« Être humain consiste essentiellement à ne pas rechercher la perfection, à être parfois prêt à commettre des péchés par loyauté, à ne pas pousser l'ascétisme jusqu'au point où il rendrait les relations amicales impossibles, et à accepter finalement d'être vaincu et brisé par la vie, ce qui est le prix inévitable de l'amour que l'on porte à d'autres individus. Sans doute l'alcool, le tabac et le reste sont-ils des choses dont un saint doit se garder, mais la sainteté est elle-même quelque chose dont les êtres humains doivent se garder. » (Orwell)
Il faut que le révolutionnaire, dur pour lui-même, le soit aussi pour les autres. Toutes les sympathies, tous les sentiments qui pourraient l’attendrir et qui naissent de la famille, de l’amitié, de l’amour ou de la reconnaissance, doivent être étouffés en lui par l’unique et froide passion de l’œuvre révolutionnaire. Il n’existe plus pour lui qu’une jouissance, qu’une consolation, qu’une récompense, qu’une satisfaction : le succès de la Révolution. Il ne doit avoir jour et nuit qu’une pensée et un but : la destruction inexorable. Et tout en poursuivant de sang-froid et sans répit l’accomplissement de ce dessein, il doit se tenir prêt à mourir, mais prêt aussi à tuer de ses propres mains tous ceux qui s’opposent à sa réalisation.
NETCHAÏEV.
Les lecteurs de gauche n'ont jamais eu, par définition, l'indépendance d'esprit nécessaire pour oser s'intéresser d'eux-mêmes à un auteur aussi contraire à leurs Saintes Écritures et aux dogmes indispensables à leur petit équilibre personnel. Et franchement, je n'ai pas le sentiment que les choses, de nos jours, aient beaucoup changé sur ce point. (p.30)
Cette Amérique populaire, perpétuellement moquée par la littérature et le cinéma contemporains, se présente au départ comme un mélange incroyable d’individus solitaires ou vagabonds et de petites communautés locales, regroupant essentiellement des travailleurs autonomes (éleveurs, fermiers, artisans, petits commerçants, etc.) d’origines extrêmement diverses, farouchement attachés à leur liberté nouvelle, et ne qui ne songeaient guère, la plupart du temps, à s’enrichir d’une manière indécente ; ou du moins, à sacrifier les manières indépendantes de vivre qu’ils avaient si durement conquises, pour se soumettre aux cycles de fer de l’accumulation capitaliste et de son urbanisation absurde.
Le moraliste et le révolutionnaire ne cessent de miner leurs positions. Marx a placé une charge de cent tonnes de dynamite sous la position du moraliste, et le terrifiant retentissement de l’explosion résonne encore à nos oreilles. Mais déjà, en un lieu ou en un autre, des sapeurs sont au travail, s’affairant à placer la charge de dynamite qui projettera Marx jusqu’aux étoiles. Puis Marx, ou quelqu’un qui lui ressemblera, placera à son tour une charge de dynamite encore plus puissante, et ainsi de suite, jusqu’à un terme qu’il est impossible de prévoir.
C'est depuis un village des Landes où il vit depuis sept ans que le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit sa critique d'un monde urbain qu'il estime aujourd'hui trop déconnecté. À l'occasion de la sortie de son dernier essai, il est "monté à Paris" pour s'entretenir avec Guillaume Erner.
Photo de la vignette : Aitor Diago / Getty
#capitalisme #economie #alienation
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