Bartolomé de Torres Naharro aurait connu une vie très aventureuse, naufragé, vendu comme esclave, il aurait combattu sous les ordres de César Borgia en Italie. Son expérience italienne lui aura permis de s'approprier les techniques italiennes d'écriture. Il a publié en 1517 à Naples un volume, Propalladia (Prémices de Pallas), contenant de la poésie et des pièces de théâtre, dont six comedias. Deux comedias supplémentaires viendront dans des éditions plus tardives, l'ouvrage ayant connu plusieurs rééditions, laissant entendre un certain succès. Il sera mis à l'index en 1559.
Ses pièces ont été créée en Italie, pour un public aristocratique. La Propalladia comprend également un prohemio (prologue) dans lequel Torres Naharro expose sa conception du théâtre, qui est avant tout celle d'un praticien, peu attaché aux règles, visant avant tout l'efficacité du spectacle. C'est un des rares textes de ce type dans le théâtre espagnol.
La Comedia Hyménée (Himenea) s'inspire visiblement de la Célestine, l'origine du théâtre espagnol, même si elle est nettement moins sombre. Elle préfigure en même temps le comédie d'intrigue, qui va connaître un grand développement ultérieur, en particulier, grâce à
Lope de Vega.
Hyménée aime Phébée, une jeune fille noble. Il rôde sous ses fenêtres, fait jouer de la musique, au grand déplaisir du frère, le Marquis, qui essaie de le prendre sur le fait et de lui faire un mauvais parti. Les deux jeunes gens finissent pas s'entendre, de même que le serviteur d'Hyménée, Boreas, avec la servante de Phébée, Doresta. Cette dernière est aussi poursuivie par Turpedio, le serviteur du Marquis, un brutal pour qui elle n'a aucun goût. le Marquis finit par surprendre Hyménée sortant de chez sa soeur, et entend se venger sur elle. Mais Hyménée va le convaincre qu'il a de bonnes intentions, et ne cherche que le mariage. La pièce peut se conclure par une chanson d'amour.
Avec cette pièce nous commençons à entrer dans le théâtre tel que l'on peut concevoir actuellement, avec une intrigue suivie, des péripéties, des moments comiques, un peu d'action, des déclarations d'amour. Même si on ne peut pas parler de psychologie des personnages, mais ce ne sera jamais vraiment l'essentiel dans le théâtre du siècle d'or, ils sont caractérisés, les valets par exemple ne sont pas interchangeables, ils ont des véritables spécificités, qui peuvent expliquer le déroulement des événements. La notion d'honneur, qui sera si importante dans le théâtre espagnol ultérieur est ici présente. C'est une pièce plutôt plaisante, et intéressante pour l'évolution du théâtre espagnol.