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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La mort est mon métier est le pendant des livres de témoignage sur la SHOAH comme "s il était un homme " de primo Levi.
C est un excellent livre historique.
Attention cependant car on est au plus près des chambres à gaz et des fours crematoires d Auschwitz. On ne nous épargne rien sur l optimisation du camp d Auschwitz.

On suit dans ce livre la vie de rudolf lang, biographie romancée de Rodolphe Höss, commandant d Auschwitz.
On découvre la logique implacable de cet homme, qui passe de l enfance avec un père intégriste catholique à l obédience aux dirigeants nazis, ce qui l amènera à gérer un camp d'extermination et à chercher des solutions pour "optimiser ses missions " en se référant toujours à obéir sans réfléchir, faire ses missions sans se poser de questions.

Comment, même aujourd'hui, l absence de libre arbitre, de remise en question peut conduire une personne à faire des actes insensés.
Un témoignage hyper important pour ne jamais oublier ce que peut faire la folie des hommes.
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Je ne suis pas fan de la guerre, ni en reportage télé, ni en livre. J'ai choisi de lire "La mort est mon métier" suite à un post sur "les dingues de lecture" qui m'a donné envie. Ce témoignage un peu nuancé et romancé de la vie de Rudolf Höss m'a bouleversée. Comment peut-on être à ce point asservi, inhumain, froid, sans sentiment ? Comment peut-on agir avec autant de froideur et de détachement pour enlever si facilement des milliers de vies ?
Je ne regrette pas cette lecture qui m'a éclairée un peu plus sur les conditions de vie, de détention, de mort de toutes ces personnes Juives. Les détails sont hallucinants de cruauté. Je n'en reviens toujours pas que l'espèce humaine puissent faire subir de telles atrocités à ses semblables. Et surtout qu'on n'en ait pas tiré les leçons encore de nos jours ...
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Que dire que d'autres critiques n'ont pas déjà dit ?
Déroutée au début de ma lecture par le côté "clinique" adopté par Robert Merle, le parcours du personnage s'y prête parfaitement.

Tout est froid, gris, glacial et glaçant chez cet homme pour qui l'enfance ne fut que soumission pour survivre face à un père dont le moins que l'on puisse dire est qu'il était malsain au dernier degré.

Comment perd-on son Humanité et/ou son âme (si l'on est croyant) ? Robert Merle donne une interprétation du processus, qui peut s'appliquer de tout temps et à toutes les époques. Nous en avons récemment pu en observer les ravages avec l'EI et ses fanatiques. Un fanatisme en chasse un autre. Mais les ravages restent les mêmes.

On ferme ce roman avec le sentiment que toute cette horreur est toujours possible, que l'Homme est décidément (définitivement ?) un réel loup pour ses congénères...

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C'est une biographie glaçante que nous livre ici Robert Merle. La biographie romancée du commandant d'Auschwitz, chef de camp de la mort et fervent nazi, Rudolf Höss, alias Rudolf Lang.

Contée à la première personne du singulier, nous sommes plongés directement dans les pensées de ce personnage tristement historique, de sa jeunesse jusqu'à son procès. Une jeunesse dure, sans amour, avec un père sévère et une mère totalement effacée. Un jeune homme solitaire qui aura du mal à trouver sa place, qui perdra la foi, qui aura un goût prononcé pour la guerre, l'ordre et l'organisation. Formater à obéir, il ne se soucie guère des répercussions de ses actes puisque d'autres sont là qui pensent à sa place, prennent les décisions à sa place et en portent la responsabilité, et qu'il est de son devoir à lui d'exécuter les ordres et non de réfléchir à ce qu'ils sont.

Malgré un récit à la première personne, le ton est froid, distant, presque mécanique. Il n'y a aucune chaleur, aucune empathie, ni émotion. Rudolf en semble d'ailleurs dépourvu, telle une machine, il fait ce qu'on lui dit et il le fait de son mieux. Il le fait mieux que personne. Ainsi, lorsqu'il se voit confier la gérance d'un camp de la mort, pour lui ce n'est qu'une tâche de plus à effectuer. Une tâche peu agréable, certes, mais puisque c'est un ordre, il n'a pas d'autres “choix”. Alors, comme à son habitude, il obéit et fait de son mieux pour atteindre les cotats, pour optimiser les rendements… Qu'importe qu'il s'agisse de vies humaines, pour lui, ce ne sont plus que des unités. C'est un bourreau déshumanisé pour qui la mort est un métier comme un autre.

Un roman historique marquant, qui tente d'appréhender les mécanismes qui mènent un homme plutôt modeste à de telles extrêmes, sans ressentir le moindre remords…

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"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, nous allons parler d'un roman de Robert Merle, La mort est mon métier.

Or donc Rudolf Lang est élevé dans une famille froide et rigide, dominée par un père autoritaire et beaucoup trop religieux. le jeune garçon va refuser cette autorité et cherche sa propre voie. Et il la trouve! Il se voue à la grandeur de l'Allemagne et adhère au parti national-socialiste.

Depuis longtemps je traîne une...

-Hem hem! Une, seulement?

-D'accord. Depuis longtemps je traîne avec moi plusieurs obsessions. L'une des plus lancinantes d'entre elles concerne le mal. Qu'est-ce que le mal? pourquoi le commet-on? qu'est-ce qui mène des gens sans histoires à élaborer des procédés industriels pour tuer?

J'ai écouté des reportages, lu des témoignages, potassé Eichmann à Jérusalem, appris des passages de Si c'est un homme par coeur, discuté avec des victimes de violences sexuelles, glané dans le cinéma et la fiction tout ce que je pouvais pour nourrir mes réflexions.

Longtemps, je trouvais le résultat insatisfaisant. Puis, un verrou a sauté et j'ai commencé à entrevoir un début de réponse.

Une réponse qui m'est confirmée par La mort est mon métier.

Une prose précise, froide et sèche, à l'image de son personnage principal: Rudolf Lang n'éprouve pas grand-chose. Il reste toute sa vie ou presque enfermé dans une coque d'insensibilité et d'indifférence pour autrui.

Et il ne pense pas. Ou si peu et si mal.

Je ne peux qu'admirer le tour de force que représente ce roman. Rudolf est si... crédible. Il faut un travail colossal et une intelligence exceptionnelle pour parvenir à rédiger un personnage si glaçant et si banal.

-Moi, je trouve que le roman te laisse avec plus de questions que de réponses. Est-ce qu'on aurait pu sauver Rudolf de lui-même? Est-il le résultat de son éducation ou serait-il devenu cet être répugnant quoi qu'il lui fût arrivé? Dans quelle mesure la grande histoire fait de nous ce que nous sommes?

-Tu n'as pas tort, Méchante. Et d'ailleurs, l'auteur ne propose aucune réponse à ces questions-là. En revanche, l'étude de l'esprit de Rudolf Lang offre d'intéressantes pistes de réflexion.

Le vide et l'absence d'intérêt. L'absence de sens, aussi, et je parle des sens comme "les facultés de percevoir le monde, le plaisir et la douleur par le corps et ses organes". Rudolf Lang est une enveloppe vide d'amour et de qualités humaines.

Quant à son intellect, il ne remet rien en question. Même son corps ne lui procure guère de sensations. Voilà, entre autres, par où vient le mal: par le vide laissé dans la pensée et l'indifférence à autrui.

Quelle dérision, une fois le livre terminé! Rudolf se croit libre en se rebellant contre son père... et il cherchera toute sa vie une autorité rigide et indiscutable à laquelle se soumettre, parce qu'il n'y a que cette position de rouage zélé qui lui convienne.

Jusqu'où sommes-nous les esclaves de nos blessures d'enfance? Robert Merle se garde de répondre à cette question, sans doute parce que la réponse est évidente: on n'a pas le droit d'être aussi détaché.

-Je regrette qu'Elsie, l'épouse de Rudolf, disparaisse du roman. J'aurais voulu en savoir plus sur elle. Ils correspondent: que dit-elle? Que pense-t-elle? On ne le saura pas et je trouve ça dommage, surtout après une scène qu'elle vit avec Rudolf.

-Pas faux, Méchante. Pour conclure, La mort est mon métier est un grand roman dont la forme froide, clinique, épouse parfaitement le fond. Il est probable que je le relirai et que je le complèterai avec le témoignage direct de Rudolf Höss."
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Je relis « La mort est mon métier » pour la première fois depuis l'adolescence.
Le temps a passé depuis.
Il a fallu le film de Jonathan Glazer qui met en scène Rudolf Höss, oberstrumbahnführer, commandant du camp d'Auschwicz-Birkenau, pour que je revienne sur ces pages que Robert Merle a écrites en s'appuyant sur les Mémoires rédigées par Höss pendant sa captivité :
«  le commandant d'Auschwicz parle »
Le film, se cantonne dans une esthétisation glacée du quotidien bourgeois de la famille de Höss, sans l'objectif philosophique et politique qui auraient été nécessaire à le transformer en support à réflexion, autour de la question toujours d'actualité de la responsabilité dans le génocide.
Le texte de Robert Merle est d'une autre nature. Ecrit à la première personne, Rudolf Höss/Lang, assume le parcours politique et militaire qui le conduit à déployer à Auschwicz, un zèle et une obéissance aveugles dans la mise en oeuvre de la solution finale.
Les pages de Robert Merle permettent de mesurer comment la conscience et la morale de Rudolf Höss ont pu se construire dans un asservissement aveugle à l'anéantissement de l'humain. Ni regrets, ni pitié, ni compassion, rien. Rien que le plaisir du devoir accompli, sans état d'âme. Il organise la mort à grande échelle dans les chambres à gaz d'Aushcwicz, comme il a su faire la chasse aux révolutionnaires en s'engageant dans les corps francs, pépinière de nazis en devenir, comme il a su assassiner sur commande un militant communiste en 1924.
L'oberstrumbahnführer, reste fidèle à son passé en rendant possible l'élimination massive des déportés du camp dont il a la charge. C'est lui qui a l'idée de recourir au Zyklon B, dont il garde le souvenir de l'efficacité dans la destruction de la vermine incrustée dans les vieux bâtiments de la caserne, lorsqu'il arrive dans les lieux en 1940. C'est lui qui fait construire le complexe des crématoires et chambres à gaz à Birkenau, loin de ce que pouvaient faire la vieille installation du premier camp.
Malgré et à cause de la bande son du film, la mise en scène des vieux murs du premier camp est bien loin de la vérité de l'usine de mort que Höss contrôle. On reste dans une symbolique lointaine et distanciée qui ne donne aucune consistance à la réalité du criminel Rudolf Höss dans ses pensées. L'homme ordinaire qu'il est au quotidien n'apporte aucun élément de réflexion sur ce que les hommes ordinaires d'aujourd'hui pourraient devenir.
Je recommande de revenir à la lecture de Robert Merle, qui propose dans une écriture et une narration classiques (plus classique que Les Bienveillantes de Littell) un récit précis dans lequel la réflexion contemporaine sur la barbarie humaine, peut encore s'inscrire.
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Il s'agit d'une relecture, suite à la vision du film « la zone d'intérêt » qui met en scène la vie de famille tranquille de Rudolf Hoess, à Auschwitz, à côté des horreurs perpétrées juste à côté de la maison. L'auteur nous raconte la vie de Rudolf Lang depuis son adolescence contrariée par l'intransigeance de son père qui voulait en faire un prêtre, ses premières armes dans la première guerre mondiale et son adhésion à suivre aux SA du national socialisme. Deux caractéristiques essentielles du caractère de Rudolf Lang qui vont le guider sont: une imperméabilité à tout sentiment vis à vis d'autrui, y compris avec sa femme et une obéissance absolue aux ordres reçus. le roman de Robert Merle restitue de façon magistrale ce cheminement implacable qui conduit et permet l'accomplissement la solution finale.
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Cela faisait quelques temps déjà que je voulais découvrir Robert Merle, j'avais d'ailleurs repéré son « Malevil » qui attend toujours dans ma PAL. Mais « La mort est mon métier » s'est finalement invité en premier, l'occasion d'échanger avec mon fils qui a fait cette lecture en janvier pour ses cours.

Et bien je peux dire que j'apprécie la plume de l'auteur car, malgré la difficulté du sujet, j'ai dévoré les 400 pages en une semaine.

Sujet difficile car jamais simple de s'immerger dans l'Histoire des camps de concentration de la seconde guerre mondiale.

Ici l'auteur nous retrace le parcours de Rudolf Höss - Rudolf Lang dans le roman - ancien commandant du camp d'Auschwitz.

La préface de R. Merle est intéressante car il explique entre autre qu'il s'est principalement appuyé sur les rapports de G. Gilbert, un psychologue américain, qui a pu s'entretenir avec ce haut gradé nazi avant son exécution.

« Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue… » Préface

C'est que Lang/Höss a une personnalité complexe. Une enfance difficile, traumatisante même, où il présente déjà des troubles qui vont façonner sa personnalité. L'éducation très stricte, quasi militaire de son père, le conduit à réprimer ses émotions et à adopter une attitude de soumission. On le découvre peu sociable, avec un grand besoin de cadre, de règles et de rituels pour dérouler sa journée et ne pas faire de « crises ».
La discipline de l'armée ne pouvait que lui convenir, et, conforté par son fort sentiment nationaliste, davantage encore son adhésion pleine et entière à la philosophie nazie.

Et les hauts dirigeants nazis l'ont d'ailleurs bien compris en lui confiant la mise en oeuvre de leur monstrueuse « solution finale ».

« - Je vous ai choisi, vous, à cause de votre talent d'organisateur…
Il bougea légèrement dans l'ombre et articula avec netteté :
…et de vos rares qualités de conscience. » P274

Pour sûr, le bon profil pour obéir aussi aveuglément à de tels ordres. On voit au fil des pages que la soumission au chef est un refuge pour lui, une ligne de conduite qui le rassure et l'apaise. Inutile de se poser de questions, du point de vue moral j'entends, tout est simple : le chef a ordonné ; il suffit d'obéir.

« Il ne m'est jamais venu à l'idée de désobéir aux ordres. » P412

Et c'est par sa narration que l'on voit comment ces camps d'exterminations ont été progressivement élaborés, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées. Des horreurs décrites froidement, avec un oeil pragmatique, déshumanisé. Il ne parle d'ailleurs pas d'humains, mais d'unités.

« -En fait, reprit-il, tuer n'est rien. C'est enterrer qui prend du temps. » P319

Une lecture difficile par son contenu, pas simple pour mon fils d'en mesurer vraiment l'horreur et surtout sa réalité. Cela parait tellement impensable que des humains organisent de telles choses…

En faisant quelques recherches sur le net (dont des photographies des protagonistes pour donner plus de réalité à ce récit à mon fils), je suis tombée sur cette citation de Gustave Gilbert, le psychologue :

« Höss donne l'impression générale d'un homme intellectuellement normal, mais avec une apathie de schizophrène, une insensibilité et un manque d'énergie que l'on ne pourrait guère trouver plus développés chez un franc psychopathe ».

Robert Merle le dépeint tel quel dans son livre.
Je ne suis pas prête d'oublier ce récit, ni ce bourreau.

Un livre d'Histoire incontournable, c'est certain.
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“J'étais poli et déférent, je ne posais pas de question, je ne réclamais rien, et je faisais toujours instantannément tout ce qu'on me disait de faire ».
Voilà une citation de Rudolf Hoess en prison purgeant sa peine pour avoir assassiné un communiste allemand. Cela cadre tout à fait le personnage.
Ce n'est pas un être humain, c'est une machine.Dès l'enfance.
Le confort n'est trouvé que dans la routine. Cirer ses chaussures de façon quasi obsessionnelle, compter systématiquement ses pas sont ses exutoires pour évacuer sa peur viscérale, celle d'un père tyrannique et ultra catholique.
La foi catholique se révèle d'ailleurs le catalyseur de ses peurs et de ses crises de folie.
A cela il substitue bien vite l'amour inconditionnel pour sa patrie. Son intégration dans les corps francs puis le parti nazi concourent à son obéissance totale au système nazi, avec tout ce qu'il a d'abject, en particulier la haine des Juifs.
Son zèle après son intégration au corps des SS l'amène à commander le camp d'Auschwitz-Birkenau avec obéissance absolue. Cette obéissance érigée en dogme, a ceci de « fantastique » qu'il est impossible de se tromper. Par définition. Quel refuge et confort intellectuel!
La dernière partie du récit est accélérée. Il n'y a plus rien à comprendre.
« en fait, les convois de juifs devaient être considérés partout comme prioritaires, et passer même avant les transports d'armes et de troupes pour le front russe ».

La préface de Robert Merle est utile pour restituer le contexte de la sortie de cet ouvrage en 1952, période où la réconciliation franco-allemande est de rigueur.
Ce récit est proprement édifiant et constitue l'un des premiers témoignages d'historien sur le caractère industriel de l'extermination de juifs.
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En avons nous fini, en aurons nous jamais fini avec les horreurs associées au Nazisme....
Je m abstiens de répondre....livre prodigieux qui raconte la naissance du monstre, sa mécanique, extraordinaire roman dont le postulat est contenu dans le titre
Chronique de la barbarie ordinaire..
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