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Marie-Claire Bancquart (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070402311
218 pages
Gallimard (24/06/1999)
3.81/5   87 notes
Résumé :
La majeure partie de l'humanité utilisant de préférence la main droite les fantaisies du langage familier ont fait de la gauche un symbole de ce qui sort de l'ordinaire et, partant, de l'irrégu1ier . Point n'est d'expliquer à personne que les mariés de la main gauche se sont passées de cérémonie.
Ces couples-là valent d'ailleurs bien les autres. A peine si le hasard joue un plus grand rôle dans leur réunion, vent de sable qui. pousse Allouma vers le bordj de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un très, très bon recueil (sûrement l'un de mes préférés) datant de la maturité De Maupassant. le seul (à ma connaissance, avec Contes du Jour Et de la Nuit), à ne pas porter le nom d'une des nouvelles qui le constitue.

La Main Gauche : voilà forcément un titre qui interpelle. Pourquoi la main gauche ? Je n'ai pas d'explication fiable ni vérifiée, juste un sentiment. Selon moi, cela fait référence, d'une part, à la main à laquelle on portait l'alliance, signe ostensible de disponibilité ou non, qu'on prenait sur soi d'outrepasser ou pas.

Il sera donc question, de façon quasi omniprésente, d'adultère ou de relations doubles (Allouma, Hautot Père Et Fils, L'Ordonnance, le Lapin, Un Soir, Les Épingles, le Rendez-Vous, La Morte) mais aussi de l'impossibilité de passer l'anneau à la main gauche, notamment pour cause de racisme (Boitelle).

Il est difficile cependant de ne pas voir aussi dans cette main gauche une allusion à la " sinistra ", par opposition à la " dextra ", main qui porte le sceau de la fatalité et du malheur comme dans Duchoux, le Port, Hautot Père Et Fils, L'Ordonnance ou La Morte.

Onze nouvelles donc, probablement moins originales que dans des recueils précédents (quoique...) mais parfaitement travaillées — ciselées pourrait-on dire — marque nette de la maturité de l'auteur et aussi probablement, en raison de la reconnaissance, d'une moins grande nécessité de produire beaucoup et vite comme ce fut parfois le cas au début de sa carrière.

J'en terminerai en vous livrant mes favorites, la première de toutes, La Morte, une nouvelle mi-réelle, mi-fantastique, un peu à la Gogol (voir Nouvelles de Petersbourg) brève mais édifiante. Ensuite je vous conseille bien volontiers Hautot Père Et Fils & Boitelle, deux belles nouvelles, bien écrites et plus consistantes. Il y a encore la désillusionnée Duchoux et enfin la succulente verve normande dans le Lapin.

Mais vous aurez compris que cette sélection ne révèle qu'un avis gauche et une main tremblotante, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Je ne suis pas adepte des vide-greniers. Pourtant parfois chemin venant, je me retrouve parfois à fouiller dans des caisses de livres comme une enfant penchée sur des malles recelant des trésors oubliés. Trésors qui sont bien rares, mais quelques lectures que j'avais innocemment négligées viennent d'un passé me confier certaines pensées.
Guy de Maupassant, du collège au lycée il fait classiquement partie de notre héritage...
…. « Select-collection » , 1 franc 75, 26 rue Racine E.Flammarion.
Les pages craquent, s'effritent déjà, une odeur de papier asséché laisse l'empreinte d'une époque qu'aucun maître d'école n'est jamais venu me raconter.
« La main gauche », le titre sous lequel sont regroupées plusieurs nouvelles m'avait intrigué. Convenons en, il faut pour entendre une époque ouvrir les livres qu'elle a pu engendrer.
J'étais loin d'imaginer qu'une des nouvelles, « Allouma », pour la citer, allait provoquer un tel rejet, disons le mon effroi.
Mais j'ai tenu à la lire entièrement.
Tout en lisant je m'entendant penser «  ce n'est pas possible d'écrire cela », «  ce n'est pas possible de porter ces mots là ».
Mais que contient donc cette nouvelle ?
Du pur jus de la pensée colonialiste. Paternaliste, misogyne, raciste. Rien que cela.
Il est d'usage de parler de « littérature coloniale »….
Un regard méprisant, des termes redoutables, une vision épouvantable de l'autre .
Bien sure je ne mettrai pas d'extrait en ligne. Impossible. Alors je me suis un peu intéressée à la vision de ce monde que Maupassant décrit, écrit.
Oui, ce 19e siècle ,annonçait, portait une pensée qui explique bien des choses qui ont pu tranquillement se dérouler . Comme lentement on déroule des fils barbelés.
« Le temps des colonies », où l'on nomme étranger celui que l'on dépossède.
A voir la couverture de ce livret, et le quatrième de couverture, on sait que l'exposition coloniale de 1931 devait être l'enfant de ces visions. 
« Il n'y a pas de limite à la mélancolie humaine
Il y a toujours une pierre à placer sur la pyramide des larmes » écrivait Aragon dans son recueil « Persécuté Persécuteur ».
Je ne jette pas la pierre à Maupassant.
Il était homme de son temps…. Aragon également.
Voilà qui nous laisse méditer sur les grandes phrases qu'aujourd'hui on se voudrait utiliser.
Être de son temps... qu'est ce que cela veut dire si l'on a pas la capacité de se mettre hors champ de ce temps, si l'on en accepte l'air sans en dénoncé le caractère vicié, dégénéré.
Être de son temps ce n'est pas s'y soumettre, c'est être en capacité de le changer.
Je ne jette pas la pierre à Maupassant, mais je m'interroge. Je m'interroge sur le contenu des oeuvres que l'on demande à des millions d'élèves d'étudier. J'ai lu Maupassant, j'ai commenté, résumé, analysé bien des textes De Maupassant durant mon petit cursus scolaire. Mais force est de constater que l'on ne m'a pas présenté tout Maupassant. On ne m'a pas enseigné que son exotisme littéraire n'était que pure « littérature coloniale ».
Je pensai sagement ... « fermage normand », croyant entendre une France que l'on voudrait profonde.., profonde oui, profondément enracinée, plantée dans la chair d'un verbe comme une dague plantée au coeur des avenirs de notre humanité.
Je vais trop loin ?
Alors lisez « Allouma », vous la trouverez en ligne gratuitement, et dites moi si l'on peut être fier de cette littérature là.
Il décrivait me direz vous…
homme de son temps nous le faisons à présent témoin de son temps.
De quel réalisme, de quel naturalisme parle t on lorsqu'on ne tient compte que de sa propre fiction, que l'on décrit une terre, des hommes, et leurs usages en les méconnaissant totalement et que sur ce que l'on ne connaît pas on se permet d'accrocher de terribles fables ?


Alors non je ne suis pas fière de cette littérature qui porte en elle l'irresponsabilité de tout ce qu'elle ose laisser supposer.
On porte toujours la responsabilité de son écrit, même et surtout lorsqu'on a l'immense talent que possède Maupassant.

Astrid Shriqui Garain
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LA MAIN GAUCHE /MAUPASSANT

Allouma /Guy de Maupassant
Depuis un mois Maupassant rôdait à pied dans la région magnifique qui s'étend d'Alger à Cherchell, Orléansville et Tiaret. Dans ces moments - là, en ces courses alertes dans l'air vif des hauteur à travers les arbousiers, plus rien ne lui pesait, ni le corps, ni le coeur, ni les pensées, ni même les soucis.
Aux approches de la nuit, il réalisa alors qu'il était perdu. Un Arabe de passage lui indiqua le chemin pour retrouver son ami Auballe, un grand garçon blond installé ici depuis neuf ans. Après avoir mangé beaucoup d'argent avec les femmes, Auballe avait placé son reste en terre algérienne et planté des vignes. Au cours du repas, alors que Maupassantlui demande comment il fait pour les femmes, Auballe lui conte une histoire qu'il a vécue quatre ans auparavant.
À côté de chez lui était installée la tente de son serviteur Mohammed et un beau jour il voit incidemment sous la tente en passant dans un clair-obscur une jeune fille presque nue étendue sur une couche et endormie. Il avoue que cette vision lui a traversé le corps, ranimant en lui la vieille ardeur qu'il connut souvent. Après avoir dit deux mots à Mohammed, Auballe voit venir la fille chez lui « les yeux allumés par le désir de séduire, des yeux qui l'appelaient, l'enchaînaient, lui ôtaient toute force de résistance et le soulevaient d'une ardeur impétueuse. »
Elle s'appelle Allouma et lui raconte sa vie, une vie d'aventures sans doute inventée de toutes pièces suppose Auballe qui par ailleurs n'est pas tendre dans ses jugements sur les Arabes et les Africains en général. Allouma est une métisse aux mille attraits cachés captivants et physiques, « croisement de sang arabe et de sang nègre ». Elle va demeurer dans la maison : c'est le souhait d'Auballe. Jusqu'au jour où les absences répétées de la belle gazelle l'inquiètent…
La nouvelle Allouma a été traitée récemment de littérature coloniale et il faut bien dire que Maupassant nous apparait ici sous un jour peu glorieux, même s'il faut toujours resituer un texte dans son époque et son contexte. Autres temps autres moeurs ! Mais enfin nombre de passages ont de quoi surprendre un lecteur d'aujourd'hui.
Cette nouvelle fait partie du recueil « La main Gauche ».


Boitelle /Guy de Maupassant
Dans le pays normand, le père Boitelle prénommé Antoine avait la spécialité des besognes malpropres : nettoyer les fosses, les fumiers, les puisards, les égouts et toutes les fanges. On l'appelait l'ordureux !
Marié, il avait quatorze enfants dont huit étaient encore à la maison. Il avait choisi ce métier par une sorte de dégoût de la vie, contrarié qu'il fut après son service militaire.
En effet, alors qu'il était il y a déjà bien longtemps soldat au Havre, il avait l'habitude d'aller admirer les oiseaux exotiques d'un magasin spécialisé près du port. Il prit goût à l'exotisme et de voir tous ces volatiles multicolores lui procurait un plaisir qu'il renouvelait à chaque sortie. Jusqu'au jour où devant le petit Café des Colonies jouxtant l'oiseleur, il vit une belle et jeune négresse en train de balayer.
Son goût de l'exotisme s'exacerba au point qu'il revit la jeune noire et après quelques semaines s'étant follement épris d'elle, lui proposa de l'épouser. Auparavant, il lui fallait l'accord de ses parents à lui, et proposa à la jeune fille de les rencontrer à la ferme chez eux…
Il faut bien dire que les Noirs étaient rares à cette époque en Normandie et étaient vus comme des extraterrestres et les parents d'Antoine n'en avaient jamais vus…
Dans cette Normandie rurale où le racisme était plus que jamais présent, la tâche d'Antoine s'annonçait redoutable !
Un classique De Maupassant qui n'a pas pris une ride.


Hautot père et fils / Guy de Maupassant
Lors d'une partie de chasse, Hautot père est grièvement blessé suite à une maladresse avec son fusil. Veuf depuis des années, et sentant qu'il va mourir il confie à son grand fils César qu'il a depuis quelques temps une maîtresse à Rouen et qu'il faut aller la voir pour l'informer de l'accident dramatique. Il a le temps de donner l'adresse et le nom de la jeune femme avant de succomber.
Au jour prévu par son père, César arrive à Rouen et rencontre Caroline. Un petit garçon joue dans la pièce et César apprend que c'est le fils de son père, donc son frère. César a aussi pour mission d'informer Caroline qu'elle ne sera pas oubliée dans le partage des biens hérités. Éplorée, elle ne peut tenir la conversation sur ce sujet et lui donne rendez-vous pour la semaine suivante…
Tel père, tel fils ? Une nouvelle intéressante que j'aurais voulue plus longue…

L'endormeuse /Guy de Maupassant
Alors qu'il vient de lire le journal du matin donnant le nombre de suicides annuels, le narrateur songe de chez lui, en admirant la Seine, que cette question de société mérite une réflexion sérieuse et son esprit vagabonde…et se fait jour dans son rêve l'idée d'un temple du mépris de la mort, un lieu bien étrange où l'endormeuse vous tend ses bras…jusqu'à l'anéantissement…
Publiée en 1889, cette étrange nouvelle s'attache à relevé le sort douloureux réservé aux candidats au suicide, appelant par là même à la reconnaissance de la liberté de la mort volontaire.
Extrait : « le suicide ! mais c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus ! »


UN SOIR
le narrateur, l'auteur en l'occurrence, vient d'arriver sur le « Kléber » dans l'admirable golfe de Bougie (aujourd'hui Bejaïa) en Algérie. Ivre de lumière et d'espace, il lui tarde de quitter le navire afin de parcourir la région.
À peine débarqué, il fait la rencontre sur le quai d'un ancien camarade de pension, un certain Trémoulin, devenu colon dans la viticulture qui lui propose instamment de s'installer chez lui plutôt qu'à l'hôtel. Passionné de pêche nocturne au flambeau, il invite l'auteur le soir même à une sortie en mer.
C'est l'occasion pour Trémoulin, qui connaît une certaine solitude de se confier et raconter ce qu'il est devenu après son baccalauréat. Il rêvait d'être écrivain, mais, finalement tomba amoureux de la fille de son voisin tailleur. Si follement amoureux qu'en quelques jours ils sont fiancés et mariés. Ils tiennent ensemble une librairie à Marseille et vivent le parfait bonheur.
le bel amour est bientôt terni par l'emprise d'une jalousie destructrice qui le mine, lorsque Trémoulin surprend sa femme à faire des allées et venues suspectes entre la librairie et un ailleurs qu'il va inspecter...
Au terme d'une période de souffrance morale, il choisira l'exil en Afrique…Seul !
Une brève nouvelle au très beau style, celui d'un conteur hors pair qu'est Maupassant, et à la chute surprenante…

LES ÉPINGLES
Deux amis grands séducteurs et collectionneurs de femmes se rencontrent et se confient leurs frasques. L'un deux vient de connaître une belle déconvenue pour un détail qui lui avait échappé. Les femmes ont toujours plus d'un tour dans leur sac pour savoir s'il y a une concurrente en piste !

LE PORT
le matelot Célestin Duclos vient de rentrer au port de Marseille après des années de navigation autour du monde et avec ses compagnons de débauche il arpente le labyrinthe de bouges s'échelonnant tout au long des ruelles descendant vers le port. Chacun ayant trouvé sa chacune, après quatre heures de folie dans les chambres, les mathurins finissent de boire quelques verres. Célestin ne sait pas encore que sa conversation avec la femme qui l'a choisi lui réserve une surprise, plus encore, un choc.

LA MORTE.
« Je l'avais aimée éperdument ! Pourquoi aime - t - on ? Est - ce bizarre de ne plus voir dans le monde qu'un être , de n'avoir plus dans l'esprit qu'une pensée , dans le coeur qu'un désir , et dans la bouche qu'un nom : un nom qui inonde incessamment , qui monte , comme l'eau d'une source , des profondeurs de l'âme , qui monte aux lèvres , et qu'on dit , qu'on redit , qu'on murmure sans cesse , partout , ainsi qu'une prière . » Ainsi commence cette nouvelle où le narrateur se rend au cimetière pour se recueillir sur la tombe ce son amour disparu. C'est alors qu'un phénomène fantastique se produit… Et si les morts pouvaient sortir de leur cercueil et rectifier les épitaphes figurant sur leur tombe !

Solitude / Guy de Maupassant
Dans cette brève nouvelle, deux amis dont l'auteur flânent nuitamment sur les Champs-Élysées et évoquent la question de la solitude humaine. Et conjointement, l'isolement est le conséquence du fait que la pensée d'autrui est insondable ; « quel mystère que la pensée inconnue d'un être, la pensée cachée et libre ! » de même « personne ne peut découvrir mon moi ». La solitude a cela de paradoxal qu'elle est plus grande dans la foule.
L'amour vient apporter un répit trompeur qui donne l'illusion de n'être pas seul. « La femme est le grand mensonge du rêve…Quel délire égare notre esprit ! Quelle illusion nous emporte ! » Après l'étreinte, la solitude est là.
Et pourtant, « ce qu'il y a de meilleur au monde, c'est de passer un soir auprès d'une femme qu'on aime, sans parler… »
Quelques belles lignes comme sait les écrire Maupassant.



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Critique de LE LAPIN

Un matin, Maître Lecacheur apprend qu'un de ses lapins a disparu. Aucun doute, quelqu'un a volé ce lapin et ce n'est pas l'épouse Lecacheur qui dira le contraire ! « Sur sa maigre figure irritée, toute sa fureur paysanne, toute son avarice, toute sa rage de femme économe contre le valet toujours soupçonné, contre la servante toujours suspectée, apparaissaient dans la contraction de la bouche, dans les rides des joues et du front. » le premier suspect est Polyte, un homme à tout faire récemment renvoyé de la ferme. Pourquoi chercher plus loin alors qu'il semble si évident que c'est lui qui a dérobé le gros lapin gris ? Et voilà que l'affaire se corse puisque Polyte couche avec la femme d'un berger un peu simplet, Séverin, qui ne connaît rien au droit du mariage.

Dans cette nouvelle bouffonne, l'auteur se moque sans vergogne de la bêtise avare des paysans, de la bêtise administrative des gendarmes et de la bêtise niaise des bergers. Tout le monde en prend pour son grade et tout ça pour un lapin passé à la casserole ! Selon le narrateur, « les maris trompés [sont] toujours plaisants », mais ils le sont surtout quand ils s'ingénient à prouver combien ils sont crétins et comment leur sied l'uniforme de cocu. Dans nombre de ses nouvelles paysannes, Maupassant met en scène des personnages un peu archétypaux qui, comme dans la Commedia dell'arte, remplissent à merveille le rôle que l'attend d'eux, au grand plaisir du lecteur !
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas savouré un recueil de nouvelles De Maupassant!
Celui-ci est particulièrement goutu, mais pour une fois je ne filerai pas la métaphore du paquet de bonbons dans lequel on vient piocher au hasard du sucré, du corsé , du poivré ou du salace car on est ici dans quelque chose de plus... mature ? sophistiqué ? qu'un assortiment de douceurs.
S'il y résonne ici et là l'accent rocailleux du bocage normand que je retrouve avec bonheur, il est surtout question ici de femmes, et de toutes les sortes de sentiments qu'elles inspirent aux hommes. Comme c'est la plupart du temps eux qui parlent et que nous sommes quand même encore en 1886, mieux vaut éviter de mettre ces nouvelles dans les mains de #metoo et autres #balancetonMaupassant, on risquerait l'émeute.
Toujours est-il que la plume est particulièrement ciselée, la construction des textes brillante et redoutablement efficace, et notre Maupassant au sommet de son art tant pour parler amour et volupté que pour croquer avec sarcasme et tendresse les petites et grandes bassesses qui régissent les relations entre les deux sexes.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
– Je l’tiens ! Je l’tiens 
Le brigadier Sénateur se pencha sur son homme : 
– Qué que tu tiens, le lapin ? 
– Non, l’voleux !
– L’voleux ! Amène, amène ! 
Les deux bras du gendarme allongés sous le lit avaient appréhendé quelque chose, et il tirait de toute sa force. Un pied, chaussé d’un gros soulier, parut enfin, qu’il tenait de sa main droite. 
Le brigadier le saisit : 
– Hardi ! hardi ! tire ! […]
La figure parut enfin, la figure furieuse et consternée de Polyte dont les bras demeuraient étendus sous le lit. 
– Tire ! criait toujours le brigadier. 
Alors un bruit bizarre se fit entendre ; et comme les bras s’en venaient à la suite des épaules, les mains se montrèrent à la suite des bras et, dans les mains, la queue d’une casserole, et, au bout de la queue, la casserole elle-même, qui contenait un lapin sauté. 
– Nom de Dieu, de Dieu, de Dieu, de Dieu ! hurlait le brigadier fou de joie […]. 
Et la peau du lapin, preuve accablante, dernière et terrible pièce à conviction, fut découverte dans la paillasse. 
Alors les gendarmes rentrèrent en triomphe au village avec le prisonnier et leurs trouvailles.

(le Lapin)
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Un de mes amis m'avait dit : « Si tu passes par hasard aux environs de Bordj-Ebbaba, pendant ton voyage en Algérie, va donc voir mon ancien camarade Auballe, qui est colon là-bas. »
J'avais oublié le nom d'Auballe et le nom d'Ebbaba et je ne songeais guère à ce colon, quand j'arrivai chez lui, par pur hasard.
Depuis un mois je rôdais à pied par toute cette région magnifique qui s'étend d'Alger à Cherchell, Orléansville et Tiaret. Elle est en même temps boisée et nue, grande et intime. On rencontre, entre deux monts, des forêts de pins profondes en des vallées étroites où roulent des torrents en hiver. Des arbres énormes tombés sur le ravin servent de pont aux Arabes, et aussi aux lianes qui s'enroulent aux troncs morts et les parent d'une vie nouvelle. Il y a des creux, en des plis inconnus de montagne, d'une beauté terrifiante, et des bords de ruisselets, plats et couverts de lauriers-roses, d'une inimaginable grâce. Mais ce qui m'a laissé au cœur les plus chers souvenirs en cette excursion, ce sont les marches de l'après-midi le long des chemins un peu boisés sur ces ondulations des côtes d'où l'on domine un immense pays onduleux et roux depuis la mer bleuâtre jusqu'à la chaîne de l'Ouarsenis qui porte sur ses faîtes la forêt de cèdres de Teniet-el-Haad.
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Après quelque hésitation entre toutes les rues obscures qui descendent vers la mer comme des égouts et dont sortent des odeurs lourdes, une sorte d'haleine de bouges, Célestin se décida pour une espèce de couloir tortueux où brillaient, au-dessus des portes, des lanternes en saillie portant des numéros énormes sur leurs verre dépolis et colorés. Sous la voûte étroite des entrées, des femmes en tablier, pareilles à des bonnes, assises sur des chaises de paille, se levaient en les voyant venir, faisant trois pas jusqu'au ruisseau qui séparait la rue en deux et coupaient la route à cette file d'hommes qui s'avançaient lentement, en chantonnant et en ricanant, allumés déjà par le voisinage de ces prisons de prostituées.

Le port
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LES JOIES DU MARIAGE in Duchoux
Il ne songeait pas à se marier, car il ne se sentait pas le courage de se condamner à la mélancolie, à la servitude conjugale, à cette odieuse existence de deux êtres, qui, toujours ensemble, se connaissent jusqu'à ne plus dire un mot qui ne soit prévu par l'autre, à ne plus faire un geste qui ne soit attendu, à ne plus avoir une pensée, un désir, un jugement qui ne soient devinés.
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LE LAPIN :

« Sur sa maigre figure irritée, toute sa fureur paysanne, toute son avarice, toute sa rage de femme économe contre le valet toujours soupçonné, contre la servante toujours suspectée, apparaissaient dans la contraction de la bouche, dans les rides des joues et du front. »
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Vidéo de Guy de Maupassant
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