Les héros sont fatigués.
Particulièrement les policiers de roman noir.
Walt Longmire nous est revenu du Mexique dans le pays des loups, mais il se remet mal de ses blessures, et il est tellement, tellement fatigué, au point que sa dernière enquête ne se porte guère mieux que kui
Depui qu'il a quitté le LAPD,
Harry Bosch est en petite forme ; j'ai du mal à suivre ses dernières aventures, desservies qui plus est par une traduction criminelle. On peut toujours se consoler en regardant sa série sur Netflix ; l'adaptation est de qualité, ainsi que l'interprétation ; ah, la sublime Maddy, jouée par Madison Lintz !
Victime de l'âge, Dave Roblicheux ne se remet pas de ses veuvages successifs ; il se traîne dans les bayoux de Louisiane.
C'est de la maladie de son créateur que Montalbano a beaucoup souffert ; dans ses derniers livres, Camilleri s'auto-parodiait ; on est indulgent, car on sait que le second est mort, et que le premier n'a donc plus longtemps à vivre
Et je ne parlerai pas du Commissaire Adamsberg, cela me ferait trop de peine.
Mais nous sommes là pour parler de Rocco Schavione, non ?
Rocco, donc ; je viens de lire Ombres et poussière, qui m'avait échappé lors de sa parution en France , et qui porte bien son titre, car des ombres et de la poussière, il y en a, tellement qu'on s'y perd
Bon, je vais essayer de ne pas être trop méchant, parce que Rocco, je l'aime bien, et qu'il ne faut pas abandonner ses amis lorsqu'ils traversent des jours difficiles.
Mais franchement !
Notre ami, toujours vice-questeur à Aoste (non, il n'est pas sous-préfet ! J'ai vérifié dans le texte original et il porte bel et bien le titre de « vice-questore » qu'on traduira évidemment par « vice-questeur » ; cela me pose d'ailleurs un problème, car ses fonctions sont assez différentes de celle du malheureux qui sert de souffre-douleur à Montalbano, faute de réussir à être sa Némésis), souffre en effet d'un sérieux coup de blues ; entre nous, je crois qu'il ne se remet pas de la mort d'Adèle, fiancée de son ami Sebastiano, survenu dans
07.07.07.
Et puis il est toujours inconsolable de la mort de sa Marina ; il parle à son spectre de temps en temps, comme de plus en plus de personnages de roman d'ailleurs.
Et conc cet ancien voyou romain (ancien ? Cela reste à voir, car ,il fréquente toujours ses ex-complices, ses meilleurs amis depuis l'enfance, et qui dans les volumes précédents, étaient encore ses partenaires dans des trafics occasionnels, cela en faisait un personnage de policier original) ; entré dans les forces de l'ordre, il se révèle un excellent policier, mais ses méthodes peu orthodoxes le rendent incontrôlable aux yeux de ses supérieurs, ce pour quoi il avait été muté à Aoste, petit équivalent italien de la Sibérie)
Mais il a bien changé ! Désormais presque entièrement rentré dans le giron de la légalité, hanté par ses fantômes et traqué par le chien noir de la dépression, IL se perd dans l'ombre et la poussière d'une enquête où se mêlent la mafia, le gouvernement, les services secrets, et d'autres instances plus mystérieuses. Au milieu de tout cela un médecin légiste complotiste, auquel on serait presque tenté de donner raison, et un trans assassiné qui conduit Rocco à la lisière du wokisme (en Italie aussi ! Porca miseria!).
Ne craigniez rien, je ne vous spoilerai pas, car je serais bien incapable de faire un résumé cohérent de l'intrigue.
Alors ? Alors j'avais promis de ne pas être méchant ; et finalement je ne le serai pas.
Parce queRocco est toujours là, Lupa aussi, elle ronge toujours le tapis du questeur, le petit monde des policiers qui l'entoure est fidèle au poste, le livre est parfois drôle et dégonfle une belle galerie de salauds.
Alors, si on aime Rocco, il faut lire ce livre et attendre des jours meilleurs ; c'est ce que j'avais déjà soihaité pour Walt
Et je mets trois étoiles au livre ; c'est ma chronique et j'ai le droit d'être incohérent.