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EAN : 9782918767305
295 pages
Asphalte (07/03/2013)
3.56/5   8 notes
Résumé :
La jolie Georgie aime deux choses : les bonbecs et son petit ami Bobby. Bobby l'Artiste aime deux choses : Georgie et peindre sous l'influence de drogues psychédéliques que lui refourgue son voisin Johnny. Johnny le dealer de service aime deux choses : le porno et sa petite amie Ellen. Ellen la chômeuse professionnelle aime deux choses : Johnny et faire l'amour, mais pas avec Johnny, parce qu'il ne sait vraiment pas s'y prendre. Tout ce petit monde se croise, trinqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Entre art contemporain et drogues, deux histoires d'amour déjantées dans une HLM anglaise décatie.

Pour le deuxième roman du jeune Richard Milward, publié en 2009, et traduit en français en 2013 par Audrey Coussy chez Asphalte, imaginez un instant le HLM du chanteur Renaud, vieillisez-le de trente ans pour qu'il se déglingue suffisamment, transportez-le dans le Nord post-industriel de l'Angelterre, à Middlesbrough, la ville natale de l'écrivain (quelques cent kilomètres avant d'arriver à Newcastle), déployez-y un bel assortiment de ces habitants de la classe populaire anglaise, dévastés par le chômage, vivants de petits boulots précaires et d'allocations chiches (les Irlandais de la trilogie de Barrytown de Roddy Doyle, voire leur mise à l'écran par Stephen Frears ou Alan Parker ne sont pas si loin...), laissez par exemple un Irvine Welsh (dont le "Trainspotting" est de l'aveu de Richard Milward le livre qui lui a donné envie d'écrire) déverser généreusement quelques bons kilogrammes d'amphétamines, de kétamine, de cocaïne, de haschisch et d'ecstasy à presque tous les étages de l'immeuble. Organisez un télescopage frontal de ces prémisses avec un documentaire psychédélique sur les bonbons Haribo et avec une peinture au pistolet et au couteau des milieux londoniens de l'art contemporain, et vous obtenez, en dépit ou à cause de cette improbable et réjouissante mixture, deux des plus belles, des plus "graphiques" et des plus paradoxales histoires d'amour que j'aie pu lire ces dernières années. Une très belle réussite, qui donne envie de découvrir rapidement aussi son premier roman, "Pommes".

"Le monde du travail n'est fait que de déceptions. Elle ne peut s'empêcher de penser que Monsieur Fletcher a vraiment accusé le coup quand il a perdu son job au centre de tri - c'était un travailleur sérieux, il n'avait jamais posé un seul arrêt maladie en onze ans de service, et il aimait inventer des histoires magiques sur les gens dont les noms figuraient sur les enveloppes qu'il triait. Lorsque monsieur Fletcher était à la poste, il était aussi heureux et radieux que l'étalon qu'elle avait rencontré vingt ans auparavant, au pub George, à Normanby, mais le nombre de licenciements avait augmenté au fur et à mesure de l'automatisation du tri, et monsieur Fletcher avait été un des premiers à partir en septembre. Ils avaient dû quitter leur jolie maison jumelée pour quelque chose de plus petit à Peach House, et son mari se sent responsable et méprise par conséquent les machines et la technologie. Il ne fait même plus chauffer la bouilloire. Il fait des cauchemars qui se déroulent dans un monde à la Terminator, où tous les robots, les ordinateurs et autres boîtes de conserve ont déclaré la guerre à l'humanité, et tous les luddites sont obligés d'aller se cacher dans une sorte de Club Med clandestin, à attendre que la mort arrive ou que les batteries se vident."
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La première excentricité notable à propos de ce roman c'est qu'il est composé d'un seul et même paragraphe qui fait dans les trois cents pages. Cela devrait déjà suffire à vous donner un peu l'idée de ce qu'est l'esprit de ce livre.
L'histoire est très visuelle, toujours en mouvement. Si elle s'attarde parfois dans les soubresauts nerveux des délires de certains personnages, ils sont vite balayés par d'autres pistes à suivre. On passe d'un protagoniste à l'autre au gré de leurs rencontres ou d'associations d'idées, comme si une caméra les suivait en traveling, s'accrochait aux pas de l'un, se laissait emporter au passage par un autre. Farfelue, tourbillonnant à la suite de ces personnages déjantés, l'histoire semble néanmoins suivre un fil invisible. Elle nous entraîne dans les rues d'une petite ville ouvrière du nord de l'Angleterre et, surtout, dans la tour HLM de Peach House où vivent nos personnages.
Ils sont tous plus barges et paumés les uns que les autres, mais cinq d'entre eux se détachent plus particulièrement du lot. Il y a Georgie la brave fille, pas très futée (que j'ai eu envie de claquer chaque fois qu'elle pensait ou parlait avec les mots d'une gamine de quatre ans) et son chéri Bobby l'artiste drogué jusqu'à la moelle, avec lui tout y passe, il vaporise du déodorant sur ses pulls sales et les renifle pour ne pas redescendre trop vite ou sniffe du nescafé quand il est trop en dèche pour se payer de l'ecstasy (Servietsky, sort de ce corps !). Il y a aussi Johnnie dealer occasionnel et psychopathe paranoïaque régulier, puis sa copine Ellen, la glandeuse professionnelle dont le sexe est le hobby principal. Et enfin il y a Alan, dit le salaud, qui est juste un raté de plus. Si son histoire est cousue de fil blanc, un peu comme toutes celles qui peuplent ce roman, elle n'en est pas moins touchante malgré les travers de cet homme. D'ailleurs, elle est peut-être la seule à vraiment susciter de la compassion.
Il y a dans cette histoire une belle brochette de tarés en tous genres, à qui on a envie de filer des claques pour leur remettre le cerveau à l'endroit. Ils peuvent nous laisser consternés, dépités ou mélancoliques, mais aussi nous faire rire. Autant vous le dire, on n'est pas sortis du pub avec cette bande de cinglés, mais le pire dans tout ça c'est qu'on finit par s'attacher à eux. Bobby en est l'exemple le plus flagrant. L'auteur le compare à un clébard et il n'a pas tort, on a envie de le secouer, puis on s'y habitue… C'est un chouette toutou au fond, il bave un peu, mais il est gentil… Et si la fin réservée aux deux couples n'est pas crédible pour trois sous, si naïve puisse-t-elle sembler dans son optimisme, on s'en fiche un peu parce qu'on les aime bien quand même.
Ça se laisse lire sans trop perdre le lecteur en route, même si l'insistance de l'auteur sur certains passages m'a parfois fait l'effet d'une craie crissant sur un tableau noir. Aussi curieux que cela puisse paraître avec tout ce que j'ai pu en dire, j'ai apprécié cette lecture atypique.
Le style est trash, assez brut, sans demi-mesure ou fioritures, s'adaptant à la pensée naïve ou basique des personnages. Ça ne semble pas voler très haut, mais c'est pourtant étudié. Même si je n'ai pu m'empêcher de me demander, l'idée étant en plus renforcée par l'effet que produit l'absence de paragraphes, si l'auteur n'avait pas écrit le tout d'une traite, une nuit après s'être savamment torché… Bobby accroche bien ses toiles n'importe comment pour s'en débarrasser et aller se murger… La spontanéité dans l'art n'est pas un mal et ce roman semble être un pied-de-nez à beaucoup de ce qui fait notre littérature contemporaine…
A noter qu'il y a à la fin du livre une playlist suggérée par l'auteur, exclusivité de la version française, avec le lien pour l'écouter sur le net. J'apprécie toujours ce genre de bonus et c'est d'autant plus appréciable que la musique a une part importante et significative dans cet ouvrage.
Je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre opinion sur Block Party car elle ne peut être que très subjective et tranchée dans le cas présent, on aime ou on déteste.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Reçu dans le cadre de masse critique, j'ai adore ce livre!

Il faut dire que j'ai toujours eu une affection particulière pour les auteurs/réalisateurs anglais qui situent leurs intrigues dans ce merveilleux pays. Richard Milward nous plonge au coeur d'une hlm et nous fait vivre des tranches de vie de ses habitants. Ce livre est très rythmé, l'auteur ne nous laisse pas reprendre notre souffle avec des chapitres ou même des paragraphes, que nenni! Les habitants de cet immeuble sont tous attachants à leur façon, même Alan Slow le Salaud qui s'avère être un peu moins salaud que prévu...
J'ai trouvé le style délicieusement naïf mais très dense. Bobby l'artiste est génial dans le rôle de la tête à claque qui ne manque pourtant pas de clairvoyance.
Ce livre m'a fait penser au film Trainspotting, il est écrit un peu à la manière d'un scénario. Je ne serais pas étonnée de le voir adapté au cinéma prochainement.
Une très très belle découverte donc!
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Le jeune Richard Milward nous livre une critique brute et crue d'une cité du nord de l'Angleterre. Il a choisi un style naïf, souvent spontané, à l'image des tableaux de son personnage central. le style est volontairement trash, se veut souvent graveleux, mais jamais vulgaire. On peut lui reprocher une description de personnages dénués de tout sens de la réalité. On nous suggère ici une certaine misère économique mais dont les personnages n'ont aucune conscience tant ils sont englués dans leurs travers: pornographie, violence, drogue, chômage... le portrait d'une société malade de sa jeunesse ne nous laisse guère entrevoir une lueur d'optimisme. Et pourtant, on finit par s'attacher à ces jeunes gens qui laissent apparaître peu à peu une certaine humanité, à leur façon.
Je dois bien avouer que ce genre de littérature n'est pas ma préférée mais j'ai fini par me laisse prendre par cette atmosphère complètement psychédélique. Je regrette cependant les nombreux clichés un peu faciles qui ont émaillé cette histoire.
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D'un point de vue objectif, Block Party est un excellent roman qui ravira tout particulièrement les fans de Irvine Welsh ou Hubert Selby Jr, entre autres.

Richard Milward maitrise son sujet et aime passionnément ses personnages, malgré tout le mal qu'il leur fait subir. Et nous aussi on finit par s'attacher à ses personnages complètement paumés qui voudraient bien essayer d'avoir une vie meilleure mais sont trop accros à leurs pilules colorées. L'auteur ne cherche ni à juger les habitants de la cité , ni à dénoncer leurs travers. Juste à raconter leur quotidien.

Le style de l'auteur est percutant et prenant, et l'absence de chapitres et paragraphes pousse à lire le roman d'une traite.

D'un point de vue subjectif, j'ai trouvé ça exagéré et stéréotypé : une fois encore, on nous présente des habitants d'une cité comme des gens qui passent leur temps à boire, se droguer, profiter des allocations et faire l'amour. Un bon roman certes et qui trouvera son public, mais dont je ne fais pas partie.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Page 73. C'est un peu énervant de baiser direct après une journée de boulot éreintante, et c'est trop bête que les organes du sexe se trouvent aussi près des organes du caca -ça peut vraiment puer parfois. Et ça vaut aussi pour Bobby -il n'a pas lavé sa saucisse moisie depuis un bon moment, et Géorgie décide de ne pas le sucer.A la place, elle embrasse ses lèvres parfum Minou. Et maintenant, une brève apparition de monsieur Préservatif!
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Oh ouais, je vais très bien. Je suis redevenue moi-même. Ces médicaments sont une vraie bouffée d'air frais, je ne me suis jamais sentie aussi bien. C'est comme, ooh, comme si j'étais à nouveau amoureuse de la vie !
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Best-of totalement subjectif des lectures 2013 : Bloc Party de Richard Milward chez Asphalte : http://asphalte-editions.com Hollywood Babylone de Kenneth Ang...
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