AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,32

sur 1126 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur. On entre dans ce livre comme on avance dans un sombre tunnel, des lumières floues éclairent des passages mais l'ensemble reste souvent invisible. Les différentes perspectives sont visibles à travers les yeux d'animaux et petit à petit les mystères se dévoilent. Wahhch Debch s'engage dans une quête profonde, lugubre et mortifère qui le ramène ailleurs, dans une autre dimension, aux premières années de sa vie. Attention, les images sont crues et d'une violence extrême, il y a des êtres déchus et d'autres d'une sublime lumière.

Wahhch Debch découvre sa femme, Léonie, atrocement assassinée alors que le mobile semble être seulement le hasard. Il sombre alors dans une sidération totale dans laquelle réalité et souvenirs enfouis de l'enfance se mélangent au point de se sentir lui-même coupable. Menant son enquête, Wahhch Debch poursuit l'ombre du monstre, non pas par désir de vengeance mais pour faire face à la bestialité et se rassurer sur sa propre humanité. Cette poursuite le mène sur les terres indiennes des Mohawks et sur les routes de l'Amérique du Nord.

Wajdi Mouawad a écrit un des livres les plus noirs que j'ai lu, noir dans le fond mais aussi noir dans la forme. La vision à travers les yeux des animaux est une véritable originalité, et renforce cette impression d'obscurité, d'être dans le floue et d'avancer à tâtons. Cette lecture est une véritable expérience littéraire que je recommande.
Commenter  J’apprécie          132
Oeuvre sommaire de son auteur, Anima est sauvage, rugueux.
Wajdi Mouawad questionne encore une fois l'exil et la mémoire familiale à travers une narration inédite, bouleversant les codes du roman et desservant brillamment le sous texte tragique.
Pour connaître son passé, il faut préférer l'abstraction et la détermination, quel qu'en soit le prix. En une sorte de personnalisation inversée, Mouawad entre au coeur des sentiments de ses personnages, sans jamais les dramatiser : il sont devenus des bêtes, celles qui racontent leur histoire.
Commenter  J’apprécie          130
Coup de coeur pour ce roman bien particulier avec un parti pris narratif tout à fait original.
Anima, l'âme en latin, est-elle le propre de l'homme ? Et la bestialité est-elle le propre de l'animal ?
Pas si évident.
Dans ce texte au fond très brutal, le meurtre du départ donne le ton. C'est parfois dur, voire très dur. Mais cette aventure d'un homme qui recherche le meurtrier de sa femme et qui tombe sur son passé est époustouflante.
Une parfaite réussite.

On frissonne, on a peur, on s'enfuit, on court, on tremble, on transpire ... on tourne les pages, happé par ce roman unique qui ne peut laisser indifférent.

Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          130
Wahhch Debch découvre le cadavre de sa femme, assassinée sauvagement alors qu'elle attendait leur premier enfant. Il se lance sur les traces du tueur et le traque à travers le Canada puis les États-Unis. Mais au-delà de cette vengeance, Wahhch va découvrir qui il est vraiment…

Je redoutais de lire ce roman qu'on qualifie de poignant et de sombre. Je redoutais son style. Je redoutais son personnage. Et puis j'ai succombé moi aussi à cette intrigue insensée. Dès le départ, on connaît l'identité du tueur présumé. le lecteur est entraîné à la suite Wahhch dans une odyssée de l'extrême où il va faire l'expérience de la violence la plus totale.

Chaque en-tête de chapitre indique quel animal sera le guide de notre lecture. Car c'est l'originalité de ce roman. Les chapitres sont racontés du point de vue d'un animal différent: un chat, une chouette, un chien, un rat ou encore un oiseau. Ce choix narratif permet d'observer Wahhch qui se débat avec sa peine et sa rage.

C'est aussi une manière pour l'auteur de mettre en perspective la barbarie des hommes alors que les animaux apparaissent pour la plupart bien innocents. La violence et la volonté de faire du mal appartiennent à l'homme et ce qui se déroule sous nos yeux en est l'exemple le plus flagrant.

Il faut aussi se laisser entraîner par la poésie de l'auteur. de temps en temps, une phrase, un mot, permettent de faire jaillir toute la beauté du monde, contrepoint à l'univers des hommes laid et sombre.

Le récit est particulièrement difficile et certaines scènes insoutenables resteront gravées dans ma mémoire. La traque de Wahhch va lui permettre de savoir qui il est vraiment et le récit prend une dimension très différente dans la seconde partie du roman. C'est d'ailleurs cette dernière que j'ai préférée parce qu'elle laisse le personnage totalement démuni face à une vérité terrible.

« Anima » est un roman puissant et violent, une expérience de lecture à vivre dans son coeur et sa chair.
Lien : https://carolivre.wordpress...
Commenter  J’apprécie          121
Il m'a fallu quelques jours après la fin de ma lecture d'Anima pour venir poster une critique ici.

On ne sort pas indemne de cette lecture. Impossible.

Il y a tout d'abord ce parti pris de raconter une histoire au travers des animaux qui l'accompagnent. le titre de chaque chapitre est le nom latin de l'animal qui va prendre la parole. Je n'ai jamais eu besoin de chercher la correspondance du nom de l'animal en français, car on comprends assez vite dans le texte si on a affaire à un chien, un oiseau, une araignée, un rat, etc...

Beaucoup de témoignages me resteront en tête, mais celui qui me vient en premier est celui des chevaux entassés dans un camion les menant à l'abattoir. Cette scène est magnifique en même temps que terrifiante. J'ai ressenti littéralement une certaine terreur.

Ensuite, l'histoire. Wajdi Mouawad a une écriture très riche, très forte, on pourrait presque dire "bestiale".

Ce qui arrive tout au long de ce livre est très éprouvant. Un autre lecteur a dit qu'il avait la sensation qu'en lisant l'histoire, il s'injectait un poison. Je comprends cela, car chaque chapitre nous enfonce un peu plus dans l'horreur, dans la noirceur de l'âme, dans l'indicible. On continue sa lecture en se disant que rien de pire ne peut plus arriver, et en fait, si, le déferlement de noirceur continue à se répandre.

La scène au milieu du livre, la nuit passée par Wahhch dans l'hotel, partageant sa chambre avec Welson Wolf Rooney, a été pour moi le plus insoutenable. Est-ce que l'auteur a voulu faire parler des animaux tout au long de son livre, comme pour mieux suggérer que les personnages perdent par bribes leur humanité? Comment peut-il en être autrement pour Wahhch ?

Souvent je me suis demandée pourquoi ai-je lu ce livre jusqu'au bout, moi qui déteste la violence, le malsain, l'horrible?

L'écriture est pour beaucoup dans ma persévérance.
Et puis aussi, je crois que je ne pouvais pas laisser le personnage dans cette noirceur, avant d'avoir entraperçu pour lui une lueur au bout de tout cela. Il m'était impossible d'abandonner et de rester sur tant de maux, il me fallait continuer pour confirmer que l'espoir renait toujours, que la vie est toujours possible malgré tout.

Avec l'épilogue en plein soleil sur les rochers de l'Ouest Américain, je ne suis pas encore certaine d'avoir aperçu cet espoir.
Je ne sais pas encore nommer l'émotion que je ressens lorsque j'y repense, néanmoins, je ne regrette pas ma lecture.

Commenter  J’apprécie          125
Un jour, une amie m'a prêté Anima. Elle m'a dit Attention, il est dur. Et elle a ajouté Mais il est bien...
Ce livre est un témoin épineux que l'on se passe et repasse, de mains en mains. A s'en user les doigts. A s'en brûler les yeux. A s'en écorcher l'âme.
Mais la vie ne vaut-elle pas que l'on s'écorchât aux mots - aux maux - et que l'on s'entaillât, que l'on se piquât ou que l'on ne se blessât à L Histoire ? Ancienne ou récente. Proche ou lointaine. Car l'histoire des uns n'est-elle pas l'histoire des autres ? Ne vit-on pas au sein d'un Tout, d'un Plein, d'un Univers où toutes les créatures qui le peuplent sont liées intimement dans ce cruel et formidable maelström de vie et de mort tandis que le temps qui passe n'est qu'illusion ?
Anima est un fragment de l'histoire du monde raconté par le biais des animaux qui côtoient Wahhch Debch. En cela ce livre est exception. Et comme la vision des bêtes, il est pur, brutal et magnifique. C'est la poésie du monde parcouru par la lente pulsation de la sève qui parcourt les végétaux et du sang qui coule dans les corps. C'est la beauté d'un jour neuf qui se lève sur des cadavres grouillants de vies nouvelles. C'est une plongée en eaux profondes, sombres, saumâtres et sanglantes. C'est la vie dans ce qu'elle a de plus dur. Comme lorsqu'on se plonge dans un rif de Deep Purple, lancinant, âpre, prenant et beau (*) et qu'on se réveille bouleversé par tant de poésie et tant de dureté.
* Child In Time
Commenter  J’apprécie          120
Pfiou ...que dire ... J'ai eu du mal à rentrer dans le roman. Au bout de 150 pages, je me suis dit que cela allait être long. Les animaux , dans les romans, qui se "comportent" ou qui "racontent" , je n'accroche pas. Et en même temps, l'auteur arrive de manière magistrale à ce que les animaux "racontent" (on passe par les chats, les chiens, les chevaux, une abeille, une vache., une mouche..) en quelque sorte, ce qui se passe pour le personnage principal, ce qu'il ressent. On ressent leur émotion animale, leur éventuelle cruauté , leurs "sentiments" qui sont parfois liés au personnage de Wahhch dont la femme a été tuée de manière très très violente. Cet évènement va être lié à sa propre histoire lorsqu'il a été adopté quand il a perdu sa famille lors de l'invasion des militaires israéliens au Liban en juin 1982.

Les chapitres sont généralement courts avec comme titre, le nom latin de l'animal en question (sauf dans la dernière partie). L'auteur a une très très belle écriture et je comprends pourquoi il a reçu tous ces prix. Il y a beaucoup de violence dans ce livre, vous voilà avertis. Que cela soit de la part des animaux et surtout des humains mais c'est tellement bien amené , décrit. Il y a aussi une certaine beauté qui y est mêlée.

J'ai trouvé malgré tout qu'il y avait quelques longueurs. Je ne sais pas si fin d'année, il fera partie de mes coups de coeur de l'année mais en tout cas, cela restera une lecture marquante et troublante.
Commenter  J’apprécie          110
Auteur de pièces de théâtre, metteur en scène et comédien libano-canadien qui a vécu aussi en France, Wajdi Mouawad, avec "Anima", a livré un second roman extra - ordinaire, mêlant la vie animale à l'activité humaine, faisant vivre au plus juste les instants les plus dramatiques comme les plus anodins de la vie courante.
C'est le chat de la maison qui ouvre le récit, à Montréal, en nous présentant Wahhch Debch découvrant sa femme assassinée de la manière la plus horrible qui soit, lorsqu'il rentre à son domicile. Léonie était enceinte et nous allons suivre une quête infernale permettant d'aller au bout de l'horreur et de révéler des secrets profondément enfouis.
Chaque en-tête de chapitre annonce, en latin, le nom de l'animal qui va être témoin ou parfois acteur de ce qui se passe. Si le chien qui peut être parfois sécurisant ou très menaçant, revient très souvent, l'auteur donne la parole à des oiseaux, un poisson dans son aquarium, un écureuil, un rat, une fourmi très curieuse, une mouffette terrible, une araignée dans un bar : « Il était sa propre proie, son propre piège. » Beaucoup d'autres animaux entrent en scène et se révèlent de très fins observateurs de l'espèce humaine. Souvent, le lecteur se demande comment Wajdi Mouawad peut décrire aussi bien ce que réalise un animal, un insecte. C'est à chaque fois savoureux et bouleversant.
Toujours à la poursuite de l'assassin de sa femme, Wahhch arrive dans une réserve indienne et tout se complique : « Moi, je voudrais tellement être quelqu'un d'autre qui aurait vécu autre chose et qui serait en ce moment ailleurs. » Il se confie ainsi à un âne : « Il s'adresse à moi sans s'inquiéter de l'abîme qui nous sépare. »
Maintenant aux États-Unis, Wahhch vit des moments très difficiles mais l'auteur est capable de faire raconter par un corbeau sa façon de dévorer un raton-laveur percuté par une voiture… Ressort aussi cette loi de l'intégration nord-américaine où il faut « apprendre à l'Indien à avoir honte de sa tribu et de sa terre. »
Les équidés ont un rôle important dans l'histoire de Wahhch et une scène psychédélique décrit tous ces chevaux libérés d'une bétaillère et semant la panique sur une autoroute. Une exposition, à Carthage (Missouri) fait remonter à la surface le massacre de Chatila, au Liban, le 17 septembre 1982 : « La mort de Léonie, dans sa monstruosité, a ouvert une brèche d'où ont surgi des visages et je ne parviens pas à savoir si ces visages relèvent du souvenir ou du délire. »
Tout se termine avec Homo sapiens sapiens. Aubert Chagnon, médecin coroner à Montréal chargé de l'enquête sur l'assassinat de Léonie conclut un ouvrage que l'auteur a mis dix ans à écrire avec un résultat à nul autre pareil.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          110
Je ne vais pas répéter tout ce qui a déjà été dit sur cet ouvrage absolument renversant, d'une originalité sans précédent, d'une poésie et d'une violence ahurissantes - qui ne laisseront aucun lecteur indifférent...Je l'ai refermé hier soir avec le sentiment d'une grande gifle littéraire, avec bien sûr un certain malaise, une certaine pesanteur mais aussi l'impression d'avoir vécu un moment immense, dense, poignant, où il est question de quête, de la bestialité des hommes, de l'humanité des bêtes, des gouffres de la souffrance, d'une cruauté innommable - mais que l'auteur nomme quand même, flirtant avec l'insoutenable par moments - mais aussi d'instants de grâce, de délicatesse et de beauté absolument exquis...Attention, chef d'oeuvre !
Commenter  J’apprécie          110
Extraordinaire...Une puissante expérience de lecture!

L'amorce de l'histoire(un meurtre monstrueux) nous sert de tremplin pour plonger dans les profondeurs de l'âme dans sa bestialité, son animalité, son humanité.
L'écriture? des passages puissants comme des coups de poings mais aussi des touches poétiques sur le monde.
On chemine avec un homme qui se perd dans une Amérique qui renvoie à des lieux maudits, présent et passé se répondent;
Le lecteur se glisse dans la peau de différents animaux car ces étranges narrateurs posent un regard plein de souffrance ou de compassion sur des hommes dont l'humanité se ternit.
Le regard de chaque animal nous pose la question: qu'est ce qu'un homme? et nous laisse entrevoir des liens invisibles entre l'animal et l'homme qui se reflètent l'un dans l'autre, de la bestialité à l'humanité à l'infini.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (2815) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2883 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}