D'abord dans les zones rurales, puis dans les zones urbaines, l'histoire retrace l'un des plus connus des genres de la musique cubaine : la rumba. La rumba reproduit le modèle des célébrations rituelles africaines, mais dépourvu de sa sémantique religieuse : le chant improvisé est beaucoup plus libre, les sujets de réflexion sont ancrés dans la réalité quotidienne, et l'on trouve parfois, joints à la percussion traditionnelle, des ustensiles domestiques en bois ou des chaises recouvertes de peau tendue. Le sceau de la rumba est sa spontanéité, sa capacité à produire de la musique à partir de la source sonore à la main, le tout en fonction d'une célébration dans le présent et pour le présent, événement qui ne prétend rester mais s'accomplir dans l'acte même.
L'identité d'une société métisse n'est jamais acquise pour toujours ; la construire est un effort continuel de l'agir humain où toutes les parcelles de la culture participent. Dans le cas de Cuba, la musique a, dans ce processus perpétuel de construction identitaire, une place primordiale qui déborde vers les pratiques littéraires.