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Arlette Rosenblum (Traducteur)
EAN : 9782369351009
144 pages
Le Passager Clandestin (14/10/2021)
3.96/5   13 notes
Résumé :
En 1944, Catherine Lucille Moore imagine une créature hybride dont l’humanité est aux prises avec la machine.

Quand Deirdre, une star de la télévision, décède brutalement lors d'un incendie, son impresario, et Maltzer, un scientifique de génie, décident de transplanter son cerveau dans un corps artificiel. Une fois revenue à la vie dans son corps de métal, Deirdre veut reprendre sa carrière au grand désarroi des deux apprentis sorciers. Ecrit en 1944,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après mon échec à la lecture de Jirel de Joiry, j'hésitais entre abandonner purement et simplement Catherine L. Moore ou retenter le coup pour voir s'il s'agissait d'un accident. le format novella proposé ici, et le thème proprement différent, m'ont fait balancer vers la deuxième option.

Et ça partait mal. Dès le début j'ai reconnu ce style qualifié « d'imagination poétique et de maîtrise stylistique » dans la mini biographie de l'auteure : de la poésie que je ressens comme lancinant et insistant, poussant la palabre jusqu'à l'excessif, avec des dialogues qui développent longuement thèse et antithèse et se prolongent de chapitre en chapitre à la façon des séries télé comme Les feux de l'amour.
Et pourtant ici, ça fonctionne ! C'est même un élément clé. Cela prolonge l'attente, éloigne le moment des véritables révélations, participe à mettre les nerfs en pelote dans l'attente des divulgations mais aussi à incarner, concrétiser les deux duellistes que sont Deirdre et Maltzer.

L'histoire n'est pas vraiment dystopique – comme quoi dystopique et dyschroniques (le nom de la collection) ne sont pas synonymes. Deirdre est une vedette du spectacle dont le corps est mort dans un accident, mais dont la conscience a pu être sauvegardée et implanté sur un corps métallique de toute beauté. Elle est devenue cyborg. Deirdre parvient rapidement à s'adapter à sa nouvelle situation et n'a bientôt plus qu'une envie : remonter sur scène. Montrer ce qu'elle est, en quoi elle est restée la même et en quoi elle a changé.
Maltzer est son agent. C'est lui qui a tout mis en oeuvre pour « sauver » Deirdre. Mais ce nouveau Frankenstein regrette vite son geste. Il ne supporte pas l'idée de voir Deirdre se faire rejeter par le public car, pour lui c'est évident, jamais les foules n'accepteront cet être qui croit seulement être vivant.

Les deux personnages sont face à face, sous les yeux du narrateur Harris. Et leur longue confrontation m'a pris aux tripes jusqu'à l'action finale qui change la nature de la question de fond : il ne s'agit plus de savoir si Deirdre est encore humaine ou attirée par la « métallicité » inorganique de son corps, mais de savoir dans quelle mesure elle est devenue supérieure à l'humain.

Une très bonne novella qui m'aura happé par ce que je reproche au style même. C'est curieux mais aussi satisfaisant.
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Le pitch du livre nous dit :"Catherine Lucille Moore imagine une créature hybride dont l'humanité est aux prises avec la machine." mais dans les faits il est plutôt question d'un dialogue entre trois personnages dont l'un est clairement en burn out après avoir créer un mécanisme d'une rare complexité dans lequel est inséré le cerveau d'une star américaine d'un temps non défini, le futur peut-être mais un futur alternatif où l'on fume encore et où la télévision existe aussi mais toujours aussi médiocre et plate. Une analyse psychologique des témoins plus que de la principale intéressée, avec un passage au moins où on sent que le médecin (ou ingénieur) essaye de convaincre sa patiente de ce qu'elle devrait ressentir vraiment. Ce qui m'a fait penser aux démarches de la psychanalyse qui finit par faire apparaître des pathologies dont la personne concernée n'a jamais eu conscience avant de croiser le chemin du psychanalyste. Peut-être un point de détail dans l'histoire mais celui qui m'a donné le plus à réfléchir. Il n'y a rien qui m'irrite plus que ces gens qui prétendent savoir ce qui se passe dans notre propre tête et ont même du pouvoir sur notre liberté au nom de choses qu'ils ont inventé, nommé et qu'ils sont les seuls à voir. Celui qui est présenté dans le texte n'hésite pas à faire un chantage au suicide pour convaincre. C'est dire si l'escroquerie intellectuelle est à son comble. Pour le reste, je suis de parti pris, étant un grand fan de Catherine L. Moore depuis ma découverte de la SF américaine (Shambleau et le cycle de Northwest Smith ainsi que celui de Jirel de Joiry faisaient partie des premiers ouvrages de la collection SF en J'ai Lu éditée dans le milieu des années 70 par Jacques Sadoul). Quelqu'un de moins favorable à l'auteur pourrait trouver que malgré le style impeccable, qui coule de lui-même et se lit avec une grande facilité, avec même un grand plaisir, il y aurait une certaine tendance à diluer un sujet qui ne méritait peut-être pas autant de pages.

La longue nouvelle est suivi d'un dossier documentaire qui précise la biographie de l'auteur et remet le sujet dans la perspective de l'histoire des sciences et des technologies ainsi que des thématiques de la littérature de l'imaginaire. Sur ce dernier point, il n'y a pas de critique ni d'analyse du choix du support utilisé pour pour greffer le cerveau de l'héroïne. Pourquoi le métal ? La question ne semble pas se poser. Dans le Frankenstein de Mary Shelley, qui est cité dans la nouvelle et dans le dossier, le support est organique, si on se penche un peu sur les histoires parues à la même époque, l'idée d'un transfert de conscience sur un clone sera utilisée l'année suivante, 1945, par A. E. van Vogt, non cité dans le dossier, dès la première nouvelle de la série consacrée au Non-A, ce sera même un des principaux arguments du cycle. Faire survivre un organe dans un milieu métallique est très compliqué. Catherine Moore ne donne pas de détails sur ce point. Il semble que seule l'opposition absolue du vivant à la matière inerte du cuivre et de l'acier ait conduit son choix.
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Aucune femme du monde est une nouvelle écrite en 1944 et les problématiques restent très actuelles. Une égérie de la télévision est victime d'un incendie et disparait de la scène. Etant tellement admirée qu'un scientifique prépare pendant une bonne année son retour enfin un retour. Avant qu'elle puisse revenir sur scène, l'impresario est convoqué pour donner son avis : y a-t-il une différence, peut-elle retourner à la vie publique ? La connaissant bien il s'aperçoit qu'elle a eu un soucis mais qui peut surement faire illusion.
Son fameux médecin privé est spécialiste en robotique, du coup qu'est ce qui a été sauvé ? Est ce qu'un cerveau dans un corps complètement d'Android est encore un être humain ? Quand il ne reste rien du corps, est-ce la même personne ? Est-ce que c'était une bonne idée pas de l'empêcher de mourir pour en faire cet être particulier ? Quid du consentement ? Est-ce que ça va aussi être une façon de devenir tous éternels et est-ce une bonne idée ? On a tout un panel de questionnements bioéthiques, les intelligences artificielles et les êtres humains augmentés mais aussi sur autour du passage à l'acte si on peut le faire, doit-on le faire ?
Du côté plus personnel, les réflexions tournent autour de comment trouver une place quand on est différent, comment on se perçoit après un tel changement, quelle va être la réception de ce nouvel être passé la curiosité initiale et surtout comment notre égérie va réagir à la réaction de la foule
Franchement je suis bluffé qu'un texte de 1944 ait des questionnements si actuels que ce soit du point de vue scientifique mais aussi au niveau des aspects psychologiques qui peuvent en découler. J'ai adoré ce texte et j'ai hâte de me pencher sur d'autres textes de l'autrice.
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Spécialisé avec sa collection Dyschroniques dans la réédition de nouvelles et novellas du patrimoine de la science-fiction, la maison d'édition le Passager clandestin publie enfin un texte d'une grande dame de l'âge d'or de la SF, Catherine L.Moore. D'elle, je ne connaissais que Shambleau et son héroïne de fantasy Jirel de Joiry. Aucune femme au monde représente une facette encore différente de son style. Écrit en 1944, il évoque à mes yeux de lectrices du XXIe siècle tout autant les mythes de Pygmalion et de Frankenstein (ce dernier étant explicitement mentionné dans le récit) que le manga et les anime Ghost in the Shell.
Aucune femme au monde a pour protagoniste principale Deirdre, artiste et star de télévision gravement brûlée dans un incendie. Elle n'a survécu qu'en s'abandonnant qu'aux bons soins d'un savant audacieux qui en fit un cyborg ravissant. Elle est désormais décrite comme une sorte de chevalier féérique à la peau de métal doré et à la grâce et au charme décuplés. Mais est-elle toujours humaine ? Ou devra-t-elle vivre coupée de ses passions et de son public ?
Même si l'autrice est une femme comme son personnage principal, elle a choisi de nous raconter cette histoire d'un point de vue masculin. Celui-ci, Harris, l'ancien impresario de Deirdre en découvre la nouvelle incarnation au début du récit. Il est celui qui verra la femme derrière le métal, tandis que son médecin verra avant tout la mécanique bien réglée qu'il a contribué à édifier. Si les hommes de l'histoire sont pleins de préjugés, Deirdre parvient à s'imposer. Étant enfin de nouveau autonome, elle n'attend pas qu'on lui prescrive la façon dont se comporter et entend bien mener comme bon lui semble le reste de sa vie. Elle compte surtout affronter à sa façon et avec ses propres atouts ses peurs et incertitudes quant à sa nouvelle identité.
Récit émouvant et sensuel, Aucune femme au monde ne correspond pas à ce que l'on pourrait attendre d'un texte de science-fiction destiné aux « pulps magazine ». C'est pourtant un texte qui consacre à la fois l'essence même de la science-fiction en nous confrontant à une altérité, tout en restant suffisamment atemporel pour parler au lectorat moderne.
Lien : https://www.outrelivres.fr/a..
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Aucune femme au monde n'est comme Deirdre…
Un an plus tôt, Deirdre était une star, la femme parfaite, le star adulée, l'amour du monde… mais un incendie ruine cette ascension… seul rescapé de la mort de Deirdre : son cerveau…
Alors pendant un an, son impresario et un scientifique de génie ont fabriqué un clone… la plastique artificiel parfaite avec le cerveau intacte de la star… pourtant son corps est de métal, n'est plus attirant, mais la Deirdre veut revenir sur le devant de la scène…
Les deux hommes sont dépassés par leur idée… le côté apprenti-sorcier les rattrape et les prend à la gorge… car la nouvelle Deirdre a du caractère, une idée fixe, et un égo que le métal n'arrive pas à faire plier…
Ecrit en 1944… ce court texte sur la manipulation, la robotique, la psychologie humaine, la psychanalyse, l'apprentissage, l'assemblage homme/robot, pose de nombreuses questions aux lecteurs…
Désormais quasiment réel, ce texte était sacrément avant-gardiste en 1944… écrit par une femme, parlant d'une femme… sans se cacher derrière son petit doigt, et dénonçant la dérive à venir.
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critiques presse (1)
Liberation
20 octobre 2021
Dans ce texte, la prouesse tient aussi à la manière subtile et sensuelle dont Catherine Lucille Moore décrit un corps métallique qui dégage un charme de mortelle. Et sans pour autant conclure sur une issue fatale à la Frankenstein.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A la vérité, elle ressemblait tout à fait à une créature en armure, avec ses membres délicatement blindés et sa tête dépourvue de traits, comme un heaume avec une visière de verre, et sa tunique mailles. Mais aucun chevalier en armure ne se mouvait comme Deirdre ou ne portait son armure sur un corps aux proportions si inhumainement belles. Seul un chevalier d'un autre monde, ou un chevalier de la cour d'Obéron, aurait pu avoir cette allure délicate.
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Avait-on le droit de conserver un cerveau vivant quand son corps était détruit ? Même s'il était possible de lui fournir un nouveau corps, forcément très dissemblable à l'ancien ? (13)
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