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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne pourrai retrouver une certaine paix intérieure que lorsque j'aurai couché sur le papier mes réflexions au sujet de ce livre effroyable, d'autant plus effroyable qu'il s'agit là d'une biographie romancée et qu'on n'est pas dans le thriller, mais bien dans la description d'actions réelles de la part de bourreaux qui surent mettre leur intelligence voire leur génie au service du mal et de l'horreur.

Un écrit démodé après sa parution, parce que la littérature concentrationnaire gênait des personnes qui avait vécu la seconde guerre mondiale, et qui a toutefois survécu sans manquer de lecteurs, affirmera Robert Merle parce que les personnes qui, après les années 70, ont lu ce livre n'ont en général pas vécu cet enfer. Il reste donc un écrit majeur et indispensable au devoir de mémoire.

Cette biographie romancée nous livre le parcours de Rudolf Hoess, commandant du camp d'Auschwitz-Birkenau entre 1942 et 1945. Un personnage que l'on ne peut absoudre mais dont le cheminement est concevable quand on prend connaissance des éléments déterminants de son enfance. Une enfance jusqu'à l'adolescence aux côtés d'un père qui entretient dans le milieu familial, une austérité maladive, baignant ses enfants dans une pratique religieuse de fanatique, faisant subir à l'enfant Rudolf, harcèlement et mauvais traitement moral, lui demandant un comportement parfait afin qu'il expie les fautes d'un géniteur obnubilé par la crainte de voir sa progéniture faire ne serait-ce qu'un pas de travers, ce qui ne peut laisser un individu indemne.

Elevé dans un contexte d'obéissance absolue à un être supérieur, il s'engage naturellement dans l'armée et devient un bon petit soldat qui apprend à exécuter les ordres sans réfléchir, son chemin semble bien tracé. On remarquera dès lors, une absence quasi totale d'empathie chez ce personnage et on comprendra aisément les raisons pour lesquelles sa hiérarchie après la prise de pouvoir d'Hitler, lui refusera une affectation sur le front russe pour lui confier une « action spéciale », Himmler ayant constaté cette absence d'émotion et cette obéissance aveugle à l'autorité supérieure.

Et l'horreur est décrite, mais cette fois, contrairement à beaucoup d'écrits de cette littérature concentrationnaire, nous nous retrouvons dans les coulisses, du côté organisateurs de l'enfer : les déportés ? une gestion comme une autre, un cheptel que l'on envoie sans émotion vers l'abattoir, des hommes, des femmes, des enfants éliminés sans aucun remort. Ce qui devait nécessiter une organisation sans faille.

Témoignage terrible que l'auteur a reconstitué en se servant de documents issus des écrits du psychologue qui interrogea Rudolf Lang (nom du personnage dans le livre) et des traces écrites laissées lors du procès de Nuremberg.

Un écrit édifiant, quoique difficile à lire et qui ne peut laisser indemne.
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Obéir aux ordres, fussent-ils les plus fous, les plus inconcevables, les plus atroces, c'est la défense des criminels de guerre nazis, ils ont obéi aux ordres. Quand on est militaire cela fait partie des règles de base, et quand on est allemand cela fait partie des gènes dit-on. Seulement là, ce n'est pas recevable, le crime est trop horrible, trop grand, ils sont impardonnables et responsables du sentiment de culpabilité des générations suivantes.

Rudolf Höss (Rudolph Lang dans le roman), le commandant du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, fait partie de ces hommes, un militaire à qui Himmler a ordonné d'appliquer la solution finale aux Juifs et qui s'est acquitté de sa tâche avec « soin », sans affect pour les victimes quelles qu'elles soient, il dira d'ailleurs face à ces juges : " vous comprenez, je pensais aux Juifs en termes d'unités, jamais en termes d'êtres humains. Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche ".

La Mort est mon métier est remarquable dans ce qu'il illustre parfaitement cette attitude qui conduit à la banalité du mal dont parle la philosophe Hannah Arendt. Envoyée spéciale du New Yorker en Israël au procès d'Adolf Eichmann, elle a estimé que l'homme était tristement banal, un petit fonctionnaire ambitieux et zélé, entièrement soumis à l'autorité, incapable de distinguer le bien du mal.

Eichmann comme Rudolf Höss ont cru accomplir un devoir, ils ont suivi les consignes et cessé de penser. Et le seul moyen d'échapper à l'inhumain qui se loge en chacun n'est-il pas bien de penser, de réfléchir à nos actes en dehors de toute pression extérieure ?
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Il s'agit, ici, de la biographie de l'homme qui devint commandant du camp d'extermination d'Auschwitz.
L'auteur le nomme Lang, Rudolf Lang mais de fait son véritable nom est Hoess, Rudolf Hoess.

Alors c'est un livre épouvantable, comme on en a déjà connu, dans le même registre, mais une vie passée dans l'horreur, dans la vénération de l'absolument détestable, c'est indigeste mais nécessaire parce qu'historique, pour la mémoire et pouvoir transmettre cette période noire de l'histoire, encore, contemporaine.

Merle est un écrivain de renom qui a déjà traité le sujet, différemment, mais de cette époque. C'est quelqu'un qui sait écrire et dont l'écriture est reconnue, de moi également. On peut, normalement, se poser la question de savoir quelle mouche l'a piqué pour écrire cette histoire. C'est bien écrit, comme pour ses autres sujets mais c'est un coup de marteau, chapitre après chapitre pour enfoncer le clou de l'horreur.

La fascination horrible et tout autant étrange que pouvait avoir ce "Fuehrer" que je ne nommerai pas, sur beaucoup et notamment sur cet homme, ce mari, ce père qui, à la question posée par son épouse de savoir s'il sacrifierait ses enfants à la demande du Monstre, ne répond pas et, c'est bien connu, qui ne dit mot consent. Raisonnablement la mère part avec ses enfants et quitte cet homme devant l'impossibilité d'acceptation de la situation. Elle a, bien sûr, raison.

On connaît la suite et la fin : pendaison!
Robert Merle signe, ici, un grand livre historique.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Élevé dans une discipline militaire par un père catholique limite fanatique, Rudolf Lang ne retiendra qu'une chose de son enfance : il faut obéir aux ordres des adultes sans discuter, et cette leçon sera apprise au-delà de toutes espérances. À la mort de son père, Rudolf s'engage volontairement dans l'armée lors de la première guerre mondiale, à l'âge de seize ans seulement. Il y conserve la présence rassurante d'une hiérarchie tout en gagnant une certaine valorisation de ses actes.

À la fin de la guerre, ses pas le portent naturellement vers les corps francs puis vers la SS récemment créée. Son obéissance lui permet de monter rapidement en grade. Lors de la seconde guerre mondiale, on lui confie la direction du camp d'Auschwitz, malgré ses désirs de combattre. Ses talents d'organisateurs devrait, selon ses supérieurs, l'aider à atteindre les quota élevés de juifs à éliminer.

Rudolf met désormais toute son énergie et toute son inventivité pour atteindre le but qui lui est fixé. Sa seule crainte est de décevoir ses supérieurs et de subir le déshonneur qu'entraîne un ordre non-exécuté. Les hommes, les femmes et les enfants qu'il élimine ne sont que des chiffres sur un bout de papier.

Inspiré par les témoignages de l'authentique commandant du camp de concentration d'Auschwitz, ce roman de robert Merle est glaçant. Cette obéissance aveugle en la hiérarchie, l'absence totale d'opinion personnelle sur les ordres qu'il reçoit est réellement inhumaine. Certes, toute son éducation ne l'a préparé qu'à ça : être le rouage fiable d'une machine qu'il ne cherche même pas à comprendre. Mais on a bien dû mal à pardonner à l'inexistence de la moindre petite parcelle de révolte.
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Une réflexion sur les limites de l'obéissance. Il est pénible de suivre un être sans conscience qui répète lors de son procès: "Je n'ai fait qu'obéir aux ordres". La mission de Rudolf Lang était de "traiter" 2000 juifs par jour dans le camp d'Auschwitz.

"Meine Ehre heisst Treue". "Mon honneur c'est la fidélité" est la devise des SS. le coeur du mal. Obéir à ses chefs. La hierarchie c'est Himmler.

Avant d'en arriver là, on suit la maturation d'un être, enfant en 1913 sous la coupe d'un père obsédé par le péché de chair qui tente de se racheter une bonne conscience en élevant son fils comme un soldat. C'est ainsi que Robert Merle présente son "héros" comme un être blessé et dressé dès son enfance.

Un dressage, c'est cela. Les temps sont durs en Allemagne. le personnage grandit en même temps que la Bête immonde à l'idéologie raciste et exterminatrice. Oui, il a dit qu'il aurait préféré être sur le front de l'Est plutôt que de gérer ce camp. Mais il reste fidèle.

Bien avant Jonathan Little et "Les Bienveillantes", Robert Merle réussit une prouesse. Un numéro d'équilibriste puisque en choisissant le point de vue d'un nazi, il risque de susciter de l'empathie pour un être abject.

Mais, cet angle, ce point de vue est capital pour bien comprendre cette période. Il m'a rappelé un moment où le temps semble suspendu comme quand le réalisateur de "Shoah", Claude Lanzmann, interviewe en caméra cachée un des SS d'un de ces camps.

On frémit devant la froideur du récit et on finit par saisir l'horreur de ce qu'il s'est passé.
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Pour tenter de comprendre un bourreau....
*
Et voilà, j'ai lâché le mot. "Bourreau". Qu'est-ce donc? Une personne ignoble, machiavélique, "sans conscience propre", qui obéit aveuglément à un ordre. Qui fabrique un génocide.
L'expliquer? Oui, tout à fait.
ET c'est ce que tente de faire l'excellent auteur, Robert Merle, dans cette biographie - romancée, ce n'est pas lui qui a recueilli les confessions - de Rudolf Hoess , l'exterminateur nazi de la "Solution Finale" durant la seconde guerre mondiale.
*
La biographie se compose d'une partie où l'on rencontre le jeune Rudolph Lang (le nom est changé) dans sa famille. Sa relation très difficile avec son père (tyrannique et dévot), sa mère (quasi absente et soumise), et son parcours de jeune combattant durant la 1ère GM. Prisonnier puis enrôlé dans le Parti Socialiste, de régisseur fermier jusqu'à sa fulgurante ascension comme officier nazi.
La seconde partie nous relate ses faits au camp d'Auschwitz en tant qu'organisateur de l'extermination de la nation juive; jusqu'à son arrestation et peine de mort.
*
L'auteur a réussi avec un réel talent à nous pencher avec pitié sur le cas de Rudolf Hoess. Bien sûr, ce n'est pas de lui trouver une excuse mais bien d'essayer de comprendre, à travers sa jeunesse et adolescence, pourquoi il est arrivé à cet acte ignoble.
*
Et je ne peux que citer Oscar Wilde sur le bien-fondé de ce roman : "Dire qu'un livre est moral ou immoral n'a pas de sens, un livre est bien ou mal écrit, c'est tout".
*
Aujourd'hui, on peut dire que Hoess avait une personnalité de psychopathe, un individu déshumanisé, endoctriné, élevé de manière stricte, sans affect, ni émotions. Devenant fatalement un serial killer en puissance (pathologie mentale).
Une personnalité sans ambiguïté, répondant à des ordres précis, sans avoir de conscience propre, voilà les critères de sélection d'un officier nazi.
*
Une biographie bien documentée, un texte précis et un ton froid et net, ce qui s'explique vu le contexte.
C'est un récit difficile à lire mais nécessaire et complémentaire aux témoignages des survivants de la Shoah.

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Enfant, Rudolf Lang est soumis à une discipline de fer par son père, autoritaire et ultra-dirigiste, issu d'une lignée d'officiers de l'armée allemande. La vie de la famille est réglée à la seconde près, sans le moindre temps mort dans lequel pourrait se glisser la tentation de bayer aux corneilles. Le père, chrétien obsessionnel, est convaincu, pour se faire pardonner un péché minime remontant à 20 ans, de devoir endosser les moindres fautes de sa famille, et de vouer son fils aîné à la prêtrise. Rudolf grandit dans une atmosphère pesante, psycho-rigide et culpabilisante, sans savoir que la chaleur humaine existe, de même que le bonheur, l'amour ou l'amitié. Il ne le saura jamais. Son père lui apprend que le Bien consiste à Obéir, envers et contre tout, à ses parents, au curé, au maître d'école, et que le Mal est incarné par un Diable grimaçant qui promet les tourments de l'enfer à la moindre incartade.
Rudolf voue une haine froide et inavouée à son père et à la religion, et les rejettera en bloc à la mort du père. Agé d'à peine 12-13 ans, habitué à une vie réglée, cadrée, sans surprises ni responsabilités, donc confortable et sécurisante, il se cherche un père de substitution. Ce sera la Mère Patrie, et la carrière militaire, entrant dans les Corps Francs et dans la 1ère guerre mondiale à 16 ans. Puis viendront la SA et la SS, pour finalement atteindre le « sommet » en devenant commandant du camp d'extermination d'Auschwitz. Camp qu'il contribuera largement à développer, sa créativité et son talent pour l'organisation ne connaissant pas de limites pour mettre sur pied l'usine de mort la plus performante de l'Histoire. Le tout sans le moindre état d'âme, le moindre sentiment, hormis le sens du devoir et de l'honneur (si on admet qu'honneur égale obéissance).
Rudolf Lang est en réalité Rudolf Hoess, commandant d'Auschwitz, et le « roman » de R. Merle n'est donc pas une fiction. Ce qui ne le rend pas moins captivant, au contraire. En effet, observer et essayer de comprendre (entendons-nous : comprendre n'est pas justifier, et encore moins admettre) pourquoi et comment un être humain en arrive à devenir une sorte d'automate « dé-conscientisé » au service d'une « cause » épouvantable, a quelque chose de fascinant, comme le fonctionnement du cerveau humain. L'hypothèse de Merle semble être que les « racines du mal » se trouvent dans une enfance quasi déshumanisée. L'endoctrinement par le père puis l'armée et la propagande nazie sont aussi largement coupables. Dans la logique de Rudolf, logique militaire avant d'être nazie me semble-t-il, son comportement est parfaitement légitime, il se contente d'exécuter en bon soldat les ordres reçus, et considère qu'il n'a tout simplement pas à s'interroger sur leur bien-fondé, leur moralité, leur motivation sous-jacente. Sans pour autant renier la responsabilité de ses actes : c'est bien lui qui les a accomplis, simplement parce qu'il devait obéir. C'est criant à la fin du livre quand il apprend le suicide de Himmler, arrêté par les Alliés : « il s'est défilé », il ne veut pas assumer. Se pose alors l'autre question, effarante : Lang/Hoess avait-il conscience de tuer des êtres humains (même si les nazis considéraient les Juifs comme des sous-hommes…), de participer à un génocide ? Je suppose qu'il avait surtout conscience de devoir servir la grande Allemagne pour instaurer le fameux « Reich de 1000 ans ». Cela ne justifie rien, n'excuse rien, et cela mérite des thèses de doctorat. Ca ne m'a pas empêchée d'apprécier ce livre, très bien écrit, malgré un contenu glaçant. Tout comme il est glaçant de voir que l'Histoire a depuis lors repassé les plats de la barbarie…
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Voilà un livre qui laisse sa marque.
Cela commence avec l'enfance de Rudolf sous l'oeil noir de son père qui est à moitié fou de religion et de repentir. A partir de là, comment voulez vous que les enfants grandissent sereinement ? Il était évident que ce petit garçon allait devenir un adulte déséquilibré. Finalement, il trouvera une certaine stabilité dans l'armée. Il reçoit des ordres et il les exécute sans jamais se poser de question. L'armée lui offre un cadre très rigide dans lequel il se sent rassuré. Et toute sa vie sera élaborée dans ce sens. Donc quand il est dans les SS et qu'on lui donne des ordres, il les suit aveuglément. Et même, il n'aura des idées que quand on lui ordonnera d'en avoir.
Bref, il est très dur de plonger dans la tête de Rudolf et surtout de le sentir aussi détaché de la mission qu'on lui a confiée.
Un roman qui vogue habilement entre l'histoire et la psychiatrie.

Pioche de juin 2020 choisie par Pas-chacha
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Comment un livre qui dénonce d'horribles vérités peut-il être aussi passionnant ?
C'est tout le talent de Robert Merle, auquel je rends hommage !
C'est plutôt une biographie romancée, celle de Rudolph Hess ; un style dans lequel l'auteur excelle.

Ach so !
Allemagne, Bavière. Nous sommes en 1913 avec Rudolph, 13 ans, qui nettoie les vitres, et qui est terrorisé par son père, un fanatique catholique, qui doit absolument racheter sa faute. Il destine Rudolph à la prêtrise, mais celui-ci préfère les armes. le père apprend inopinément qu'il doit aussi se charger de la faute de Rudolph, qui a cassé la jambe d'un garçon ayant insulté son père. Rudolph, lui, a confié sa faute à un prêtre au confessionnal, et il pense que c'est ce dernier qui l'a trahi. du coup, il ne croit plus en l'Église, et il s'enfuit de la maison ; il trouve un travail, s'occupe des blessés de guerre, dont le capitaine Gunther qu'il admire. Il s'engage dans l'armée allemande.
En 1918, que va faire le soldat allemand démobilisé Rudolph, alors qu'il refuse de devenir prêtre ?
Va-t-il, comme Hitler, fomenter des crimes contre la nouvelle république de Weimar, ces messieurs en redingotes ?
Car jusque là, tout va bien.
Il est placé dans une ferme, et fonde une famille. C'est un bon père de famille.
Puis c'est l'horreur : remarqué par les cadres SS pour ses états de service, il est pris en mains par Heinrich Himmler, numéro 2 du parti nazi, il est chargé de la solution finale à Auschwitz.
Il résout le problème des cadences « d'éliminations d'unités » comme un problème mathématique, sans âme ni conscience … Il est devenu une machine à tuer, la mort est son métier.
Elsie, sa femme, ne sait rien ! Puis elle apprend, à cause de la boulette d'un officier. C'est l'horreur !
« Si Himmler t'ordonnait de tuer ton fils, tu le ferais ?
– Probablement, car ce serait un ordre ; on ne discute pas les ordres.
La guerre s'achève, il répond à la question des alliés :
"Vous avez gazé et brûlé trois millions de Juifs à Auschwitz ?
-- Oui, mais ce n'est pas de ma faute, j'avais reçu un ordre !
( En 1945, Himmler se suicide ).
-- Notre chef, mon « père » nous a lâché ! Me pendre n'est pas un problème, mais par contre, notre chef nous a lâché, il nous a trahi ; je voulais mourir avec lui....
______________________________________________________

J'adore Robert Merle ; et si vous avez l'occasion de lire ses 13 « Fortune de France », ne passez pas à côté, vous aimerez l'Histoire de France ! Sa façon de raconter Henri IV ou Richelieu par un courtisan, ami de Pierre de l'Estoile, est savoureuse !
Mais là, le défi de l'écrivain est très ingrat, et cependant, il l'a relevé haut la main.
Ce livre mérite 5 étoiles, mais si bien soit raconté le mal, ce n'est pas ma tasse de thé.
Des chercheurs devraient exploiter les points communs dans les biographies de tous les "fournisseurs de malheurs de l'humanité", afin de prévenir ces phénomènes bien plus dévastateurs, en termes de morts, que les cyclones !
Quelles en sont les causes ?
Frustration initiale ?
Le père de Napoléon s'est soumis au régime de Louis XV, Hitler et Hess avait un père sévère.
Et si le père de Napoléon avait été indépendantiste ?
Et si Hitler avait réussi à devenir peintre ?
Et si le père de Rudolph avait accepté que son fils rentre dans les armes ?

J'ai fait un début de recherche dans les livres que j'ai publiés :
qu'est ce que le mal dans « L'homme cardinal » ?
Et j'ai esquissé un début de solution dans mon deuxième livre, « Loup »....

En tous cas, bravo Robert ; ton style est tellement fluide !
Ton scénario comporte tellement de rebondissements !
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J'ai toujours eu un peu de mal avec le genre romanesque lorsqu'il aborde le thème de la Shoah. Je me demande si le sujet ne devrait pas être réservé aux seuls témoignages. D'aucuns diront qu'il n'est pas de sujet interdit à la liberté qui prévaut dans le genre. Reste à juger de la façon dont cette indépendance s'exprime.

Averti comme je le fus, en choisissant cet ouvrage, du genre adopté par son auteur après avoir lu la préface qu'il a rédigée 20 ans après sa parution, je me suis posé la question de savoir ce que ce choix, fait par Robert Merle pour écrire La mort est mon métier, apportait de plus à la connaissance de ce chapitre noir de l'histoire de l'humanité. S'agissant de relater des faits historiques avérés.

Pouvait-on suspecter la simple exploitation d'un thème éminemment douloureux à des fins mercantiles ou de satisfaction personnelle ? Si la quête d'un lectorat nombreux ne peut-être niée par un auteur, j'ai voulu savoir ce que pareil ouvrage présentait de sincérité.

Rudolph Hoess pouvait faire cohabiter sans confusion dans la même personne qu'il était sa vie de père de famille, certes peu démonstratif en termes d'affection auprès des siens, et son autre vie qu'on a du mal à qualifier de professionnelle lorsqu'il quittait le domicile familial, celle d'un des plus grands monstres de froideur inhumaine que la terre ait jamais porté.

C'est le procédé narratif adopté par l'auteur qui diffère de ce que peuvent apporter les témoignages. Ce "je", qui fait intervenir son personnage à la première personne pour nous faire la narration du parcours de ce dernier, participe à la compréhension de la complexion de celui-ci. Il était devenu le rouage d'une entreprise emballée dans la spirale de la haine, se gardant bien d'en juger les fondements. Position qui lui servira d'argument de défense lors de son procès. Sa déontologie à lui étant l'obéissance à une cause et une hiérarchie mise au service de cette dernière. Peu importe les théories qui en échafaudaient les principes.

Sans négliger les travestissements exigés par le genre choisi par son auteur, sa lecture m'a confirmé dans le bien-fondé de l'intention de cet ouvrage avec l'apport supplémentaire du mode narratif choisi. Cet ouvrage ne place plus le lecteur en spectateur extérieur aux faits relatés, mais lui fait endosser le costume et le mécanisme mental qui va avec. C'est un ouvrage qui vous glace le sang car on sait que les outrances, s'il y en comporte dans le registre de l'horreur, seront toujours en dessous de la réalité.

C'est une lecture pénible dans ce qu'elle impose au lecteur, qu'on ne peut recommander comme on le ferait de n'importe quel roman qui nous a séduit. Un ouvrage dont le récit par la force des choses s'arrête au pied de la potence. En sachant que cette fin ne résout rien. Mais un ouvrage qui a son intérêt, parce qu'il concerne la nature humaine dont on ne peut pas se désolidariser quand elle est abjecte et la rejoindre quand l'amour est au rendez-vous. Il faut savoir ne pas ignorer pour conserver sa vigilance.
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