" Un temps lumière avant que de se perdre"
Dejà plus ne sommes qui
nous étions
presque avons un pied de l'autre
côté
semblons spectres à qui nous voit
cryptant
lors que la vie
brûle
(comme on lui voudrait pouvoir faire hommage
d'elle
"dans le jardin relever
les statues"!)
Dans l'étroite Phalange de Ceux qui joutent
avec l'évanouissant infini chaque jour
Qui
peut assurer que nos coups
portents
à l'égal des Leurs, Ceux qui surent, les
Héros ?
Quelle empoigne pourtant quelle
passion dans le Jeu de dire avec éclat et quelles
voix à pleine poitrine quelles musiques suaves in
génumement !
Le nom vrai d'être est
CHANCE
Houle de saveurs nonpareilles brasier d'effrois
jouis
ô sans égale
Enigme !
En nous qui tant contraignions nos jours déborde
de tout ce feu accumulé jaillissant
mystère
Le monde entier maintenant tombe
comme de soi dans le Poème
D'avance maintenant valent
- de force éclat mérite- les vertus mieux
que les vices
longtemps jeunesse croit de force égale ou même
le pire et le meilleur
En avalanche toutes choses tombent
- ô simulacres !-
dans le Poème en leur ordre
juste
Chacun emporté par ce qu'il ignore l'accomplit
avec ce zèle d'ignorance et de passion qui
émeut
Puisse une parcelle de cet éclat faire
un instant scintiller cette
ligne d'encre
retentir dans le fond des ans quelques
battements de mains d'enfants leurs cris et
des pleurs si réels, qu'ils sembleront bienfaits puis
qu'il n'est d'autre bien que
signes
Un suffisant lecteur au bout de l'énorme
vide
renverra-t-il au bond la balle
que de l'autre côté de la vie nous
lançons ?
Folie sans doute mais
de ne le résilier ce monde l'accepter
perdre
avec ferveur encore
parions
sur tels échos bondissant
un temps lumière avant que de se perdre
dans les gloires sombres de
L'INFINI
D'un livre seul, on peut tout attendre. Il vaut a proportion du pari désespéré qui le porte, des richesses qu'il jette, avec joie, dans son feu, pour qu'il flambe.
Rien ne l'excuse, puisqu'on y doit tout choisir. Que l'on y doivent répondre de "tout" fait devoir, pousse à devenir meilleur.
On y lutte avec les Puissances, c'est dire les chances de se perdre. Cela vaut déjà mieux, pourtant, que la plupart des "succès" du monde : méditer un assaut souverain, désintéressé, pur de toute bassesse, étranger à la cautèle ordinaire des intentions, vriament voué au vrai jusqu'à se perdre.
Ils croient savoir ! Ils ont la Réponse ! Si bien assurés de leur définitif salut qu'ils ne savent plus, dès lors, que répéter, asséner, prêchi-précher. Ô ces bénisseurs que plus iren n'inquiète, comme ils font bailler !
Alors quoi ? Ceci, pourquoi c'est à la poésie que je me suis voué, non aux longues et belles chaînes des discours démonstratifs : je crois que du savoir au non-savoir, ce n'est pas le savoir qui commande, mais qu'il est en lui même tenu par du non-savoir, sur lui fondé (...) et que les savoirs ne "tiennent" que de tout le non-savoir qu'ils refoulent pour se constituer
(...)
Les optimismes, les confiances, voire les arrongances, les illusions de toutes les Grandes clartés reposent sur un sol plus profond : celui du non-savoir même qui les appelle. C'est là notre fatum
Quel meilleur usage du monde sinon qu'il nous soit occasion de nous exercer?
Jean-Paul Michel Défends-toi, beauté violente