Presque 30 ans après avoir assisté à
La Dernière Séance (Le Kid du Texas, certains ont crié au navet), les protagonistes du livre éponyme sont de retour sous la plume déjantée de
Larry McMurtry.
Toujours installés à Thalia, chacun a suivi son petit bonhomme de chemin avec plus ou moins de bonheur. Sonny Crawford, membre du conseil d'administration, propriétaire de l'épicerie 24/24, d'un petit hôtel et de quelques appartements, est le célibataire le plus endurci de la bourgade.
De serviable et un peu falot dans sa jeunesse, il est devenu carrément sinistre avec fuite grandissante du ciboulot en option, bref Sonny peut se mettre à péter les plombs sans préavis et de plus en plus fréquemment.
Duane Moore de son côté a profité du boom pétrolier pour se lancer dans l'exploitation de l'or noir et s'enrichir un maximum mais au moment où se situe l'action de
Texasville, le vent a tourné et tout ce qui lui reste de ses gisements à sec, c'est 12 millions de dollars de dettes. de quoi occuper ses pensées et entretenir son stress sans avoir besoin de voir débarquer Jacy Farrow, la petite amie de ses 17 ans, revenue vivre à Thalia après une minable carrière de comédienne en Italie.
Pour le reste, beaucoup de nouveaux personnages en commençant par Karla, la femme de Duane, vraie tigresse mais fausse méchante et dont les T-shirts à messages sont sa meilleure façon de communiquer. Pour moi le personnage le plus captivant de ce livre. Je l'ai adorée !
Ajouté à ça, une tripotée de gamins tordus et de petits-enfants tous plus allumés les uns que les autres, un banquier véreux et suicidaire, une bonne à tout faire hypocondriaque et passionnée de sumo, sans compter les collègues de boulot de Duane qui n'ont pas inventé le fil à couper l'eau chaude. Secouez le tout et placez ce beau monde à la veille du Centenaire de leur patelin qui risque de faire encore empirer le niveau de folie de cette dream team.
Même si beaucoup de ses personnages sont restés derrière la porte le jour de la distribution de l'intelligence, il est évident que
Larry McMurtry a de la tendresse pour eux et on le comprend, mieux même, on partage son sentiment pour ces doux-dingues et le joyeux merdier dans lequel ils se débattent, coincés entre vieux restes de puritanisme et recherche de la jouissance à tout prix. Tout le monde couche avec tout le monde et les potins se propagent plus vite que la lumière. Malgré cela, si la loufoquerie est largement de mise dans
Texasville, elle sert aussi à dénoncer les travers de cette Amérique sûre de s'écrouler si on la prive de ses deux mamelles nourricières que sont les valeurs familiales et la société de consommation.
Seul petit regret : la perte de vitesse ressentie vers la moitié du livre et sa recherche d'un deuxième souffle qu'il ne trouve jamais vraiment. 550 pages, c'était peut-être un peu trop pour maintenir le rythme punchy du départ. Malgré tout, pas question de bouder son plaisir devant ce délire totalement assumé.