C'est le premier livre de
Val McDermid que je lis, je ne connaissais donc pas les personnages, et il m'a fallu un petit temps d'adaptation avant de bien cerner tout le monde. Mais une fois ce cap passé, j'ai passé un bon moment de lecture. J'avais beau rencontrer les personnages pour la première fois, j'ai tout de même eu le temps de m'attacher à eux, on en vient très vite à ce sentiment qu'on les connaît.
Paula
McIntyre, qui vient d'être mutée après le démantèlement de l'équipe de Carole Jordan, fait face à une série de meurtres sur des femmes blondes. Paula doit composer avec sa nouvelle chef, le commandant Fielding, et les choses se compliquent lorsque des indices commencent à apparaître, et qu'ils pointent tous dans la direction du docteur Tony Hill. Ce dernier s'est réfugié sur une péniche où il ressasse sa culpabilité après ses échecs dans une précédente affaire et la perte de Carol, qui ne veut plus entendre parler de lui. Carol Jordane est en effet bien décidée à tout laisser derrière elle, mais lorsque Tony est arrêté, la situation exige de reformer les vieux liens, au moins le temps de retrouver le vrai coupable et disculper Tony Hill.
Le plus intéressant, pour moi, est que ce tome se situe dans une période où les personnages sont en crise : séparés, en deuil, ils sont tous un peu à la dérive. J'ai eu le sentiment que c'était un peu une période charnière pour chacun d'eux, et pour les relations qui les unissent, et c'était d'autant plus intéressant de les trouver ainsi.
Dans ce genre de roman, j'ai toujours aimé quand les enquêtes se mêlent à la vie des enquêteurs, quand elles les touchent personnellement, d'une manière ou d'une autre. Quand ils se retrouvent eux-mêmes menacés, plutôt que de voir les choses d'un point de vue qui reste trop extérieur. C'est ce que j'ai trouvé dans ce roman, avec le fait que Tony soit suspecté, et j'ai l'impression que c'est une habitude chez l'auteure, puisque dans le tome précédent, avec le psychopathe Jacko Vance, c'était Carole Jordane et ses proches qui étaient menacés.
Pour ce qui est de l'enquête en elle-même, je n'ai rien de spécial à redire, si ce n'est qu'elle est bien construite, et que j'ai bien aimé la manière dont l'identité du tueur nous est amenée, de manière à ce qu'on puisse la deviner tous seuls.
Les personnages, leur vie privée, leurs relations entre eux et leurs rapports à l'enquête, prennent le dessus sur l'investigation elle-même, et c'est très bien comme ça.
L'auteure à une écriture très fluide, c'est facile à lire, même lors des délibérations policières, qui ont tendance à m'ennuyer et à ralentir l'intrigue. Ici, je n'ai pas senti de ralentissement ou d'ennui, le roman se lit vraiment très bien (d'ailleurs, je l'ai fini en moins d'une semaine).
Val McDermid parvient à nous présenter un criminel intéressant - un psychopathe avec une vision bien particulière de la femme idéale - tout en faisant la part belle à ses personnages récurrents, qui demeurent les vrais héros centraux du roman. Parvenir à garder un équilibre entre les deux n'est pas toujours facile, l'auteure maîtrise visiblement cela à la perfection.
En résumé, c'est un très bon polar, d'une auteure qui maîtrise parfaitement le genre et ses codes. Les personnages sont attachants et l'enquête bien ficelée. L'auteure est même parvenue à me faire ressentir un certain sentiment d'insécurité, parfois, à force de vouloir prouver que l'on pouvait, à tout moment, se retrouver dans la ligne de mire d'un taré dont le regard s'était fixé sur nous...