Une autre fois, j’ai croisé une fille de vingt ans avec une perruque. Elle était très belle, on aurait dit une princesse sans sourcils. Ses parents l’accompagnaient, elle ressemblait à sa mère aux yeux mouillés. Ils se consolaient en s’étreignant dans le couloir. La jeune fille semblait flotter au-dessus des difficultés.
Rosy est perchée sur le lit au bord du vide. Avec ses habits d’un autre monde, auquel j’appartenais encore quelques heures plus tôt. Les couleurs, le vent, les voitures et les arbres sont coincés de l’autre côté de la fenêtre. Je ne peux plus rien toucher, voir, entendre. Je me blottis dans le nid de mes propres bras, entouré par ceux de mon amoureuse.
“Tu fais trop de choses à la fois, tu n’as plus vingt ans”, me disait-on.
Je me reposerai quand je serai mort.
Je suis un drogué du panache. J’ai des cavernes d’Ali Baba dans le crâne, à s’en faire claquer les orbites. Je ne m’ennuie jamais, sauf quand on me ralentit. J’ai dans le cœur un feu d’artifice. Véritable homme-volcan, c’est de la lave qui coule dans mon sang. Je cherche le spasme électrique de la surprise. Je ne sais pas vivre autrement.
Le lien se crée très rapidement avec le service. Ce sont des spécialistes de la greffe. Comme à Cochin, ils s'y connaissent en délicatesse . Qu'il s'agisse de faire le ménage, de procéder à une transfusion ou d'apporter le goûter, personne n'est jamais en mode automatique. Le rapport à l'empathie qu'ils développent est un fantastique coussin. J'y assoupis mes angoisses. Leur dispo- nibilité émotionnelle est totale. Je m'attache et me rattache à eux en accéléré. lIs sont ma maison désormais.
Sa gentillesse ma apaisé. C'est une nymphirmière, elle s'y connait en délicatesse. J'ai eu la sensation d'être un tout petit peu moi-même en la faisant légèrement rire.
Pourtant je suis un vrai vampire: je dois me procurer du sang pour rester en vie. Et j'ai une dégaine de flocon de neige.
C'est ce qu'on appelle une maladie auto-immune. Un bug... Je me suis fait hacker le système immunitaire, du coup je m'autodétruis. Je suis mon propre cancer.
C'est une loterie, un une loterie, un accident biologique. Ça peut arriver à tout peut arriver à tout le monde et ça n'arrive à presque personne. Une centaine de cas seulement en France. Pour la plupart des enfants ou des personnes âgées. Je suis un collector.
J’ai pris l’amour et en ai donné en essayant d’occulter cette histoire à la mort-moelle-noeud.
Quand j’étais petit, je croyais que les magasins de pompes funèbres vendaient des chaussures pour les morts.