L'inspecteur Smoke (d'où le titre) est en retraite mais n'arrive pas vraiment à décrocher de son métier. Et parce qu'il a un jour résolu une affaire de bijoux volés, il se croit en droit de mener cette nouvelle enquête qui concerne une affaire de cadavres volés cette fois.
Donc on vole un cadavre. Puis on le restitue. Puis on en vole un autre, un meurtre est commis lors de ce vol. Une fille croit dur comme fer qu'elle est Cléopâtre réincarnée et Benjamin Smoke se retrouve au milieu de tout ça. Cette affaire à l'apparence très embrouillée est simplissime et le lecteur, parvient, avec un minimum de gamberge, à la résoudre au milieu du roman dont l'intérêt se situe dans ses descriptions de quartiers de la grande ville – dont on ignore le nom – est-ce New York ou Washington ? – certaines rues sont même estampillées avec des lettres : « avenue l'» ; « Boulevard X » … Bref, on assiste à la narration d'un urbanisme déshumanisé (nous sommes au milieu des années 70, le roman datant de 1975) où les noirs s‘entassent dans des immeubles délabrés, les Porto -Ricains prennent la suite des appartements des Américains blancs.
Cet «univers impitoyable» fragilise les bonnes volontés de ceux qui voudraient s'en sortir, notamment lorsque qu'ils ont un passé de délinquant et reste à l'image des frustrations policières de notre narrateur qui croit détenir l'affaire du siècle dont la banalité l'afflige bien vite. Il en voudrait presque aux protagonistes de leur manque d'imagination.
Et on en veut un peu à
Ed Mc Bain de nous livrer ce «petit polar» sans doute écrit dans la foulée d'une production devenue machinale. Son narrateur ne manque pas d'intérêt puisqu'il réussit à s'en moquer tant l'affaire est d'une rare évidence. Il s'y croit, un peu, le Benjamin Smoke! Et là où
Ed Mc Bain est fort, c'est qu'il, évite le cliché du vieux expérimenté qui veut en remontrer au plus jeune.
On notera en revanche une traduction visiblement sabotée. Rien que le titre américain ("Where There's Smoke") appelait son proverbe : "Il n'y a pas de fumée sans feu…"ça collait bien avec la logique du roman en plus. Il est étonnant aussi que le même traducteur n'ait pas fait le rapprochement entre « parole officer » et « juge d'application des peines » allant jusqu'à mettre en note que le « parole officer » n'a pas son équivalent en France alors qu'il existe depuis 1958 !