Au bas d’un lit…
Au bas d’un lit, où les fragrances persistantes que tu viens de m’envoyer – et dans lesquels je voudrais me noyer – me font sombrer dans l’illusion d’être chez toi avec cette proximité touchante et si douce, quelques notes manuscrites et non signées n’ont su trouver un destinataire :
« Ma D...
Je ne puis plus rien exprimer que l’envie d’avoir de tes nouvelles car chaque jour où je semble sommeiller dans un souvenir est une lutte pour m’empêcher de t’appeler sans cesse.
Je ne peux exprimer à la fois la passion simple et furieuse qui m’anime rien qu’à connaître le récit de ta journée ni encore moins le vide abyssal qui m’entraine chaque jour, déporté sur les rails de l’oubli ou du moins de l’indicible. Je voudrais hurler ! Tu dois certainement me prendre pour un fou maintenant. Je souhaite que tout aille bien pour toi. Je te souhaite un bon séjour à B. »
Dans un dernier temps, un autre vent souffle ces notes et les retourne face contre sol. Une autre mélodie vient ainsi perturber et couper ce solo.
Aussi fragile que précieux, mon présent …
Aussi fragile que précieux, mon présent ne vaut pas plus pour ce qu’il a été que pour la place que tu lui accorderas à l’avenir. Il faut être amoureux du sentiment amoureux pour penser qu’un amour efface l’autre. Or je le suis de toi. Loin de toi, c’est moi qui pourrais finir par m’effacer. Je suis heureux de me dire que tu existes et que tu caresses ma vie d’une intensité qui enflamme chaque instant et révèle ce que je suis, ce qui me fait rêver et ce que j’espère.
- « Simplement merci, tu es merveilleuse comme personne ne peut trouver à revendiquer plus ce qualificatif pour moi, ce titre de la noblesse absolue qui règne dans mon cœur. Je pourrai toujours raviver les braises des kyrielles de souvenirs que tu as semé sur mon corps, dans mon cœur et à travers le temps. »
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Partagé entre les touches de noir et de blanc…
Partagé entre les touches de noir et de blanc, le discours s’accroche avec des croches, laisse place aux rondes pour arrondir les angles.
- « Tu m’as fait vivre ! Et je doute pouvoir te survivre. »
Encore un silence...
- « Ta manière de flirter avec moi, c’est juste une illusion que tu déplaces quand tu n’as pas envie de te sentir seule. Et tu la vois sans conséquence pour toi parce que tu prends tellement ; pour ne jamais donner ! » - C’est tout le propre d’une musique qu’on écoute. On ne peut jamais rien lui rendre, si ce n’est le sentiment qu’elle nous inspire. Et là encore, c’est elle qui agit.
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Il ne pouvait plus se construire aucun raisonnement …
Il ne pouvait plus se construire aucun raisonnement. Ce n’est qu’une course de mots ; ils se perdent dans l’air pour former des vibrations qui résonnent. Martelés comme dans un souffle arrivé en fin de course. Dans ces expressions vocales qui n’avaient rien de vocables, les cordes sont frappées de mots en tant que simples déclinaisons du son. Ce ne peut être un instrument à vent. C’est un piano où chaque note légère ou pesante correspond à un mot qu’on martèle sur une partition de pensées déraisonnées et absolument abstraites.
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Tes silences…
Tes silences m’enlacent aussi bien que ton regard pesant. Tu sembles me dire si justement rien qu’il en devenait comme une obligation de combler le vide pour m’attacher encore à toi par le son de ma voix.
- « Tes sentiments me frôlent sans jamais me toucher. Je ne veux pas être éraflé par cette faiblesse et qu’elle finisse, pour terminer, par m’écorcher vif. »
- « Tu dis n’importe quoi ! »
- « C’est que je ne sais plus quoi dire... ou plutôt que je n’arrive plus à t’exprimer... te faire comprendre. Simplement, tu ne veux pas comprendre. »
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