Un formidable livre sur l'engagement, le livre d'un auteur trop méconnu.
A lire absolument.
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(** vers le début 1941)
À la même date, à cinquante- sept ans, mon père était un monsieur sérieux. Sinologue, professeur au Collège de France, membre de l'institut.À part son épée d'académicien, il n'avait pas d'arme.
En Exergue-- Les Abeilles
Et je sais qu'il y en a qui disent: ils sont morts pour peu de chose.Un simple renseignement
( pas toujours précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin ( parfois assez mal composé).
À ceux-là il faut répondre : "C'est qu'ils étaient du côté de la vie.C'est qu'ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu'une chanson, un claquement de doigts, un sourire.Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu'à ce qu'elle étouffe. Elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué. C'est peu de chose, dis-tu.Oui, c'est peu de chose.Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles.
Jean Paulhan
" L' Abeille", texte signé " Juste", paru dans " Les Cahiers de Libération ", en février 1944
Chaque fois, j’ai appris et pratiqué un métier dans lequel, au départ, j’étais entré comme par effraction. Lorsqu’on se retourne pour voir le chemin parcouru, on espère toujours trouver une cohérence dans une marche que, sur l’instant, on a vécue à chaque pas comme une incohérence, parfois erratique, buissonnière en tout cas. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai eu l’envie, même velléitaire, de partager et de faire partager. S’il faut absolument trouver une cohérence, elle doit être là.
"Si questo è un uomo..." Être un homme, un être humain, cela peut donc signifier aussi tuer, en dernier recours, l'ennemi qui dénie à d'autres le droit d'être un être humain. On n'en sort pas. Les beaufs s'étonnent : a-t-on idée de se battre et de tuer pour une idée - l'idée qu'on se fait de l'homme ? C'est vrai ça, ils ont raison les beaufs : l'homme ce n'est pas une idée. Mais sans idée, il n'y a plus d'homme. Décidément, on n'en sort pas.
La mauvaise conscience, la conscience malheureuse, en soi, ne sert à rien, sauf à produire un individu insupportablement mélancolique – à moins qu’il ne tire finalement une excellente conscience d’afficher haut et fort sa mauvaise conscience. Mais avoir conscience, simplement, donne à la vie son poids élémentaire et indispensable. Donner mauvaise conscience aux autres ? Ce peut être aussi l’hypocrisie qui consiste à refiler le paquet.
Ce premier épisode ne s'ouvre pas dans le silence de la lecture, mais dans l'agitation de la littérature engagée. Marie Fouquet, journaliste chez Livres Hebdo, nous raconte son enquête sur l'importance cruciale des librairies militantes en France, depuis la fondation de la librairie "La joie de lire" par François Maspero dans les années 60, jusqu'à des initiatives telles que "Les Parleuses" ou "Publico". Ces espaces de dialogue se révèlent être des points d'ancrage essentiels au sein des mouvements sociaux. Et les voix qui y grondent – hier comme aujourd'hui – résonnent dans l'épisode de ce podcast, grâce à la magie des archives.
Lauren Malka nous entraîne ensuite à Montreuil, où nous découvrons la toute jeune librairie "À la marge", dont le nom reflète la vision de ses fondatrices, Julie et Fanny et de leur marraine Titiou Lecoq : une librairie généraliste qui soutient les auteurs et autrices engagé.es. Notre podcast permet de s'y plonger, comme si on y était !
C'est ici, dans cette nouvelle librairie, que les éditions DUNOD interviennent pour mettre à disposition de Julie et Fanny, qui s'initient au métier, le savoir et les bonnes pratiques de sa "Boîte à outils du libraire", un ouvrage pédagogique signé Caroline Meneghetti et Jean-Christophe Millois.
Enfin, pour clôturer cet épisode, trois journalistes de Livres Hebdo se réunissent à la rédaction, au beau milieu de l'été, pour partager leurs coups de coeur pour la rentrée littéraire.
Enregistrement : juillet 2023
Réalisation : Lauren Malka
Musique originale : Ferdinand Bayard
Production : Livres Hebdo
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