La Louisiane

Curieux parcours pour ce roman, d'abord écrit en anglais alors que son auteur était sur le sol américain, détentrice d'une bourse d'écriture. Il a ensuite été retravaillé et un peu allégé pour aboutir à la version que l'on connait. D'un point de vue stylistique cela se ressent, à un point tel que j'ai eu tout au long du livre une impression de flottement entre deux systèmes, comme si son auteur se cherchait justement un style. Que le roman soit déjà l'objet d'une adaptation en série n'a, d'autre part, n'a rien d'étonnant, car justement son écriture est cinématographique, et parfois quelque peu artificielle.
Julia Malye s'est intéressée à un épisode du peuplement de la Louisiane du temps où elle était française. Nous sommes en 1720, à Paris la Salpêtrière fait à la fois office d'hôpital, prison, orphelinat, pensionnat de petites filles. Les colons de Louisiane ont besoin de femmes, et d'enfants…Il faut de la ″chair fraîche″ pour contenter ces messieurs. La supérieure de la Salpêtrière doit choisir celles qui partiront, et feront la traversée à bord de la baleine. Parmi d'autre, Julia Malye s'est concentrée sur Charlotte, orpheline de douze ans, Pétronille dont la famille n'a plus le sou pour l'éduquer et trop différente pour eux, et Geneviève la faiseuse d'anges.
Le voyage ne sera pas de tout repos, tout comme la vie de ses femmes dont on suivra à tour de rôle et chronologiquement le destin. Leurs chemins ne feront que se croiser, et séparer. Chacune devant faire face aux imprévus de la vie conjugale, aux deuils, aux intempéries, maladies, et conflits entre les colons et les tribus indiennes présentes.
Ce roman est indéniablement romanesque. Malgré quelques longueurs facilement surmontables, et les réserves à propos du style dont j'ai déjà parlé, il s'avère agréable à lire. Il apporte un éclairage intéressant sur un pan méconnu de l'histoire, sans pour autant parvenir à me captiver en profondeur.

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LA LOUISIANE par Julie MALYE (Ed Stock)


Julia Malye, née en 1994, publie son 4ème roman « La Louisiane ».
Diplômée de Sciences Po et de la Sorbonne en Sciences Sociales et Lettres Modernes, titulaire d'un Master of Fine Arts en créative writing de l'Université d'État de l'Oregon. Elle est traductrice de l'Anglais pour Les Belles Lettres et, depuis 2018, elle enseigne l'écriture de fiction à Sciences Po.
Ce livre a par ailleurs deux écritures, Français, mais également Anglais sous le titre « Pelican's Girl ». de belles références. Avis aux Anglophiles.

Julie Malye rapporte une page peu connue et peu reluisante de notre histoire. En 1680, 90 femmes enfermées pour des raisons diverses dans le bâtiment de la Grande Force à l'Hôpital de la Salpêtrière vont être choisies et raflées sur des critères obscurs et éminemment subjectifs pour prendre la mer et, à la suite d'une longue et périlleuse traversée sur le navire « La Baleine » être exilées en Louisiane, où elles seront mariées à des colons français déjà sur place.
Nous allons suivre le destin tragique de trois d'entre elles, Geneviève une faiseuse d'anges, Pétronille une aristocrate placée par sa famille et Charlotte bébé abandonné qui a grandi là, à l'Hôpital. Certaines d'entre elles, insistent et font le forcing pour être exilées en Louisiane, bien conscientes que si elles veulent espérer un avenir, ce n'est pas la Salpêtrière qui pourra leur en fournir un. C'est un grand bond dans l'inconnu, sans même mesurer à quelle sauce elles seront croquées par leur futurs maris. Parce qu'il Il va de soi qu'on les envoie là-bas pour être, ce que les femmes ont de tout temps été, « des sexes et des ventres ». Elles ne s'attendent pas à ce que leur réserve une telle traversée, elles ignorent tout de la mer et de ses contraintes, des marins, des pirates et de la précarité de leurs conditions de voyage, beaucoup mourront avant d'avoir vu la moindre côte. Choisir n'existe pas dans le destin de (ces) femmes.
Nous suivrons longuement, avec un luxe de détails, leur vie, leur destin sur place, leurs liens, Geneviève la plus mature sera mariée avec trois Pierre différents, Pétronille surnommée « La tachée » car marquée d'une large tache de naissance sur la joue, et Charlotte, qui ne pourra jamais enfanter. Elles vont devoir apprendre à connaitre l'inconnu qu'elles se devront d'épouser.
C'est un beau livre épique, très romanesque, magistralement écrit qui va nous amener à l'origine de la Louisiane et de sa colonisation par les Français. On apprend beaucoup sur les conflits avec les tribus indiennes autochtones, les Natchez, sur leur vie, leur culture, leurs rapports à la nature, leur médecine, pétris de ce respect intime que peuvent avoir les peuples premiers, sur les colons français dont le seul objectif sera de les exproprier de leurs terres pour en faire, entre autres, des plantations de tabac, affamés d'espaces, prêts à les exploiter pour faire exploser leurs richesses et leurs ressources naissantes, mais aussi sur les congrégations religieuses, déjà à l'affut pour recruter, intégrer , corseter les âmes et les corps par leurs préceptes religieux, bref sur les hommes blancs, déjà voleurs, déjà violeurs, un concentré violent de la « civilisation »blanche, déjà prête à tout pour rendre monnayable ce qui peut l'être , ancêtre lointain du capitalisme destructeur et triomphant. C'est enfin la peinture d'une époque qui change et mute, les positions sociales qui se crispent, les révoltes grondent, les questions raciales inimaginables pour les blancs se révèlent, l'esclavage doit disparaitre par la lutte, le colonialisme doit payer ses errements.

C'est un beau livre, autant féminin que féministe. Car au fond, Geneviève trois fois mariée, cinq fois maman, mais femme battue lors de son second mariage, Pétronille « la tachée », un peu guérisseuse, un peu sorcière, Charlotte la stérile qui finira un temps dans le couvent des Ursulines avant de retrouver Geneviève et nouer avec elle une ancienne relation amoureuse, ce sont bien elles, les vraies et attachantes héroïnes, qui tiennent la dragée haute à leurs hommes, eux qui auraient pu être dépeints comme violents et féroces, et que l'autrice portraitise comme finalement bien pâles et déconstruits.

J'ai lu des critiques mitigées sur ce livre. Je ne les partage pas. La langue est superbe, agile, fraiche, riche en trouvailles et en descriptions minutieuses qui rendent l'histoire proche du document historique. L'autrice, qui s'est documentée pendant huit ans, est habitée par ses personnages, d'une sincérité absolue, elle nous les rend proches et familiers. Au point de nous sentir, nous lecteurs, presque voyeurs, dissimulés dans un coin de la maison ou sur l'étrave du bateau, fuyant en pirogue au fil de la rivière ou fulminant devant les propos racistes des gouverneurs et des colons. L'écriture est splendide et fait la différence, riche et mature, fleurie quand il le faut. Certes, le livre a des longueurs qui créent des langueurs, c'est là le seul bémol, mais il n'est jamais démonstratif. Il donne une image de la Louisiane originelle que nous n'avons pas dans notre imaginaire commun, celle d'aujourd'hui, du jazz de la Nouvelle Orléans, du Mississipi ou plus haut de Charlebois de Beau Dommage et des forêts canadiennes. Nous pouvons donc changer d'angle de vu sur cette contrée lointaine et la honte nous happe nous Français qui avons donc participé, aussi, à l'extermination des tribus indiennes. Un livre dans la lignée d'autrices comme Marie Charell dans « les Mangeurs de Nuits » ou Gabrielle Filteau-Chiba dans « Sauvagines ».
Je n'ai pas boudé mon plaisir. Ne boudez pas le vôtre. C'est assez rare pour le souligner, mais c'est un livre en quelque sorte oecuménique sur la forme comme sur le fond, un livre de tendances et de climats, d'atmosphères, de couleurs dures et drues de sentiments puissants. Un livre qui peut vraiment plaire à tout le monde. Fortement recommandé.

ABANDONNE

Je ne me résoudrai jamais à mettre moins de 2 à un livre même si je ne l'ai pas fini ou détesté par respect pour son auteur.

J'ai abandonné La Louisiane à mi-chemin. Les personnages m'apparaissaient froids, insipides à par peut-être le personnage de Geneviève. Quant à la mise en place du lien entre ces femmes, elle est bien trop longue.

Je trouve ça incroyablement dommage car le sujet était (et est) passionnant et mériterait encore plus de lumière.

Bref, vous l'aurez compris, je n'ai pas été saisi par le style de Julia Malye mais peut-être que vous oui...

Un roman historique et romanesque sur les femmes de la Salpêtrière. J'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice. Je me suis laissée emporter dans l'histoire. Une très bonne lecture. Ça ne sera peut-être pas un de mes coups de coeur de l'année, mais la lecture était très divertissante et j'en garde un très bon souvenir.

1720, La Salpêtrière envoie une centaine de femme en Louisiane afin de se marier avec les colons sur place et faire des enfants.
On suit particulièrement 3 femmes, Charlotte, orpheline de 12 ans, Pétronille, artisto déchue et Geneviève, faiseuse d'ange, de leur départ en passant par la traversé de plusieurs fois et enfin jusqu'à leur adaptation dans cette nouvelle vie si loin de la France.

Autant j'ai beaucoup aimé le début à la Salpêtrière et la traversé en bateau. La découverte des filles, du pourquoi elle s'était retrouvé dans cette aventure. L'écriture de Julia Malye est fluide, douce, on comprend très vite le caractère de chacune.
Là où mon intérêt a diminué c'est à l'arrivée en Louisiane. On suit les filles séparément, le propos devient redondant, on tourne en rond et finalement l'histoire devient assez plate. Il y est question de sujet intéressant et important, comme la condition des femmes et des natifs, la dureté de la vie quotidien dans ces territoires encore très sauvage, sur la maternité et le deuil. Mais tout cela est raconté de façon assez répétitive je trouve, on est centré le ressenti des 3 protagonistes et finalement ça tourne en boucle.

J'aime quand il y a tout une mise en contexte, tout un tas de description de l'environnement, du cadre politique, j'aurai aimé en apprendre d'avantage sur la colonisation de la Louisiane, sur l'arrivée des colons et ça m'a vraiment manqué à la longue, c'est dommage, j'ai eu l'impression que La Louisiane était plus un prétexte pour faire un roman féministe.

Ca ne l'a pas tellement fait avec moi mais je peux comprendre qu'il puisse plaire.

Déjà vendu dans 20 pays, bientôt adapté en série, on dit que ce gros pavé deviendra LE phénomène de l'année ! Et c'est bien mon avis aussi !

Tout commence en 1720, à la Salpêtrière à Paris. La Supérieure Marguerite Pancatelin est chargée de sélectionner 90 femmes en âge de procréer parmi ses "pensionnaires". Celles-ci sont envoyées en Louisiane pour devenir les épouses des colons français. Pour la plupart d'entre elles, ce départ représente une perspective comme une autre d'échapper à l'enfermement et la promesse de tout recommencer à zéro. Charlotte, une orpheline de 12 ans élevée à la Salpêtrière, Geneviève, condamnée pour avoir aidé des femmes à avorter et Pétronille, dont le seul tort est sans doute de ne pas convenir à ses parents, se retrouvent ainsi ensemble à bord de la Baleine à destination de la Louisiane.

Ce roman offre un regard saisissant sur une facette méconnue de l'histoire coloniale française, bâtie à coup d'oppressions, de violences en tous genres et de sacrifices. C'est à la fois passionnant, remarquablement documenté et brûlant d'actualité !

Dans le genre "expédions des femmes à l'autre bout du monde sans leur consentement pour pondre des gosses à de parfaits inconnus" : Mille femmes blanches de Jim Fergus et le pays au-delà des mers de Christina Baker Kline.
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Nous sommes en 1720 et la colonie française nouvellement installée en Louisiane a besoin de femmes pour les hommes déjà installés, fermiers ou militaires, au prise avec une région en proie à la guerre avec les Natchez qui défendent leur territoire et à l'insalubrité piquée de moustiques. En bref, une région où il ne fait pas bon aller de son plein gré. C'est bien pour cela qu'un lot de prostituée a déjà été envoyée mais soit elles sont mortes soient elles n'étaient pas assez bien pour les colons en place. Alors on décide d'un nouveau chargement de 90 femmes, prises à la Salpêtrière. Orphelines ou pas, nous y trouvons des femmes de toutes conditions et qui n'ont pas vraiment le choix. Geneviève, elle, va y trouver la liberté, puisqu'elle y était enfermée pour cause d'être une « avorteuse ». Alors nous allons embarquer avec elles sur un bateau qui va mettre des mois pour faire le voyage, bien sûr, et dans des conditions épouvantables. Nous allons surtout suivre Geneviève, Pétronille avec sa tache blanche sur le visage, Charlotte, la benjamine de 12 ans, Etiennette, son amie de coeur. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car survivre à la traversée est encore plus simple que de survivre à ce pays si hostile. Elles seront mariées, rivales, amoureuses, malades et victorieuses, ces femmes que l'on traite comme des animaux de reproduction. Les hommes n'ont pas la part belle mais il faut dire que l'époque est rude.
J'ai suivi avec plaisir le destin de ces femmes que l'on suit tour à tour dans leur destinée incroyable, mais aussi toute la vie de cette colonie au bout du monde où l'on espérait tellement une vie meilleure, une reconnaissance et où le prix de la vie fut si cher payé.

Pour Geneviève, Charlotte et Pétronille, la Louisiane annonce un nouveau départ. Enfermées en 1720 à la Salpêtrière, elles sont choisies avec 90 autres femmes pour devenir les futures femmes des colons français. Une aventure subie pour ces femmes mais qu'elles vont apprendre à se réapproprier grâce à leur instinct, leur audace mais aussi une indéfectible sororité.

Julia Malye embarque le lecteur dans une formidable aventure historique. Elle nous captive grâce à un style romanesque mais également très documenté. L'histoire n'est pas une excuse au récit, il en est le coeur. C'est 8 ans de recherches minutieuses qui nous garantissent une immersion sensorielle et détaillée. J'ai beaucoup aimé découvrir cette grande Histoire peu explorée dans la littérature française et pourtant captivante.

Ce grand voyage au-delà de l'Atlantique nous est conté principalement à trois voix. Trois femmes aux parcours totalement différents. Trois personnages féminins complexes qui partagent avec le lecteur leurs craintes face à ce "nouveau monde" hostile et sauvage. Dans ce style et cette proximité, j'y ai parfois retrouvé l'essence de Maggie O'Farrell et n'ai pas pu m'empêcher de penser au destin des héroïnes de Jim Fergus dans “Mille femmes blanches”.

En racontant l'intimité de ces femmes, Julia Malye dresse aussi le constat de la colonisation française sur le continent américain et n'oublie pas de d'apporter un point de vue autochtone à ce conflit historique.

Un roman magnifique et saisissant. Immersion historique garantie !

Une fresque féminine et coloniale avec la découverte de la Louisiane, colonie française au XVIIIe siècle. Une fiction historique où l'autrice a mûri chaque détail, chaque histoire.

Nous suivons le destin de 3 femmes : Geneviève, Charlotte et Pétronille. 3 femmes emprisonnées à la Salpêtrière et envoyées sur ordre de la monarchie en Louisiane pour se marier. L'autrice choisit de raconter de bout en bout leurs parcours, des cachots obscurs de la Salpêtrière jusqu'à leur installation en Louisiane.

Rien n'est épargné à ces femmes qui sont de la chair fraîche pour la colonie, un voyage à fond de cale d'où certaines ne réchaperont pas, un mariage à l'arrivée qui est une porte de sortie pour elles, mais peut être une prison.

Julia Malye romance leurs destins mais suit au plus près l'histoire sanglante de la Louisiane française, la guerre avec les indiens, le début de l'esclavage, la condition féminine niée. A la fin, ce sont nos 3 héroïnes qui sortent la tête haute, des femmes qui font preuve de résilience et aussi de résignation, qui tentent de mener leur barque du mieux qu'elles peuvent pour d'abord survivre, puis vivre. Une fiction historique de trés grande qualité.

Louisiane de Julia Malye
Lu par Valérie Muzzi
Durée 12H45

Début 18eme direction Missisipi, la Louisiane a besoin de femme pour perpétuer la colonie. Alors ce sont des repris de justice, des orphelines ou des femmes internées de la salpêtrière qu'on va leur fournir.
Avec cette épisode de l'histoire on découvre le destin de Charlotte l'orpheline mariée à 13 ans, Geneviève et Pétronille.
Une fois sur place, elles découvrent un milieu plutôt hostile auquel elles doivent s'adapter. Il faut aussi s'adapter à leur mari et accomplir leur mission, tomber enceinte, elles qui n'ont que peu de valeur.
Les trois destins sont très émouvants mais j'ai été particulièrement touchée par Charlotte, la plus jeune.
Le style est poétique dans les description des paysages, de l'atmosphère et de ce que subissent les corps. Les descriptions sont incroyables et nous plongent dans chaque scène.
Toute cette poésie est merveilleusement interprétée par la lectrice dont j'ai adoré la voix et les variations de lecture, comme s'enchaîne comme une musique.
Le livre audio se termine par un entretien passionnant avec l'autrice qui nous fait découvrir son travail minutieux pendant 8 ans pour nous offrir cette immersion dans le voyage.