"La porteuse de pain" est un livre chargé d'histoire.
Il est sûrement le plus célèbre des romans feuilleton, emblématique, en tout cas de la littérature populaire du dix-neuvième siècle.
C'est un roman assez long, lent, dont l'intrigue s'étoffe par de nombreux développements secondaires et qui déroule une galerie de personnages assez importante dont certains jouent un rôle mineur dans le récit.
Jeanne Fortier, mère de deux enfants en bas âge, est gardienne de l'usine où son mari est mort, victime d'un accident du travail.
Jules Labroue, le patron l'a embauchée à ce poste afin de lui éviter de sombrer dans la misère.
Jacques Garaud, contremaître et soupirant éconduit de la jeune veuve, vole, assassine son patron et incendie les bâtiments de l'usine.
Il accuse Jeanne du triple crime et disparaît dans l'incendie en faisant semblant de se porter au secours de celui qu'il vient d'assassiner.
Jeanne Fortier est arrêtée et condamnée à la prison à vie.
Atteinte de fièvre cérébrale, elle perd la mémoire.
Pourtant quelques années plus tard, une dénommée Lise Perrin, porteuse de pain à Paris, recherche les deux enfants de la pauvresse....
La trame de l'histoire, assez dense, fourmille de coïncidences.
Elle s'étend sur une durée totale de 23 ans, de 1861 a 1884.
Elle s'articule autour de trois grandes parties : le drame, le destins des deux protagonistes - le coupable et l'innocente victime - et l'enquête qui mènera au dénouement.
Aujourd'hui, encore, même si son style est un peu désuet, s'il est un peu long et touffu, ce roman réserve beaucoup de plaisir malgré ses nombreuses invraisemblances et digressions.
Il est typique de la littérature dont raffolait nos arrières-grands-mères à la fin du dix-neuvième siècle ...
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Une jeune femme, Jeanne Fortier, perd son mari, victime d'un accident du travail dans l'usine de l'ingénieur Jules Labroue, qui lui donne la place de gardienne pour lui permettre de subvenir à ses besoins et à ceux de son fils en bas âge. Elle est poursuivie des assiduités de Jacques Garaud, à qui elle résiste. Ce dernier va se venger de ses refus de la plus cruelle des façons… ● Des invraisemblances à chaque page, des personnages stéréotypés, des situations grotesques, des sentiments exacerbés, un style à la truelle, étonnant, même, de nullité, pour l'époque… Ce qui se faisait de pire en matière de roman-feuilleton à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Un best-seller, pourtant… Comme quoi le mauvais goût n'est pas un apanage de notre époque !
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Un classique du roman francais. Un livre émouvant avec des personnages attachants, l'histoire d'une femme accusée injustement de meurtre, incendie et vol va tout faire pour retrouver ses enfants et prouver son innocence. Bon moment de lecture.
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Une jeune femme, veuve, avec deux petits enfants à élever, injustement accusée et condamnée ... Voilà une histoire qui promettait quelques actions rebondissantes, quelques larmes peut-être ...
Or, rien ! Tout est cousu de fil blanc, prévisible et fade. L'auteur ne fait preuve d'aucune imagination et utilise les mêmes grosses ficelles à n'en plus finir.
Bref, une lecture décevante qui ne mérite pas que l'on s'y attarde.
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Jacques Garaud jouissait à New York de toutes les joies du succès, entouré de la considération générale, ayant un intérieur délicieux, une femme adorable, et augmentant chaque jour la prospérité et la fortune de la maison « James Mortimer and Paul Harmant ». Un an s’était écoulé depuis son mariage avec la fille de l’ingénieur américain, et Noémi s’attachait à lui chaque jour davantage. Le misérable s’était pris peu à peu d’un ardent amour pour sa femme.
Un jour, le père de Noémi, atteint de violentes douleurs rhumatismales et appelé dans une ville assez éloignée de New York, fut obligé de prier son gendre de le suppléer. Paul Harmant partit en se faisant accompagner par Ovide Soliveau.
Ovide, lui aussi, grâce à la protection de son prétendu cousin, avait fait un chemin rapide : contremaître d’abord, puis inspecteur, puis bras droit de Paul Harmant. L’amitié, la confiance que lui témoignait ce dernier, ne diminuaient point son ardent désir de savoir ce qu’avait été le passé de son cousin. Bref, il mourait d’envie d’expérimenter sur l’associé de Mortimer la liqueur du Chuchillino.
« On va voyager, se dit-il, quand Jacques Garaud lui annonça le départ ; l’occasion que j’attends depuis près d’une année se présentera forcément en route. J’en profiterai… »
Et il glissa dans un sac de voyage la fiole du précieux liquide acheté à New York, moyennant quinze dollars, au Canadien dont il avait appris l’adresse à bord du Lord-Maire.
Cinq minutes après le départ, Jacques Garaud entama la conversation du ton le plus familier.
« Eh bien, cousin, dit-il, ne te paraît-il pas bon de nous trouver maîtres, comme en ce moment, de causer à cœur ouvert, en bons parents ?
– Franchement, cousin Paul, répliqua le Dijonnais, voilà, depuis une année, mon premier moment de joie.
– Ne te plais-tu donc point à New York ?
– Comment ne m’y plairais-je pas ? Je m’y plais beaucoup, au contraire, et si je viens parler d’une joie incomplète, c’est au point de vue de mes affections de famille. Aujourd’hui que la fortune de Mortimer ne peut t’échapper, il me semble que tu devrais bien trouver un joint pour me présenter comme ton parent, et me mettre avec toi sur un pied d’égalité relative.
– À quoi cela servirait-il ?
– À me rapprocher de toi, donc !
– Tu n’as pas à te plaindre. Si je ne te reconnais point publiquement pour mon cousin, j’agis en bon parent.
Au moment où commence notre récit, c'est à dire le 3 septembre de l'année 1861, à trois heures du soir, une femme de vingt-six ans à peu près suivait la route conduisant de Maisons-Alfort à Alfortville.
Cette femme, simplement vêtue de deuil, était de taille moyenne, bien faite, d'une beauté attrayante. Des cheveux d'un blond fauve s'enroulaient en grosses torsades sur sa tête nue. Dans son visage d'une pâleur mate, brillaient de grands yeux aux prunelles d'un bleu sombre. La bouche était petite ; les lèvres bien dessinées, d'un rouge cerise mûre, s'entrouvraient sur des dents éblouissantes.
De sa main droite, elle tenait un bidon de fer-blanc à anse mobile ; de la main gauche, elle serrait la menotte rose d'un bébé de trois ans environ qui marchait à pas lents en tirant derrière lui, par une ficelle, un petit cheval de bois et de carton...
.... Jeanne attendit. les réflexions les plus douloureuses, les plus effrayantes l'obsédaient. Son désespoir fit explosion tout à coup. --- Et cependant je ne suis pas coupable! dit-elle presque à haute voix sans en avoir conscience. Cet homme, ce misérable, a commis tous ces crimes, et c'est moi qui me cache.... c'est moi qui suit accusée ! Moi l'innocente!...
Page 43 de la premiere édition canadienne mai 1968 Les éditions soleil Inc.1968 .
Et elle voulut entraîner Georges.
« Mon dada ! » cria l’enfant qui avait posé à terre son petit cheval.
Jeanne ramassa le jouet et se remit en marche en tenant son fils par la main. Peu à peu le jour venait.
Soudain elle s’arrêta. Deux silhouettes venaient d’apparaître au détour d’un sentier traversant un petit bois.
C’était deux gendarmes à cheval. Devant eux marchait une femme en haillons, les mains liées. Jeanne reconnut l’uniforme et frissonna. Il lui semblait se voir, elle innocente, marcher comme une voleuse, comme une incendiaire, les menottes aux poignets, entre les représentants de la loi. Elle saisit Georges dans ses bras, et gagnant vivement le petit bois, s’y enfonça. Les gendarmes, cheminant toujours, disparurent bientôt en compagnie de leur capture.
Jacques Garaud jouissait à New York de toutes les joies du succès, entouré de la considération générale, ayant un intérieur délicieux, une femme adorable, et augmentant chaque jour la prospérité et la fortune de la maison « James Mortimer and Paul Harmant ». Un an s’était écoulé depuis son mariage avec la fille de l’ingénieur américain, et Noémi s’attachait à lui chaque jour davantage. Le misérable s’était pris peu à peu d’un ardent amour pour sa femme.