Je n'avais pas été franchement convaincue par «
le bal des folles », mais c'était tout de même un premier roman d'une lecture agréable. du second roman de
Victoria Mas, j'attendais davantage.
Dès les premières pages de «
Un miracle », nous découvrons la genèse d'une sainte, il s'agit de Catherine Labouré . Novice chez les soeurs de la Charité, elle va connaitre à plusieurs reprises des apparitions mariales. Puis nous revenons à une époque plus contemporaine avec Soeur Anne, fille de la charité qui débarque sur l'île de Batz rejoindre une autre soeur à la mission locale. La foi chevillée au corps, la jeune soeur a la certitude de voir bientôt la vierge selon la prophétie d'une vieille religieuse.
Sur l'île, les habitants sont peu nombreux et se connaissent. Il y a Madenn, qui tient le café-restaurant et qui a un coeur d'or. Elle veille sur Isaac, jeune adolescent au visage d'ange mais à l'humeur sombre depuis la mort de sa mère. On croise aussi les Bourdieu, famille très pratiquante sous la férule du père. le fils Hugo préfère les étoiles à la religion tandis que sa petite soeur Julia souffre d'asthme sévère.
Alors que soeur Anne attend l'avènement de la prophétie, ce sera Isaac le visionnaire d'une apparition. Il voit une femme et la nouvelle va se répandre parmi les habitants à la croyance catholique mâtinée d'idolâtrie et de superstitions.
Devant l'irrationnel, il y a cette ferveur immense chez les croyants, cette envie de croire au miracle et, en opposition, les sceptiques et ceux que l'apparition dérange dans leur doctrine.
Tout cela se déroule dans une île étroite, à l'écart du monde, une île bretonne où les légendes, les croyances de tout poil sont légion. Dans cette atmosphère sauvage, au bord d'un océan dont le flux et le reflux rythment la vie, on assiste au cheminement d'un drame.
Si l'histoire est contemporaine, il est difficile d'en situer l'époque exacte. Tandis que les soeurs portent encore le voile, le prête a abandonné la soutane pour un costume sobre avec une croix épinglée à son col. C'est entre 1962 et 1965, suite au concile de
Vatican II, que les religieuse et les prêtres ont abandonné voile, habit monastique et soutane. Idem pour l'abandon de la messe en latin au profit du français. J'ai regretté le manque de précisions ainsi que la vision romanesque concernant la religion. Les soeurs de la charité dont la mission consiste à assister les malades, handicapés, orphelins, sont décrites comme des dames patronnesses et l'on tombe carrément dans la caricature avec le personnage de Michel Bourdieu, un catholique intégriste et autoritaire peu crédible.
J'ai aimé l'écriture poétique de
Victoria Mas qui rend si bien l'atmosphère particulière d'une île bretonne bien que cela relève parfois davantage de l'exercice de style (la mer déchale souvent !) au risque d'étouffer toute émotion. Les nombreux personnages manquent de densité et on reste trop souvent en surface. Enfin, j'ai eu une grosse déception avec le dénouement qui nous fait basculer dans l'ambiance thriller.
Aux lecteurs intéressés par le thème des enfants témoins d'apparitions mariales, je conseille le beau roman de
Marie Rouanet «
Qu'a-t-on fait du petit Paul ? » qui s'inspire d'un fait réel.