Honolulu noir ressemble à s'y méprendre à un excellent roman noir américain des années 50/60.
Il en a tous les codes, le détective un poil désabusé en premier lieu. David Kawika Apana n'a rien à envier à ces pairs du hard-boiled, il est plus ou moins fauché et c'est un dur à cuir au coeur tendre. En second lieu, il y a le décorum , ici la corruption règle les règles de l'île, le fric est roi, les femmes sont fatales.
Je sais ce que vous allez me dire, c'est du déjà vu et ces recettes là justement ne font plus recette ! Et bien détrompez-vous. La force de
Rodney Morales c'est qu'aux charmes des bons vieux polars, il ajoute pas mal de problématiques actuelles.
En effet, si les ficelles anciennes sont bonnes, pourquoi s'en passer, notre auteur nous entraine dans de multiples rebondissements mais au passage il n'oublie pas de nous faire passer une vraie critique sociale d'une société qui va mal. Morales parsème ça et là son intrigue de thématiques tels que la colonisation, le racisme ordinaire, la réappropriation culturelle de l'île par les autochtones empêchés par les instances culturelles officielles.
On aime parcourir l'île et la découvrir avec David Apana. Car oui Hawaï ici est un personnage à par entière. On y découvre à la fois le coté carte postale mais aussi la violence et les turbulences qui l'agite. On est au coeur de l'action, on découvre aussi les magouilles, les collusions, l'argent facile. Les puissants, toujours plus puissant qui se croit au-dessus des lois. Leur impunité crasse qu'ils jettent à la fasse des plus faibles. L'exploitations des-uns par les autres. On est là dans une intrigue complexe, on va faire la connaissance des individus peu recommandables qui gravitent autour des industries musicale et cinématographique. On va pénétrer dans les coulisses de celle-ci. On verra que la mafia s'infiltre partout et, avec elle, trainent son lot de ripoux, de politiciens corrompus, de collusions, d'argent sale, de scandales et autres joyeusetés.
Ici on dénonce la traite d'être humain, les trafics sexuels en tout genre. Je vous le disais, les thématiques contemporaines sont elles aussi au centre de ce roman policiers plein d'actions où on va être confronté à la réalité brutale.
J'ai aimé aussi le style direct de notre auteur, parfois brutal lui aussi, parfois sensible . J'ai apprécié les dialogues incisifs.
J'ai adoré la façon qu'il a de camper ses personnages, j'ai aimé leur ambivalence, jamais totalement manichéens, tout en subtilité.
Bref, vous l'aurez compris j'ai fait là une bien belle découverte. Et Morales nous offre là un thriller noir et sociétal. Et ce mélange des genres et parfaitement réussi.
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