Citations sur Contes et nouvelles (127)
Le suicide! mais c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus! Oui, il y a au moins une porte à cette vie, nous pouvons toujours l'ouvrir et passer de l'autre côté. La nature a eu un mouvement de pitié; elle ne nous a pas emprisonnés. Merci pour les désespérés!
L'Endormeuse
Il me semblait que tous ces suppliciés, ces égorgés, ces empoisonnés, ces pendus, ces asphyxiés, ces noyés : s'en venaient, horde effroyable, comme des citoyens qui votent, dire à la société : « Accordez-nous au moins une mort douce ! Aidez-nous à mourir, vous qui ne nous avez pas aidés à vivre ! (…) Faites à ceux qui renoncent à vivre l'aumône d'une mort qui ne soit point répugnante ni effroyable. »
J'étais bu, et j' suis veuf. Vous comprenez, ça me remue. Je ne la connaissais point, sa femme ; mais une femme, c'est une femme, n'est-ce pas ? Je lui demande : " Combien ça que tu me la vends ? " Il réfléchit ou bien il fait semblant. Quand on est bu, on n'est pas clair, et il me répond : " Je te la vends au mètre cube. " (...)
Je lui dis : " Combien ça, le mètre cube ? "
Il me répond : " Deux mille francs. " (...)
J' dis tout de même : " C'est trop cher. "
Il répond : " J' peux pas à moins. J'y perdrais. "
(UNE VENTE).
L’homme a toujours vécu sous le joug des superstitions. On croyait autrefois qu’une étoile s’allumait en même temps que naissait un enfant ; qu’elle suivait les vicissitudes de sa vie, marquant les bonheurs par son éclat, les misères par son obscurcissement. On croit à l’influence des comètes, des années bissextiles, des vendredis, du nombre treize. On s’imagine que certaines gens jettent des sorts, le mauvais œil. On dit : « Sa rencontre m’a toujours porté malheur. »
COCO, COCO, COCO FRAIS !
- Pardonnez-moi mon indiscrétion. Je n'avais jamais vu cet établissement. Les quelques mots inscrits sur la façade m'ont fortement étonné ; et je désirerais savoir ce qu'on y fait. (…)
- Mon Dieu, monsieur, on tue proprement et doucement, je n'ose pas dire agréablement, les gens qui désirent mourir.
- Le chiffre des suicides s'est tellement accru (…) que des mesures sont devenues urgentes. (…) Il a fallu centraliser les suicides.
- D'où venait cette recrudescence ?
- Je n'en sais rien. Au fond, je crois que le monde vieillit. On commence à y voir clair, et on en prend mal son parti. (…) On constate qu'on est floué partout, et on s'en va. Quand on a reconnu que la providence ment, triche, vole, trompe les humains comme un simple député ses électeurs, on se fâche, (…) on quitte la place, qui est décidément mauvaise.
Il ne faut pas que la mort soit triste, il faut qu'elle soit indifférente.
Quelquefois, quand un coup de vent passait sur les cimes, la pluie lente et continue s'épaississait brusquement, devenait une averse bruissante qui couvrait la mousse d'un épais tapis jaune, criant un peu sous les pas. Et le murmure presque insaisissable, le murmure flottant, incessant, doux et triste de cette chute, semblait une plainte, et ces feuilles tombant toujours semblaient des larmes, de grandes larmes versées par les grands arbres tristes qui pleuraient jour et nuit sur la fin de l'année, sur la fin des aurores tièdes et des doux crépuscules, sur la fin des brises chaudes et des clairs soleils, et aussi peut-être sur le crime qu'ils avaient vu commettre dans l'ombre, sur l'enfant violée et tuée à leur pied.
J'insistai : "dites-moi donc son histoire. Les choses les plus simples, les plus humbles, sont parfois celles qui nous mordent le plus au cœur."
Et voici l'aventure de cet homme qu'on avait sue tout entière par un palefrenier, son camarade.
Mademoiselle Cocotte
Parfois je rencontrais un habitant, soit à pied, soit monté sur un petit cheval maigre ; et tous porté le fusil chargé sur le dos ; sans cesse prêt à tuer ; à la moindre apparence d’insulte.
Histoire corse