Pas du tout mes attentes mais pas complètement déçue, Ce roman de
Touhfat Mouhtare possède cependant de grandes qualités: poésie, imagination et mystère.
Loin des problèmes actuels des Comores, "
Le feu du Milieu" nous plonge au temps des sultans.
L'héroïne Gaillard est une esclave, servante du maître coranique Fundi Ahmad. Celui-ci s'est pris d'affection pour cette jeune fille comorienne élevée par sa tante, et mère adoptive Tamu.
Gaillard va rencontrer Halima et cette amitié va à jamais bousculer sa conscience.
Halima, épouse du maitre coranique représente la femme soumise entravée par les lois coutumières , par l'interprétation masculine du Coran: la femme est la moitié d'un homme, elle doit obéir aveuglément à son père et son mari, elle doit accepter sans broncher à la polygamie. Ces poids incitent Halima à devenir une femme cherchant l'indépendance. Et Gaillard sera l'élément qui lui permettra d'échapper à son sort.
Cette amitié avec Gaillard sera complétée par des visions de vies antérieures qui changent leurs prises de conscience. Des voyages spatiaux-temporels engendrant la découverte du soi et la libération des âmes prisonnières de la réalité du moment.
Peu d'actions jalonnent le roman: le passage le plus dynamique étant la vie de capitaine que Gaillard a vécu.
Le récit est tourné essentiellement vers la spiritualité orientale, vers la religion où Dieu est le seul détenant de notre destin d'humains.
Gaillard doit donc découvrir et comprendre sa mission sur terre. L'accès au savoir permettant à son âme d'évoluer.
Ce récit intime aux diverses temporalités m'a séduit par sa sensibilité et sa poésie. Il interroge sur notre perception de la réalité en jouant avec l'intrigue des cinq dés de bois et les mystères des chiffres porteurs de messages.
Cette atmosphère d'éther m'a transporté vers les oeuvres de Christy Lee Rogers, photographies messagères de paix et de liberté.
Roman de secrets où l'exotisme de la cuisine épicée est présente, je regrette toutefois que l'histoire des sultans ne soit pas exploitée.
Pour conclure, je laisse le dernier mot à notre grand écrivain, féru d'ésotérisme,
Victor Hugo:
Aimez et souffrez, espérez et contempler.
Malheur, hélas à qui n'aura aimé que des corps,
des formes, des apparences! la mort lui ôtera tout.
Tâchez d'aimer des âmes, vous les retrouverez.