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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fin de siècle, fin de race : telle est la prémonition qui traverse cette grande saga crépusculaire, publiée en 1900.
Bien qu'assez austère, à l'image de cette famille de bourgeois trop affairés dans le commerce et la tenue de son rang social pour perdre son temps à cultiver sa richesse d'esprit ou de coeur - cette occupation de manants et de dégénérés - , « les Buddenbrock » est un roman captivant de bout en bout, tant Thomas Mann réussit à transcrire de l'intérieur, en s'appuyant sur son propre vécu, les signaux faibles qui conduiront inéluctablement au déclin.
Sous sa plume sensible et rythmée, on assiste, tout au long de ces 850 pages, à la lente chute de cette famille sur quatre générations, de l'aïeul bâtisseur Johann, solidement ancré dans les valeurs traditionnelles de la bourgeoisie allemande du début du 19ème siècle dans lesquelles son fils le consul continuera de s'inscrire, à son petit-fils Thomas qui poursuivra l'oeuvre familiale mais qui, prenant conscience à l'aube de la cinquantaine qu'il tourne à vide sur des valeurs qui ne sont pas les siennes et engendrera le déclin, jusqu'au dernier né Hanno, l'artiste répugnant aux affaires du monde, indifférent à la déchéance de sa lignée.
Un classique magnifique et instructif.


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Je voudrais vous y voir, vous, à résumer ce pavé mieux que ne le fait la quatrième de couverture. Chez les Buddenbrook, grande famille de négociants, on se marie, on se reproduit, on fait des affaires, on perd de l'argent, on en regagne un peu, on divorce et on voit la gloire familiale s'éteindre en quatre générations. La grande affaire est de faire prospérer la fortune pour établir les fils et doter les filles, sans léser personne. Hélas, même si le gâteau est gros, il n'en reste pas beaucoup quand tout le monde demande sa part, voire se ressert. Dans le grand livre qui se transmet de père en fils se déroule l'histoire quotidienne de la famille, avec les grands événements et les revers. La revue journalière prend alors des airs de légende pour celui qui la lit des années après son écriture. « Tout cela serait lu par les membres futurs de la famille avec la même piété qu'elle éprouvait à suivre maintenant les événements passés. » (p. 169) Pas de destin individuel chez les Buddenbrook, pas plus que de personnage principal dans ce roman. Chaque protagoniste s'articule aux autres et forme une chaîne « C'est précisément en tant qu'anneau de cette chaîne qu'elle avait aussi cette haute mission, si lourde de responsabilité, de collaborer par l'action et la volonté à l'histoire de sa famille. » (p. 169) Mais de la chaîne au monstre, il n'y a qu'un pas. L'entité Buddenbrook est une hydre aux multiples visages et dont certains membres sont affaiblis ou malades

Face à cette dynastie qui dégénère jusqu'à l'extinction, on pense forcément à Zola et à son naturaliste atavique. C'est avec grand plaisir que j'ai suivi le déclin des Buddenbrook et retrouvé la plume cynique et très réaliste de Thomas Mann. Plusieurs miniséries et téléfilms ont été tirés de ce premier roman de Thomas Mann. Je pars à leur recherche pour retrouver encore un peu cette impressionnante famille. Je vous conseille La mort à Venise de cet auteur.
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Un grand classique de la littérature allemande, lu il y a bien longtemps dans une très très mauvaise édition de poche où le texte était parfois quasi illisible.
Une impression ? quel talent !! car c'est un véritable pavé que ce roman qui conte la saga des Buddenbrook famille enrichie par le commerce et le travail acharné des chefs de famille qui se succèdent.
Trois générations à l'oeuvre avec patriarche et collatéraux, serviteurs et ennemis, réussite et faux pas et pour finir le déclin d'une famille.
Lübeck la riche cité de la Ligue Hanséatique voit la réussite de Johann Buddenbrook, paré de la réussite de sa maison, de son mariage il va devoir laisser la place à Thomas son fils aîné mais Christian le cadet, artiste raté, va donner du fil à retordre à la famille, maladie, échec de ses entreprises, mariage hasardeux et doucement la famille va connaitre des difficultés qui aboutiront à sa perte avec la figure de Hanno le jeune musicien.
Si Thomas Mann parvient si bien à décrire cette ambiance de maison bourgeoise, cossue, figée sur ses valeurs, c'est que son père fut un riche négociant et un Monsieur le Consul, et qu'il n'a eu qu'à puiser dans ses souvenirs.
le travail, l'épargne, le respect de la morale imprègnent la famille Buddenbrook qui a pour devise « Dominus providebit » Dieu y pourvoira ! A un moment Dieu fera faux bond hélas.
On baigne dans les débuts du roman dans le poids des traditions, le mobilier, les tenues vestimentaires et les longs diners aux plats qui n'en finissent pas. Mais les lézardes arrivent, des amours impossibles, des dots perdues, un gendre qui est un fieffé coquin, la superbe affichée par la famille Buddenbrook prend l'eau.
J'ai beaucoup aimé ce roman. Long certes mais l'on est vite fasciné par la force de cette communauté de marchands, par les liens qui les unissent et qui les font tenir debout.
Une époque où le destin des filles illustré par la figure de Toni, importait bien peu, et où pourtant elles jouent un rôle non négligeable par leur abnégation et ...leur dot. Une époque où le statut de l'artiste n'était pas accepté et où l'on y attachait l'idée de diléttantisme, d'oisiveté et de moeurs légères.
On décèle déjà le rôle pernicieux de la Bourse qui entraine spéculations et ruine et ne récompense pas toujours le goût du risque.
C'est un roman riche et puissant, une belle réflexion sur le statut social, les valeurs du travail et de la loyauté familiale car la famille touche à sa fin sans que jamais elle ne s'en rende vraiment compte.
Un pavé certes mais que l'on quitte à regret.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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"Nous sommes pour ainsi dire les anneaux d'une chaine et,comme tels,nous ne saurions être imaginés sans la série de ceux qui nous ont précédé...."
Ainsi parle le consul à sa fille Tony dans Les Buddenbrook, une saga familiale qui conte la gloire et le déclin d'une grande famille de bourgeois allemands du XIX° siècle.Quatre générations se croisent et s'entrecroisent dans ou dans les environs de leur "spacieux hôtel" de la Mengstrasse de Lübeck, une somptueuse maison qui était celle de Thomas Mann lui-même, ce roman est donc une autofiction, un premier roman (adapté par la suite en série télé et en film) qui a valu un succès foudroyant à son auteur et le prix Nobel de littérature.
Johann, penseur tout droit issu du siècle des lumières, tour à tour sévère ou gai, le patriarche est à la tête d'une entreprise commerciale florissante "Johann Buddenbrook" fournisseuse des armées prussiennes. Son fils Johann dit Jean a lui aussi le sens du commerce.Fervent pratiquant, idéaliste et scrupuleux, il est consul.Après la révolution de 1948, vu la rude concurrence,les pertes d'argent se font ressentir.Le mariage de Tony avec un marchand, intéressé par sa dot, est un échec supplémentaire. Thomas, fils de Jean, élu sénateur, reprend l'affaire.Il est travailleur, mais la mort (de la typhoïde) de son fils unique Hanno, sensible et rêveur,signera sa propre mort et la vente définitive de l'entreprise familiale.
"Ainsi va la vie.."disait Tony à propos de ses expérience de la vie humaine, oui ainsi va la vie, les anneaux des lignées se défont parfois et les fêtes n'ont plus de raison d'être.
Retrouve-t-on sa liberté, uniquement, grâce à la mort, lorsque l'on est esclave de sa condition sociale?
Outre le style sobre,la plume parfois ironique, les belles descriptions de paysages et les portraits psychologiques forts, Thomas Mann a réussi à analyser une classe sociale de "simples commerçants" soumis au "devoir" de bien faire. Leur déclin s'annonce petit à petit, grâce à des caractères discordants comme celui de Christian, souffrant de crises nerveuses et plus enclin au théâtre qu'aux affaires.
Thomas Mann lui même fils d'un commerçant et sénateur a impliqué certains membres de sa famille qui se sont reconnus et l'ont critiqué.
Il est l'auteur des non moins célèbres: La montagne magique et La mort à Venise.
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Quand on se rend à Lübeck, on a l'impression que rien n'a changé depuis l'époque des Buddenbrook. La célèbre maison dont il est question dans le roman, acquise par le grand-père de Thomas Mann en 1841, dresse toujours fièrement sa façade baroque dans la Mengstrasse. Les églises et la cathédrale dominent toujours de leur flèche élancée les maisons à pignons serrées les unes contre les autres entre l'anneau formé par les canaux de la Trave. Les vieilles rues pavées descendent parfois en pente assez raide vers les berges où sont amarrés encore quelques vieux gréements. Pourtant, tout cela n'est en grande partie qu'un décor factice. Car la ville a été sévèrement bombardée en 1942 et en grande partie reconstruite. Chose troublante, on peut écouter dans une annexe de la maison des Buddebrook actuellement en travaux, un enregistrement de la voix de Thomas Mann racontant le bombardement de la ville et la destruction de la maison dans laquelle il passa une partie de sa jeunesse.
Ce roman, assez traditionnel dans sa structure et son style, raconte l'apogée et le déclin d'une riche famille de négociants de Lübeck. C'est un miroir assez fidèle de ce que fut la famille de Thomas Mann : une famille de négociants en grain, qui fournit à la ville plusieurs consuls et un sénateur, nouant des alliances avec d'autres familles par des mariages. L'action se déroule presque exclusivement dans le périmètre étroit de la vieille ville, avec quelques excursions dans la petite station balnéaire de Travemünde, à l'embouchure de la rivière sur la mer Baltique. Mais les rêves d'un autre destin, les inclinations pour un mauvais parti meurent comme les vagues sur la plage.
Le roman de Thomas Mann montre le primat de la société et de la famille sur l'individu. La figure pathétique de Tony en est l'illustration. Thomas Mann prête astucieusement son prénom dans la sage au frère aîné de la 3ème génération qui assumera l'héritage de ses aïeux et en exécutera les devoirs ; quant à lui, comme son frère Heinrich, il déclinera le rôle de l'héritier pour adopter celui de l'écrivain, pour notre plus grand bonheur.
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Comme l'annonce le sous-titre de l'oeuvre (Le déclin d'une famille), il s'agit du déclin d'une famille allemande vers la fin du dix-neuvième siècle. On y suit le parcours de quatre générations des Buddenbrook des années 1830s jusqu'aux années 1870s.

L'histoire débute quand le fondateur de l'entreprise de commerce de grains, Johann Buddenbrook est encore en vie et ses petits-enfants encore jeunes. Il a deux enfants: Gothold d'un premier mariage et Johann de son mariage avec Antoinette Duchamps. Gothold est un personnage très secondaire dont on ne sait pas grand chose à part le fait qu'il épouse une femme de condition inférieure et s'aliène par ce fait même de son père. Il me semble que ce personnage est là simplement comme un précurseur de la décadence de la famille. Johann est marié à Elizabeth Kroeger avec laquelle il a quatre enfants: Thomas, Christian, Antonie (dite Toni) et Clara.

Les enfants grandissent. Les années filent et rien ne passe vraiment. Thomas tient les affaires de la famille et épouse Gerda Arnoldsen, une fille d'une famille riche. Leur fils Hanno, le dernier héritier des Buddenbrook, est asocial et ne montre aucun intérêt pour ses études à l'école ni pour le commerce familiale. Hanno a un grand penchant vers la musique, une passion qu'il hérite de sa mère. Chrisitian s'avère être un raté. Il essaye à plusieurs reprises de travailler mais n'y parvient pas. Il ne concrétise jamais sa passion pour le théâtre et finit par vivre aux dépens des autres. Son concubinage avec une fille d'une classe sociale inférieure lui attire les foudres de Thomas.

Le personnage de Toni occupe une grande place dès le début et demeure de premier plan tout au long. Elle est le seul personnage avec qui j'ai un peu sympathisé, peut-être à cause de son sacrifice de jeune fille mais aussi de l'échec de ses deux mariages. Elle renonce à son premier amour – un jeune homme de condition inférieure – pour ne pas affliger son père sans faire trop d'histoire grâce à un sens précoce du devoir familial et une conscience aiguë de la différence entre les classes sociales.

L'histoire des personnages de Clara, Erika – la fille de Toni – et de Clothilde, la cousine pauvre et gourmande recueillie par la famille rajoutent un peu de chair au déclin familial sans jouer un grand rôle dans l'histoire.

Le thème de l'opposition entre l'art et le commerce est principal dans ce roman. On le voit dans les conflits entre Christian et Thomas mais surtout dans la déception de Thomas par rapport à son fils unique Hanno à qui il espérait léguer l'entreprise familiale.

La vie de ces personnages, même pendant la révolution de 1848 en Allemagne, reste sans beaucoup de reliefs. Même lors des grands événements, comme les divorces et les décès, ces personnages restent relativement calmes.

Bien que rien ne se passe vraiment dans ce roman, on n'a pas envie de le lâcher avant la fin.
Lien : http://www.litteratureworld...
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Lübeck 1835-1877. Il n'y a pas de destin personnel chez les riches Buddenbrook, chacun doit participer à l'empire familial, s'élever parmi sa caste et ne point déroger. Chaque personne est « comme l'anneau d'une chaîne (p. 169) ». Nous suivons la vie de Thomas et de sa famille proche. Thomas est le pilier familial, celui qui produit de la richesse, mais à 40 ans, il commence à réfléchir sur lui-même. Il vacille sur les bases ancestrales et à notre époque, on parlerait de burn-out. Responsable de tout et de tous, on le sent perdre pied et ce n'est pas Tony sa soeur ni son frère Christian qui vont l'aider. de plus, son héritier ne lui ressemble absolument pas, c'est un artiste et il ne sait plus pour qui se battre.
Malgré un peu trop de descriptions des nez et bouches des personnages (qui m'ont fait rire), j'ai beaucoup aimé ce roman. Il est tellement actuel, les réflexions sur « la préoccupation anxieuse, vaine et curieuse de soi-même » sont d'une brûlante actualité (page 274). La page 661 sur la mort est magnifique. C'est la fin d'une dynastie, d'un monde et d'une famille. Moi qui adore Zola, Thomas Mann ne pouvais que me plaire.
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Il m'en aura fallu du temps pour me plonger dans les Buddenbrook, livre de poche familier de tous les déménagements, sagement rangé parmi les siens.
Bénéfice de l'attente, peut-être, patience hautement récompensée par un livre brillant, éclatant, profond, complexe. Tant d'adjectifs encore pourraient circonscrire ce livre.
L'histoire de la déchéance d'une famille en quatre générations. L'histoire de transformations profondes et de conservatismes inébranlables.
Je poursuis mon "été avec Thomas Mann" dans Docteur Faustus...
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Thomas Mann relate, dans ce premier roman (« Buddenbrooks : Verfall einer Familie » en langue originale), la déchéance, sur 40 ans et au milieu du 19ème siècle, de la famille Budenbrook, riche famille de négociants originaire de Lübeck (Allemagne).

L'auteur se place en narrateur, extérieur donc aux personnages de son roman. Cela lui permet d'utiliser différentes temporalités, de prendre plusieurs pages sur certains événements de la famille ou particuliers à l'un ou l'autre des protagonistes et de prendre la liberté d'inclure des ellipses, parfois de plusieurs années, pour donner du rythme.
Chaque personnage occupe ainsi l'avant-scène par intermittence, depuis le grand-père qui a permis à cette famille d'atteindre un certain prestige, en passant rapidement par le père qui donnera la main à son fils Thomas, qui maintiendra tant bien que mal le prestige atteint par son grand-père, pour finir sur le jeune Johann, enfant souffreteux apportera un point final à la déchéance de la famille. Notons la place particulière qu'occupe Antonie Budenbrook, la soeur, qui connaitra tout au long de ces 40 années bien des malheurs, dus la plupart du temps à la malchance, au destin dira-t-on, mais qui gardera la tête haute tout au long de sa vie.

J'ai trouvé ce roman, extrêmement bien écrit (le premier roman de Thomas Mann impressionne), équilibré dans sa forme et très cohérent dans le fond. Outre la lente décadence de cette famille, Thomas Mann met aussi en exergue la dualité qui pouvait exister à l'époque entre la bourgeoisie négociante, matérialiste, conservatiste et la liberté de l'artiste, rejetant le matérialisme pur, pour lui préférer la sensibilité de l'art. Une dualité qui va exister entre plusieurs membres de la famille.

J'ajoute que l'avant dernier chapitre sur la vie quotidienne du jeune Johann Budenbrook m'a fasciné par la précision et la justesse des sentiments (surtout des angoisses) ressentis par le héros durant sa vie scolaire. Passant de l'angoisse extrême avant d'être interrogé à la délivrance après l'école… On a tous connu ces petits moments d'angoisses et imaginer que cela a été écrit il y a près de 150 ans… c'est fascinant.
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Cette saga dépeint d'une façon saisissante l'atmosphère dans laquelle baigne cette dynastie bourgeoise de l'Allemagne du Nord, entre la prospérité discrètement triomphante, la course aux honneurs et les mésalliances, le tout finissant en déconfiture économique et morale : pas très réjouissant, tout cela, mais tellement bien écrit. On entre de plain-pied dans ce petit monde de l'Allemagne en construction dans lequel Bismarck est présent, mais encore très loin.
(NB : Pour ceux qui pratiquent l'allemand, la langue de Thomas Mann dans la version originale est assez accessible).
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