle n'éclatera jamais, même si elle est placée tout au fond de la benne, sous la masse de plusieurs centaines de kilos récoltés : elle est "étudiée pour". Il vaut d'ailleurs mieux éviter de jeter des tomates d'industrie à la figure d'un artiste ou d'un dirigeant politique, car ce serait le lapider - ce qu'il ne mérite peut-être pas.
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Ami personnel du président Ronald Reagan, O’Reilly offre au néolibéralisme sa touche de ketchup. Une sauce qui faillit prendre, sous la présidence Reagan, la qualification de « légume ». L’administration Reagan ayant réduit de 27 milliards de dollars les programmes sociaux du budget de l’année 1982, les fonds affectés à la restauration scolaire sont amputés d’un milliard de dollars. Afin de réaliser cette coupe, le secrétaire de l’Agriculture des Etats-Unis évoque le 3 septembre 1981 l’idée de faire passer le statut du ketchup de « condiment » à « légume », et ce afin de permettre aux cantines scolaires de retirer de la nourriture des enfants une portion de légumes frais ou cuits. L’idée suscite un immense tollé et n’est finalement pas retenue, ce qui n’empêche cependant pas la pizza d’être aujourd’hui considérée, dans les menus scolaires américains, comme un « légume ».
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Saint Kitts and Nevis. L’État s’est spécialisé dans la vente de ses passeports aux élites transnationales de la planète. Le document permet d’entrer sans visa dans plus de cent pays et territoires, parmi lesquels Hong Kong, le Liechtenstein, l’Irlande, la Suisse et les États membres de Schengen dans l’Union européenne. Pour acquérir cette nationalité, il convient de débourser 250 000 dollars (1), sans qu’il ne soit nécessaire de se rendre sur place. « En fait, il suffit de payer les services d’un conseiller juridique. Trois mois après, tu reçois ton passeport. Et fiscalement, c’est vraiment très intéressant », m’a expliqué Quinton Liu.

(1) Atossa Araxia Abrahamian, Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, Montréal, Lux Éditeur, 2016.
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Videos de Jean-Baptiste Malet (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Baptiste Malet
Jean-Baptiste Malet vous présente son ouvrage "La Capitale de l'Humanité" aux éditions Bouquins.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2585762/jean-baptiste-malet-la-capitale-de-l-humanite-recit
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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