On reconnaît ici un roman dans la veine du fin'amor, du roman courtois médiéval.
Michael Morpurgo, duquel je connaissais déjà la réécriture de
Robin des Bois, décide cette fois-ci de donner un unique corps aux multiples légendes arthuriennes entourant le Saint Graal. Pour ce faire et pour l'expliquer aux plus jeunes, la rencontre due au hasard entre le narrateur et un Arthur Pendragon vieilli va déclencher toute l'histoire.
le personnage principal, qui est moins le conteur qu'Arthur, est ici bien figuré pour permettre la rencontre entre le lecteur et le roi. Il est tout de même effacé – on ne connaît pas bien ni son nom ni ses particularités. Il nous accorde malgré tout l'occasion d'admirer la fresque de l'époque que dépeint le récit de l'ancien monarque, plutôt que de trop nous concentrer sur lui. C'est une idée que j'apprécie de la part de l'auteur.
Arthur Pendragon raconte donc toute son histoire, depuis son enfance jusqu'à son décès ; il demeure encore accompagné de son fidèle chien Bercelet dans les brumes. L'animal, et le fait qu'il soit une partie de Merlin, le rendent intéressant malgré son second rôle.
On ne voit pas le jeune roi grandir. Durant sa narration rapide, il passe des quinze ans à sa mort sans s'arrêter sur un point précis, donnant un effet accrocheur.
Surtout en début de récit, les apparitions de Merlin sous forme d'homme comme d'animal révèlent une certaine poésie en fonction des situations. Mais toute l'histoire en elle-même, et la manière de raccorder la romance de Lancelot et Guenièvre en une tragédie pour l'utopiste Camelot, en fait déjà un conte assombri.
Des personnages que je trouve complexes tels que Mordred ou Gauvain, des messages sur le bien ou le mal ; ainsi qu'une dose d'action dans les duels réglementés de chevalerie désignent donc ce court livre comme une adaptation particulièrement bonne de l'héritage de Chrétien de Troyes.