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4,1

sur 1244 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur nous permet de découvrir l'histoire du Texas à travers trois générations. Il aborde la conquête des territoires face aux indiens, le traitement des mexicains, la prospection pétrolière, la guerre de sécession. C'est un roman qui est bien écrit avec des personnages qui ne nous laisse pas indifférents, suscitant alternativement sympathie et antipathie. Malgré les 800 pages de ce roman, on se s'ennuie pas une seconde et on se passionne pour les Mac Cullogh, et l'histoire du Texas, un Etat à part aux Etats unis.
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Une fresque texane assez grandiose qui nous emmène du temps où le Texas était mexicain (voire indien) jusqu'à la période faste du pétrole au travers de 3 générations. Mais mon Dieu, quel tableau noir et pourtant réaliste. Les humains, quels qu'ils soient, sont tous plus horribles les uns que les autres. Les indiens sont excessivement sanguinaires, alors que bien souvent on dit que les blancs avaient une fausse idée d'eux; les mexicains ne sont que des voleurs, les blancs n'ont aucune humanité et ne pensent qu'à s'enrichir.... le pire de tous, pour moi, est l'aïeul Eli, enlevé pendant 3 ans par les Comanches et qui ne saura que tuer pour avancer. le plus humain, et qui malheureusement ne pourra qu'être lâche, c'est le fils de 'Eli, Peter. le 3ème personnage, Jeanne la petite-fille de Peter est, quant à elle, une copie d'Eli en féminin. Bref, des personnages noirs mais qui, malheureusement, sont les représentants de ces époques. Ce qui est encore plus noir, c'est qu'on se demande si c'est réellement différent aujourd'hui. L'histoire est donc noire mais prenante. le style est fluide, très agréable à lire, avec trois façons différentes d'écrire : un style direct quand il s'agit du récit d'Eli, un texte au travers d'un journal intime pour Peter et un "regard" extérieur (pas si extérieur que cela) pour ce qui est de Jeanne. Manière très intéressante et qui donne du rythme. En résumé, une bonne lecture, sans compter qu'on apprend beaucoup de choses sur ces périodes de conquête du Texas et d'avènement du pétrole.
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Au travers des récits de trois membres de la famille McCullough, l'histoire mouvementée du Texas se déroule en une épopée qui dépasse largement le cadre familial.

L'ancêtre Eli, fils de premiers colons blancs, a été enlevé, adopté et élevé par une famille Comanche. Il a appris à vivre dans la nature, à traquer le gibier, construire arc et flèches, tirer à l'arc depuis son cheval au galop sans manquer sa cible, tuer chevreuils et bisons, mais aussi les dépecer, les cuisiner, tanner leur peau, extirper les tendons et utiliser toutes les parties de l'animal ... de retour parmi les Blancs, il deviendra Texas Ranger, participera à la Guerre de Sécession et agrandira ses terres ...

Son fils, Peter, y développera l'élevage de troupeaux ; il sera prêt à tout pour agrandir ses pâturages et expiera toute sa vie une faute de jeunesse ...

La petite-fille de Peter, Jeanne Anne, verra l'amplification de l'exploitation pétrolière dans ces anciens pâturages ... et constatera l'impact de l'afflux de dollars, pétro-dollars chez les texans si jaloux de leurs privilèges ...

Un excellent roman ...

Une belle construction à plusieurs voix qui évite la monotonie d'un récit chronologique ...

Une écriture qui transporte dans ces beaux paysages des collines du Texas ...

Bref, vivement le prochain roman de cet auteur :)

Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Trois voix qui alternent, trois générations d'une famille qui balaie l'histoire Américaine, particulièrement celle du Texas, des années 1850 à nos jours.
Il y a tout d'abord Eli, enlevé à l'âge de onze ans par les Comanches et qui va passer avec eux trois années de sa vie, profitant sans le savoir d'un mode de vie qui peu à peu disparaît avec l'éradication des Indiens par des maladies ou les parcages dans des réserves.
C'est lui le fondateur de cette grande famille, lui qui une fois revenu parmi les Blancs s'engagera dans la Guerre de Sécession et survivra grâce aux enseignements des Indiens, lui qui se fera appeler désormais le "Colonel" et qui va ériger une vaste entreprise familiale, d'abord dans l'élevage puis dans le pétrole, lui qui sera un père, un grand-père et un arrière-grand-père autoritaire, tyrannique, ne supportant pas la faiblesse et la mollesse de caractère et d'esprit.
Il y a ensuite Peter, le fils du "Colonel" qui n'en peut plus de ce père qui l'écrase et lui impose un choix de vie qui n'est pas le sien, d'ailleurs il profitera de la révolution Mexicaine pour faire un choix, le premier de sa vie, qui changera à jamais son destin et celui de la famille McCullough.
Et enfin, il y a Jeanne-Anne, l'arrière-petite-fille du "Colonel", une femme intelligente et ambitieuse, la digne héritière de son illustre arrière-grand-père avec qui elle partage une vision précise et juste de l'avenir et un caractère trempé dans l'acier, car pour elle, rien d'autre ne compte que la réussite de l'entreprise familiale afin d'asseoir définitivement l'oeuvre d'Eli McCullough dans l'histoire industrielle Américaine.

Il y a tellement à dire de cette vaste fresque littéraire que je ne sais par où commencer, d'ailleurs il m'a fallu du temps après la fin de ma lecture pour me poser et rédiger une chronique.
Dans cette famille, il y a les forts et les faibles, mais derrière ces mots ne se cachent pas leurs définitions au sens courant, car pour être fort il faut être prêt à tout, n'aimer personne d'autre que soi et n'avoir ni Dieu ni maître, il faut être prêt à tuer père et mère pour arriver à ses fins : "Aujourd'hui, l'homme vit dans un cercueil de chair. Sourd et aveugle. La Terre et la Loi sont corrompues. le Grand Livre dit : je vous rassemblerai à Jérusalem pour vous mettre au creuset de ma fureur. Il dit : tu es une terre qui n'a point été purifiée. Je confirme. Il nous faut un grand feu qui balaie la terre d'un océan à l'autre et je jure de me doucher au kérosène si on promet de laisser brûler ce feu.", c'est ainsi qu'est Eli McCullough; et pour être faible il faut tout simplement être humain et ressentir de l'empathie pour les autres : "Il y a ceux qui sont nés pour être chasseurs et ceux qui sont nés pour être chassés ... J'ai toujours su que j'étais de ces derniers.", c'est ainsi qu'est Peter.
Et puis il y a Jeanne-Anne qui a commencé son ascension ambitieuse ouverte sur les autres pour la finir vieille et seule à agoniser par terre dans sa grande maison.
Je n'apprécie pas forcément un personnage de la trempe d'Eli McCullough, car l'homme est insupportable d'absence de sentiments et d'empathie envers autrui, mais d'un autre côté il a une force de caractère qui pousse au respect et qui trouve ses racines dans son passé.
Eli McCullough restera marqué à jamais par l'attaque de sa famille par les Comanches, les trois années passées parmi eux, tout ce qu'il y a appris et surtout que l'important c'est de posséder, de créer, d'être le fort qui peut écraser le faible plutôt que l'inverse.
Alors qu'importe ce qu'il faut faire pour posséder, l'important c'est de graver son nom dans L Histoire : "Les choses ne valent rien tant que tu n'as pas mis ton nom dessus.".
C'est sans doute le personnage qui m'a le plus fascinée par son évolution, j'ai pris énormément de plaisir à lire les chapitres consacrés à sa vie au sein des Comanches, sans doute parce qu'il y a finalement bien peu de livres qui s'intéressent au sort des Indiens d'Amérique et au quasi anéantissement de cette population.
Au cours de ma lecture je n'avais qu'une hâte : retrouver Eli McCullough au milieu des Comanches pour saisir avec lui les derniers instants d'une liberté et d'un peuple qui allaient bientôt complètement disparaître.
L'histoire et l'évolution de Jeanne-Anne ont elles aussi un côté intéressant et fascinant, parce que l'époque est plus proche de la nôtre mais aussi parce qu'elle fait partie des rares "business woman" qui sont critiquées et qui dérangent une partie de la population.
Et si je me suis demandée pendant un moment ce qu'apportait l'histoire de Peter, je ne m'attendais certainement pas à cette dernière pirouette finale de l'auteur.
Au-delà du destin de cette famille, l'auteur évoque aussi les aléas du monde extérieur sur la vie des Américains, je pense notamment aux deux Guerres Mondiales qui ont fauché bon nombre de jeunes Américains, la famille McCullough ayant elle aussi
Mais c'est sans doute le point d'orgue de ce roman, qu'importe les enlèvements, les meurtres, les guerres, le sang versé, la vie continue quoi qu'il se passe : "Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l'immense boucherie, la vie demeurait.".
Le style de Philipp Meyer est remarquable, j'ai été portée de bout en bout par sa plume et c'est avec un immense plaisir que j'ai pu découvrir cette fresque historique qui s'interroge sur la condition humaine à travers le prisme de trois narrateurs différents, à trois époques distinctes.
Voilà un livre qui ne m'a en tout cas pas laissée indemne tant j'en ai pris plein les yeux avec ce superbe récit, et c'est sans aucune surprise qu'il a figuré parmi les finalistes du Prix Pulitzer 2014.

"Le fils" de Philipp Meyer est à n'en pas douter un très grand roman, une vaste saga familiale s'étendant sur plus d'un siècle, offrant une vision sans concession du rêve Américain, il serait fort dommage de passer à côté de ce si beau roman.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un grand roman américain, plein de souffle et de violence. Philipp Meyer raconte l'histoire du Texas du début du 19e siècle à la fin du 20e siècle à travers l'histoire d'une famille. "Le fils" se lit comme un western moderne très réaliste, loin de l'image édulcorée des films hollywoodiens. Époustouflant !
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Avec « le fils » Philipp Meyer écrit de sa plume énergique et vivante une grande saga romanesque. Cette fresque retrace sur cinq générations et plus de cent cinquante ans la vie de la famille Mc Cullough et à travers sa « petite histoire » une partie de la « grande histoire », celle du Texas, de l'Amérique des états du sud et de ses changements. Histoire violente, surprenante, émouvante, brutale, proche de la nature sauvage d'un vaste territoire à conquérir, où Mexicains, pionniers et indiens s'entretuent sur ces terres que chacun considère comme sa propriété, mais Histoire qui emporte le lecteur.
Le fils, c'est Eli, arrivé dans les plaines du Texas avec ses parents vers 1840, il assiste au massacre de sa mère et de sa soeur par les indiens. Bien qu'il ait tué un des leurs ce jour-là, Eli se fait enlever par les Comanches et passera trois années avec ceux qui deviendront ses frères.
Au fil de son histoire, le lecteur découvre l'Histoire des tribus Comanches. Ils enlevaient des enfants et des femmes pour en faire des esclaves, les enfants pour aider les femmes lorsque les hommes partaient au combat, les femmes pour éviter la consanguinité en apportant du sang neuf. Leur vie est décrite avec les violences, les coutumes qui nous paraissent barbares, combats entre tribus ou massacres de colons, torture, scalps, rien n'est épargné, chasse au bison, liberté relative des moeurs et des femmes, mais également parfois avec beaucoup d'humour, en particulier lors de l'évocation des noms des indiens et leur signification. Très vite tout cela devient la vie d'Eli. Lui qui aura su passer d'homme dit civilisé à indien Comanche, tuant les colons sans scrupule, mais retournant ensuite au monde d'où il vient, et capable alors de tuer ses anciens frères indiens. Philipp Meyer nous fait découvrir la vie de ces indiens qui s'éteignent dans des combats entre tribus pour garder leurs territoires ou pour la conquête de troupeaux de bisons qui leur permettront de passer l'hiver, qui se battent contre l'envahisseur blanc, mais qui sont durement frappés par les maladies apportées sur le continent par ces mêmes blancs.
Le fils, c'est ensuite Peter, le fils d'Eli que nous découvrons à partir de 1915. Il représente la deuxième génération de pionniers dans cette Amérique qui se construit sur les ruines des possessions mexicaines. Son histoire à lui se déroule au moment des guerres de sécession et de la guerre contre le Mexique, pourtant premier occupant du Texas. Intéressant de replacer également cette période au moment de la première guerre mondiale en Europe. Philipp Meyer nous présente ces populations qui s'approprient les terres des occupants précédents et qui n'hésitent pas à massacrer pour les obtenir : les colons espagnols et les indiens, les pionniers et les Mexicains, les Indiens et les colons, c'est un combat sans fin. Intéressant de voir que l'auteur ne prend pas parti, mais il présente une vision du passé qui interroge.
Le fils enfin, cela aurait pu être Jeanne-Anne, le troisième personnage auquel fait référence cette fresque. S'il y a peu de personnages féminins, en voilà enfin un, mais il est difficile de trouver sa place dans ce monde de pionniers. Pour arriver à se faire respecter dans cette dynastie de conquérants, Jeanne-Anne va devoir se comporter comme un homme. Fille de Peter, elle représente la nouvelle génération de la fin du XXème, celle des riches propriétaires de la nouvelle ruée vers l'or, celle de l'or noir et de ses derrick qui remplacent peu à peu les troupeaux sur les terres du Texas.
Le roman alterne les évocations de ces trois personnages tellement différents qu'il est parfois difficile de les suivre. Mais rapidement les récits s'enchainent et l'intrigue se déroule. C'est la saga d'une famille mais c'est surtout saga d'une époque, de la conquête d'un nouveau monde bâti sur des épopées mais aussi sur des massacres, l'Histoire magnifique d'un pays qui s'est construit dans les grands espaces et la violence.
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Voici un bon gros roman américain comme on les aime, fresque familiale mêlée d'Histoire, roman polyphonique et chronologique, à la fois ode aux grands espaces et critique de la famille et de l'héritage familial, de la mémoire et de l'oubli, de la réussite sociale et de ses aléas...
J'ai appris des choses sur l'histoire du Texas, des liens et conflits entre Etats-Unis et Mexique, mais aussi sur les derniers Indiens, sur la difficile cohabitation entre les peuples. Très bien écrit, ce roman tout en finesse psychologique dévoile 5 générations d'une puissante famille texane, propriétaires terriens mais aussi exploitants pétroliers. J'ai beaucoup aimé les chapitres consacrés au patriarche, Eli, élevé chez les Indiens, mais aussi le journal de son fils, homme partagé entre un devoir de réussite et de ressemblance à un père "parfait"et ses propres sensibilités, plus humanistes... le lent glissement vers l'époque actuelle s'effectue par le biais de l'arrière-petite-fille, sans doute les chapitres que j'ai le moins aimés car nettement plus conventionnels, sauf vers la fin du roman. D'ailleurs, c'est le seul reproche que je lui ferais, ces quelques longueurs dues aux chapitres consacrés à l'héritière, plus en introspection et moins influencés par l'Histoire du pays.
Pour conclure, un excellent roman réellement "romanesque", roman presque fleuve mais brillant et bien construit, promis à un beau succès je pense.
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J'ai retrouvé avec "Le fils" cette amplitude (dépourvue de toute longueur) que sait si bien rendre une certaine littérature américaine, prompte à nous embarquer dans les remous d'une Histoire fondée sur la conquête et la violence.

Sans doute peut-on parler de "saga" : le récit nous fait côtoyer plusieurs générations d'une même famille, se focalisant sur trois de ses représentants, dont les personnalités et les existences deviennent prétexte à planter une époque et les mutations qui la bouleversent. Car le destin de cette famille -les McCullough- est inextricablement lié à l'histoire d'un territoire, le Texas, où s'installent, dans la première moitié du XIXème siècle, attirés par l'offre du gouvernement mexicain de doter de deux hectares de terres tout homme assez courageux ou fou pour risquer de se faire scalper par les Comanches, les parents de l'aîné des trois héros dans l'intimité desquels nous immerge Philipp Meyer.

Eli McCullough, surnommé le Colonel, est justement né l'année de l'indépendance du Texas (en 1836, et qui dura une décennie). Adolescent, il est enlevé par des Comanches ; il passe trois années dans leur tribu, dont il devient un membre à part entière. Il en gardera un inextinguible goût pour la liberté, mais surtout le caractère inébranlable de ceux qui, portés par la conviction que la survie de leur clan autorise toutes les violences, et que toute vie humaine ne pèse que son poids de viande, écrasent et conquièrent sans mauvaise conscience ni aucune pitié. A son retour parmi les blancs, sa tribu ayant quasiment été décimée, et après un passage chez les Rangers, Eli se lance dans l'élevage, et bâtit peu à peu, sur cette rude et hostile terre texane où son père s'est échiné, la fortune qui sortira les McCullough de l'anonymat.

Plus d'un siècle et demi plus tard, son arrière petite-fille, J. A. McCullough, allongée et à moitié inconsciente sur le sol de la salle à manger de son ranch, essaie de reconstituer les événements qui l'ont mise dans cet état. Elle est seule, très âgée, ses souvenirs affleurent et occultent ses interrogations sur sa situation présente. Ça n'a pas toujours été facile, mais elle est parvenue, malgré les réticences machistes, à redresser la fortune du clan, si mal gérée par son père. Son arrière-grand père, dont elle a été si proche, enfant, avait bien compris qu'elle seule avait la trempe, avec sa hargne froide et sa robustesse naturelle, pour sauvegarder l'héritage familial.

Peter, "Le fils", celui d'Eli, avec sa bienveillance, son rejet de la violence, est la honte de la famille. Les extraits de son journal écrits à partir de l'été 1915 nous plongent dans les prémisses des troubles révélant l'opposition entre ceux que l'on nomme les "blancos" et les mexicains, qui mèneront à l'exil de ces derniers vers leur terre d'origine. Suite à un vol de bétail, les McCullough organisent une expédition punitive chez leur voisins de toujours, les Garcia. C'est un véritable massacre, dont Peter gardera un profond traumatisme. Mais malgré l'expression régulière de son désaccord envers les pratiques des siens, lui aussi semble finalement irrémédiablement lié à ce clan, et se montre passif, car impuissant, devant ravaler sa révolte face à la victoire de l'iniquité et de la sauvagerie, subissant son appartenance au groupe des gagnants, lui qui croit pourtant que l'histoire de l'humanité participe d'un mouvement inexorable de l'instinct animal à la pensée rationnelle... attendant du monde qu'il devienne bon, il est condamné à vivre dans la déception.

C'est avec beaucoup de finesse que Philipp Meyer dresse ces trois portraits, dépassant leurs traits de caractère les plus flagrants pour leur conférer une réelle épaisseur, une scène suffisant parfois à nous faire entrevoir leurs failles, leurs nuances, leur complexité. La sécheresse de Jeannie est ainsi contrebalancée par ses doutes, ou l'expression de certains de ses fantasmes, l'intransigeance du Colonel légèrement adoucie par la tendresse qu'il manifeste -bien que rarement et toujours avec mesure- pour cet humanisme qu'il ne peut lui-même se permettre : habité par sa vision pragmatique, combative du monde, il ne vit que pour la défense de son clan, y compris pour les brebis galeuses qu'il abrite. Ce n'est pas la gloire personnelle qui le motive, et ce n'est pas son ego qui le pousse, il l'a d'ailleurs appris avec les Comanches : ce sont les lâches qui s'aiment, les hommes forts n'agissent que dans l'intérêt des leurs.

Le monde semble d'ailleurs lui donner raison : depuis toujours, l'histoire de l'humanité est celle de conquêtes et d'écrasements successifs. Dans cet environnement exigeant et ingrat, qui ne peut être dompté qu'à force de travail, d'endurance, de résistance au éléments et aux ennemis, seule compte l'aptitude à la survie. Les Comanches en ont chassé les Apaches, qui avaient arrêté les conquistadors espagnols, avant d'être eux-mêmes vaincus puis exterminés par les blancs, qui se sont au passage débarrassés des mexicains et ont transformé le Texas, délaissant peu à peu les grands élevages bovins au profit d'une industrie pétrolière laissant la terre exsangue, et défigurant les paysages.

"Le fils"est une fresque passionnante, tendant à la fois vers l'épique et l'intime, imprégnée d'une violence jamais gratuite, qui interroge le côté sombre des mythes fondateurs de l'Amérique.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une véritable épopée familiale sur 3 générations texanes... le Texas, ce territoire américain qui a sa propre histoire : les mexicains y ont chassé les indiens (qui avaient eux-mêmes chassés des indiens), qui se sont fait chassés par les blancs... Des morts, des vies, des amours! Une conquête de l'ouest entre puits de pétrole et bétails qui se comptent par milliers.
Au-delà de l'aspect historique exceptionnellement détaillé et qui donne tout son sens au livre, je dois quand même avouer que cette lecture m'a paru un peu longue...
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Alors là ! Je ne m'y attendais pas ! Cette saga familiale m'a tout simplement transporté ! J'aime ces récits qui emmènent les lecteurs d'une époque à une autre, où les destins des personnages d'une même famille suivent parallèlement leur cours et s'entrechoquent par moments. Des récits parfois très durs pourront heurter la sensibilité de certains, mais c'est un tableau qui tire ses couleurs du réel et sans aller dans le débat “faut-il tout montrer?”, je salue l'auteur qui a puisé dans sa qualité d'écriture pour dépeindre au mieux les conquêtes obsessionnelles de cette famille. Car tout était une question de conquête, celle de l'ouest (qui était je dois avouer mes passages préférés) avec le petit Eli (plus tard appelé le Colonel) qui se retrouve prisonnier des Comanches, celle de l'industrie des années plus tard, et puis la dernière conquête, celle du pétrole, avant le déclin. Toutes ces conquêtes ont enrichi cette famille. Je les imaginais parfois presque se nourrir seulement de leur argent tant ils ne vivaient que pour ça.

Mais au-delà de la possession extravagante, l'inlassable enrichissement, il a le passé qui hante, les cadavres qui sortent de leur placard et un vilain petit canard, Peter. Ce fils (fils d'Eli) qui sort du lot et qu'on voit plutôt comme un petit cygne blanc. Ce dernier se retrouve submergé et entaché par le sang encore frais sur les mains de ses ascendants. Mais rooh comme il m'agaçait par moment ! Sa bonté et sa générosité se laissaient écrasées par un père traumatisé par ses années chez les Comanches. le pouvoir qu'Eli avait sur lui effaçait toute tentative de racheter les crimes librement perpétrés par cet horrible père. Et dans ce monde de requin, il se retrouve mordu de tous les côtés et c'est sa fille, admiratrice de ce grand-père Eli qui hérite de cet empire familial. On imagine mal cette femme sans scrupule être la fille d'un Peter honnête et droit. Les gênes ont sauté une génération cette fois-ci et elle tient cette entreprise d'une main de fer dans un gant souillé qui contamine toutes les personnes qui l'entourent.
On comprend que cette famille est maudite. Elle s'est elle-même maudite.
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