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4,16

sur 1236 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais que suis-je venue faire dans cette galère ? ai-je pensé après avoir suivi ma Yaya dans cette Lecture Commune d'un livre que je n'aurais jamais ouvert de moi-même.
Pourquoi ? me demanderez-vous... eh bien je me le demande aussi.
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Il n'a pas l'air d'un thriller, il est historique mais même pas à Londres, rien de fantastique... La couverture est magnifique, mais aucune petite chaussure, nounours ou autre, donc voilà, pas mon truc a priori.
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Je me pensais très loin de ma zone de confort, alors que pas du tout. J'aime beaucoup cette ambiance : décors enchanteurs, zozios qui chantent, personnages très sympathiques...
Je plaisante, il n'y a rien de tout ça dans ce roman, ce qui tombe bien pour ce qui me concerne.
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Nous sommes à New-York, c'est la fête, nouvel an oblige, L'an de grâce 1881 devient l'an de grâce 1882.
Des enfants crasseux, en haillons, se blotissent chacun leur tour sur une grille de ventilation pour tenter de se réchauffer. L'une des gamines a un bébé dans les bras.
Des pauvres, des souffreteux, des criminels, femmes et hommes, boivent de la bière tiède et éventée dans un bouge sordide au sous-sol d'un bâtiment pourrissant.
Et tout plein d'autres choses aussi plaisantes les unes que les autres. le paradis sur terre, en quelque sorte.
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C'est dans l'un de ces immeubles que vit la famille Shanks.
La matrone imposante, Lena Shanks, veuve et mère de deux filles gère son petit commerce de prêt sur gage, tandis que sa fille Daisy exerce le lucratif métier d'avorteuse. Louisa, son autre fille, muette, a un certain talent pour toutes les tâches administratives.
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Lena a également un frère, marié à Maggie, qui vit de ses charmes.
Et puis Rob et Ella, ses petits-enfants, aident très efficacement leur famille.
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Mais contrairement aux apparences, tout n'est pas rose chez les Shanks. Lena a une famille huppée dans le colimateur : les Stallworth, dont le patriarche, le juge James S. a fait pendre son mari, Cornelius.
Ledit James a deux enfants, Edward et Marian, cette dernière, mère au foyer si l'on peut dire, est mariée à Duncan Phair, avocat. Deux enfants Edwin et Edith sont les fruits de leur union. Quant à Edward, pasteur de l'église presbytérienne, il a deux enfants : Helen et Benjamin, déjà adultes.
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Il va de soi que le nouvel an n'est pas fêté tout à fait de la même façon par les riches que par les pauvres.
Ça se visite mutuellement, ça picole mais dignement, propres sur eux, etc. n'est-ce pas... bref, vous voyez le topo.
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Bon, si j'avais lu tout ce que j'ai dit auparavant, je n'aurais pas ouvert le bouquin moi-même. :)
Je suis à des années-lumière d'avoir le talent de Michael McDowell, voire encore plus loin, et tout lecteur verra très vite qu'en fait je ne sais pas quoi dire.
Le style de l'auteur m'a envoûtée, l'histoire aussi, l'ambiance, j'ai adoré.

Les personnages sont particulièrement antipathiques, surtout les riches, bien coincés comme il faut.
Je n'irais pas jusqu'à dire que l'autre famille m'a enchantée, mais bon, ces femmes m'ont quand même été un peu plus sympathiques.
Quant aux enfants... adorables, les riches comme les pauvres.
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Par contre, le livre, lui, m'a enchantée. J'ai eu beaucoup de mal à quitter tout ce "beau" monde une fois le roman terminé. D'ailleurs, j'emporte Les aiguilles d'or sur mon île déserte.
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L'auteur nous entraîne , avec une aisance sans faille , dans l' Amérique , fin du 19 éme siècle. L'histoire des Stallworth, famille très aisée ,, faisant partie du haut plus grade de la société aristocratique, leur but est d'éradiquer la misère , la pauvreté, un monde où la saleté est monnaie courante.
L'histoire des Shanks, famille miséreuse, vivant dans un monde violence, de drogue et de prostitution, ils sont prêts à tout pour se sortir de cet univers le mot vengeance prend toute sa valeur,, mais pourquoi, existe t'-il un lien qui unisse ses deux famille, un lien de haine de rancoeur, Deux histoires qui s'entrechoquent , deux monde qui sombrent dans la perversité pouvant conduire à la perte de leur statut social . Deux familles qui tombent dans les tréfonds de l'enfer . Un roman qui m'a énormément marqué, grâce à l'écriture subtile , visuelle de l'auteur, je me suis laissée embarquer , dans une histoire, où beaucoup de personnages sont présents, mais je n'étais absolument pas perdues, bien au contraire, l'auteur a disséqué avec une grande précision , la psychologie des protagonistes, permettant de comprendre le rôle jouer, mieux comprendre le pourquoi du comment, avec des description pointues et existentielles. L'auteur tient en haleine ses lecteurs, ils évoluent en apnée, dans ce monde où le rythme monte crescendo , dans ce roman d'une intense noirceur. Un monde vengeance, un monde où règne le bien du mal,
Une lecture envoûtante, hypnotisante, que je vous recommande,
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Dès les premières pages, j'ai été conquise. Dans un somptueux prologue, Michael McDowell promène durant la nuit du 31 décembre 1881 sa caméra de mots en mode travelling dans différentes rues new-yorkaises : de Mulberry Street où des enfants en haillons se disputent une place pour se réchauffer sur une grille de ventilation, à une réception huppée sur la Cinquième avenue, en passant par un bar à opium de Mott Street ou une fête populaire sur Bowery Street.

Direct, le lecteur entre dans la ronde et passe de bras en bras à mesure que l'auteur présente son mémorable casting ancré dans un décor qui évoque irrésistiblement le Gangs of New-York de Scorsese. Ici, ce sera la guerre entre deux familles que tout oppose si ce n'est la haine réciproque : d'un côté, les riches et puissants Stallworth menée par un ambitieux patriarche qui espère se voir couronner maître de New-York; de l'autre, les Shanks, les hors-la-loi élevés dans le crime, issus du sordide Triangle noir, un gang de femmes avec cochent toutes les cases de l'illégalité ( meurtrière, prostituée, avorteuse, receleuse, faussaire ).

Michael McDowell maîtrise totalement l'art du portrait. Les personnages ont beau être très très nombreux, on les différencie tous, on les retient tous tant l'auteur sait les dessiner chacun en quelques traits caractéristiques comme Maggie, ma préférée :

« A moins d'un examen poussé, Maggie Kizer passait pour une Blanche et n'avait que deux traces révélatrices de son ascendance : une fine ligne bleue sous l'ongle du pouce et un petit reflet de pigment noir dans chacun de ses yeux verts. Obsédée par ces imperfections qui pouvaient la trahir, Maggie ne sortait ni ne rencontrait jamais d'inconnus sans une paire de gants blancs les plus fins qui soient, si ajustés qu'elle enfilait ses superbes bagues en diamant et en émeraude par-dessus ; et hormis par la plus noire des nuits, elle portait des lunettes rondes aux verres couleur d'ambre fumé. »

Les Aiguilles d'or est avant tout un roman de personnages, ce sont eux qui portent le scénario et non l'inverse. Chacun place ses pions en essayant dedeviner où sont placés ceux des autres tout en tentant d'anticiper les coups à venir pour garder leur temps d'avance. J'ai adoré les 200 premières pages. Alors que beaucoup ont souligné une mise en place trop longue, je m'en suis délectée. La suite est très réussie, elle aussi, une implacable histoire de vengeance qui prend des proportions homériques avec un long final pied au plancher jubilatoire et addictif.

Contrairement à l'excellente série Blackwater, pas d'horrifique ou de surnaturel ici. Mais juste de l'horreur sociale née d'un capitalisme sauvage qui engendre des inégalités d'une rare violence, presque une relecture littéraire de chair et de sang de la lutte des classes. La corruption morale n'est évidemment pas chez ceux que la société désigne mais plutôt chez ceux qui affichent en étendard leur dévoterie et leur pureté morale.

Bref, on se régale malgré ou surtout grâce au manichéisme inhérent à ce genre de schéma narratif. Un roman ultra divertissant qui se dévore goulûment !
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Ames sensibles s'abstenir...
On est dans un roman noir . " Rien n'était exotique, rien n'était charmant, rien n'était pittoresque ; tout n'était que misère crasseuse et noire, que pauvreté infâme et puante. "
Et, surtout, rien ne vous sera épargné , à vous lecteurs, aucun détail !

On est à New York en 1882 et les ruelles que décrit Michael McDowell ressemblent étrangement à celles de Londres décrites par Dickens. La pauvreté est la même partout dans le monde...
Nous avons d'un coté la famille bourgeoise du juge Stallworth, qui vit dans les beaux quartiers. persuadée de détenir la vérité, le bon goût, et même la morale . Grace au fils, pasteur, et au beau-fils, avocat, le juge s'est lancé dans une croisade : nettoyer les rues de sa ville de la vermine et une des familles qu'il a dans le collimateur, c'est les Shanks. Il faut dire qu'ils présentent mal... Ils sont tous (même les deux enfants, des jumeaux ) aguerris et impliqués dans toutes sortes d' affaires qui vont du vol à l'arnaque en passant par les avortements clandestins et les meurtres. Une famille peu recommandable.

On a donc le bien contre le mal , oui mais...
Avec Michael McDowell , ça ne sera pas aussi simple et les gentils ne le sont pas tant que cela et les méchants, non plus.
Petits glissements de points de vue de la part d'une lectrice qui a bien failli abandonner ce livre entre les pages 70 et 100, accablée devant tant de violence, tant de misère intellectuelle, affective, et financière. Noir, c'est noir et il y a peu d'espoir... Mais c'est cette ambivalence qui m'a intéressée, celle du bien (pas si bien que ça) et du mal ( avec cinquante nuances de gris).
C'est que voyez-vous, dans la famille bourgeoise, on s'aime si peu. le plus important : ce que pensent les autres, la morale, l'ambition, le pouvoir.
Chez les pauvres, on fait peut-être pis que pendre à l'extérieur, mais entre eux, il y a une vraie solidarité. A tel point que si l'on touche un cheveu de l'un, "on" le payera cher. Or le premier acte signant la "guerre" qui opposera les Stallworth aux Shanks, c'est la condamnation à mort, par pendaison, ordonnée par le juge contre le mari de la matriarche.
Dés lors, le combat peut commencer. Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, je ne vous dit que ça.
Cet angle est intéressant : les faux gentils et les faux méchants et démontre l'hypocrisie qui régne chez les puissants, les respectables et le mépris dont ils font preuve à l'égard de tout ce qui est différent d'eux.
Il y a chez cet auteur, un style très personnel, on reconnait la même noirceur, la même façon de décrire ses personnages ( à la limite de la caricature) que dans les eaux boueuses de la Blackwater ( le genre fantastique en moins).
C'est sombre, mais par instant offrant des éclaircies. Original et offrant pourtant une géméllité troublante avec la série Blackwater. Parfois sordide et pourtant beau. Simple mais clinquant.
Un véritable objet de curiosité que vient renforcer son écrin : cette sublime couverture offerte par la maison d'édition Toussaint Louverture, dorée, rouge comme le sang et noire comme les rues malfamées de ce New York de 1882 .
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Lorsque la pentalogie Blackwater a déferlé sur les réseaux sociaux, avec regrets, je n'ai pas pris la vague. Et si j'ai trouvé original et plutôt bienvenue que la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture respecte la ligne éditoriale imaginée par l'auteur en publiant, vingt ans après son décès, les six volumes de la saga, à raison d'un épisode tous les quinze jours, ce rythme effréné était trop rapide pour moi et j'ai repoussé cette lecture à plus tard.

Alors lorsque Babelio m'a proposé de lire en avant-première le nouveau roman de Michael McDowell dans le cadre d'une masse critique privilégiée, j'ai secrètement espéré être sélectionnée et être dans les tous premiers lecteurs à prendre la seconde vague.
Je ne peux que remercier très chaleureusement Babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture pour ce très beau cadeau. En ouvrant le colis, je n'ai pu m'empêcher d'admirer l'esthétique de la couverture magnifiquement illustrée par Pedro Oyarbide. Quelle réussite ! On ressent immédiatement combien ces éditions, portées par leur passion de la littérature, attachent de l'importance aux livres, tant par leurs choix judicieux de textes décalés de grande qualité que par leur soin extrême apporté à l'objet-livre.
L'éditeur a renouvelé sa confiance envers l'artiste espagnol et il faut avouer que j'ai eu un gros coup de coeur pour la couverture finement travaillée, gaufrée et sertie de dorures.

Vous aurez compris, je ne vais pas être particulièrement objective concernant les éditions Monsieur Toussaint Louverture, je n'ai pour l'instant jamais été déçue par leurs livres.

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Michael McDowell tisse ici une fascinante histoire de lutte et de vengeance entre de deux familles de classes sociales diamétralement opposées.

L'histoire se déroule à New York au début des années 1880, dans un quartier malfamé appelé le Triangle noir. Cet endroit abrite des voleurs, des assassins, des prostituées, des avorteurs, des fumeries d'opium, des établissements de jeux d'argent.
Avec ses deux filles et ses petits-enfants, Lena Shanks y dirige, d'une main de fer, un réseau criminel uniquement féminin. Cette lignée de femmes est liée par le crime : corruption, recel d'objets volés, meurtre, avortement, faux et usage de faux. Leurs multiples talents et leur discrétion sont reconnus dans le milieu.

A quelques rues de là, dans le quartier élégant et huppé de Gramercy Park, l'impitoyable juge républicain James Stallworth décide de s'attaquer à la criminalité galopante et à l'immoralité qui ternissent l'image de la ville de New York.
Avec l'aide de plusieurs membres de sa famille et d'un journaliste, il décide de mener une guerre impitoyable contre le clan des Shanks. Mais cette volonté cache des desseins plus obscurs et des ambitions beaucoup plus personnelles .

Dès lors, déterminé à détruire chaque membre de la famille Shanks en qui il voit l'image du mal et du vice, le juge va s'engager dans un bras de fer acharné contre Lena Shanks. Tous les coups sont permis, et pour tout dire, par moments, il est difficile de voir dans ce jeu du chat et de la souris qui est le chat et qui est la souris.

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J'ai lu que Michael McDowell était considéré aux Etats-Unis comme l'un des meilleurs écrivains d'horreur, proche de Stephen King.

Dans cette fresque romanesque, l'auteur se situe dans un monde à la frontière du réel et du fantastique.
L'histoire est foncièrement ancrée dans le New York du XIXème siècle. J'ai eu l'impression d'être dans l'univers sombre et triste de Charles Dickens, un monde fait de grisaille et de laideur qui se heurte au clinquant et au m'as-tu-vu des beaux quartiers. Michael McDowell brosse un tableau vivant de la vie à cette époque, ses mots soulignent d'un trait féroce et précis l'opulence des uns, la misère des autres.

Mais en même temps, j'ai ressenti une forme d'irréalité, entretenue par le mystère qui entoure la famille Shanks et en particulier de sa doyenne, Lena.

Il y a également une forme d'horreur, mais ce n'est pas celle tapageuse et sanglante des romans d'épouvante. L'auteur installe ici une ambiance menaçante et angoissante qui se diffuse par le biais des descriptions de ces quartiers sinistres et lugubres, mais aussi par ses personnages et les travers de leur âme.

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Michael McDowell prend son temps pour mettre en place les décors de la ville, la personnalité de chaque personnage et les enjeux autour de ces deux familles qui s'affrontent dans un duel à mort.

Et le pari de décrire avec minutie la dureté des conditions de vie dans les bas-fonds de la ville, les taudis insalubres et crasseux, l'air empoisonné d'odeurs putrides et de fumées de cheminées, la dangerosité des rues font que le lecteur plonge avec ravissement dans cette atmosphère malsaine et sinistre à l'ambiance gothique.

Dans ce climat délétère et pesant, l'auteur a su brosser des personnages sans complaisance et à alimenter une ambiguïté entre gentils et méchants. Les personnages sont nombreux, mais je n'ai eu aucun mal à les reconnaître grâce à leur caractérisation.
Sa plume singulière, puissante et grave, fouille la malveillance, la cruauté ou la beauté des sentiments ; elle dessine de manière réaliste et terriblement crédible, une galerie de portraits qui compose à leur manière un paysage symétrique de ces deux familles.

Les personnages féminins sont particulièrement marquants et se révèlent au final inoubliables.

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Autour de cet affrontement, l'auteur décrit avec force les inégalités de classe et la condition féminine.
Il aborde aussi la politique, l'injustice, l'arbitraire de système judiciaire, l'influence et la manipulation de la presse.

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Pour conclure, « Les Aiguilles d'or » nous entraîne dans un récit de lutte, lutte des classes, lutte de pouvoir. Dans ce face à face addictif, l'auteur explore avec habileté la complexité de la nature humaine tout en restituant l'époque, la ville et l'ambiance des quartiers par des descriptions détaillées.
On tourne les pages sans s'en rendre compte tant le scénario, prenant, tient la route et l'écriture est belle, fluide, agréable à lire.
Un superbe thriller historique, un remarquable roman noir, une intrigue imprévisible et une fin saisissante qui laisse un arrière-goût étrange, teinté de douceur et d'amertume.

A découvrir bien sûr, le livre sort en librairie le 06 octobre prochain.
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New York an de grâce 1882. L'histoire s'ouvre sur des instants de vie, comme des photos prises sur le vif. On passe de l'une à l'autre sans transition dans un esprit très cinématographique.

Une nouvelle année s'annonce pour les familles Shanks et Stallworth.

Les Shanks un clan plus qu'une famille. Une matriarche : Lena la noire, un parrain au féminin. Dans les bas fonds de New York elle est connue, craint mais surtout respectée. Rusée et discrète elle est prête à tout pour protéger sa famille. Celle du sang, et celle du coeur. Intelligente et taiseuse cette femme a bâtie un empire basé sur la criminalité : avortement, travail de faussaire, blanchiment d'argent, recel, son clan a plus d'une corde à son arc. Ses filles sont des criminelles de haut vol pas de celles qu'on arrête, de celles qui sont des ombres, des fantômes des rumeurs. de celles que tout le monde connaît mais que personne n'oserait dénoncer. Et la relève est assurée, les petits enfants en formation ont déjà la malice de leur grand-mère et le talent des Shanks qui coule dans leurs veines.

Les Stallworth, le fleuron de la bourgeoisie. Des citoyens modèles bien sous tous rapports qui s'arrangent avec la morale et l'éthique en tout légalité. Un patriarche : le juge Stallworth, connu pour ses jugements sévères, il est incorruptible et implacable. Il en veut toujours plus. C'est un vampire avide de pouvoir. Éliminer la vermine et rendre New York aux honnêtes citoyens, tel est son but. Les pauvres sont coupables d'être pauvres et donc forcément de la mauvaise graine à exterminer. La charité selon Stallworth : la pendaison ou la prison.
Un gendre avocat, une fille maîtresse de maison irréprochable, et des petits enfants qui ont tout de jolies poupées que l'on place sur une étagère pour les faire admirer. Sans oublier le fils pasteur et les enfants de ce dernier. Une fausse note au tableau ces deux là : un vilain petit canard et une gamine un peu trop honnête avec elle même. Une rebelle qui s'ignore.


Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Mais quand la soif de pouvoir pousse le juge Stallworth à occuper le triangle noir, territoire des crèves la faim, des criminels de bas étages, des prostituées au rabais, mais surtout de Lena la noire, l'ordre des choses s'effondre et aucun retour en arrière n'est désormais possible. On se dirige alors vers une fin implacable, aussi imprévisible qu'inéluctable. Son ombre plane sur chaque page.

Mais avant vous pourrez arpenter les bas quartiers, vous rouler dans la fange, visiter les fumeries d'opium, pénétrer dans les bouges infâmes où un tord boyaux infecte vous sera servi, et où vous pourrez parier sur des combats de catcheuses, pénétrer dans des maisons closes où les soeurs variole, syphilis et béri-béri guettent les visiteurs innocents, vous divertir en jouant dans la plus grande illégalité, regarder crever ces pauvres âmes dévorées par la misère et le désespoir. Puis vous retournerez dans ces maisons bourgeoises où le petit personnel répondra au moindre de vos désirs, où chaque chose est à sa place cadrée par l'étiquette la bienséance et le quand dira-t-on. Ces maisons où la maîtresse des lieux vous accueille avec un sourire resplendissant aux dents acérés avec des enfants parfaitement bien dressés à l'art de recevoir et de ne pas se comporter comme des enfants. Nous ne sommes pas chez les pauvres ! Dans cet univers entre Dickens et Zola essayez tout de même de ne pas vous perdre. Cela pourrait se révéler dangereux.

Mais passer d'un monde à l'autre ne vous dispensera pas de choisir votre camp. La haute société ou les grandes criminelles ? Réfléchissez bien, mais ne vous trompez pas, cet affrontement sera sans pitié même envers vous pauvre lecteur.

J'ai d'ailleurs eu trop peur pour y aller seule, j'ai embarqué mon propre clan avec moi :Berni, Nico, Xavier, La chouette-So, Patounet, Hélène, djdri25 et Altervorace mais avant Sandrine était partie en éclaireuse. On n'est jamais trop prudente.

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Époustouflant. Suite à la prochaine sortie de cet auteur décédé, qui a laissé derrière lui des oeuvres stupéfiantes, l'excursion dans ce New York crasseux et pestilentiel était de mise.

An de grâce 1882, la corruption et le vice abondent dans les rues du Triangle Noir. Les éminents Stallwort, avec à la tête le juge républicain James Stallwort vont décider d'y remédier pour faire remonter leurs cotes de popularité, jugeant le parti démocrate défectueux et indigne du pays. Ils vont s'appuyer sur un meurtre commis dans ces quartiers pauvres pour étendre leur puissance, enflammant le courroux et l'indignation de la foule face au banditisme croissant de ces ruelles.

C'est sans compter sur les Shanks, famille de miséreux, vivant de leurs propres larcins et nombreuses combines malveillantes. La vieille matriarche, Lena Shanks, dirige ces troupes d'une main de fer. Veuve, depuis la pendaison de son mari suite au jugement de James Stallwort, Lena n'a jamais oublié cet homme aux yeux d'un bleu glacial. Une vengeance est en cours et elle va être impitoyable pour les deux familles.

L'auteur incarne à la perfection ces personnages dans des descriptions détaillées et méticuleuses. Chaque protagoniste à une caractéristique propre, impossible de s'y perdre. le suspense monte crescendo, avec de courts chapitres concis. Je ne serais pas surprise d'apprendre une prochaine adaptation cinématographique de cette oeuvre, tant ce roman est d'une richesse absolue.
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Bienvenue en cette nouvelle année 1882 !
Que l'on soit pauvre ou aisé, cela n'a pas d'importance car l'heure est à la fête ! Pourtant, alors que tous les New-yorkais aspirent à vivre une année meilleure que la précédente, le clan Stallworth, une riche famille républicaine ayant à sa tête un juge intransigeant voit l'avenir d'un autre oeil. Pour décrédibiliser le Parti démocrate et par la même occasion asseoir leurs ambitions personnelles, l'homme de loi et son beau-fils décident de partir en croisade contre le quartier le plus mal famé du coin ; le triangle noir.

Comme vous pouvez vous en douter, tout ne se passera pas comme prévu pour les membres Stallworth. En effet, ils étaient loin de se douter qu'ils trouveraient sur leur chemin les femmes Shanks, personnalités emblématiques du quartier qui ne l'entendent pas de cette oreille-là.

Michael McDowell nous "tricote" ici un très beau roman social. de ses aiguilles pointues en guise de plume, l'auteur arrive à nous confectionner un ouvrage régulier très agréable à découvrir.
J'ai aimé que la pelote de la famille Stallworth s'emmêle à plusieurs reprises après le travail minutieux réalisé par le clan Shanks, personnages auxquels je me suis beaucoup attachée et qui finalement arrivent à donner l'impression que commettre des délits est tout ce qu'il y a de plus normal !

J'ai également adoré l'ambiance très noire et réaliste se dégageant de l'histoire où les rebondissements et les mauvais coups sont de la partie.

En refermant cet ouvrage, je comprends l'engouement par les lecteurs de la série Black Water (que je n'ai pas encore découvert) car Michael McDowell nous emporte complètement dans une époque avec une grande facilité alors même que celui-ci est un auteur contemporain.

Je tiens à remercier les Éditions Monsieur Toussaint Louverture et Babelio pour m'avoir permis de découvrir grâce à une masse critique privilégiée ce petit bijou de la littérature à l'écrin aussi beau que son contenu que je ne peux que vivement conseiller de découvrir...
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An de grâce 1882, les cloches de New York annoncent la nouvelle année. La famille du juge Stallworth décide de lutter contre la dégénérescence morale de cette ville : salles de jeux clandestines, prostitutions, bars. Mais leurs motivations ne sont pas entièrement altruistes. Les Shanks sont embourbés dans le vice, une lignée de femmes meurtrières, prostituées, receleuses, faussaires et avorteuses. Mais les Shanks ont un contentieux avec les Stallworth, le juge Stallworth a fait condamner et pendre le mari de Lena Shanks. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Je n'ai pas lu « Blackwater » la saga qui a fait la renommée de Mickaël McDowell et j'avais un certain apriori avant de lire ce roman. Mais cette lecture a été une belle surprise. La couverture très originale et le format donnent l'impression d'entrer dans un vieux grimoire. L'écriture de Mickaël McDowell est très vivante, il nous offre une plongée dans le New York de la fin du XIXe siècle, aussi bien dans les bas-fonds de la ville qu'à l'intérieur d'une famille bourgeoise. Et puis soudain, le récit se transforme en un thriller glaçant, où vont s'affronter deux familles que tout oppose, une qui jouit d'une réputation à défendre et l'autre qui est une vraie cour des miracles. Par ses descriptions précises, l'auteur sait recréer les atmosphères que ce soit un salon bourgeois, une fumerie d'opium ou un bar miteux où les marins viennent se saouler. Deux personnages ont plus particulièrement attiré mon attention : Benjamin le vilain petit canard de la famille Stallworth et sa soeur Helen, une jeune femme sensible à la misère qui l'entoure. Ce roman a été un plaisir total du début jusqu'à la fin, une vraie évasion.

Je remercie infiniment les éditions Monsieur Toussaint Louverture et Babelio pour ce beau cadeau en avant-première.
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J'ai découvert cet auteur grâce à la saga Blackwater que j'ai dévorée. Un énorme coup de coeur que je vous recommande vivement si vous ne l'avez pas déjà lue. J'attendais impatiemment de retrouver des écrits de cet auteur qui hélas est décédé et j'ai eu la grande joie de voir les Aiguilles d'Or dans la liste des livres à paraître. Inutile de vous dire que je me suis précipitée pour l'acheter j'étais trop impatiente de lire à nouveau un roman de cet auteur et je n'ai pas du tout été déçue. Les Aiguilles d'or a été un coup de coeur pour moi. Dans ce roman l'auteur n'intègre pas de surnaturel comme dans la saga Blackwater c'est un roman noir où des les premières pages on est happés par cette histoire. Cet auteur était vraiment doué pour créer des personnages et des événements où des le départ on pressent que tout va mal se terminer. On ne peut plus quitter ce roman jusqu'à la dernière ligne. J'attends maintenant de lire la prochaine traduction en français de cet auteur.
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