Le droit d'aimer

J'ai lu ce livre très rapidement. Il décrit bien la difficulté pour un prêtre et une religieuse de vivre normalement après avoir eu un enfant, la souffrance et la culpabilité que ces personnages véritables ont vécu pour être heureux et vivre une vie normale.

Leur fille auteur de ce livre a écrit l'histoire de ses parents, elle est allée à la rencontre notamment d'un prêtre qui a bien connu son père et qui lui a permis d'ôter sa culpabilité d'être le fruit d'une relation doublement condamnée par l'église catholique, puisqu'elle était évidemment issue d'une union libre....

Secrets de famille qui pèsent sur un destin et apportent souffrance et incompréhension.
Lorsqu'elle apprend la vérité sur ses parents, Anne-Marie Mariani a seize ans et l'impression que le ciel lui tombe sur la tête. Son univers s'écroule, car ce qu'elle découvre est l'un des tabous les plus ancrés dans notre société.

Lorsque l'on ouvre ce.... j'allais écrire "roman", tellement ce récit se lit d'une traite, comme un roman du terroir. On est happé dès la première ligne et on ne le lâche pas jusqu'à la dernière, envahi de sentiments différents, tour à tour émotion, colère, incompréhension, révolte, tristesse face à ce destin et on se dit que parfois le sort (le ciel ?) s'acharne sur des familles qui ne demandent qu'à être heureuses.

A travers ce témoignage, on découvre la vie des parents de l'auteur, une vie simple mais dure, une vie jalonnée d'embûches parce que le bonheur semble leur être interdit.
On découvre Prosper Vuillemin, petit garçon brillant, qui est envoyé au séminaire à l'âge de douze ans.
On découvre Marie-Paule, qui, orpheline à quinze ans, trouve refuge dans un couvent de dominicaines.
Le destin (le ciel ?) les fait se rencontrer et s'ensuit une belle histoire d'amour qui donnera naissance à Anne-Marie, l'auteur de ce récit.
Rien que de très banal, me direz-vous, sauf que lorsque la rencontre a lieu, Prosper est prêtre, et Marie-Paule est devenue religieuse.

Ce n'est qu'à quarante ans qu'Anne-Marie va entreprendre des recherches sur ses parents pour tenter de trouver des réponses à ses questions, pour tenter de dépasser ce sentiment de honte qui a pesé sur toute son adolescence et au-delà. Et ce qu'elle va découvrir, c'est avant tout "l'histoire d'un grand amour. Et aussi celle d'un terrible gâchis".

Ce qui frappe dans la vie de Prosper Vuillemin et de Marie-Paule, c'est que tous deux n'ont pas véritablement choisi leur destin. Il n'est pas devenu prêtre par vocation, mais suite au choix de ses parents. Elle n'est pas devenue religieuse par vocation, mais parce qu'"elle s'est sentie redevable".

A travers ce témoignage se pose bien sûr la question du célibat des prêtres , de leur droit d'aimer. A travers ce témoignage, l'auteur dénonce l'hypocrisie de l'Eglise qui ferme les yeux pour éviter un scandale ; sujet brûlant d'actualité, sujet toujours tabou. Par son témoignage, elle se libère du scandale et souhaite venir en aide à tous ceux qui ont vécu ou vivent encore une histoire semblable à la sienne en lançant un appel afin de laisser le choix aux prêtres, de tenir compte de leur désir et du fait que la société a évolué et évolue.

Ce livre m'a beaucoup touché par sa sincérité, ce sentiment de profonde injustice, et je remercie Babelio et Masse Critique de m'avoir donné l'occasion de le découvrir.. Je les remercie d'autant plus chaleureusement, sans oublier les éditions Kero, que ceci est ma première participation à Masse Critique.

Une critique suite au cadeau de Babelio et masse critique qui m'a conduit à travailler ce livre comme à l'époque de mes cours de français.
Je tairais une grande partie de l'histoire car ce qui m'a réellement marqué dans ce récit autobiographique c'est le travail d'Anne-Marie Mariani.

Anne-Marie a 16 ans lorsqu'elle apprend la vérité.
Elle a 40 ans quand elle en parle la première fois.
Elle a 48 ans quand elle entreprend ses recherches pour comprendre ses parents qui ne lui ont pas donné les clés de son histoire.
Et c'est en 2014, soit 15 ans après le début de ces recherches que sort ce livre que je qualifie d'auto-biographique tant la recherche des détails du réel renforce l'histoire d'Anne-Marie, si personnelle mais qui touche néanmoins des sujets tabous de notre société d'hier et d'aujourd'hui.

Je ne dirais pas plus sur l'histoire de ce livre.

Ce que j'ai particulièrement apprécié dans l'écriture d'Anne-Marie est que cette quête de vérité la conduit dans un style presque historique.
Ce que j'entends par là est que l'auteure a effectué un très gros travail de recherches.
Recherches familiales et amicales, n'est-il pas compliqué de retrouver des membres qui ont connu des personnes qui nous sont chers ? Est-ce le courage de les rencontrer ou le courage d'entendre ces mots qui peuvent à jamais bouleverser notre vie qui est le plus compliqué ?
Recherches généalogiques, qui se heurtent aux difficultés de 2 guerres et aux états civils des campagnes des siècles précédents.
Recherches géographiques, et dans ce terme j'entends également les recherches sur les développements économiques des villes cités, les us des habitants, les mouvements de population.
Recherches sur le sens de son existence. Et là je formule une critique moins positive. La succession des faits familiaux comme une incessante répétition a eu 2 effets sur moi : le premier est une lassitude, et oui quand je lis des livres je n'aime pas le larmoyant et c'est le sentiment que j'ai eu dans les mots et le ton employés ; le second effet a été une interruption dans mon esprit à la recherche du nom de la théorie psychanalyste qui reprend ce principe de reproduction consciente ou inconsciente des actes et faits de nos aïeuls, ainsi à l'instar des théories défendues un enfant a plus de chances d'être violent adulte si ses parents sont violents avec lui, on reproduit ici le schéma de la femme seule avec son enfant et un père absent.

Enfin cette quête de vérité, que l'auteure désigne comme une enquête, pose des débats qui sont revenus sur le chemin de l'actualité, notamment avec le nouveau Pape. Les prêtres peuvent-ils se marier ? Peuvent-ils avoir des enfants comme les prêtres protestants ? C'est aussi ce lien avec ces questions d'actualités qui est posé dans ce roman.

merci à masse critique pour ce roman.

Je peux comprendre le désarroi de l'auteure qui relate ici une partie de sa vie et de celle de ses parents. Elle n'a rien demandé et s'est trouvée confrontée toute son existence au non-dit, à la frustration de ses parents et à l'hypocrisie de l'Église.
Cependant, ma situation de voyeuse m'a mise mal à l'aise. A mon sens, un témoignage nous touche lorsque le sujet est susceptible de nous concerner. Or, égoïstement sans doute, celui-ci ne m'atteint pas. Je me suis sentie parfois décalée dans cette intimité qui ne s'applique qu'à un nombre limité d'individus, au sein d'un milieu éloigné de mes préoccupations.
Je pense que cette lecture n'a de sens que pour un initié. Pour ma part, l'intérêt de cette publication réside en grande partie dans les explications finales qui ont éclairé ma lanterne sur l'historique d'une telle position de l'Église.
Sinon, ce livre n'a pas de prétention littéraire. Tant mieux, cela m'évite de m'étendre sur la banalité de l'écriture. L'auteure ne s'en cache pas, et j'apprécie sa modestie en ce domaine.
Toutefois, il se lit vite et n'est pas nauséabond (je suis désolée, mais j'éprouve une aversion contre une certaine morale religieuse, ce qui n'est pas le cas de cet ouvrage, Dieu merci). Ainsi, il a été agréable de pallier mon ignorance par un récit clair et non jugeant.

J'adresse tous mes remerciements à Masse Critique ainsi qu'aux éditions Kero pour ce livre, et à Babelio dans son ensemble de me laisser m'exprimer comme bon me semble au gré de mes humeurs suite à mes lectures.

Un livre qui a du nécessiter beaucoup de recherches pour retrouver toutes les traces et témoins de cette histoire familiale.
Un témoignage qui ne se prive pas de nous montrer toutes les règles absurdes instaurées par l'Eglise…mais qui ne sont pas dictées par la Religion elle-même.