Ce roman policier qui se passe en Chine dans les années 70 et 80 décrit très bien les conditions de vie des habitants de l'époque, que ce soit dans les camps de rééducation à la campagne dans les années 70 ou la vie en ville, à Pékin, dix ans plus tard.
Nous allons suivre plusieurs personnages, un juge, deux policiers et la petite amie de l'un d'eux, lesquels sont tous embarqués dans une enquête qui a pour point de départ la découverte d'un homme égorgé sur un chantier.
Les deux époques sont évidemment liées et l'histoire va s'avérer beaucoup plus complexe que prévue, on y découvrira un trafic de drogues, les abominations qui avaient lieu au sein des camps de rééducation, la vie des plus pauvres dans les campagnes ou en ville et ce qu'ils sont contraints de faire pour s'en sortir, et une corruption qui semble gangrener la société toute entière.
J'ai beaucoup aimé ce roman écrit par un auteur français qui connaît très bien la société chinoise.
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J'ai un avis mitigé sur ce roman. le contexte est original et la description de la Chine avec son système communiste est très vivante : on se rend bien compte de l'emprise de l'État sur la vie quotidienne des chinois, sur le système politique et social. L'intrigue policière, à plusieurs volets qui s'entrecroisent pour finalement se rejoindre,n'est pas très originale. La psychologie des personnages est assez caricaturale mais on ressent beaucoup de sympathie pour le juge Li. Malgré ces défaults, le livre est agréable à lire car l'écriture est dynamique et le style agréable. Un bon moment.
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Dix ans, ce n’est rien, comme l’avait déclaré ce sous-chef du bureau de la Sécurité publique. Mais en dix ans, que de grandes choses accomplies ! À l’ombre du pouvoir, le pouvoir accru ! Des émoluments versés aux plus hautes instances faisaient taire les consciences politiques. Des pots-de-vin à une échelle industrielle pour financer les résidences des cadres supérieurs dans le Sud ou sur la rivière des Perles. Toujours plus d’argent versé pour acheter silence et pouvoir. Mais, contre la maladie, le pouvoir et l’argent ne pouvaient rien.
Les activités des champs se réduisaient, aussi les femmes furent affectées à la fabrication d’espadrilles pour une usine populaire de Yichang. Les hommes, eux, continuaient le déboisement et le débitage des billes en planches. La chemise de Meimei commençait à se tendre sur son ventre : elle avait de plus en plus de mal à se baisser, à cacher son état. Ses camarades n’osaient rien dire. Celles qui pratiquaient les jeux de la barrière, comment parvenaient-elles à ne pas tomber enceintes ?
Pour éviter tout détournement d’énergie productive, cette barrière évitait que mâles et femelles ne se rencontrent et ne se lient. Les laquais du capitalisme et les salauds de droite, tous confondus dans l’abstinence, pourraient toujours lustrer leur tige de jade s’ils en avaient encore la force après le travail. Les amours illicites étaient de toute façon prohibées dans tout le pays, qui fonctionnait comme une immense caserne. Da Han fit du sexe une récompense pour les cadres du camp.
Suivant le principe défini par le président Mao toujours en vigueur, tous les élèves et étudiants ainsi que les cadres devaient travailler à la production pour rester en contact avec les masses. Faire de l’intellectuel un ouvrier, et de l’ouvrier un intellectuel. Li devait une journée par semaine aux paysans, mais il allait rendre la justice dès le lendemain.
Le sexe n’était que luxe bourgeois et dépense égoïste. On pouvait le planifier et le réduire à sa fonction première : la procréation. Pas de place pour ça ici.