Le programme scolaire change comme les marées ou les nuages dans le ciel (oui, c'est beau la poésie), mais chaque année les petits Sixièmes apprennent la même chose : l'histoire du bûcheron qui a arrêté les études à leur âge (le petit chançard) et qui parce qu'il a trop énervé sa femme, se retrouve obligé de faire croire à tout le monde qu'il est docteur (restez toujours célibataire !). En-dehors de ses dialogues bien soutenus comme on a l'habitude chez
Molière, on doit concéder que c'est peut-être sa pièce la plus facile par laquelle commencer, mais que ce n'est pas la plus originale.
J'ai un peu fureté de droite à gauche. Pas vraiment lu, mais les profs nous balançaient régulièrement des phtocops sur les inspirations de l'auteur. Si j'ai bien compris, vous prenez le fabliau du faux médecin, vous le mélangez avec "
Le médecin volant", vous mixez, et ça vous donne ça. le seul panache dans tout ça est que
Molière aura osé transgresser les règles de bienséance avec la bouteille, en tout de même plus réussi que dans "
Le bourgeois gentilhomme".
Mais de toute manière, ce qui compte, ce sont les gags. Et la scène du fromage (entre autres) mérite d'être lue. de la même façon, une ou deux répliques sont restées intemporelles ("J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras... - Mets-les à terre !"). de ce côté-là, c'est du
Molière, et donc c'est réussi.
Et la mise en scène... Évidemment, ça aussi, la mise en scène, ça compte beaucoup. Si vous avez vu ce machin joué avec perruques poudrées et grand mamamouchi, c'est sûr que ça ne devait pas vous plaire. J'en ai vu deux ou trois versions, mais la seule que j'ai retenue, c'est celle qui voulait se faire la plus contemporaine possible. La pendaison était remplacée par un paquet de TNT et Sganarelle dansait sur du ôpa gagnam style. D'accord, c'est un peu massacrer la littérature, mais ça donne envie à nos petites têtes blondes d'aller voir le monde du théâtre un peu plus loin que le programme scolaire.