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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une nouvelle fois, Daniel Mendelsohn interroge les mythes et ses chères humanités classiques - clés éternellement efficaces pour partir à la recherche de lui-même. ..

Ce troisième volet de la trilogie autobiographique qui comprend Les Disparus et Une Odyssée: un père, un fils, une épopée,   deux livres exceptionnels, est en fait le premier écrit des trois, mais, fort du succès des deux autres, il est réédité avec une préface de l'auteur datant de 2018.

Je l'ai donc découvert a posteriori.

Cette fois,  ce fin helléniste met son livre sous le signe de la dualité, rythmée par le célèbre balancement des particules grecques : le "men" et le "de"  .

En flâneur des deux rives, il explore son goût des garçons et sa vie de "cruiser" dans le très gay et très branché quartier de  Chelsea, voilà  pour le "men" - c'est bien tombé-    et ses week ends  de père de famille, en lointaine banlieue,  aux côtés d'une amie qu'il ne désire pas et d'un enfant qu'il élève avec elle sans en être le père. Et voilà pour le "de".
 
La dualité est inscrite dans son homosexualité même, incarnée à ses yeux par le mythe de Narcisse, amoureux de son image -"men" et condamné à ne la saisir jamais -"de" .  Catulle et Sapho sont convoqués pour interroger les ravages délicieux du désir amoureux, pays de l'oxymore s'il en est - j'ai mal, "men"  comme c'est bon, "de" , !- .

 Euripide et Sophocle  éclairent , avec Ion, Oedipe-Roi ou Antigone, les embûches et faux-semblants de cette quête inlassable d'une vérité qui s'échappe et se travestit dans les souvenirs tronqués, les légendes familiales ..et jusque dans les inscriptions funéraires!

Dualité, oxymore, paradoxe...Mendelsohn se livre à une analyse intelligente et toujours convaincante des textes fondateurs, Bible comprise, et fait vivre avec bonheur les figures tutélaires de son panthéon personnel-"men", à côté du carroussel virevoltant de ses amants de passage -"de". 

La tragédie grecque et la shoah portent leurs grandes ombres -"men"- sur les lumières de la fête gay -"de" . Elle- même -"men"- dévorée par le sida qui va les éteindre une à une -"de".

J'ai lu avec delice -"men"- non sans trouver parfois qu'on se perdait un peu- "de" -  dans le labyrinthe de souvenirs personnels et de rapprochements érudits, plus maîtrisés dans les deux derniers tomes de cette trilogie que dans cette Étreinte fugitive, joli bout d'essai-"men" , que les autres livres ont transformé  -"de".
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Un jeune homme se bat quotidiennement pour concilier ce que la norme sociale voudrait inconciliable.

Daniel Mendelsohn a deux foyers: une maison dans une rue tranquille bordée d'arbres, un endroit paisible où il vit avec une mère et son fils et un petit appartement en plein Manhattan, au nord de Greenwich Village (Village People) à la frontière du quartier gay.

Oui, Daniel est irrémédiablement gay, mais alors pourquoi en est-il arrivé là ? Pourquoi n'a-t-il pu choisir entre la pression constante du désir sexuel et l'envie d'une relation stable avec enfant ?

Et d'ailleurs, se demande-t-il, pourquoi devrait-il choisir et renoncer à l'un ou à l'autre ? « On ne choisit pas sa sexualité, on la subit » disait Michel Foucault, alors Daniel se penche sur son passé, s'introspecte, s'analyse et scrute son arbre familiale.

C'est aussi dans la poésie d'Ovide qu'il trouve un Echo à sa vie qu'il juge parfois narcissique, (Echo/Narcisse/Ovide les spécialistes auront compris l'allusion).

Bon sang !!! Avec un paragraphe pareil je m'aperçois que je risque d'effrayer pas mal de lecteur et se serait dommage.

Car certes, Mendelsohn est un intellectuel, un vrai, un Helléniste reconnu. Mais un universitaire qui vit pleinement. Avec cette autofiction nous sommes au coeur d'une famille juive de New-York, un enfant de la petite bourgeoisie qui grandit tranquillement. Seulement voilà, l'adulte qu'il est se questionne sans cesse, quel enfant étais-je vraiment ?


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Quel était ce désir interdit ? Qui suis-je aujourd'hui, moi qui suis capable de parler pendant des heures d'Homère, Sophocle ou Euripide mais aussi de me perdre dans des étreintes fugitives qui jamais ne me comblent.

Immersion dans le Moi. Qui dit : « Je » en nous ? Mendelsohn se raconte intimement, analyse ce qui l'a construit et ce qui le construit encore. Homme lucide et sincère en se questionnant il donne au lecteur des clés pour sa propre analyse et c'est passionnant.

Ecrit en 1999, réédité avec une préface d'Avril 2018, « L'étreinte fugitive » précède de huit ans « Les Disparus » une monumentale enquête qu'il consacra à une partie de sa famille qui fut décimée dans l'Est de la Pologne en 1941. « Les disparus » un chef d'oeuvre qu'il faut lire absolument, comme cette étreinte fugitive, en fait.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Très curieuxlivre quecelui-ci, surtout quand on a lu, du même auteur, "Les disparus" (2007) de fameuse mémoire. Comment aurais-je pris ce livre si je n'avais lu d'abord "Les disparus" ?
D'une grande culture et d'une franchise qui ne l'est pas moins, ce livre est à la fois dérageant et fascinant . Rares sont les auteurs qui grattent aussi intensément, pour ne pas dire férocement, les différentes strates de leur moi.
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De quoi sommes-nous fait ?
Telle est la question à laquelle Daniel Mendelsohn semble vouloir répondre dans "L'étreinte fugitive".
Premier volet du triptyque qui se poursuit avec "Les disparus", ce roman a curieusement été publié en France postérieurement à ce dernier, bien qu'écrit dix ans auparavant...

D'aucuns ont prétendu, et d'autres prétendront sans doute encore, que "L'étreinte fugitive" est un roman sur l'homosexualité. Certes, l'auteur y dépeint ses premiers émois face à la beauté de jeunes garçons qu'il croise dans les couloirs de son lycée, ses aventures fugaces avec les hommes rencontrés par internet... mais son orientation sexuelle y est à mon sens accessoire.

L'intérêt de ce récit réside surtout dans la manière dont Daniel Mendelsohn convoque, pêle-mêle, des souvenirs, qui n'ont a priori guère de liens les uns avec les autres, et comment, peu à peu, se dessine une mosaïque finalement homogène, avec comme fil conducteur la construction de son identité.

A aucun moment l'auteur ne fait preuve d'auto complaisance. Il s'exprime sans complexe non plus, à la manière d'un archéologue qui, en creusant minutieusement dans sa mémoire, en extirpe des vestiges qu'il juge significatifs, importants dans la démarche qu'il entreprend pour tenter de comprendre comment il est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui. Les épisodes mettant en scène son panthéon familial sont tantôt relatées sur le ton de l'anecdote, et tantôt parés d'une dimension quasi légendaire, la véracité de certains événements, enrichis des interprétations ou des remaniements volontaires de qui les raconte, et les transmet ainsi aux générations suivantes, se révélant parfois toute relative.

En mettant régulièrement en parallèle ses expériences avec l'évocation de certains mythes grecs (Daniel Mendelsohn est un helléniste passionné), il s'interroge non seulement sur la genèse de son identité (sexuelle, culturelle...) mais aussi d'une manière plus générale sur des problématiques dans lesquelles tout lecteur se retrouvera : la façon dont notre histoire conditionne les mécanismes de nos désirs, ou encore la difficulté à concilier toutes les contradictions que nous portons en nous, mais grâce auxquelles tout individu est un être riche et complexe.
Entre autres...

La finesse de son analyse, et son écriture d'un classicisme soigné, contribuent à faire de "L'étreinte fugitive" un grand moment de lecture.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Daniel Mendelsohn ? jamais entendu parler… Mais le titre et le quatrième de couverture m'ont convaincu de tenter cette lecture, sans a priori. Nul doute: l'auteur est cultivé et intelligent. Et, je crois, un brin narcissique. Il a une vie originale, partagée entre une vie de gay new-yorkais et un point de chute en lointaine banlieue. Dans ce patelin, une femme (avec laquelle il n'a jamais eu de rapports sexuels) élève paisiblement son petit garçon, Nicholas, dont il a accepté d'être le "parrain". D. Mendelsohn parvient à mener cette double vie sans trop de problèmes.

L'auteur insiste d'abord sur son vécu d'homosexuel très actif. C'est peut-être la partie la plus intéressante de ce livre. Il donne des détails sur ses relations et surtout il cherche à saisir le "profil gay", si tant est qu'il puisse être défini. Moi qui suis très éloigné de ce type de vie, je ne suis pas choqué par son homosexualité, mais je suis extrêmement étonné par sa versatilité sexuelle et par la faiblesse de son investissement affectif dans les objets de son désir: pour lui, tout est centré sur la beauté physique des corps et sur la jouissance (fugitive), point barre.

Son témoignage est empreint de franchise. J'ai été surtout intéressé par l'analyse fine du comportement et de la mentalité des homosexuels. Dans cette démarche, il s'appuie fortement sur certains aspects de la culture de la Grèce antique, qu'il connait à la perfection. C'est très intelligent… mais aussi parfois un peu pédant, à mes yeux. J'ajouterai une autre critique, sur la forme: le péché mignon de Daniel Mendelsohn consiste à alterner des phrases "normalement constituées" avec d'autres phrases, qui s'étirent démesurément en longueur (sans nécessité !): ça rend la lecture un peu pénible.
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Cette autobiographie permet de mieux connaitre Daniel Mendelsohn, l'auteur d'un superbe récit : « les Disparus » que j'ai tant apprécié. Il raconte son parcours avec une grande franchise, comme il l'avait fait en retraçant l'histoire de sa famille. Il est question de la beauté, de recherche d'identité et de relations humaines au coeur du vécu de l'auteur qui veut donner un sens à sa singularité.
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Daniel Mendelsohn , pour moi comme pour beaucoup, ça a d'abord été le choc de Les disparus. le succès aidant, est parue en français l'étreinte fugitive, premier volet de sa trilogie. La parution récente du troisième opus, Une odyssée : un père, un fils, une épopée, est l'occasion pour moi de m'y replonger. Moins abouti sans doute, plus confus, moins centré, l'étreinte fugitive reste une lecture riche et pleine d'ouvertures.

Daniel Menselsohn aime les "garçons", il vit à Chelsea, quartier gay de New-York et fréquente les lieux de drague, les sites de rencontres, cumule les rencontres d'une nuit ou d'un instant, sans lendemain et sans intimité, pour le plaisir du jeu et de la multiplicité.
Daniel Mendelsohn habite aussi dans le New Jersey, un quartier à la bourgeoisie conformiste, auprès d'une femme célibataire, Rose, qui, une fois enceinte, lui a demandé d'être l'élément masculin auprès de cet enfant, Nicholas. Auprès de lui il apprend l'importance de la permanence, de la sagesse, l'intensité de la filiation.
Daniel Mendelsohn est le descendant de Juifs polonais émigrés aux Etats-Unis entre deux guerres, et dont l'histoire familiale est aussi complexe et pleine de sens que celles de la tragédie grecque.
Daniel Mendelsohn ne renonce à aucune de ces trois images de lui, qui se reflètent et se répondent à l'infini dans un miroir qu'il se tend à lui-même.

Ce qui donne un sens à cet amalgame parfois confus, est une expression du grec ancien, dont Mendelsohn est un érudit passionné : deux particules, men ... et de... qui n'ont de sens l'une sans l'autre, et qu'on pourrait traduire par d'un côté... et de l'autre côté , et qui, nous dit-il, sous-tendent la pensée grecque. Quelque chose qui a à voir avec la dualité, le paradoxe, l'ambiguïté, le compromis. Quelque chose qui apprivoise la complexité : gay et père, sujet et objet, volage et fidèle, Américain et juif, fils et père, confronté à la beauté comme à la perte.

C'est livré dans un livre exigent, sans concession, qui ne s'offre pas le luxe de la simplicité, de la chronologie, parce que ce ne serait pas le reflet de la vie, de ses surprises, de ses traquenards. Mendelsohn suit ses pensées, saute d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre pour tracer un trajet plein de contre-temps, de digressions et de détours. L'ensemble est disparate, parfois sans queue ni tête, et l'unité en vient par une réflexion implicite sur les liens entre vie vécue, littérature, mythes, histoires, mensonges qui sont la source de son identité.

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J'ai terminé la trilogie de Daniel Mendelsohn, dans le désordre. J'ai apprécié retrouver les membres de sa famille, leur histoire, et sa façon personnelle de se servir des mythes qui le passionnent pour expliquer sa vie et celle de ses ancêtres. Mais j'ai préféré Une odyssée, qui est difficile à surpasser.
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Comment l'histoire personnelle peut influence l'architecture de la personnalité. très intéressant.
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Biographie ou autofiction ? Dans l'étreinte fugitiveDaniel Mendelsohn, auteur américain remarqué depuis la parution de Les Disparus, revient sur son enfance dans une famille juive, son identité gay, sa jeunesse incandescente et hantée jusqu'au jour où tout est bouleversé lorsqu'une amie lui propose d'incarner le père auprès d'un enfant qu'elle porte, et alors sa vie va se partager entre les “garçons” de Chelsea qu'il aime tant et sa vie familiale en banlieue.

Et de tout cela c'est biensûr une réflexion sur l'identité qui ressort, à la fois puissante et tout en finesse et où de poèmes en latin et de tragédies grecques on passe aux chats sur internet et les backrooms. Si la trame est autobiographique tout ne l'est pas forcément, et qu'importe, le plaisir de lecture y est pour sûr !
Lien : http://www.bibliotheca.be/ar..
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