1/extrait de two snakes
ÉCRITOIRE DE ROUTE LASSE
C’est d’abord le chien qui consulte la carte,
Ses yeux devancent la giboulée
subterfuge aux plongées
en l’allongé sac de rimes à dos,
C’est par un prénom
qu’il répand l’automne
en haltes lucides,
La moyenne des lectures penche en foulard sale
La poste a oublié son récit
ils n’en mourront pas
futurs statiles et lacets patinés
au croisement de crues sèches
et de quatre chevaux imprimés
sur une fête grave et filante
Des visages grappillent...
extrait 4
l'embouchure fait jour entre deux suites
poussées lentement au plus près de leur puissance
(la règle est ailleurs dans le désordre des eaux)
l'ancrage est fuyant
confine à quelque vertige
emprunté provisoirement
aux imparfaits déclinés
telle une lucidité postée dans son hôpital
et qui accompagne du regard du vide son classement
son envoi
conserves imprimées escales bistres et bourgmestre
près de son chez
coronelle trésor de rambarde terrible
plus de millimètres à ce qu'on demeure
délai de pas de temps étant sergent
étant
la poussière celle qui blanchit le col du Messie
Pour faire vivre en plus grand les aller à l'amont
il se choisira un nouveau nom à la base du crâne
comme le veut la coutume tant que les ombres
seront vaincues à coups de haute bouture
et
la salive c'est ce que parle
pour demander à la plante dans cœur
d'elle
qu'elle autorise à
gonfler antres de son esprit
et
pour qu'elle baptise encore et encore
ce qu'il reste des épopées
et
ces traces que thorax boit
soufflant toutes les enfances par
des
émeutes de sommeil inutiles et
fouillant la larve du marsupial
dans le code inaltéré
des sourires superposés de la boîte à outils
Rendu à sa grâce
extrait 1
rendu à sa grâce marine
rendu à sa grâce chagrine
rendu à sa grâce perlant au premier parloir
rendu à sa grâce laissant féru
rendu à sa grâce froncée
rendu à sa grâce à l'heure de ne se rendre en rien
rendu à sa grâce pourfendant les théâtres religieux
rendu à sa grâce fraîchissante et automne
rendu à sa grâce virant en vrac les ombres molles
des injonctions médiolantes
rendu à sa grâce parfois calculée comme il faut
rendu à sa grâce d'archinaître
rendu à sa grâce ravaudant la boîte de sens
mieux vaut se laisser coulisser
à l'extérieur d'à l'aube
rendu à sa grâce parlant au parloir d'avant-hier
rendu à sa grâce de côté
rendu à sa grâce fabrique de répits
rendu à sa grâce et de briques farépits
rendu à sa grâce et de rés dans la petite brique
rendu à sa grâce aux ongles faits
…
Des visages grappillent...
extrait 1
des visages grappillent leurs gestes
aux cicatrices mouvantes de l'air
absorbés en leurs états itinérants
moins loin qu'il n'y paraît des articulations
monocordes
certains chiens descendent le cours des brumes
leurs gilets sont frais et la nef de mélange
ne quitte plus la couture et l'absurde
aussi bien que l'harmonie de leurs crocs au repos
puis leurs regards arrogants
décrivent des douceurs cumulées par-dessus l'exil
que leur firent les combes un jour de sang
un jour ni considérable de chaleur
et de mires ointes dès que les boucliers
dès que les peuplades tellement différentes
et ramassées sur les berges
crurent bon
de les inclure à la manœuvre
de leurs civilisations théomorphiques
puis leurs babines luisantes
dressent un hommage aux points
qui relient savamment le train et les analyses
…
Avec Arthur H, Rim Battal, Zéno Bianu, Kent, Abdellatif Laâbi, Mélanie Leblanc, Hervé le Tellier, Marie Modiano, Jean Rouaud, Mylène Tournier, Hélène Arntzen (saxophone) & Sébastien Volco (claviers)
Cette anthologie du Printemps des Poètes rassemble plus de cent poètes francophones contemporains autour du thème de l'éphémère. Là où dansent les éphémères se veut un témoin du foisonnement de la création poétique actuelle. Ici, aucun courant poétique ni aucune doctrine littéraire ne font la loi. L'anthologie est constituée essentiellement d'inédits.
Le livre est dédié aux poètes disparus en 2021 : Philippe Jaccottet, Bernard Noël, Werner Lambersy, Joseph Ponthus et Matthieu Messagier.
À lire – Là où dansent les éphémères – 108 poètes d'aujourd'hui, Anthologie réunie par Jean-Yves Reuzeau, le Castor Astral, 2021.
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