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Thèse, antithèse, synthèse … parfait alumni Sciences Po, Thibault de Montaigu offre un improbable essai en trois parties, qui dessine le portrait de trois hommes foudroyés par la grâce.

Improbable car l'auteur, fils de Françoise Gallimard, a incarné durant trente six ans la caricature de l'héritier né avec une cuillère d'argent dans la bouche, publiant en 2007 « Un jeune homme triste » et en 2015 « Voyage autour de mon sexe », une ode à la branlette.

Parti en 2016 sur les traces de Xavier de Ligonnès, Thibault fait retraite à l'abbaye du Barroux où il est touché par la grâce et décide de alors changer de vie et laisse à son ami Bruno de Stabenrath le soin de publier « L'ami impossible »

Le 26 juillet 2016, le frère Christian Tassin de Montaigu décède et Thibault découvre alors que son oncle paternel a connu avant ses trente et un ans de vie religieuse une jeunesse particulièrement agitée.

Né en 1948, Christian, à la suite d'une déception amoureuse, plonge dans la communauté gay, et durant quinze ans, de 1970 à 1985, pénètre dans le Paris secret du cruising dans l'ombre de Renaud Camus, Guillaume Dustan, et tant d'autres jusqu'à la nuit fatale où il est laissé pour mort par deux types en chasse de « tantouzes ».

Longue convalescence, voyage en Espagne où, tel Saul sur le chemin de Damas, il se convertit et décide de rejoindre les frères mineurs.

Ordonné prêtre en 1993, Christian devient supérieur des Franciscains de Bordeaux, s'ancre au milieu des plus défavorisés, s'oppose aux « contrôles au faciès », ce qui lui vaut une visite impromptue d'Alain Juppé, accompagné du Capitaine de CRS et du préfet.

Christian souhaite donner une nouvelle impulsion à la province française et fait acte de candidature pour devenir provincial. Il ne récolte que trois voix et un exil à Brives. Il se réfugie en Normandie, devient curé de campagne, puis dans une banlieue havraise où il reconstruit Notre Dame de Bonsecours avant d'être rappelé à Dieu à l'âge de 68 ans.

Le troisième converti est François d'Assise, le fondateur de l'ordre des frères mineurs, qui est un guide pour Christian puis Thibault. François d'Assise, comme plus tard Charles de Foucauld, est un fils de famille entré dans la vie par une adolescence scandaleuse avant d'être touché par la grâce et totalement changer de vie.

Loin d'être une hagiographie, le témoignage de Thibault de Montaigu scandalisera probablement certains lecteurs par la crudité avec laquelle sont décrites certaines scènes de débauche et en agacera d'autres par la représentation très proustienne de la « France du haut » avec ses châteaux en Anjou et ses vignobles dans le bordelais.

Mais je confesse apprécier cet ouvrage et notamment ses deux dernières parties qui de Fives à Bolbec, de Graville à Orsay, témoignent de ce que réalise un homme animé d'une foi à déplacer les montagnes.

Merci à Thibault de Montaigu pour ce témoignage qui fait écho à celui de Charles Péguy avec la petite fille espérance :
« L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera
Dans le futur du temps et de l'éternité. »
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Thibault de Montaigu traverse une crise existentielle, quel est le sens de sa vie ? Suivant les conseils d'une thérapeute, il décide de commencer son prochain roman.

Parti à la poursuite d'une ombre, le malheureusement trop célèbre Xavier Dupont de Ligonnès et suivant son intuition, Thibault de Montaigu va le chercher dans un monastère et y retrouver une foi rejetée depuis longtemps. C'est à ce moment-là que son oncle Christian, prêtre franciscain, tombe gravement malade et meurt peu après. Notre auteur va découvrir toute la trajectoire de cet homme qui n'était pas si différent de lui. C'est une enquête minutieuse sur le passé de Christian où nous allons rencontrer ceux qui l'ont bien connu. Mais aussi un parallèle avec la vie de Saint François et aussi une petite excursion à Medjugorje fort instructive ( sanctuaire marial dont je ne savais presque rien ). Malgré son choix, nous suivrons les joies et les tourments de cet homme. Quand à l'auteur, il va passer des ténèbres avec son idée première à la lumière et trouver un sens à sa vie.

Thibault de Montaigu est doté d'une très belle plume, il y a énormément de beaux passages dans ce roman. Il fait partie de ces personnes qui ne mâchent pas leurs mots ce qui n'est pas pour me déplaire. J' apprécie son côté rebelle tant dans les actes que dans les pensées mais aussi cette clairvoyance vis-à-vis de la religion et de ses défauts.

Merci aux éditions Plon pour leur confiance.
#rentréelittéraire 2020 #NetGalleyFrance
La grâce sortira le 27 août 2020
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L'auteur, qui voulait écrire sur Xavier Dupont de Ligonnès, a eu une révélation divine qui le conduit à écrire ce livre à la place. Il compare son existence à celle de son oncle Christian, devenu moine franciscain. de nombreux parallélismes peuvent être établis, à commencer par une vie dissolue avant cette épiphanie. Une autre analogie est faite avec la vie de saint François lui-même. ● Avoir une mère qui s'appelle Gallimard doit certainement aider à être publié et un copain qui s'appelle Beigbeder à obtenir le prix de Flore. D'habitude le critique tout comme l'écrivain Beigbeder m'amène à lire de bons textes, mais ce n'est pas le cas cette fois. le récit n'est pas au niveau des prix de Flore des années précédentes. ● Les épanchements de l'auteur ne m'ont guère convaincu. le récit de la vie de saint François ne m'intéresse absolument pas, pas plus que les sentences catholiques qui parsèment ce livre. On se croirait dans un mauvais Mauriac. C'est poussiéreux dès sa parution… Ce livre est sûrement à réserver aux quelques catholiques pratiquants qui restent. ● On peut néanmoins sauver quelques maximes : « Non que les jeunes soient plus malheureux qu'avant, mais ils trouvent toujours plus heureux qu'eux-mêmes, et ça les ronge. » « Einstein l'a écrit, le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito. » « La liberté n'est pas faire ce que l'on désire, mais désirer ce que l'on est en train de faire. » « Il n'y a rien de plus commun que le malheur des hommes lorsqu'ils comprennent qu'ils ne seront jamais rien d'autre qu'eux-mêmes. »
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Témoignage , biographie ou comment passer de l'athéisme le plus total à une vie ou règnent la grâce et la foi?

L'auteur sombre dans une profonde dépression il y a quelques années, où dans La Chapelle d'un monastère , il fut touché par la sensation inouïe et inconnue d'un contact charnel avec Dieu .

Quel sens donner à cette extase?
Une seule personne pouvait répondre à cette question : L'oncle Christian , frère Franciscain, qui allait être atteint par la maladie au moment où l'auteur renouait avec lui.
Au début de l'ouvrage l'auteur se lance sur les traces de Xavier Dupont de Ligonnès, ce père de famille soupçonné d'avoir tué femme et enfants avant de disparaître dans la nature.
Cette enquête le mènera à l'abbaye de Sainte Madeleine du Barroux, dans le Vaucluse.
La figure de son oncle , touché par la grâce à l'âge de trente - sept ans , un modèle de foi le guidera.
Il a retrouvé dans un article de presse le témoignage de frère Christian
: À un moment , j'arrête la voiture et tout à coup j'ai la certitude de ne jamais avoir été autant aimé .Ça a été très violent , aussi lourd que du plomb, aussi fluide que de l'eau » ..
Un homme découvre la foi au détour de sa vie.
Cet ouvrage - confession révèle la vie de fêtes et d'excès de Christian , en parfaite opposition avec la foi, en parallèle avec l'auteur ...
En enquêtant sur cet oncle ,,l'auteur découvre que «  le combat spirituel est aussi brutal que la bataille des hommes » ....il a eu un coup de foudre divin à l'âge de trente sept - ans , pourtant marié , deux enfants ...

C'est un livre édifiant qui dérange , où l'auteur dévoile les quatre- cent coups de l'oncle avant sa conversion, il y a là , je trouve , de la provocation et du morbide dans cet étalage .

Il y retrace aussi la vie de Saint François d'Assise ,montrant une symétrie allant de l'errance à la grâce , ses atermoiements , ses doutes jusqu'à la joie infinie d'embrasser un lépreux ..

«  Oui, il y a plus de bonheur à aimer son prochain qu'à idolâtrer sa propre personne , il y a plus de grandeur à se vaincre soi- même qu'a tenter de vaincre et de soumettre les autres » .
Une écriture sincère et humaniste, claire émouvante pour une vraie confession.
La grâce peut toucher tout le monde et la vie se révéler joyeuse si l'on s'oublie et que l'on privilégie les autres .
Car depuis la nuit des temps l'homme cherche un sens à sa vie , tout le monde n'a pas la chance d'avoir une révélation .
Un livre intense ,profond , La grâce est le récit d'une conversion.

«  Pour François , ce fut le lépreux .
Pour Christian , une épiphanie.
Pour d'autres une lecture, un geste , un aveu éblouissant : Pascal, Saint Augustin, Verlaine , Claudel, Péguy , Simone Weil , Charles de Foucault , tant d'exemples de conversions aussi brutales qu'inexplicables .
D'où surgit cette fulgurance? Ces retournements ? »

Autant de questions sans réponses. Un ouvrage troublant , aux multiples pistes de réflexion .
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C'est grâce (si j'ose dire) à Babelio et à Mélanie des Edts Plon que j'ai la chance de posséder ce magnifique roman écrit sur la base de vies et parcours reels. Et pourtant , bio ne me convient pas.
Alors que l'auteur ,marié, père de famille , installé en Argentine traverse une mauvaise passe, il suit les conseils d'une psy locale: écrire. Très intéressé par le parcours de Xavier Dupont de Ligonnés, le voilà parti sur les traces de cet homme énigmatique longtemps tenté par une vie monacale.
C'est sur le chemin de l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux que Thibault est pétrifié, il a une Révélation. Brutale certes , les écrits précédents de l'auteur ne laissent en rien présumer de l'existence de Dieu. Il en oublie le thème de son voyage, et le laisse à d'autres.
Il veut échanger avec son oncle ,prêtre franciscain qui lui-même a eu auparavant une vie dissolue; malheureusement celui ci décède prématurément à 37ans et c'est alors que son neveu lui rend hommage par ce livre qui essaie de décrire les mystères de la foi avec des mots simples, sincères surtout. Il fait appel à Peguy , à Bernanos, Pascal entre autres.
Il pose les questions existentielles que chacun est amené à rencontrer un jour.
Une confession éblouissante qui débute en retraçant la vie de Saint François d'Assise, puis celle de son oncle et les méfaits de l'orgueil ordinaire.
Dans le siècle consumériste actuel que valent les voeux de chasteté et de pauvreté?
Ce livre mérite que l'on s'y arrête pour un moment passionnant .
Merci vraiment pour cette découverte.
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Il a 37 ans, il est marié et a deux enfants, il vit en Argentine et vit de sa passion qu'est l'écriture. Seulement sans savoir pourquoi il se sent fatigué, fatigué d'être lui, nous raconte-t-il. Il perd toute envie de vivre. C'est alors qu'il rencontre Margarita, une psychologue qui après avoir entendu ses terreurs, lui dit " Tu as peur de ce qu'il y a là, au fond de toi." et l'invite à écrire.

Justement il est hanté par l'histoire de Logonnès, ce père de famille de Nantes, qui tue tous les siens, il va sur ses traces et se retrouve dans un monastère. Et lui, l'homme sans foi est touché par la grâce.

Ce n'est plus la vie de Logonnès qu'il va écrire mais celle de Christian cet oncle franciscain qu'il a le regret d'avoir si peu connu.

C'est très touchant cette histoire, cet homme qui va découvrir la vie d'un homme tout proche par les liens du sang du quel il n'a jamais osé s'approcher, parce qu'il n'était d'aucune religion et se moquait bien de celle-ci.

Au fil des pages nous découvrons cet oncle, cet homme qui a pour exemple et guide saint François d'Assise, Thibault, l'auteur, nous raconte ainsi la vie du saint.

Une confidence délicate de l'intime sur les choix, l'orgueil, la foi, la liberté et l'Amour. Une lecture réjouissante, belle invitant à méditer sur la grâce, ce qu'elle est en soi.
#rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance
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Ce devait être une enquête, un livre à sensations façon "Nouveau détective".
Ce devait être une chasse à l'homme, l'histoire d'une traque haletante au trousses d'un tueur insaisissable nommé Dupont de Ligonnès.
Tel était en tout cas le projet originel de Thibault de Montaigu.

Or, dès les premiers chapitres, il est clair que la Grâce sera tout autre chose ! Plutôt un témoignage, une profession de foi. En fait le récit poignant d'une triple conversion (voir plus loin) ... puiqu'en pistant le diable l'auteur a trouvé Dieu.
Rien que ça.

À l'âge de 37 ans, Thibault de Montaigu traverse en effet une sévère crise existentielle. Alors qu'il tâtonne sur l'entame de ce 5ème roman et cherche en vain la piste de l'assassin nantais (présumé), il fait escale dans un monastère varois, celui-là même où Xavier Dupont de Ligonnès fut peut-être aperçu pour la dernière fois. C'est là, devant l'autel d'une petite chapelle, que déjà l'investigation prend fin, cédant le pas à la quête spirituelle. Oublié le triste fait divers, place à la Révélation ! Aussitôt, la trajectoire du jeune écrivain branché bifurque et l'amène à se rapprocher de son oncle Christian, un moine franciscain au parcours atypique, hélas gravement malade, avec qui il se découvre de nombreux points communs.
Après une jeunesse de fêtes et d'excès, dont tout nous est dévoilé sans aucune pudeur, lui aussi a rencontré Dieu sur le tard. A l'image de Saint François d'Assise, faisant comme lui voeu de pauvreté et d'abstinence, celui qui deviendra frère Christian effectue un virage à 180 degrés et prend l'engagement ô combien admirable de se mettre au service des plus démunis, "d'aimer ceux qui ne le sont pas". Voilà le vrai miracle au coeur de ce livre, voilà la grâce dont il est question, voilà l'éblouissante énigme que l'auteur expose ici avec beaucoup de sincérité.
L'étincelle première, l'éclosion de la foi.
L'inlassable quête d'absolu.
La mutation d'une âme tourmentée qui choisit un beau jour d'apprendre à chérir ses faiblesses, de s'abandonner à la plus grande des joies : savoir accepter ce qui est et trouver sa juste place dans le monde.
Il en fut ainsi pour Christian : "toute sa vie, malgré les détours qu'elle a pris, n'a fait que le conduire à cet instant précis où il a cessé de chercher le bonheur en lui pour le trouver dans celui des autres."

François d'Assise, Christian, Thibault : trois conversions (plus ou moins imparfaites), autant d'exemples de vies transformées.
Évidemment tous ont connu le doute, à commencer par le dernier d'entre eux, lui le noceur de bonne famille dont la foi toute neuve est encore vacillante et qui souvent se sent écartelé ("Le désir d'intensité d'un côté et la quête de recueillement de l'autre. L'adrénaline et le silence. La modernité et l'au-delà. En aurai-je fini un jour avec ces grands écarts ?").
Mais leurs trois parcours, entremêlés par le narrateur d'une manière faussement brouillonne, ont tous quelque chose à nous dire, à des degrés divers. L'auteur, qui s'interroge autant sur lui-même que sur les mystères entourant la vie d'un oncle tout entier voué à sa mission ("tâcher de réfléchir un peu de la lumière de Dieu au fond des âmes troubles"), nous invite à partager ses questionnements.

Bien sûr, le lecteur mal à l'aise avec la spiritualité (ou carrément hermétique aux mystères de la foi) ne se retrouvera pas forcément dans ce texte au ton parfois un peu exalté. Chacun se fera son opinion.
Bien sûr aussi, on pourra déplorer (ce fut mon cas) que l'auteur verse par moment dans un certain voyeurisme en exposant quelques détails intimes du passé de Christian que ce dernier, aujourd'hui décédé, aurait peut-être préféré taire. Il n'en demeure pas moins que le livre regorge de passages très forts.
Même si certaines pages ont de quoi surprendre, et que le revirement soudain du dandy parisien (passé en un éclair "du bottin mondain au nouveau testament") ne convaincra sans doute pas tout le monde, on est forcé de reconnaître la profondeur de ce témoignage aux vrais accents d'authenticité.
À notre époque écrasée par le culte de l'argent et le mépris du sacré, l'exemple franciscain a indéniablement quelque chose de très inspirant.
Pour ce qui me concerne en tout cas, à plus d'un égard, j'ai été touché par La Grâce.
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"Il y a un moment, un âge, où l'on découvre avec stupeur que l'on a été jeté dans cette vie sans raison. Que l'on aurait pu ne jamais exister et pourtant que l'on est, jailli du néant pour un jour y retourner. Il y a un moment, un âge où l'on entre brutalement dans le pourquoi du monde, et la raison tremble à l'idée que rien ne justifie notre présence ici-bas. (p17)"

Un jour il arrive que l'on se pose des questions sur la raison de notre existence, son but s'il y en a un. Certains disent recevoir, être touchés par la Grâce et trouvent des réponses. Pourquoi et comment certains êtres se vouent parfois totalement à la Religion, à un Dieu j'allais dire en s'oubliant soi-même mais finalement peut-être en se trouvant enfin ?

Ce roman je l'ai lu avec presque "passion" : autobiographique et biographique à la fois. L'auteur part faire des recherches sur Xavier Dupont de Ligonnès et sa fuite après les assassinats de sa femme et ses quatre enfants, un homme dont il envisageait de faire le sujet de son prochain roman et ce faisant il va prendre un chemin qu'il était loin d'imaginer. Il va être touché par la Grâce, une révélation qui va l'emmener sur d'autres chemins, d'autres destins : celui de Saint François d'Assise, fondateur de la congrégation des franciscains et dont son oncle Christian de Montaigu, lui-même touché par la Grâce, fut un des membres après une vie tumultueuse.

Trois chemins de croix baignés d'éveil à la religion alors que rien ne les prédestinait à cela, trois chemins faits de renoncements, de douleurs mais également d'engagements. Ils ont en commun une jeunesse baignée d'excès mais qui se révélèrent, pour Christian de Montaigu et Saint François, ensuite des hommes de foi et de conviction, vivant dans un dénuement le plus complet, voulu, des ascètes qui ont pour seule ambition venir en aide aux autres pour donner un sens à leurs vies.

Certes Thibault de Montaigu n'en est pas à ce stade d'engagement mais à travers ses recherches, il tente de comprendre la signification de ce qu'il a éprouvé dans l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, près de Carpentras où le meurtrier aurait peut-être séjourné, une sensation tellement inattendue pour cet homme qui a exploré les mondes artificiels et qui cherche un sens à son existence alors qu'il traverse une dépression, tellement éloigné de la religion, de la croyance et qui pourtant va vivre un moment qu'il ne peut expliquer que par la Grâce

"Mon corps perdait ses contours à mesure que les lignes mélodiques se déroulaient et refluaient le long du vaisseau de la neuf. Alors j'ai senti en moi un point, une minuscule fleur de lumière qui commençait à grandir. Qui s'épanouissait au son des notes. Se répandait à travers ma poitrine. Irradiait ma gorge et mon crâne. Jusqu'à remplir soudain tout l'espace (...) Dieu était là, à l'intérieur de moi et derrière toute chose. Ici et nulle part à la fois, dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, immergé dans l'univers et l'univers immergé en lui... Alors, je me suis mis à pleurer comme jamais dans ma vie. (p39)"

J'ai aimé la manière dont l'auteur se livre dans ce roman auquel il a consacré quatre ans de sa vie, une histoire personnelle racontée sans ménagement à la fois sur lui mais également sur cet homme auquel il dédie son roman, Christian, cet oncle qui cherchera toute sa vie à comprendre qui il est, qui doutera toujours mais sans jamais renoncer, faisant de Saint François d'Assise, ce bourgeois devenu le plus pauvre des pauvres, un modèle.

Faire rejoindre à travers un récit qui débute par l'enquête sur Xavier Dupont de Ligonnès, un monstre à un Saint il faut avouer que cela peut sembler périlleux et je dois avouer que je me suis laissée "guider" par la plume de Thibault de Montaigu à la fois par sa mise à nu mais également par la réhabilitation d'un oncle dont il avait une fausse image. 

Je cherche souvent à comprendre comment certain(e)s peuvent renoncer à tout, jusqu'à leur famille, pour se vouer à une vie monastique dédiée à un Dieu dont d'aucun pourrait penser qu'il ne s'agit qu'invention de l'esprit. Et pourquoi sur certains de leurs visages, ce sourire presque extatique, cette sérénité ? Comment certains bifurquent totalement à un moment donné et sortent de leurs vies parfois idéales, parfaites ou dissolues pour ensuite se dédier aux autres ou à une quête spirituelle. Pourquoi la Grâce touche-t-elle les plus méprisables, ceux au banc de la Société, ceux que rien ne prédestinait à être touchés ?

La Grâce est-ce seulement une hallucination, une révélation ou la découverte de soi à travers un au-delà ou le mélange de cela ?  Et la foi qu'en reste-t-il quand le doute s'installe lorsque tout s'effondre, quand les chemins sont semés de pierres, d'entraves ? Ce sont toutes ces pistes qu'explore l'auteur dans un roman où se mêlent religion, philosophie et humain.

Avec un travail de recherches sur les endroits qu'ils ont fréquentés, dans sa famille et dans les archives, Thibault de Montaigu dresse les portraits de deux hommes qui trouvèrent sur leur chemin la lumière qui guidera le restant de leurs vies et qui apporteront à l'auteur un éclairage sur sa propre existence et lui donnera peut-être un sens après des années de mises en danger et d'attentes.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Thibault de Montaigu livre à travers ce récit de vie son expérience de la grâce à l'occasion d'une retraite à l'abbaye Sainte Madeleine du Barroux.

Trois personnages sont mis en parallèle : lui-même, le narrateur, qui reste modestement en retrait, son oncle Christian devenu à quarante ans moine franciscain et prêtre après une vie dissolue, et surtout Saint François d'Assise.

Sont examinées les étapes de cette expérience que saint François et Christian (auxquels on pourrait ajouter le trappiste Charles de Foucauld) ont en commun : une jeunesse extrêmement dissipée , la révélation, le renoncement, le doute et l'apaisement final.

J'ai été passionnée par la première partie du livre : que sont magnifiques les êtres saisis par la grâce, et que sont poétiques les mots qui la disent !

Avec la seconde partie du voyage, la lecture est devenue plus ardue : après l'envol, le retour sur terre avec les difficultés des deux franciscains aux prises avec leur communauté, les déboires, la désillusion, et pour finir le doute qui assaille : qu'il est difficile de se départir de toute ambition personnelle et de tenir le "moi" en respect !

François d'Assise et Christian y réussiront.

Le narrateur a entrevu la voie.

"La grâce est comme un accord parfait au piano".

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C'est l'histoire vraie d'un homme qui a perdu le goût de la vie et qui, sur les conseils de sa psychologue, se lance dans l'écriture. Fasciné par le mystère autour de Xavier Dupont de Ligonnés, il commence à marcher sur ses traces, mais c'est finalement un tout autre chemin qu'il va prendre. Celui de son oncle Christian, frère franciscain qui vient de décéder. Sans le savoir, l'auteur verra sa vie changée à jamais.

L'histoire est très dense et on tombe parfois dans l'impudeur. L'auteur se pose même des questions d'éthique sur son travail. Mais les indiscrétions sont nécessaires, autant pour lui à titre personnel, que pour nous, lecteurs.

C'est un livre sur le sens de la vie. Un passage m'a touché et résume assez bien la quête de son personnage principal : « Comment être encore bouleversé aujourd'hui ? » C'est une question très intéressante qu'on peut nous aussi se poser. Est-ce que le monde matérialiste et consumériste ne tue pas notre sensibilité à petit feu ?

Lecture agréable et envoûtante qui nous incite à nous interroger sur nous-même, sur ce que représente la grâce, et à voir les choses sous un angle différent, plus pur, spirituel.

Je suis sortie de ce livre inspirée, avec une sorte de nouveau calme intérieur. Je n'avais jamais ressenti ça à la lecture d'un livre. J'espère que l'expérience sera aussi forte pour vous !
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