Avant toute chose je souhaiterais infiniment remercier Babelio pour l'organisation de sa masse critique et la maison d'édition pour l'envoi de ce très bel ouvrage dont la sobriété de la couverture m'a tout de suite interpelé !
Etant un grand amateur du cycle d'Arkham (que j'appelais à tort,
le mythe de Cthulhu, merci
Patrick Marcel pour cette correction) de
Howard Phillips Lovecraft, j'ai pour habitude de foncer presque aveuglément sur n'importe quel oeuvre de fiction estampillé d'une inspiration lovecraftienne. le "Cthulhu !" de la couverture et son sous titre sur le site m'ont intrigué très vite. La description faite du livre m'a, pour le coup, laissé perplexe, tant elle me semble floue et simplement décrire le mythe inventé par
Lovecraft. Mais après quelque recherches, j'ai compris la promesse du livre ! Me raconter le mythe, ainsi que les apparitions de Cthulhu et de ses cohortes à travers la littérature, comme si il s'agissait de comptes rendus d'apparitions bel et bien réelles dans notre monde. J'étais conquis par l'idée !
Puis vint la lecture, qui à confirmé mes soupçons : cette idée est brillante !
Et brillamment exécutée par ailleurs ! Car, après une légère introduction de l'auteur faisant office de sas entre notre réalité et celle décrite dans les pages du livre, on se retrouve plongée immédiatement dans un autre monde. Un monde ou
Howard Phillips Lovecraft est presque un oracle et ses nouvelles, des comptes rendus d'apparitions, plutôt que des contes fantastiques.
A travers ces quelques 250 pages,
Patrick Marcel, effectue une étude, presque journalistique des apparitions des "grands anciens" dans notre monde et de leurs conséquences. Ses sources ? Toutes les nouvelles, Romans, BD, feuilletons radiophoniques et j'en passe, du siècle dernier. Est donc convoquée ici une inter-textualité prodigieuse, puisant dans des sources ultérieurs ET antérieurs à
Lovecraft, pour créer une version "deluxe" du Mythe. Pas forcément meilleure que
Lovecraftlui même, qui avait laissé le lien entre ses nouvelles volontairement nébuleux, mais tout de même fascinant.
La façon dont l'auteur se contorsionne ici pour rendre cohérent son corpus gargantuesque force le respect. On notera, afin de chipoter, quelques moments ou l'intégration de certaines sources détonne avec la tonalité "réaliste" du mythe qui nous est raconté, mais à aucun moment ce ne fut rédhibitoire pour ma lecture (parfois l'inverse même ! Je n'ai pu m'empêcher d'esquisser un sourire béat quand
Patrick Marcel intègre avec plus ou moins de tact l'ile mystérieuse de la série Lost, si chère à mon coeur).
Tout ceci donne donc souvent l'impression, tantôt d'être un livre d'histoire fascinant sur les origines obscures de notre monde, tantôt une sorte de gloubi boulga geek aux références aléatoires... mais est-ce réellement un problème ? Pour moi, la réponse non !
Des problèmes, il y'en a tout de même quelques uns, bien que mineurs, que je préfère signaler. Tout d'abord j'ai pu apercevoir à de nombreuses reprises dans l'ouvrage des problèmes de mise en page assez flagrant, qui donnent l'impression d'un manque de relecture. Ainsi certains mots se répètent, un caractère manque par-ci par-la, l'intégration d'images (aussi pertinentes et esthétiques soient-elles !) semblent semer le chaos dans la justification du texte, etc etc. Enfin, j'ai trouvé que la conclusion du livre était un peu abrupte, puisque la fin de l'étude du mythe ne sonnait pas la conclusion du livre. Après le dernier chapitre, il reste une vingtaine de pages, narrant la vie de
Howard Phillips Lovecraft. Curieux choix selon moi, la vie de l'auteur est très justement résumé et même joliment raconté, je ne peux m'empêcher de me demander ce que vient faire la cette très courte biographie, dans un livre dédié à des amateurs de l'auteur en premier lieu. Ce choix soudain m'a donc laissé un tout petit peu sur ma fin, moi qui m'attendait à une conclusion peut être plus douce, ou même, comme en introduction, à une sorte de sas analytique pour sortir de cet univers si fascinant.
Quoi qu'il arrive, et même si la fin me chagrine très légèrement, aucune des autres critiques faites plus haut ne m'a empêché de passer un excellent moment, que je recommande grandement à tous les amateurs du mythe, et de
Lovecraft en général.
Merci à
Patrick Marcel, merci aux Moutons Electriques, merci à Babelio.
Et, pour rendre à Cesar, merci à
Howard Phillips Lovecraft.