Comme Fragonard, Greuze survécut à ses succès. La mode, qui l'avait servi, ne lui fut pas plus clémente et les dernières années de sa vie (il mourut le 21 mars 1805) s'achevèrent dans la misère et l'abandon, — consolées seulement par la tendresse d'une fille et la sollicitude fidèle d'un petit nombre d'amis. Il semblait pourtant que « le peintre de la morale », le metteur en scène « sensible » et sentimental des mœurs bourgeoises et populaires, devait trouver grâce devant la société nouvelle, « régénérée » par la Révolution.
Quand la Révolution aura démoli les boudoirs et décimé la société pour laquelle furent composées ces choses immorales et exquises et qu'on aura vu les rouges réveils de tous ces carnavals roses, le pauvre Frago aura perdu toute raison d'être. Il se consolera, sous le Directoire, à dessiner quelques illustrations pour les Contes de la Fontaine, et quand, enfin, les réalités sanglantes, les guerres de l'Empire après la Terreur, ne laisseront plus de place aux jolies fêtes galantes, il n'aura plus qu'à achever tristement de mourir, dépaysé au milieu d'un monde nouveau.