Les Femmes savantes

Cette pièce se détache de l'oeuvre de Molière par sa grande densité. Une multitude de sujets y sont traités. Il est intéressant historiquement et moralement de se confronter à un discours ou la nécessaire limitation de l'éducation des femmes est défendue en toute bonne foi, et ou la mise sur un piédestal de la femme n'est pas incompatible avec les claques de bon fonctionnement. Néanmoins, l'intérêt majeur de la pièce consiste à mettre en exergue la différence qui existe entre la culture, qui tend vers le pédant, et l'intelligence ; entre le matérialisme apparemment sot mais constructif, et l'idéalisme admirable mais stérile. Cette pièce manipule enfin un comique de ridicule qui n'a rien perdu de son effet avec le temps.

Armande, comme sa mère, n'aspire qu'à l'élévation de son esprit quand, sa soeur Henriette, elle, songe déjà à se marier et fonder une famille. Ainsi, érudition et hymen sont ici deux voies incompatibles pour les femmes. Et entre le coeur et l'esprit, Armande a choisi. Pourtant, quand elle découvre que son ex-soupirant s'est épris de sa soeur, la jalousie la ronge.

Un classique de Molière, comme la majorité de ses pièces. Pour une fois, il ne cible pas les médecins mais s'attaque toujours à une forme de fausse érudition à travers les pédants. Par la même occasion, s'amorce un débat sur la place des femmes et leur éducation.

Comme à chaque fois que je commence ce genre de lecture, il me faut un petit temps d'adaptation pour m'habituer au langage de l'époque. Ça aura été rapide cette fois-ci, je m'y suis vite faite. C'est en fait facile à lire et très compréhensible, d'autant plus que tout est en rimes et en alexandrins, ce qui rend cette comédie très charmante et burlesque. J'ai passé un agréable moment de détente. C'est plutôt court, je l'ai donc lu en assez peu de temps.
Du Molière, j'en ai lu un certain nombre (j'ai toujours apprécié lire une pièce de théâtre de temps en temps, sans parler des lectures imposées à l'école), mais je n'avais encore jamais lu "Les femmes savantes" jusqu'à aujourd'hui, certainement parce que j'avais un peu d'appréhension... En effet, j'avais un peu peur que les femmes (ou dois-je dire La femme en général) soient tournées trop au ridicule (l'époque n'excuse pas tout).
Et honte à moi, je n'ai pas pris le parti de ces femmes savantes que j'ai moi-même trouvées ridicules dans leurs réactions exagérées, en pamoison devant Trissotin... Je me suis tout de suite rangée du côté de Henriette, espérant avec elle que son père arrive à imposer sa volonté à sa femme "savante", afin qu'elle puisse s'unir à l'homme qu'elle s'était choisi. Mon côté romantique a pris le dessus sur mon côté féministe, je n'en reviens pas... Henriette, pourtant, le dit tout haut, bon peut-être pas en ces termes mais c'est ce que ça veut dire... : elle veut rester idiote et se marier pour pouvoir être la bobonne de son mari le reste de sa vie... Vous n'imaginez pas à quel point j'ai honte bon sang !
Le retournement de situation dans la dernière scène est inattendu mais il est le bienvenu.

La critique et raillerie de la sur-éducation des femmes peuvent faire grincer des dents une personne d'une époque plus récente et a fortiori de l'époque contemporaine. La femme devrait-elle se réjouir d'abandonner lunette astronomique et réflexions sur la langue, d'abandonner le savoir, ici un savoir dévolu aux hommes, pour s'occuper d'un foyer ? Non, bien sûr. Toutefois il ne faut pas perdre de vue que dans la pièce, Molière pointe avant tout les excès des précieux et précieuses, leurs dérives, ce qui nuance beaucoup l'interprétation de l'oeuvre et explique sans doute que cette oeuvre plaise toujours, et qu'elle était encore en 2010 la sixième pièce de Molière la plus jouée à la Comédie Française.

Une femme et son mari, Philaminte et Chrysale, veulent marier l'une de leur fille, Henriette.
Mais leur choix n'est pas exactement le même.
La femme désire comme gendre Trissotin, qui est ardu de poésie et de science.
Quand au mari, il préfère Clitandre pour son honnêteté.
Une pièce de théâtre plus simple et plus longue, avec moins d'humour, mais avec un très beau texte, et de poésie.

Cette comédie met en scène trois femmes qui, au lieu d'être conformes au schéma traditionnel, se présentent comme des "intellectuelles" très au courant des sciences, de la poésie, de la vie mondaine et de bien d'autres choses encore. Comme toujours chez Molière, la critique sociale est illustrée par un dilemme familial: Henriette va-t-elle épouser le pédant Trissotin (comme le veut sa mère Philaminte) ou bien le sympathique Clitandre ? A la volonté despotique de Philaminte s'oppose le bon sens de son mari Chrysale qui, malheureusement, est un faible.
On pourrait croire que Molière condamne ici ce qu'on pourrait appeler le "féminisme" (avant la lettre). En fait, il se contente de dénoncer les excès des femmes autoritaires et prétentieuses. Et surtout il se venge d'un de ses contemporains, l'abbé Cottin: celui-ci est l'auteur de la poésie (très ridicule) déclamée par Trissotin et tant admirée par le trio de femmes. Ce court passage me semble être le sommet de cette comédie. Contrairement à d'autres pièces de Molière encore plus célèbres, la charge contre les "femmes savantes", ici, ne relève pas de la (trop) lourde farce. C'est bien pourquoi je l'apprécie.

Portrait critique dune petite société se persuadant de son savoir et de compétences que seule leur snobisme entretient à leur plus grand désavantage.
Apparences et faux semblants se heurtent et rebondissent d'inepties en maladresses se voulant sciences et formules dénuées de raisons.
Le ridicule côtoient sans gêne le sérieux de ces ignorances pour le plus grand plaisir du lecteur et du spectateur.
Le talent de l'auteur resurgit une fois encore dans sa finesse de vaudeville et de farce dans sa plus grande modernité.

Disons simplement que ce n'est pas l'oeuvre que je préfère de Molière.

Molière ne me lasse pas, louis XIV avait bien vu le génie en lui . C'est drôle tout en étant moral , j'adhère et j'adore

Une autre écoute Audible. J'ai choisi celle qui est gratuite avec l'abonnement mais malheureusement le son n'est vraiment pas bon. Il y a des grichements et des retours de Larsen très désagréable tout au long de l'écoute.

Sinon pour ce qui est de la pièce, j'ai beaucoup aimé. Les acteurs parlent bien et c'est assez audible malgré les désagréments de l'enregistrement.

J'ai trouvé cela assez rigolo par moments la façon dont Molière se moque de ses contemporains.

Je lirai très certainement d'autres pièces de lui.