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Voici un très, très bon recueil (sûrement l'un de mes préférés) datant de la maturité De Maupassant. le seul (à ma connaissance, avec Contes du Jour Et de la Nuit), à ne pas porter le nom d'une des nouvelles qui le constitue.

La Main Gauche : voilà forcément un titre qui interpelle. Pourquoi la main gauche ? Je n'ai pas d'explication fiable ni vérifiée, juste un sentiment. Selon moi, cela fait référence, d'une part, à la main à laquelle on portait l'alliance, signe ostensible de disponibilité ou non, qu'on prenait sur soi d'outrepasser ou pas.

Il sera donc question, de façon quasi omniprésente, d'adultère ou de relations doubles (Allouma, Hautot Père Et Fils, L'Ordonnance, le Lapin, Un Soir, Les Épingles, le Rendez-Vous, La Morte) mais aussi de l'impossibilité de passer l'anneau à la main gauche, notamment pour cause de racisme (Boitelle).

Il est difficile cependant de ne pas voir aussi dans cette main gauche une allusion à la " sinistra ", par opposition à la " dextra ", main qui porte le sceau de la fatalité et du malheur comme dans Duchoux, le Port, Hautot Père Et Fils, L'Ordonnance ou La Morte.

Onze nouvelles donc, probablement moins originales que dans des recueils précédents (quoique...) mais parfaitement travaillées — ciselées pourrait-on dire — marque nette de la maturité de l'auteur et aussi probablement, en raison de la reconnaissance, d'une moins grande nécessité de produire beaucoup et vite comme ce fut parfois le cas au début de sa carrière.

J'en terminerai en vous livrant mes favorites, la première de toutes, La Morte, une nouvelle mi-réelle, mi-fantastique, un peu à la Gogol (voir Nouvelles de Petersbourg) brève mais édifiante. Ensuite je vous conseille bien volontiers Hautot Père Et Fils & Boitelle, deux belles nouvelles, bien écrites et plus consistantes. Il y a encore la désillusionnée Duchoux et enfin la succulente verve normande dans le Lapin.

Mais vous aurez compris que cette sélection ne révèle qu'un avis gauche et une main tremblotante, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Recueil un peu moins connu, mais dont le réalisme et le tragique occupent chaque nouvelle.
J'ai apprécié particulièrement le Port, parce que la chute est inattendue - on s'en doute - mais surtout parce que descriptions - soignées et imagées - et les dialogues sont brossés avec une vraisemblance époustouflante. Des films d'ailleurs ont été tirés de cette courte nouvelle qui est en elle-même un court métrage.
Ce n'est pas tant l'inceste qui est choquant dans cette nouvelle. Mais la manière dont le frère et la soeur réagissent, empreinte à la fois d'un désarroi humain et d'une simplicité qui ne prête pas même à sourire, mais plutôt à compatir. Au passage une satire de la société des notaires et autres gens aisés, « « « profitant » comme la plupart du temps de leur propre bonne a tout faire. (On retrouvera d'ailleurs dans Une Vie la même petite victime, soeur de lait de Jeanne, abusée par cet époux détestable). Á noter la description bariolée et fracassante des prostituées, accrochant les clients comme elles le peuvent, telles des araignées fondant sur des proies insouciantes.
Un grand recueil de nouvelles.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas savouré un recueil de nouvelles De Maupassant!
Celui-ci est particulièrement goutu, mais pour une fois je ne filerai pas la métaphore du paquet de bonbons dans lequel on vient piocher au hasard du sucré, du corsé , du poivré ou du salace car on est ici dans quelque chose de plus... mature ? sophistiqué ? qu'un assortiment de douceurs.
S'il y résonne ici et là l'accent rocailleux du bocage normand que je retrouve avec bonheur, il est surtout question ici de femmes, et de toutes les sortes de sentiments qu'elles inspirent aux hommes. Comme c'est la plupart du temps eux qui parlent et que nous sommes quand même encore en 1886, mieux vaut éviter de mettre ces nouvelles dans les mains de #metoo et autres #balancetonMaupassant, on risquerait l'émeute.
Toujours est-il que la plume est particulièrement ciselée, la construction des textes brillante et redoutablement efficace, et notre Maupassant au sommet de son art tant pour parler amour et volupté que pour croquer avec sarcasme et tendresse les petites et grandes bassesses qui régissent les relations entre les deux sexes.
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Critique de LE LAPIN

Un matin, Maître Lecacheur apprend qu'un de ses lapins a disparu. Aucun doute, quelqu'un a volé ce lapin et ce n'est pas l'épouse Lecacheur qui dira le contraire ! « Sur sa maigre figure irritée, toute sa fureur paysanne, toute son avarice, toute sa rage de femme économe contre le valet toujours soupçonné, contre la servante toujours suspectée, apparaissaient dans la contraction de la bouche, dans les rides des joues et du front. » le premier suspect est Polyte, un homme à tout faire récemment renvoyé de la ferme. Pourquoi chercher plus loin alors qu'il semble si évident que c'est lui qui a dérobé le gros lapin gris ? Et voilà que l'affaire se corse puisque Polyte couche avec la femme d'un berger un peu simplet, Séverin, qui ne connaît rien au droit du mariage.

Dans cette nouvelle bouffonne, l'auteur se moque sans vergogne de la bêtise avare des paysans, de la bêtise administrative des gendarmes et de la bêtise niaise des bergers. Tout le monde en prend pour son grade et tout ça pour un lapin passé à la casserole ! Selon le narrateur, « les maris trompés [sont] toujours plaisants », mais ils le sont surtout quand ils s'ingénient à prouver combien ils sont crétins et comment leur sied l'uniforme de cocu. Dans nombre de ses nouvelles paysannes, Maupassant met en scène des personnages un peu archétypaux qui, comme dans la Commedia dell'arte, remplissent à merveille le rôle que l'attend d'eux, au grand plaisir du lecteur !
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Je ne suis pas adepte des vide-greniers. Pourtant parfois chemin venant, je me retrouve parfois à fouiller dans des caisses de livres comme une enfant penchée sur des malles recelant des trésors oubliés. Trésors qui sont bien rares, mais quelques lectures que j'avais innocemment négligées viennent d'un passé me confier certaines pensées.
Guy de Maupassant, du collège au lycée il fait classiquement partie de notre héritage...
…. « Select-collection » , 1 franc 75, 26 rue Racine E.Flammarion.
Les pages craquent, s'effritent déjà, une odeur de papier asséché laisse l'empreinte d'une époque qu'aucun maître d'école n'est jamais venu me raconter.
« La main gauche », le titre sous lequel sont regroupées plusieurs nouvelles m'avait intrigué. Convenons en, il faut pour entendre une époque ouvrir les livres qu'elle a pu engendrer.
J'étais loin d'imaginer qu'une des nouvelles, « Allouma », pour la citer, allait provoquer un tel rejet, disons le mon effroi.
Mais j'ai tenu à la lire entièrement.
Tout en lisant je m'entendant penser «  ce n'est pas possible d'écrire cela », «  ce n'est pas possible de porter ces mots là ».
Mais que contient donc cette nouvelle ?
Du pur jus de la pensée colonialiste. Paternaliste, misogyne, raciste. Rien que cela.
Il est d'usage de parler de « littérature coloniale »….
Un regard méprisant, des termes redoutables, une vision épouvantable de l'autre .
Bien sure je ne mettrai pas d'extrait en ligne. Impossible. Alors je me suis un peu intéressée à la vision de ce monde que Maupassant décrit, écrit.
Oui, ce 19e siècle ,annonçait, portait une pensée qui explique bien des choses qui ont pu tranquillement se dérouler . Comme lentement on déroule des fils barbelés.
« Le temps des colonies », où l'on nomme étranger celui que l'on dépossède.
A voir la couverture de ce livret, et le quatrième de couverture, on sait que l'exposition coloniale de 1931 devait être l'enfant de ces visions. 
« Il n'y a pas de limite à la mélancolie humaine
Il y a toujours une pierre à placer sur la pyramide des larmes » écrivait Aragon dans son recueil « Persécuté Persécuteur ».
Je ne jette pas la pierre à Maupassant.
Il était homme de son temps…. Aragon également.
Voilà qui nous laisse méditer sur les grandes phrases qu'aujourd'hui on se voudrait utiliser.
Être de son temps... qu'est ce que cela veut dire si l'on a pas la capacité de se mettre hors champ de ce temps, si l'on en accepte l'air sans en dénoncé le caractère vicié, dégénéré.
Être de son temps ce n'est pas s'y soumettre, c'est être en capacité de le changer.
Je ne jette pas la pierre à Maupassant, mais je m'interroge. Je m'interroge sur le contenu des oeuvres que l'on demande à des millions d'élèves d'étudier. J'ai lu Maupassant, j'ai commenté, résumé, analysé bien des textes De Maupassant durant mon petit cursus scolaire. Mais force est de constater que l'on ne m'a pas présenté tout Maupassant. On ne m'a pas enseigné que son exotisme littéraire n'était que pure « littérature coloniale ».
Je pensai sagement ... « fermage normand », croyant entendre une France que l'on voudrait profonde.., profonde oui, profondément enracinée, plantée dans la chair d'un verbe comme une dague plantée au coeur des avenirs de notre humanité.
Je vais trop loin ?
Alors lisez « Allouma », vous la trouverez en ligne gratuitement, et dites moi si l'on peut être fier de cette littérature là.
Il décrivait me direz vous…
homme de son temps nous le faisons à présent témoin de son temps.
De quel réalisme, de quel naturalisme parle t on lorsqu'on ne tient compte que de sa propre fiction, que l'on décrit une terre, des hommes, et leurs usages en les méconnaissant totalement et que sur ce que l'on ne connaît pas on se permet d'accrocher de terribles fables ?


Alors non je ne suis pas fière de cette littérature qui porte en elle l'irresponsabilité de tout ce qu'elle ose laisser supposer.
On porte toujours la responsabilité de son écrit, même et surtout lorsqu'on a l'immense talent que possède Maupassant.

Astrid Shriqui Garain
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C'est toujours un plaisir pour moi de trouver des nouvelles De Maupassant qu je ne connais pas encore. C'est le cas avec ce recueil de nouvelles, grivoises à l'époque, mais somme toutes bien innocentes aujourd'hui. Il y est essentiellement question d'infidélités et d'amours contrariées, certaines ( Duchoux) sont très bonnes, d'autres beaucoup moins, quand Maupassant se laisse aller à la misogynie ambiante de l'époque et rend les femmes responsables de tous ces malheurs qui accablent les pauvres messieurs de ses nouvelles (je l'avais déjà noté dans le verrou, je ne vais pas y revenir). Dans tous les cas, Maupassant reste un de mes auteurs favoris, je ne m'en lasse pas....

Challenge Solidaire 2021
Challenge 50 objets 2021-2022
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Un recueil de nouvelles peu connus au lycée et qui mériterait d'avoir sa place, surtout quand les élèves ont des cours sur l'époque coloniale.
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Je n'ai jamais été fan de nouvelles, je ne le suis toujours pas.
Pourtant ce petit recueil De Maupassant m'a fait passer un bon moment.
L'air de rien, chacune des histoires met la femme en avant. Et pourtant, tous les personnages principaux sont des hommes.
C'est cela le talent !

Chacune des nouvelles qui composent ce recueil pourraient être le point de départ d'un roman. Tout est bien construit et bien assis pour débuter quelque chose de plus grand. C'est là que se situe généralement ma frustration en lisant ce type de format.

Il n'empêche que j'ai terminé ma lecture dans un grand éclat de rire, tant la chute de la dernière intrigue est surprenante.

Je ne connais pas les écrits De Maupassant (shame on me!) et cette première entrée dans son univers me donne même envie d'en découvrir plus. Comme quoi, lire des nouvelles me réussit quand même parfois.
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Maupassant est un de mes auteurs français préférés, j'ai beaucoup aimé ces contes qui représentent bien la pensée du XIXéme siècle, les moeurs bourgeoises de l'époque, hypocrisie et les préjugés....
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La main gauche, ce sont onze nouvelles parues entre 1887 et 1889 dans diverses revues. On y découvre un Maupassant un peu différent de beaucoup de ses autres nouvelles. Plus cru, plus mélancolique, on a l'impression qu'il cherche moins à plaire à son public. Et ce n'est pas pour me déplaire...
Ses histoires ne sont pas toujours géniales, mais toujours intéressantes, même largement un siècle après leur parution. Deux d'entre elles m'ont particulièrement plu: Boitelle, l'histoire d'un ordurier qui n'a pas le droit d'épouser la 'négresse'(on est en 1887 quand-même) dont il tombe amoureux, et Duchoux, qui raconte comment certaines belles idées sur la paternité se marient mal avec la réalité.
À lire à deux mains pour passer un bon moment.
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