Changer de continent pour fuir son passé, son pays, sa famille, c'est ce qu'a choisi de faire David Strakman. Depuis sept ans, il a quitté Israël et vivote au Canada où il travaille dans une boulangerie, a renoncé à sa nationalité et rencontré une nouvelle femme.
Mais le passé est comme un boomerang, il finit toujours par vous revenir en pleine face. Lorsque son père Isser, héros de la guerre d'Indépendance est assassiné, David retourne en Israël, pour les obsèques.
Ce qu'il croit n'être qu'un bref séjour fait de paperasses et de prières se transforme en un véritable cauchemar.
Car le testament de son père contient une clause suspensive. David doit monter une pièce de théâtre qui ne fut jouée qu'une seule fois en 1946 à Haïfa et qui provoqua un véritable scandale. A mesure que David, le fils indigne, tente de comprendre les causes de l'assassinat de son géniteur et de trouver des acteurs et un lieu pour assurer une représentation , les ennuis s'accumulent, les menaces pleuvent, les rixes entre Juifs et Arabes exacerbent les tensions déjà grandes.
Nous sommes en 1977 , les élections vont bientôt avoir lieu, et tous pressentent que le Likoud de Menahem Begin en sortira vainqueur.
Le testament de Jaffa est un thriller terriblement efficace qui tourne le dos à une vision binaire de la société israélienne et qui la dépeint dans toutes ses nuances et sa complexité.
David Starkman est un personnage que l'on n'est pas prêt d ‘oublier. Ancien soldat de Sayeret Almonit chargé de faire le « dreck », le sale boulot derrière les lignes ennemies, notamment avant la Guerre des Six jours, il souffre d'un stress post-traumatique carabiné et n'a vu son salut que dans la fuite. La pièce de théâtre maudite dont la simple mention provoque des remous jusque dans les cabinets ministériels le renvoie à sa propre filiation et au passé militaire de son père, membre de la Haganah, et auteur d'un coup d'éclat. Avant 48, il était parvenu à coincer le chef Abou Jalout qui, dit-on, pouvait se transformer en Debba, et à s'emparer d'un village situé à l'entrée de Jérusalem.
Pour résoudre le crime et comprendre l'importance de la pièce de théâtre, le passé des deux hommes semble être la seule clé. Avner Mandelman nous plonge donc dans trois périodes importantes de l'histoire du pays, la Guerre d'Indépendance, la Guerre des Six jours, et la fin des années 70 qui vit l'arrivée au pouvoir du Likoud.
On découvre aussi dans ce polar l'importance qu'avaient le théâtre et la culture dans les années 30. La pièce est en effet un personnage à part entière du roman, un pilier sur lequel repose une intrigue complexe, et le lecteur ne voudrait pour rien au monde être à la place de David Starkman, l'homme qui croyait avoir une vie planplan en terre canadienne et qui se retrouve balayé par un véritable ouragan tant politique que personnel.
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Ce livre décrit un aspect intéressant, surprenant, troublant même, de relations inter-ethniques en Israël. Ancien agent secret israélien expatrié, notre héros retourne au pays pour l'enterrement de son père, assassiné. Il accepte, à contre-coeur, de faire représenter une pièce de théâtre, très contestée, dont ce dernier est l'auteur. Il devra surmonter les différents obstacles, en particulier l'hostilité de la police des services secrets . Et il finira par découvrir des vérités auxquelles il était loin de s'attendre
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L'injil est une plante sauvage de Galilée. Les Arabes croient que le Debba, la hyène tachetée qui égare les enfants dans l'intention de leur enseigner le langage des bêtes, commence par leur donner de l'injil pour qu'ils oublient leur propre langue.
C'était bizarre d'entendre ce policier marocain utiliser autant de mots yiddish, comme si la cohabitation avec les Ashkenazim avait déteint sur lui, exactement comme la cohabitation avec les Arabes avait déteint sur les Anons, comme si en ce lieu tout avait déteint sur chacun de nous.