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EAN : 9782072738647
368 pages
Gallimard (02/11/2017)
3.57/5   22 notes
Résumé :
Un monde à part. Ils s’appellent Mathieu, Greg, Aïssa, David, Jean-Jacques… Jean Michelin est leur capitaine, leur compagnie s’appelle Jonquille. Nous sommes en Afghanistan, à l’été 2012, alors qu’à la mission de lutte contre les talibans se mêlent déjà les préparatifs du rapatriement annoncé par la France.

Comment raconter la guerre à ceux qui ne la voient que de loin? Comment parler des hommes et des femmes, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils vécuren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
AFGHANISTAN 2012 : POURQUOI MOURIR ?

Michel Goya, ancien colonel des troupes d'infanterie de marine, tient un blog sur la "Chose Militaire"(lavoiedelepee.blogspot.com) source inépuisable de textes fouillés, documentés, argumentés, pensés sur la guerre, la tactique, l'opératif, le stratégique.
Il est aussi l'auteur de plusieurs livres dont deux majeurs, "La chair et l'acier : l'armée française et l'invention de la guerre moderne, 1914-1918", ", Sous le feu : la mort comme hypothèse de travail", le premier traitant des mutations de l'armée française lors du conflit-matrice des affrontements du XXème siècle, le second de la zone de mort et de la bulle de violence, que connaissent tous les soldats engagés dans des opérations de combat, écrit à partir de son expérience personnelle dans l'ex-Yougoslavie.
Aussi son avis pèse.

Il a récemment recommandé "Jonquille" du capitaine Jean Michelin, commandant une compagnie de chasseurs à pied engagée, en 2012, dans l'affrontement afghan.

Ce texte raconte sans fioritures (on pense à la "317ème section" ou à "La section Anderson", de Pierre Schoendorffer) la vie de femmes et d'hommes attendant ou patrouillant sans relâche le plus souvent sans autre chose qu'un échange de quelques balles, heureusement sans dégât, ....jusqu'au 9 juin où quatre français et deux afghans trouvent la mort lors d'un attentat-suicide.
Le deuil, la tension, la culpabilité, la tristesse frappent alors comme une gigantesque claque les combattants d'abord sidérés puis ébréchés mettant un long moment à revenir à la surface.
La routine des missions, l'entraînement de professionnels aguerris, endurcis, préparés, l'attention portée aux souffrances finissent par remettre la machine en route.
Les soldats vivent avec cela.
La vie militaire s'expose là avec ses codes, ses pratiques, son langages et ses rituels. (ceux qui ont fait leur service retrouveront des échos de ce moment qui, à l'époque, ne risquait pas de se finir par une rencontre avec la mort).
La fin de mission, l'évacuation réussie de tous les postes, le passage par le "sas" de Chypre le retour dans une societé pacifique, dans une famille où il faut retrouver sa place clôturent cette période où "la part d'ombre" marchera toujours avec ces chasseurs montés au feu.

Ce livre pose plusieurs questions :

- celle de l'impossibilité de gagner un conflit de ce type avec une armée de ce format, c'est à dire surdimensionné, mal adapté, à l'engagement local...On retrouve une vision américaine de la guerre, celle du déploiement maximal de tous les moyens possibles dans tout affrontement. Comment s'en prendre à des fourmis avec un tel marteau-pilon ? Au quotidien, la guérilla tient les campagnes, les postes la route. Les engins explosifs improvisés menacent à tout moment. Les sapeurs déminent en premier avec heureusement d'autres moyens que ceux des années de guerre et d'immédiate après-guerre (cf "Par le sang versé" de Paul Bonnecarrère où, en Indochine, les soldats déminent la voie ferrée en frappant à espaces réguliers le rail au risque de voir une mine leur exploser à la figure).
La puissance engagée est celle d'un mammouth blindé numérisé qui ne peut se déployer...La lenteur des déminages sous très haute protection de la seule route de circulation vers les postes avancés ne permet pas de frapper directement (qui d'ailleurs ?).
On est à l'exact opposé de ce que l'armée française vécut en Indochine lors de l'évacuation des postes avancés dispersés en haut pays tonkinois qui nous valût une embuscade majeure à hauteur de Cao-Bang (1950) et la destruction quasi-totale des deux colonnes se portant l'une vers l'autre, la colonne de recueil et la colonne de repli. Hier rien, pas de support, pas de soutien et une guérilla inextirpable ; aujourd'hui, tout, un déploiement interarmes extraordinaire, un soutien magistral et toujours une guérilla inextirpable....

- celle de notre présence : que veut-on faire ? viser la liquidation des poches de résistance (à la façon des russes en Syrie qui massacrent tout le monde ou en concentrant une hyperforce sur une petite zone)? la pacification ? le renversement de la société afghane ?..... On sent bien qu'il n'y a aucun objectif précis derrière ce déploiement, que le "zéro mort" sert de doctrine (dans ce cas-là, pourquoi envoyer des femmes et des hommes pour qu'ils la risquent inutilement ?), et qu'au fond, on est là parce qu'on est là…
Lors de l'opération Serval, sur un terrain très propice à la manoeuvre, l'armée française a démontré un savoir-faire de très haut niveau notamment parce que les rôles étaient précisément répartis, les objectifs simples et la main laissée aux femmes et hommes de terrain (cf « La guerre au Mali » de Jean-Christophe Notin). Là on est très loin du compte.
On ne saisit toujours pas pourquoi on a envoyé des militaires dont certains meurent dans une indifférence à peu près absolue. La mort fait partie du Métier des Armes. Encore faut-il que cela ait un sens, une raison et une
reconnaissance ?

- celle de notre compétence : là aucun doute. « L'outil militaire » français est très performant, souple, capable de s'adapter à toutes sortes de situations, d'accomplir les missions et de faire vraiment bien (l'opération Serval le confirmera). L'Armée Française sait se battre pour la République, la Patrie et « la Gloire des Armes de la France ».

Cette guerre à hauteur d'homme devait être écrite. Ceci fait comprendre qu'un engagement n'est pas un jeu vidéo, un film où un commando, façon Super Costaud détruit le siège de la Force Obscure, instaure la Démocratie à la mode nord-américaine et libère des peuples enfin autorisés à aller au fast-food…C'est affaire de chair, de sang, d'intelligence, de courage, de solidarité, d'énergie dans un monde, très incertain, stressant ou la mort omniprésente peut se matérialiser à tout moment. Cela mérite à minima de une attention, un respect, un remerciement…Un livre à lire donc.
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L'intervention des troupes françaises en Afghanistan n'avait guère retenu mon attention. Quelques grands titres qui accrochaient mon regard parfois. Et encore ! Un pays que je ne comprenais pas, une guerre qui m'indifférait (oh l'horrible mot) et une incompréhension totale de la fonction militaire à l'étranger. Vous mixez tout ça avec un soupçon d'antimilitarisme et vous obtiendrez tous les ingrédients pour que ce livre ne tombe pas entre mes mains. Sauf que, si. Les bizarreries du hasard ont fait que j'ai flashé tant sur la 4e de couv' que sur le prologue. J'ai foncé tête baissée, je l'ai acheté et l'ai lu avec avidité, retrouvant chaque soir l'univers si particulier que décrit, avec une émotion intense dissimulée dans beaucoup de pudeur, l'auteur et capitaine Jean Michelin.

Dans ce récit, pas de place à la stratégie politique et militaire ni aux longues et ennuyeuses descriptions des interventions sur le terrain. Au centre : les hommes (et les femmes) de la compagnie. Leurs émotions, leurs fragilités, leur détresse, patience et impatience, la difficulté du quotidien dans la chaleur intense de l'été Afghan, loin du confort français et de leur famille. J'ai surtout retenu leur grande humanité, celle des chefs en particulier, ceux que l'on imagine mordants et pincés, qui sont en réalité labourés de questionnements où chacune de leurs décisions peut entraîner la mort des soldats placés sous leur responsabilité. Et quand par malheur, l'un deux est blessé, leur éternelle incertitude : qu'aurais-je dû faire pour éviter cela !

Un livre qui bouleverse bien des certitudes et des a priori. À lire, même (et surtout) si l'armée ne vous intéresse pas !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une section est une entité de combat qui, lorsqu'elle est bien entraînée et bien commandée, fonctionne comme un corps humain dont chaque organe connaît sa fonction, celle de son voisin, et travaille en harmonie dans l'ensemble auquel il appartient. Dans chacune de mes sections d'infanterie, un ou deux soldats étaient durement marqués, mais ils étaient soutenus et encadrés par un corps sain, ce qui les a aidés à remonter la pente, comme un corps sain peut faciliter la guérison d'un organe malade. La section génie n'avait pas eu cette chance - en première ligne, elle avait subi un traumatisme collectif tel que le corps ne pouvait pas le surmonter. Parmi ces soldats, certains, les plus jeunes, participaient à leur première mission. D'autres en étaient à leur deuxième ou troisième séjour en Afghanistan et avaient déjà traversé des épreuves difficiles, conservé en mémoire des images horribles, jusqu'à ce moment où, indépendamment de leur personnalité, de leur expérience et de leur valeur, ils avaient fini par atteindre ce point que tout le monde a sans savoir où il se trouve exactement : le point de rupture.
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Il n’est pas très beau, mon soldat, mais il redresse la tête, tire imperceptiblement ses épaules vers l’arrière pour bomber son torse maigre, puis reprend son chemin en roulant des mécaniques. A cet instant précis, il marche comme si la base tout entière lui appartenait. Il marche avec la fierté d’un César vainqueur. Il marche, seul, superbe, immense pour un instant. Peut-être que je l’ai imaginé, mais il y a du respect dans le regard des officiers, un soupçon d’envie même. Il est 18 heures, la fin d’une journée ordinaire, la routine terrifiante d’un été en Afghanistan, et pendant une seconde, mon petit soldat avec sa mitrailleuse sur l’épaule est devenu le centre du monde.

J’ai écrit cette histoire pour ne pas l’oublier.
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J'insistai. "Non, mon vieux. Merci pour tout". Et dans ce remerciement, il y avait aussi ma gratitude d'avoir pu trouver, dans ces terres désolées à huit mille kilomètres de la maison, dans ce moment terrifiant où, confrontée à sa propre solitude et à l'idée de sa mort, l'âme se révèle à nu, un ami fidèle, qui comprend, et qui, s'il ne comprend pas, pose quand même sa main sur mon épaule pour me faire savoir que je ne suis pas seul.
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