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EAN : 9782710372523
320 pages
La Table ronde (17/03/2016)
3.73/5   13 notes
Résumé :
L'étude est le meilleur moyen de s'arracher à son sort : cette évidence, Bella Casey, aînée d'une fratrie chétive de Dublin à la fin du XIXe siècle, a tôt fait de la comprendre. Le piano, la littérature, l'école normale ? autant d'échappatoires auxquels cette jeune fille intelligente se livre à corps perdu, faisant fi des brimades de sa mère, éprouvée par la perte de plusieurs enfants en bas âge. Pour son avenir, la jeune institutrice a d'humbles projets : un époux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Traduit par Aline Azoulay-Pacvon

En ces temps de célébration du centenaire de l'Insurrection de Pâques 1916 en Irlande, les éditions de la Table Ronde publient ce roman qui s'ouvre sur cet événement historique. Alors que la Poste Centrale de Dublin est devenue le quartier général de ceux qui proclament la Nouvelle Irlande, Mrs Beaver, cinquantenaire et protestante se dit : "Une escarmouche, rien de plus." Néanmoins, l'imagination piquée par ce qui se raconte, elle sort dans Dublin en proie au chaos, mais aussi tiraillée par la faim. Pourtant, c'est un piano qui va attirer son attention. Elle mettra toutes ses forces et sa rage pour le ramener chez elle (ses enfants se demandent si elle n'est pas tombée dingue, compte tenu des événements !). Elle se met à jouer la sonate Au clair de lune, une mélodie qui la ramène dans le passé, au temps où elle avait quinze ans et pour ambition de s'émanciper le plus tôt possible.

Mrs Beaver est née Bella Casey, dublinoise protestante, devenue institutrice dans les années 1880. Un excellent poste pour une femme. Un excellent poste et un beau logement, certes, mais harcelée par un révérend. Par manque de courage et parce qu'elle sait que si elle fait quoi que ce soit, elle perdra son emploi, Bella cède à l'ignoble révérend Leed. C'est par lui qu'arrive le malheur de la jeune femme. Enceinte, elle n'entrevoit comme solution que de se faire épouser par un autre homme, le clairon Nicholas Beaver, un homme qu'elle trouve charmant. Manipulatrice, elle parvient à ses fins. Mais pour le pire.

Dans ce roman, le malheur arrive par les hommes. Pourtant, Mary Morrissy n'épargne pas son personnage éponyme et n'en fait pas non plus une donzelle innocente et bienveillante.
Tout au long de ma lecture, Bella Casey m'a agacée : elle est snoble, prétentieuse, pétrie de préjugés envers les Irlandais catholiques qu'elle regarde de haut. Cela m'a beaucoup supris. En effet, Bella Casey est la soeur aînée du dramaturge et écrivain irlandais Sean O'Casey, de son vrai nom Jack Casey (ce fut ma deuxième surprise !) . Jack adorait sa soeur autant qu'elle l'agaçait. le roman nous propulse dans les années 30, Sean O'Casey est en train d'essayer d'écrire sur sa soeur mais a bien du mal à la comprendre ! Il cherche à faire revivre l'ancienne Bella, celle qu'il a connue "battante". C'est ce qu'il cherchera toujours à retrouver en elle. On se prend d'affection pour Jack, contrairement à sa soeur, pour son humanisme et sa bonté hors normes.
L'écrivain apparaît dans le roman, d'abord bébé né "coiffé", puis enfant, enfin adulte toujours plongé dans les livres, révolté, prenant fait et cause pour les catholiques, épousant leur langue, adoptant l'équivalent gaélique de son identité patronymique pendant que Bella ne comprend pas son attitude :
"Son frère appartiendrait toujours au camp adverse - celui des baragouineurs de gaélique, des catholiques, des ennemis de la couronne."
Au lieu de cela, Bella a, elle, épousé un soldat au service de la couronne, un homme brutal et alcoolique, qui mettra un terme à sa carrière d'institutrice en lui donnant 5 enfants et en finissant atteint de démence (vraiment le gentleman dont tout le monde rêve, n'est-ce pas ? :) )
Pourtant, Bella ne se révoltera jamais contre cet ignoble bonhomme qui lui fait vraiment subir le pire. Et là, j'ai vraiment eu envie de lui mettre des claques ! :)

Une des subtilités du roman est que Mary Morrissy ne fait pas de son héroïne quelqu'un de parfait et sympathique, mais néanmoins elle la montre se démenant, en faisant les mauvais choix, dans une société dominée par le patriarcat. le lecteur est pris par des sentiments contradictoires.

J'ai aimé la plume légèrement surannée de Mary Morrissy, tout à fait en accord avec le personnage de Bella. Malgré mon manque d'empathie et de sympathie pour celle-ci, je n'ai pas pu lâcher ce livre une fois entamé, malgré quelques longueurs à la fin.
L'histoire d'un drame savamment imaginé, mais qui donne envie d'aller plus et de lire l'autobiographie en plusieurs volumes de Sean O'Casey ! C'est sans doute le dessein de Mary Morrissy !

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Un coup de coeur.

Ce troisième roman de Mary Morrissy est une biographie romancée de la vie de Bella Casey, la soeur aimée de Sean O'Casey, le célèbre écrivain et dramaturge irlandais. Je voulais écrire « ainée » (qu'elle est, de quinze ans), mais je garde ce joli lapsus, car Sean a adoré Bella.

Les Révolutions de Bella Casey, c'est l'histoire d'une jeune fille née à Dublin, issue d'un milieu protestant modeste, une personnalité brillante au tempérament volontaire et ardent, qui cherche à s'émanciper grâce aux études. Elle réussit à devenir institutrice. C'est l'histoire de son ascension, fauchée en plein essor par les attentions manipulatrices d'un homme d'église. C'est l'histoire de tant de femmes à tant d'époques, à qui l'on a inculqué dès le berceau la soumission aveugle à l'autorité masculine, du père, du curé, du mari ; pour sauver sa réputation elle va se faire épouser par un jeune militaire à belle prestance, ami de beuverie de ses frères, le clairon Beaver. C'est l'histoire de sa vie ensuite ; l'escalier savonné de son existence, entre sauvetage des apparences, culpabilité et dégringolade.

Mais ce livre est en fait bien plus que l'histoire de Bella. On y suit l'épanouissement humain et politique du futur Sean O'Casey, à qui habilement au cours du roman, Mary Morrissy prête parfois la voix. On est emportés par l'histoire de l'Irlande en marche, l'évolution et les mutations de la société irlandaise, tant religieuses que politiques. Dans ce roman il y a les grèves ouvrières de 1913, le déclenchement de la première guerre mondiale et le soulèvement de Pâques 1916. La grande Histoire du vingtième siècle, mais aussi la petite, les déménagements, les vexations de voisinage au quotidien entre protestants et catholiques, les difficultés à joindre les deux bouts, à survivre. Les séries télévisées sont à la mode ces dernières années, et bien ce roman pourrait être l'ossature d'une magnifique saga familiale irlandaise intelligente, historique, crue et poignante. Bella, Sean et l'Irlande, leurs évolutions et révolutions intérieures aussi bien qu'extérieures.

Le style de Mary Morrissy est brillant par sa sobriété, descriptif en restant léger, profond et émouvant, sans sombrer dans le sentimentalisme. Les deux seuls bémols – à mon sens -, deux passages où l'auteure accuse un peu trop le trait, entrainant une lourdeur qui flirterait presque avec le manque de crédibilité – ces deux fausses notes sont peut-être finalement voulues, pour créer une respiration dans l'harmonie magistrale de l'ensemble de cette oeuvre.

Il y aurait encore tellement à dire sur ce livre, sur son titre, sur l'importance symbolique du piano, les relations fluctuantes entre Bella et son frère, passant de l'adoration aveugle à la brouille déçue. C'est sans doute toujours ainsi, les coups de coeur : on en parlerait des heures !
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J'ai beaucoup aimé cette lecture qui nous plonge au début du dix-neuvième siècle, en Irlande, dans la famille Casey. de fervents protestants, attachés à leurs valeurs et à leur religion.

Nous faisons la connaissance de Bella, fille aînée de la famille, qui prend soin de ses frères et part étudier à l'école normale afin de devenir institutrice. le révérend Leeper, va littéralement lui gâcher la vie… sa vie. Bella va devoir trouver très rapidement un époux. À partir de ce moment-là commence la descente aux enfers de cette femme pleine de courage et d'amour envers ses enfants, et malgré tout son époux, Nick.

Au fil des pages, Bella accumule les malheurs, les peines, les humiliations, et malgré tout ça, elle essaie de garder la tête haute et les idées claires.

La vie de Bella Casey a été romancée par l'auteur Mary Morrissy, mais elle nous livre ici une belle leçon de courage. le frère de Bella, Jack connu sous le nom de Seàn O'casey était un dramaturge irlandais célèbre qui vécut de 1880 à 1964.

Dans ce roman qui se déroule à Dublin, est abordée la guerre des Boers, les désaccords entre l'Irlande et la Couronne d'Angleterre au début du siècle… Un climat tendu qui ne va pas aider Bella et sa famille.

Pour conclure, « Les révolutions de Bella Casey » est un très beau roman que je recommande sans hésitations.
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"Si elle était sidérée un instant plus tôt, cette fois, elle se sentait littéralement paralysée. Elle s'était toujours représenté le combat comme un assaut continu et logique, organisé et imposant. Mais non, il se déployait par vagues, telle la marée léchant le rivage, à cette différence près que sa progression était impossible à prédire. Les balles suivantes pourraient bien être pour elle, ou pire, pour son pauvre fils qu'elle avait trainé jusqu'au coeur du danger au lieu de l'en protéger."

Ainée d'une honorable famille protestante, Bella Casey se consacre très tôt à l'éducation et au perfectionnement de sa personne. Persuadée que l'apprentissage reste la meilleure arme contre l'adversité et toutes les formes de bassesses, elle se passionne peu à peu pour la musique, la littérature. Si elle débuta sa première jeunesse de la manière la plus vertueuse et innocente, la voilà rapidement confrontée à la corruption et à la manipulation d'un clergé malintentionné. Multipliant les mauvaises expériences et les déceptions en tout genre, la jeune femme se transforme peu à peu. Mariée à un clairon affligé par les atrocités de la guerre, elle découvre la vie laborieuse et le quotidien d'une femme de soldat dans un contexte d'insurrection irlandaise. L'auteur retrace ici le destin romancé et rocambolesque d'une femme pas si anonyme que cela, se révélant être la soeur de l'écrivain Sean O'Casey, notamment reconnu pour sa motivation à préserver la culture gaélique en cette fin de 19è siècle.
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Bella Casey est une femme qui a vraiment existé. Irlandaise duXIXème Siècle, elle était la soeur du dramaturge Sean O'Casey.
Grâce à sa soif de savoir, elle parvient à la condition privilégiée d'institutrice. L'avenir prometteur qui se dessine pour elle est contrarié par une série d'événements personnels. Son frère, plus jeune qu'elle de 15ans, est un témoin privilégié de cette existence marquée par le déclin. Dans ses jeunes années, il porte sur elle un regard admiratif, il idéalise cette soeur qui lui transmet son amour de la littérature. En grandissant, il ne comprend pas les choix de Bella et sa déception est à la hauteur de la sévérité avec laquelle il la juge.
Mary Morrissey nous dresse un tableau précis de Dublin de l'époque avec pour toile de fond des événements historiques et plus en détails des destins individuels.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Elle trouvait qu'il avait changé, lui aussi. Et elle ne le lui pardonnait pas. Il était ouvrier, il était syndiqué, il était irlandais. Et parlait même une autre langue, qui plus est. Quand il avait commencé à apprendre le gaélique, sa bouche avait du mal à prononcer les mots étrangers, il avait l'impression de mâcher un tas de terre fraîchement retournée. Mais sa langue s'était faite à sa texture riche et rugueuse, et elle avait appris à l'aimer.
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Il avait chéri le souvenir de la jeune femme avec sa jupe, sa cape, son sac plein de livres, et son esprit aventureux en ébullition. Il l'avait poli, chaque jour, par amour. L'amour pouvait faire cela, polir les rides de lassitude, tendre les poches sous les yeux, à l'endroit où s'accumulaient les larmes trop longtemps retenues. Empêcher les cheveux de blanchir. Freiner la chute vertigineuse des coins de la bouche et des espoirs;
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Cette maison était plus éloignée du centre-ville que les précédentes ; l'atmosphère était chargée d'air marin et on sentait que le vent qui hurlait dans les pignons était impatient de gagner le large, comme s'il craignait de se retrouver coincé dans ces ruelles étouffantes.
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Les immeubles et les boutiques chics d'Abbey Street étaient tous éventrés. Les sols des appartements au premier étage étaient enfoncés par endroits et les murs déchirés évoquaient de la dentelle fripée au bas d'un jupon.
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Se dépêchant de partir, elle songea que cet homme était aussi changeant qu'un jour de printemps, quand le soleil hésite à se montrer derrière un nuage et s'éclipse sitôt apparu, jouant des ombres et de la lumière.
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Mary Morrissy présente son dernier roman "Les revolutions de Bella Casey" à la librairie Mollat
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