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sur 306 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Onofre Bouvila a décidé de dévorer Barcelone et peut-être le monde s'il en a l'occasion. Ce jeune paysan de 13 ans quittant sa campagne sans regrets pour devenir « un autre », n'a déjà aucun doute et peu d'état d'âme. Sa pauvreté, il la crache dans le ruisseau de cette ruelle qui le conduit à son destin. Onofre Bouvila connaît son intelligence, il n'attend que le bon moment pour lui faire déployer ses ailes.
Barcelone s'achemine vers le vingtième siècle, Edouardo Mendoza nous la peint en pleine mutation, à la fois remplie de pourriture et de joyaux. Ce qui entoure Onofre Bouvila à son arrivée ressemble à une ville moyenâgeuse, rongée par la misère, la récession ; le couvercle d'une marmite qui va déborder. A la recherche d'un travail Onofre va atterrir dans une pension de famille misérable, peuplées de personnages fantasques, grotesques et eux aussi misérables. Une patronne obèse qui ne parle jamais, un patron qui – Onofre le découvrira plus tard - se travestit la nuit pour aller faire la fille de joie dans les quartiers malfamés de Barcelone, leur fille, Delfina, une sorte de vierge anarchiste qui est la seule à tenir l'établissement. Un curé qui n'inspire pas la sainteté, une cartomancienne obsessionnelle, un commerçant filou et d'autres sont les clients de cet endroit qui ressemble à un bouge, où la saleté et la malhonnête font loi. Onofre Bouvila s'en fiche, il sait qu'il ne restera pas là ; Mais il doit commencer à travailler. Par l'intermédiaire de Delfina, il se retrouve à distribuer des tracts anarchistes ; Ce travail l'entraîne sur les chantiers de l'Exposition universelle de 1888. L'ère industrielle en plein essor, les conditions de travail d'un prolétariat ouvrier et paysan réveille les consciences politiques de certains. Onofre Bouvila qui se révèle avoir une prodigieuse mémoire, a bien appris sa leçon : son « mentor » et accessoirement son fournisseur de tracts l'a formé, lui a appris l'essence de la cause anarchiste ; Onofre n'y est pas insensible à cette mouvance qui s'agite. D'ailleurs, une fois fortune faite, il aura des velléités de renverser la table, soutenir financièrement les révolutionnaires du monde entier, fomenter un soulèvement international des « masses populaires ».
Onofre Bouvila encore jeune adolescent sur les chantiers de l'Exposition universelle « commet » sa première arnaque auprès de ces travailleurs qu'il harangue à se révolter. le dragon qui est en lui a déployé ses ailes. Il laisse s'épanouir son intelligence vivace, son goût de la manipulation, un sens des affaires inné et une confiance en soi inébranlable. Il s'adjoint les services d'un jeune homme qui sera « peut-être » son seul ami tout au long de sa vie. J'écris peut-être, car Onofre Bouvila peut-il avoir des amis ? En veut-il seulement ?
Onofre Bouvila se retrouve à la tête d'une bande de jeunes voleurs qui pillent allégrement les pavillons de l'Exposition universelle encore à l'état de chantier. Il sait au fond de lui que la fange dans laquelle il met le pied est un tremplin, un onguent de réussite. Il veut devenir le plus riche, le plus grand, il veut être reçu à la table des rois.
Edouardo Mendoza nous présente une Barcelone effervescente, peuplée d'êtres parfois proches de la cour des miracles. C'est un brassage de vies, un embrasement des idées, des sens ; Tout se respire : la crasse, la pluie, l'odeur de la mer, la richesse des palais, la pauvreté des faubourgs, le goût de l'acier, la poussière des murs, la violence du sang. Tout se délite et se ramifie comme un tentacule que l'on coupe et qui repousse sans cesse. Les hommes et le progrès industriel se heurtent, se confondent, s'enlacent ; Toutes les mutations semblent possibles.
L'écriture de Mendoza est brillante, généreuse, drôle, ironique, absurde, fantasque, tragique, poétique. Edouardo Mendoza me fait penser à Mikhaël Boulgakov. Ce n'est pas du tout le même style mais cet humour parfois un peu désespéré qui brise le pathétique de certaines scènes ; Cette ironie grinçante et la peinture un peu burlesque de certaines situations ne peut que me les faire rapprocher.
La construction de l'Exposition universelle ressemble à un grand chantier de legos on s'agite des enfants turbulents essayant de construire des bâtiments. Corruption à tous les étages ! Les hommes de pouvoirs de Barcelone que ce soit le maire, les conseillers, les notables, l'armée, la noblesse, etc. sont au choix : idiots, corrompus, affairistes, assassins, alcooliques, sordides, ou tout cela à la fois. Onofre Bouvila devient l'homme le plus riche de Barcelone, de l'Espagne et pourquoi pas de l‘Europe. Il est devenu un industriel innovant, après avoir été bonimenteur, homme de main, chef de gang. Il s'est éloigné des brigands, des maquereaux, des quartiers malfamés de Barcelone pour devenir respectable ; Mais il n'est toujours pas l'égal de cette aristocratie confite, complotiste, peureuse qui freine des deux pieds devant l'émergence de tout un monde nouveau. Ils craignent tous Onofre Bouvila. Ils savent qu'il est sans pitié. Il a l'habitude de faire table de rase de ses ennemis, de ses concurrents. Ils ont tous besoin de son argent mais aimeraient bien le voir disparaître… Est-ce qu'une petite dictature pourrait faire l'affaire ?
Edouardo Mendoza nous parle d'histoire, de politique, de sociologie, de sciences à travers le destin d'un homme - personnage peu aimable, avec sa part de noirceur – incroyablement obstiné et résistant. Son aventure individuelle est traversée par l'humanité de toute une ville effervescente. le livre se referme sur l'Exposition universelle de 1929. Une apothéose barcelonaise vertigineuse faite d'amour, de lucidité et de poésie.

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J'ai lu ce livre il y a quelques années et j'ai toujours gardé une impression de mega-chantiers pendant lesquels Barcelone se trouvera profondément transformée. L'auteur nous fait partager le fracas, la poussière et le labyrinthe des travaux de l'exposition universelle de 1929 dans lesquels le héros se glisse, venant de sa montagne encore vierge et profite de ce chamboulement pour en devenir un des personnages importants.
L'écriture transmet ces sensations et dépeint de manière imagée toute la faune qui peuple cet immense bazar.
On sort un peu sonné de ce livre monumental !
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Que dire de plus que l'excellent résumé du livre fait par l'éditeur qui devrait inciter le lecteur à se plonger dans cette fabuleuse aventure d'un jeune paysan pauvre qui, à la force du poignet, va gravir les échelons de la société catalane pour se retrouver à la tête d'un véritable empire ,bien mal acquis il est vrai car notre héros, Onofre Bouvila, comme les personnages principaux des romans picaresques espagnols n'est pas un chantre de la vertu et n'hésite pas à bafouer les lois pour parvenir à ses fins.
Ce qui est remarquable, c'est que l'auteur réussit le tour de force d'émailler son récit de faits historiques et retrace l'histoire de Barcelone de la fin du 19ème siècle jusqu'au début du 20ème, entre les deux expositions universelles qui ont contribué au renom de la capitale catalane.
Intelligent, érudit, parfois plein d'humour, le récit met en scène des personnages plus pittoresques les uns que les autres dont on suit l'évolution avec délectation.
Un seul défaut dans ce texte, c'est parfois la linéarité du récit qui élimine les paragraphes et demande une attention soutenue à son lecteur.
Il n'en demeure pas moins que le roman est excellent et doit être chaleureusement recommandé à tous les amoureux de Barcelone, mais aussi aux amateurs de grandes épopées romanesques et historiques.
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J'ai découvert Eduardo Mendoza avec deux polars déjantés La grande embrouille et le Mystère de la crypte ensorcelée. J'avais beaucoup aimé son humour, beaucoup ri et je m'étais promenée avec plaisir dans un Barcelone un peu équivoque de marins prostituées et miséreux, le héros sortant de l'asile....

La ville des prodiges était bien enfoui sous ma pile à lire depuis une éternité. Comment était-il arrivé chez moi? Dans l'opération de faire baisser la PAL, je l'ai ressorti et je m'en félicite! Pas vraiment récent, c'est un grand livre!

Grand et gros livre : 505 pages.

C'est le livre d'une ville :  Barcelone. Géographie et histoire : le roman se déroule entre la première Exposition Universelle de 1888 et la seconde de 1929. Remontant aux origines de la ville, Mendoza raconte l'expansion urbaine des guerres de Succession d'Espagne (1701) jusqu'à la veille de la Guerre d'Espagne. D'une ville close entourée de murailles qui furent détruites au milieu du 19ème siècle, Barcelone est devenue une métropole après des plans d'urbanismes racontés de manière humoristiques. Cette extension de la cité fut, bien entendu accompagnée de spéculation immobilière à l'origine de la richesse du héros du livre. La rivalité de la cité catalane et du gouvernement de Madrid est aussi plaisamment racontée.  Roman presque d'actualité après les événements récents autour de l'indépendance catalane. Ce n'est pas la Barcelone des touristes. Il n'est pas question des anciens quartiers ni de la Cathédrale, on passe à peine sur les Ramblas, la Sagrada Familia  -en construction - n'est évoquée qu'en passant p 446. C'est le Barcelone des dockers, des ouvriers, des miséreux qui affluent de la campagne pour s'entasser dans des baraques. Histoire : on assiste à une réunion secrète à la veille du Pronuciamento de Primo de Rivera le 13 septembre 1923.

C'est l'histoire d'un homme Onofre Bouvila qui débarque de son village de montagne, adolescent pour chercher fortune. le petit campagnard la trouvera dans le chantier de l'Exposition. Embauché par les anarchistes pour distribuer des brochures, il fait le camelot en vendant de la lotion capillaire. Sa carrière lancée, il s'acoquine avec les voleurs et les enfants pour faucher tout ce qu'il peut dans les objets entreposés pour l'Exposition. Remarqué par des hommes de main, il prend rapidement le contrôle de bandes de véritables bandits. Trafics d'armes et spéculation immobilière l'enrichissent . La haute société ne l'acceptera jamais mais sa fortune considérable et l'amitié d'un marquis lui ouvrent certaines portes. Personnage complexe qui évolue au cours de l'histoire, qui sait aussi se souvenir du passé. 

Les prodiges? La fin du 19ème siècle, le début du 20ème est une période prodigieuse pour la technologie et les inventions. Les Expositions universelles  sont les vitrines de l'industrialisation. Au fil du roman, on voit les automobiles remplacer ânes et chevaux, la ville s'électrifier, les transports aériens prendre leur essor. le héros devine les possibilités du cinématographe qui vient d'être mis au point. du film ridicule du chien qui pisse, il invente les films à succès avec une vedette féminine. La fin du livre est un feu d'artifice ou une bombe, le précurseur d'un monde à venir avec le krach de 1929. Mais cela n'est pas dans le livre, c'est une autre histoire. 
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Onofre Bouvila fils de paysans catalans débarque à Barcelone en 1888 pour y faire fortune il va découvrir a ses dépens que la vie n'est pas cousu de fil rose, Onofre est un arriviste qui est prêt a tout pour se faire une place dans la cité comtale. Il deviendra un homme riche,puissant et impitoyable grandissant au rythme de sa ville
Dans ce livre, vous découvrirez aussi l'évolution de Barcelone au fil du temps.
Pour part, moi qui adore Barcelone j'ai adoré ce livre.

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Livre dévoré
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"La ville des prodiges" est un roman qui porte sur les prodiges de la ville de Barcelone sur la période de 1888 année de la première exposition universelle, à 1929 année de la seconde exposition universelle soit donc 41 ans mais aussi sur les prodiges du personnage central du roman, un jeune homme qui quitte la misère de sa vallée pour tenter sa chance à Barcelone, le nommé Onofre Bouvila. On découvre l'ascension de cette ville en même temps que l'ascension de ce personnage, dont le succès repose sur des méfaits et des malversations jusqu'aux crimes. L'auteur nous laisse à penser qu'il n'est pas le seul et que la seule loi qui règne à Barcelone est la loi de la débrouille soit donc le hors loi. On ne peut s'empêcher de comparer ces histoires et pratiques à celles d'un autre genre, le western, la loi étant celle du meilleur tireur. Ici la loi semble être la loi du plus malin et du plus audacieux. Ce roman est tantôt un roman historique de la ville de style narratif, tantôt un roman de fiction nous révélant les aventures du personnage. L'auteur marie avec art les styles au point de faire de Barcelone un véritable personnage qui est acteur de son destin et parfois victime d'événements. On ne peut pas apprécier la beauté du style de l'auteur puisque c'est une traduction. On peut en revanche apprécier la qualité de la traduction d'Olivier ROLIN, style riche et fluide à lire qui pour le moins de dégrade pas le style de l'auteur. Il est difficile de savoir si Eduardo MENDOZA, l'auteur, natif de Barcelone en est fier ou le contraire, cette ville étant non dirigeable selon lui, mais aussi tellement il se comporte avec distance tel un historien se gardant de tout sentiment. Publié au Seuil dans la traduction française en 1988, il a été élu meilleur livre de l'année par le magazine lire et selon le lien Wikipedia ci-dessous ce roman fait partie des 100 meilleurs romans espagnols du XXème siècle . Voila de quoi susciter des envies à ceux qui ne l'on pas encore lu...
Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki..
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Fantastique chronique de la ville de Barcelone allant de la fin du 19eme siècle au début du 20eme.
Le personnage principal est onofre Bouvilla parti conquérir la ville et la vie, la vraie vie, celle dont on profite lorsque l'on détiens le pouvoir et l'argent.
Et il y parviendra.
Roman d'une densité hors du commun par la richesse des faits rapportés, par l'épaisseur des personnages sans oublier les situations tantôt mélodramatiques, tantôt loufoques.
Roman frisant presque la perfection !
Enfin ce n'est que mon avis !
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Entre Amin Maalouf pour le coté épopée et Carlos Luis Zafon pour la description de ce Barcelone magique et enchanteur. le parcours d'Onofre Bouvila, de la campagne Catalane aux sommets du pouvoir, dans ce Barcelone qui passe d'une petite ville provinciale à une mégalopole (de l'exposition universelle à la guerre civile) est insensé et terriblement vraisemblable. Ce caïd embourgeoisé est insolite et attachant.
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Lu cet été. L'histoire de Barcelone racontée à travers l'ascension d'un moins que rien qui veut réussir. Picaresque et très documenté. Un très bon moment de lecture pour un auteur que je découvrais à cette occasion. le livre donne l'envie de retourner visiter la ville et de refaire le tour des endroits cités
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