Il m'a fallu quelques jours après la fin de ma lecture d'
Anima pour venir poster une critique ici.
On ne sort pas indemne de cette lecture. Impossible.
Il y a tout d'abord ce parti pris de raconter une histoire au travers des
animaux qui l'accompagnent. le titre de chaque chapitre est le nom latin de l'
animal qui va prendre la parole. Je n'ai jamais eu besoin de chercher la correspondance du nom de l'
animal en français, car on comprends assez vite dans le texte si on a affaire à un chien, un oiseau, une araignée, un rat, etc...
Beaucoup de témoignages
me resteront en tête, mais celui qui me vient en premier est celui des chevaux entassés dans un camion les menant à l'abattoir. Cette scène est magnifique en même
temps que terrifiante. J'ai ressenti littéralement une certaine terreur.
Ensuite, l'histoire.
Wajdi Mouawad a une écriture très riche, très forte, on pourrait presque dire "bestiale".
Ce qui arrive tout au long de ce livre est très éprouvant. Un autre lecteur a dit qu'il avait la sensation qu'en lisant l'histoire, il s'injectait un poison. Je comprends cela, car chaque chapitre nous enfonce un peu plus dans l'horreur, dans la noirceur de l'âme, dans l'indicible. On continue sa lecture en se disant que rien de pire ne peut plus arriver, et en fait, si, le déferlement de noirceur continue à se répandre.
La scène au milieu du livre, la nuit passée par Wahhch dans l'hotel, partageant sa chambre avec Welson Wolf Rooney, a été pour moi le plus insoutenable. Est-ce que l'auteur a voulu faire parler des
animaux tout au long de son livre, comme pour mieux suggérer que les personnages perdent par bribes leur humanité? Comment peut-il en être autrement pour Wahhch ?
Souvent je me suis demandée pourquoi ai-je lu ce livre jusqu'au bout, moi qui déteste la violence, le malsain, l'horrible?
L'écriture est pour beaucoup dans ma persévérance.
Et puis aussi, je crois que je ne pouvais pas laisser le personnage dans cette noirceur, avant d'avoir entraperçu pour lui une lueur au bout de tout cela. Il m'était impossible d'abandonner et de rester sur tant de maux, il me fallait continuer pour confirmer que l'espoir renait toujours, que la vie est toujours possible malgré tout.
Avec l'épilogue en plein soleil sur les rochers de l'Ouest Américain, je ne suis pas encore certaine d'avoir aperçu cet espoir.
Je ne sais pas encore nommer l'émotion que je ressens lorsque j'y repense, néanmoins, je ne regrette pas ma lecture.