AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 58 notes
5
3 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
2 avis
Avec ce livre, je suis allé de surprises en surprises. Je précise, de bonnes en mauvaises surprises. Dommage, quand il existe tant d'excellents ouvrages en librairie ou en bibliothèque ! Pour tout avouer, j'ai même été tenté de refermer ce livre dans les pages 170-180 (le livre compte 302 pages), en plein épisode « Kama Sutra » : c'est tout dire !

L'avant dernier chapitre (« Encore un mois, encore un an ») rachète un peu le tout : voici enfin le moment où Hélène prend la plume et raconte avec simplicité sa vie sentimentale et amoureuse. Courant d'amant en amant, déçue par les uns comme par les autres, elle s'épanouit enfin à 50 ans entre les bras de William « adorable, comme à son habitude, [répondant] avec son accent anglais de petit garçon qui ne comprend pas la question que le professeur vient de lui poser ». La note finale de ce chapitre vous attristera : à 50 ans, Hélène « sait [enfin] comment être heureuse parce qu'elle connaît les pièges de la vie ». C'est heureux pour elle, mais sa jeunesse est derrière elle. Quant à son avenir, lisez la suite.

Le dernier chapitre (« Épilogue : Je t'aime ») est franchement pénible. Hélène est décédée à l'âge de 62 ans. Yann Moix ne nous épargne rien : « décrépitude », « cimetière de Montargis », « cortège », « fourgonnette couleur de suie », « Totengräber » (fossoyeurs en allemand), « dépouilles », « souvenirs de glaise » … Cette danse macabre s'achève dans la nécrophilie : Nestor (en fait, Yann Moix) « touche le bois du cercueil » avant de déposer un baiser sur « la face immobile », sur « le masque blanchâtre et sec d'Hélène [qui a] la fixité des choses définitives ». Les « lèvres [de Nestor] baisent maintenant la verdure de [la] muqueuse dissoute » alors que lui revient en tête l'image du squelette et des os d'Osiris.

Que dire du reste du livre ?
Si vous aimez la pornographie, le verbe cru et l'image des corps en chaleur, alors vous serez servis : « Hélène est une véritable experte en matière de fellation. Extirpant le cône lumineux de la moite chaleur du slip, elle en épluche la corolle d'ivoire, caressant d'abord de la main les veinules gonflées d'un rouge brillant très pur. Des lèvres ensuite, doucement, mais sûrement, elle humecte la fleur pastel en forme de flamme. La langue foudroie la tige, en mouille de salive toutes les façades. […] Sa belle vigueur maintient la dragée haute … ». N'en jetez plus ! C'est vulgaire, voire obscène et on est à mille lieux du talent déployé par Patrick Grainville dans « La caverne céleste ».
Si la scatophilie et la coprophagie ne vous répugnent pas, vous serez passablement éblouis : « le trou d'Hélène a la rondeur du cercle. Emmerdé de taches crépusculaires aux pourtours, il a la gueule bouillante d'une lune posée sur la moire du lac à minuit. […] Il expose ses croûtes, sa matière en strates séchées superposées. […]. Avec l'ongle je gratte un peu, je sculpte, je crée des formes auxquelles le hasard n'aura pas songé. Je raye la couche excrémentielle … Je lape et déguste les desserts ignobles … ». Amis de la poésie, bonsoir !
Pour le reste, soyez indulgents surtout si vous êtes experts-comptables ou cadre dans quelque entreprise que ce soit, ou même retraité. Aux premiers, Nestor, jalousant leur réussite et leur pouvoir, envoie piques sur piques. Il voue les seconds aux gémonies dans la mesure où les cadres représentent pour Yann Moix un pur produit d'une société ouvertement dénoncée comme haïssable (lisez ce qu'il dit à propos des émissions de télés, des chanteurs de variétés, des soirées gloubi-boulga destinées à infantiliser les masses). Quant aux retraités, qui courent - sur le tard et pour quelques années encore - après le bonheur, Yann Moix les rabaissent au rang de quasi-cadavres, déambulant au milieu de la belle jeunesse, affichant outrageusement leurs trognes et leurs souvenirs d'un autre temps.

Le début du livre est séduisant (j'ai indiqué qu'il y avait de la surprise dans l'air). Avec sa sensibilité à fleur de peau, Yann Moix nous plonge tout de suite dans un univers de sentiments poussés à l'extrême. Son inventivité en matière de vocabulaire n'est pas sans rappeler les bonnes pages de Rabelais : il y a du souffle et de la puissance évocatrice dans ces lignes. Mais au fil des chapitres, la fièvre qui habite Nestor (il ne vit que pour admirer Hélène et en faire sa femme) se mue en une passion obsessionnelle : on quitte l'idéalisation de l'enfance heureuse de Nestor, enfance passée aux côtés de la petite écolière, pour s'en aller vers du harcèlement et de la filature amoureuse, Nestor poursuivant sa belle sans relâche, à tous les âges de sa vie et dans toutes les situations. En avançant dans votre lecture, vous serez probablement gênés par le portrait féminin d'Hélène, non pas tant par sa précision que par son angle d'approche : pour Nestor, Hélène n'est qu'un corps sans caractère, sans personnalité, décérébré. Bref, une nature morte au service de l'homme. Une folie qui met mal à l'aise, surtout si on y ajoute le côté névrotique de l'histoire.

Au final, ce livre ne se lit pas comme une offrande. Certes, l'écriture est intéressante et assez originale, mais la légèreté du scénario, l'absence de suspense, l'outrance de certaines descriptions, la dénonciation injustifiée de certaines pratiques sociétales, la femme fantasmée et idéalisée comme pur objet du désir masculin, la froideur du propos et les répétitions (en boucles infinies et névrosées) des mêmes mots et des mêmes expressions affadissent voire enlaidissent l'ouvrage. Vous avez entre les mains une curiosité dont vous pouvez tenter la lecture … en diagonale.
Commenter  J’apprécie          360
Si vous n'aimez pas Henry Miller, notamment dans sa Crucifixion en rose, ne lisez pas ce livre. Dans le cas contraire, vous ne pourrez qu'apprécier à la fois la langue (de pute) de Moix, parce qu'on ne peut pas dire qu'il n'a pas de talent.
S'ajoute à ces accents Milleriens, des grands airs de Houellebecq, le côté désespérant, l'humanité vue si tristement, et implacable en plus. Je soupçonne qu'au milieu des années 90, il a fallu choisir le parangon, la tête de proue d'une vague désespérée. Et que le choix s'est finalement portée sur Houellebecq. Mais en signant ce livre en 95, Moix a dû rater le sacre de peu.
Cela dit, il y a plus que chez Houellebecq. Ce plus n'est pas forcément une plus-value pour tout le monde. Je ne sais pas trop, à vrai dire. C'est la partie plus "autobio", un auto-traitement plutôt pathétique de lui-même. Qui peut énerver. D'autant qu'en contrepoint il y a toujours ce "talent" qu'on ne peut pas nier.
Bref, ce livre est le livre de Yann Moix que j'ai préféré à ce jour. Qui recèle des qualités sans conteste, mais avec aussi une foule de tics et tacs nerveux énervants qui peuvent rendre nerveux et énerver une grande partie du "public".
Commenter  J’apprécie          80
Hector a 12 ans quand il rencontre Hélène et qu'il décide qu'elle sera la femme de sa vie. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, il y a des passages intéressants, agnifiques, mais si eu en compraison du reste. Mais surtout, que dire de cet auteur ?
Comment peut-on gâcher un talent pareil dans une telle débauche de sexe, de dégueulasserie, de vulgarité ? Les chroniqueurs de la littérature disent que c'est un chef d'oeuvre et j'en reste pantois. Bien sûr, Yann MOIX est brillant, intelligent, doté d'un style certain (que je n'aime pas, mais bon...), oui c'est vrai. Mais je suis sorti littéralement dégouté de cette lecture. Certains pasages sont à la limite du supportable et je me demande ce qui peut se passer dans la tête d'une personne "normale" pour écrire de pareilles insanités. Je ne suis pas pas une oie blanche, je tiens à le préciser, non plus qu'un défenseur d'une quelconque morale, mais j'ai des limites et elles ont été franchies.
A vomir.
Commenter  J’apprécie          20
La revanche d'un inexistant


Tout l'intérêt de ce roman réside dans son style. Un style où apparaît toute la précarité psychique d'un être obsessionnel livré aux convulsions de l'absurde. C'est tranchant jusqu'à être râpeux. Les mots biseautés par le rabot moixien ne sont pas très uniformément polis, peinant parfois à s'emboîter harmonieusement et illustrent le dérangement mental de notre héros.

Il y a déjà dans Jubilations vers le ciel tout le désarroi que Moix confiera plus tard dans Orléans et Reims. Quand la folie et l'intelligence sont les deux ailes de l'acédie, le vol peut être spectaculaire. On peut aisément, dans un délire spectral et rougeoyant, jubiler longtemps et haut dans le ciel.

Moix aura fait un bon boulot pour un premier roman. le style nous attrape et nous éloigne, fait de nous un spectateur fasciné autant qu'un complice malheureux. On ne sait trop que l'amour peut transformer l'être le plus inoffensif en taré qui s'éparpille, autovampirisé dans un déraisonnable qui mène de l'aventure à l'impasse.

Ce livre c'est la vérité des jeunes hommes sensibles, traumatisés par leur environnement et qui se raccrochent à ce qu'ils croient être le plus beau, le plus exaltant de ce bas monde. L'existence passée à la moulinette du romantisme le plus éculé mais le plus sincère, le plus chimiquement pur.

Pour son galop d'essai, Moix impressionne, c'est sûr ! Bien que fictionnel, une certaine véracité nous saute aux yeux. le véritable transparaît, le probable fait jour, toute cette histoire nouée d'un style hautement maladif a bien eu lieu quelque part à une époque pas si lointaine.

Pour conclure, Jubilations vers le ciel , sans être ultime (loin de là) peut marquer d'un minuscule fer rouge les esprits qui se seront donnés la peine de le lire. C'est un ensemble cohérent, bien construit et relevant d'une recherche littéraire indéniable. le hasard veut que moi aussi à l'âge de douze ans je sois tombé amoureux d'une Hélène. Grâce à dieu je n'ai jamais cherché à la revoir.


Samuel d'Halescourt
Commenter  J’apprécie          20
On peut dire ce qu'on veut de ce roman, mais pas qu'il manque de style ! Il y a une verve inimitable, baignée de toutes les références littéraires de Yann Moix encore jeune lorsqu'il écrit ce premier roman (qui gagnera quand même le Goncourt du premier roman et qui sera cité régulièrement par Jean d'Ormesson ou encore Patrick Busnel comme un grand premier roman).

Il y a un peu de tout, et personnellement je garde une préférence pour Anissa Corto, que je trouve plus maitrisé, plus naturel et qui finalement conserve la même thématique : celle de l'obsession. le narrateur est amoureux obsédé d'une fille de sa classe ; il la poursuivra jusqu'à sa mort. A croire que la simple essence de la vie de ce garçon, le seul but de sa vie est la poursuite de cette femme. Il y a beaucoup, beaucoup de très belles pages ; beaucoup aussi de pages très crues et pornographiques.

Un véritable ovni littéraire donc, jubilatoire comme le dit le titre. Ne cherchez pas de suspense, Yann Moix n'écrit jamais pour ses lecteurs, il écrit pour lui, pour développer une psychologie folle et des réflexions inédites sur fond de Michel Polnareff.
Commenter  J’apprécie          22
En commençant le livre, j'ai été conquis par la beauté de la prose. Toute la partie sur l'enfant est poétique, douce, absolument merveilleuse. J'aurais aimé que le livre soit comme ça du début à la fin.

À mesure que j'ai lu le livre, j'ai constaté une dégradation de mon intérêt, tout était beau au début puis le milieu est ennuyeux, la fin l'est encore plus. Peut-être est-ce fait exprès, je n'en sais rien mais en tant que lecteur je n'ai pas trouvé ça très agréable.

La partie que j'ai le moins aimée est celle sur le journal d'Hélène. La façon d'ecrire ne change quasiment pas alors qu'elle ecrit à la première personne (Nestor aussi dans le reste du livre). En plus, les pensées et les sensations transmises par Hélène me semblent clichées et ne rendent pas hommage à son personnage.

Cela étant, la première partie sur l'enfance est tellement belle que le livre vaut quand même bien 3 étoiles.
Commenter  J’apprécie          10
"Déjà le titre aurait dû m'alarmer. D'autant que je n'en ai toujours pas compris le sens. Et que le héros (ni personne) ne jubile vraiment. Surtout vers le ciel."

Extrait de ma critique, assez brève (le livre en vaut-il la peine ?) du premier Yann Moix que j'ai lu.

Retrouvez la suite de cette critique ci-dessous.
A bientôt !

Lien : http://brikbrakbrok.blogspot..
Commenter  J’apprécie          11
Pas facile à lire. Pas d'intrigues. Des mots, des maux, des formules et des renoncules les plus obscurs...mais une impression, que dis je une oppression de liberté totale qui électrise, aiguise, l'âme de fond. Merci ignoble scribouillard pour cette bacchanale verbiale. Je vous haime.
Commenter  J’apprécie          00
Mon premier livre de Yann Moix. Et pas déçu du tout à sa lecture et à sa sortie, c'est dire que ça date.
Un ouvrage plaisant, bourré d'humour, de scènes cocasses et d'un amour incommensurable. Une gaité, une euphorie, une poésie digne d'un Hugo. Yann Moix est un merveilleux conteur dans cette trilogie.
Commenter  J’apprécie          00
Livre magnifique, l'écriture de Yann Moix est sublime. L'histoire de l'amour fou du narrateur pour une femme, amour d'autant plus névrotique qu'il n'est pas partagé.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (150) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}