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3,88

sur 2596 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

une histoire passionnante, un véritable raz de marée, peut être le plus beau livre que j'aie lu, un chef d'oeuvre absolu
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Un roman comme "Moby Dick" s'aborde avec quelque appréhension. On s'imagine au pied d'un Everest, motivé par la conquête, mais tracassé par un possible échec, par la perspective de passer à côté d'une expérience unique et inoubliable...

Et c'est bien l'impression d'avoir gravi une montagne qu'il me reste, a posteriori, ayant tourné la dernière page de cet imposant ouvrage voilà une quinzaine de jours.
Il y a des passages difficiles, quelques moments de découragement, mais ils sont bien vite oubliés, en regard de ce qui, au final, est obtenu : le plaisir que vous procure la beauté du texte, et le sentiment d'évasion que vous apporte sa dimension épique.

Cette notion de "dimension" est d'ailleurs primordiale : à l'image de son sujet -le plus grand mammifère qu'à notre connaissance, la terre (ou plutôt la mer !) ait porté-, "Moby Dick" est surdimensionné. Tout y est gigantesque : l'environnement naturel et ses fureurs, les émotions de son héros et la folie de son comportement, la prégnance de son atmosphère parfois quasi apocalyptique.

Au centre de cette démesure, le narrateur, Ishmaël, en observateur curieux et avisé, certes impliqué mais gardant toujours la maîtrise de sa relation, guide le lecteur en même temps qu'il l'imprègne du caractère extraordinaire de cette double épopée qu'est la chasse à la baleine et la chasse à Moby Dick.

C'est depuis l'île de Nantucket (située à une quarantaine de kilomètres au large du Cap Cod) qu'Ishmaël embarque sur un baleinier, se mêlant à un équipage composé de "renégats, de naufragés et de cannibales". Il réalise rapidement qu'Achab, le capitaine du navire, homme taciturne au comportement étrange, mène cette campagne dans un seul but : celui de retrouver Moby Dick, la baleine blanche à laquelle il doit d'avoir perdu une jambe.
Cette quête est une véritable obsession, Achab semble avoir concentré sur la cachalot toute la haine dont il est capable. Cette haine en devient presque une entité indépendante, palpable, elle habite le capitaine avec une telle force qu'elle lui permet d'embarquer dans sa folie tous les membres de son équipage.

Le récit de cette poursuite tourmentée est entrecoupé de digressions au cours desquelles Ishmaël instruit le lecteur sur la baleine et sur sa chasse. Il nous abreuve ainsi d'explications très techniques sur le dépeçage ou les techniques pour fondre et entreposer l'huile du cétacé, d'observations scientifiques sur le pedigree et les habitudes du léviathan. Mais il se fait aussi le recenseur des mythes qui entourent l'animal, dont la taille hors norme a, depuis des temps immémoriaux, nourri les fantasmes les plus extravagants, en même temps qu'elle suscitait à la fois terreur et respect. Références bibliques et littéraires, évocation de légendes plus ou moins anciennes, participent ainsi à parer le cachalot d'un caractère sacré et mystérieux.

Ce sont ces digressions qui, en dotant le roman de nombreuses longueurs, sont la cause des moments de découragement évoqués plus haut... Mais il serait injuste de ne retenir que cela de la lecture de Moby Dick, tout comme il serait vraiment dommage de se priver de ses nombreuses qualités pour ne pas avoir voulu subir quelques passages un peu laborieux.

Car "Moby Dick", c'est avant tout une histoire d'aventure dense et palpitante, dans un contexte grandiose de fureur démente, de périls et de beauté marine, qui bénéficie d'une écriture magnifique, tantôt lyrique, tantôt gouailleuse, en tous cas fortement évocatrice...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Prodige de livre ! Roman philosophique autant que traité scientifique (des chapitres entiers s'occupent de décrire les cachalots et les baleines en long, en large et en travers), Moby Dick est difficilement "lisible" et accessible à l'ère du "page-turner" : il exige beaucoup de patience, des efforts de compréhension, demande qu'on s'arrête de temps en temps, qu'on relève la tête pour goûter tout le sens d'un passage, il nous ennuie même un peu parfois... Mais quel prodige d'écrire cela ! ce combat désespéré d'un homme, Achab, contre le Mal, combat perdu d'avance s'il en est. C'est cela que personnifie pour lui le cachalot Moby Dick, le Mal, le vice et la bêtise dans le monde, lesquels cessent d'être de simples abstractions pour devenir "affrontables" en face !

Dans la préface de l'édition traduite par Jean Giono, celui-ci rapporte une conversation entre Herman Melville, l'auteur, et un ami, Hawthorne :
«  — N'aurions-nous à combattre, dit-il en souriant, que l'opposition des dieux, par exemple, qu'en pensez-vous, Hawthorne ? N'est-ce pas : imaginez quelqu'un qui, finalement, prendrait l'épée ou le harpon pour commencer un combat contre dieu même !
— Il faudrait ne pas croire.
— En qui ?
— En dieu.
— Au contraire, car alors, où serait le mérite ?
— Ou la folie.
— Ou la folie si vous voulez. Non, je pense au contraire à quelqu'un qui verrait dieu aussi clairement comme on dit que le nez au milieu de la figure, aussi clairement que la baleine blanche au-dessus des eaux et qui, justement, le voyant en toute sa gloire, le connaissant en tous ses mystères, sachant jusqu'où peuvent aller les délires de sa force, mais n'oubliant pas - jamais - les blessures dont ce dieu le déchire, se précipiterait quand même sur lui et lancerait le harpon.
— Je crois que vous écrivez un beau livre, dit Hawthorne, après un silence… »
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Lors d'un exercice de traduction, j'ai entendu dire d'Herman Melville que certains de ces romans étaient tellement complexes que même les anglophones ne les comprenaient pas. Ce n'est heureusement pas le cas de Moby Dick, que j'ai pu lire dans le texte sans difficulté majeure de compréhension. Je n'irai toutefois pas jusqu'à dire que c'est une oeuvre facile d'accès : tortueux, mélancolique, méditatif, c'est le genre de roman qu'il faut relire plusieurs fois pour en saisir pleinement la portée.

De Moby Dick, je retiens le début, hautement comique, quand Ismaël se retrouve contraint de partager son lit avec le colossal Queequeg. Je garde également le souvenir de passages très philosophiques : la poursuite de la Moby Dick est une quête aussi longue qu'intellectuelle. Des éléments réalistes sur le quotidien des pêcheurs de baleines côtoient d'intenses réflexions sur le Bien et le Mal, qui trouvent différentes incarnations dans les personnages composant l'équipage du Pequod. Achab et Ismaël sont des prénoms bibliques ; Moby Dick elle-même fait figure de Léviathan et rappelle la baleine qui a englouti Jonas.

Je ne peux malheureusement pas analyser ce roman comme je l'aurais voulu. Je l'ai lu il y a maintenant plusieurs années : à une écriture assez ardue s'ajoute une distance temporelle qui a quelque peu flouté mon impression de lecture. Une chose reste certaine : je recommande vivement ce chef d'oeuvre. C'est un voyage immersif, à la fois physique et mental : Ismaël se plonge dans d'intenses réflexions sur l'être humain et la société, pendant que le cruel Achab poursuit cette être mystérieux, tantôt ange tantôt démon, qu'est la baleine blanche.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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EXCEPTIONNEL
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Lu cet été : une découverte ! Certes le pavé de 700 pages peut rebuter mais l'histoire se veut aussi une véritab encyclopédie sur les baleines, un régal ! Et on attend Moby Dick avec impatience qui va se matérialiser tout à la fin du roman dans le face à face final... un classique à (re) découvrir !!
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Une épopée maritime culte: grandiose, sublime, encyclopédique, qui paraîtra sans doute un peu ardue à certains lecteurs. Il faut du courage pour lire ces quelques 700 pages, mais ça en vaut la peine.
On disait dans l'Antiquité que les épopées d'Homère contenaient tout ce qu'il y avait à savoir pour une éducation complète: aussi bien des considérations techniques sur l'agriculture, la navigation, l'équitation, qu'un enseignement littéraire, moral, philosophique. de même, Moby Dick est une oeuvre totale qui peut prétendre à l'exhaustivité, une oeuvre inépuisable qu'on peut lire, relire, entièrement ou partiellement, et qu'on redécouvre à chaque fois.
C'est aussi bien un récit d'aventures captivant, et un exposé quasi scientifique sur la baleine, animal fascinant, et l'art de la chasser (ce qui peut par moments paraître un peu fastidieux, il faut le reconnaître), qu'une source intarissable de réflexions sur la mort, le sauvage et le civilisé, le savoir, la richesse, le destin, la vertu, l'honneur, le courage, la sagesse et la folie, et j'en passe.
Le ton et la forme subissent d'infinies variations: on passe de l'ironie à l'héroïque, du lyrique au didactique, et de la narration à l'exposé ou à la forme théâtrale avec didascalies, monologues, tirades.
Ce que je retiens: la scène hilarante de la rencontre entre le narrateur et Queequeg, personnage extraordinaire et incroyablement attachant et le personnage d'Achab et sa quête folle de Moby Dick qui marquent le lecteur à jamais.
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Comme dans tout mythe, il y a ici une facette entière de l'humanité décrite. Pourtant, l'auteur n'oublie pour autant son rôle de conteur au coin avec un réel engouement de l'aventure et les mystères des terres inexplorées. Moby Dick est un désormais classique. A la fois parabole et roman d'aventure rarement égalé.
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Certains romans souffrent cruellement d'avoir été abrégés et réduits à une 'aventure' à lire aux enfants; Moby Dick comme Robinson Crusoë en sont de bons exemples.
Réduire Moby Dick à l'histoire d'un capitaine en colère qui veut se venger du cachalot qui l'a rendu infirme, pousse certains adultes à considérer le roman comme une chasse au cachalot pour enfants de neuf ans.
Ceux qui se lancent dans la version intégrale découvrent un Armaguédon, un traité de la chasse au cachalot, une description des risques du métier de baleinier et encore d'autres sujets de réflexion profonde sur l'âme humaine.
Ils sentent le souffle de la tempête ou de la colère divine, ils s'interrogent sur le nom biblique des personnages et gardent présent à l'esprit que Melville avant d'écrire ce roman avait lu au musée de Nantucket le vrai récit du naufrage d'un chasseur de baleines et sa terrible fin.
La lecture est immersive et l'on vit sur le pont du Pequod avec tout l'équipage ou dans l'entrepont avec l'équipage fantôme.
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Le chef d'oeuvre ultime. A lire et à relire, chaque phrase est une merveille.
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